Dessin lunaire, suite : Copernic

[Benj Poup 0]

Après une séance d'échauffement à l'observatoire de Beine-Nauroy, je décide de poursuivre mes aventures dans le dessin lunaire. Pour cette deuxième tentative, j'ai posé mon C8 au-dessus de Trigny. Ce petit village domine une large vallée encaissée, suffisamment large, en tous cas, pour accueillir Reims et les communes alentours.

La petite route qui surplombe Trigny conduit à deux grandes antennes-relais et une ferme - abandonnée, selon toutes apparences - et se termine en impasse. Autant dire que depuis mon chemin de terre, je ne devrais pas voir beaucoup de monde. J'effectue une mise en station approximative, mais suffisante pour une séance de dessin. Je glisse l'oculaire de 10mm, allume la motorisation, et entame une reconnaissance tranquille, m'attardant sur le limbe lunaire et sur le terminateur. Ce 2 juin, au 9ème jour de la lunaison, les territoires lunaires à explorer ne manquent pas : une forte libration rend la Mer Marginale bien visible sur le limbe, alors que le cratère Clavius est au contraire "poussé" près du pôle sud, ce qui lui donne une silhouette plus tassée qu'à l'ordinaire. Mais c'est finalement Copernic, situé près du terminateur, que je choisis de crayonner. Je troque le 10mm contre un oculaire de 5mm, et plonge au coeur du cratère. A 400x, l'image est très propre.

Mais le premier problème paraît avant même le premier coup de crayon : la LED de la raquette de commande passe du vert au rouge, suivie, dans le même mouvement, par le témoin de charge de ma batterie... Et voilà Copernic qui s'échappe. Je n'ai d'autre solution que de repasser en manuel, et inutile de dire qu'avec un tel grossissement, la séance de dessin s'annonce compliquée : un coup de mouvement lent, un oeil à l'oculaire, un trait de crayon... et on recommence. La silhouette de Copernic apparaît progressivement, laborieusement, mais au bout d'une heure, j'arrive à sortir l'esquisse suivante :

Lors de la mise au propre, je réalise tout ce qu'il y a de subjectif dans l'exercice du dessin. Ces petits cratères qui bordent les remparts de Copernic ... n'existent pas. En tous cas, aucune trace d'aucun d'entre eux sur les photos glanées sur le net. Ces cratères seraient donc le fruit de mon imagination, et le dessin final, une vue incomplète et imparfaite de ce célèbre cratère :

Il faudra donc que je retourne au fond du cratère, sachant que les chances de le revoir avec la même lumière sont minces.

Benjamin Poupard - Le (nouveau) blog du Voyageur immobile

[Ce message a été modifié par Benj Poup (Édité le 08-06-2009).]

[NUNKY 250]

J'aime bien ces cratères en gros plans !
C'est ce que je voulais faire sur mon dessin, mais la turbu. ne me l'a pas permis.
400x, la turbu. devait être clémente ! (avec quel tube ?)

[cricri 659]

Salut Benj,

Très bonne, l'idée de mettre l'esquisse puis le dessin fini, c'est intéressant car cela permet de montrer la façon de travailler, il faudra que je fasse pareil la prochaine fois.

La finition, tu l'as faite sur un logiciel ?

Cricri

[Benj Poup 0]

@ Nunky-qui-lit-pas-le-début-des-posts : le tube utilisé est un C8

@ Cricri : le logiciel (à peine) utilisé est The Gimp, mais le rendu un peu doux de l'image tient au fait que la mise au propre est faite sur papier calque.

J'ai même tenté un truc très "photoshop-à-la-main", puisque les aplats gris qui bordent le cratère ont été réalisés sur un calque à part, superposé aux coups de crayons plus fins d'un premier calque.

Un dirait un bricolage tout droit sorti du forum "images"

Benjamin Poupard - Le (nouveau) blog du Voyageur immobile

[cricri 659]

héhé, pas bête du tout, l'idée du calque pour la teinte du fond. Justement je me disais qu'il faudrait que je trouve un truc pour ne pas trop effacer mes traits d'esquisse quand je fais ma couleur de fond.

Voilà bien une piste à creuser ! Merci benj.

Cricri

[serge vieillard 6 859]

Salut,

très bon ta série lunaire et intéressante démarche "technique", notamment l'usage de calques pour la mise au propre.
Mais dans ce cas, pourquoi ne pas utiliser une excellent propriété du calque, celle d'être translucide ?
EN dessin technique, quand on poche une surface, on le fait au crayon, au feutre, au lavis, etc sur le verso du document, les traits étant sur le recto. Ainsi, l'un ne gene pas l'autre et vice versa, idem pour les retourches, les corrections. On traite le trait idépendament du fond.
Et au final, il n'y a qu'un document unique présentable en tant que tel.

Très intéressant.

Serge

[Benj Poup 0]

@ Serge : peut-être ... que je n'y avais pas pensé Mais oui, c'est vrai que c'est tout con, la feuille de calque a deux côtés utilisables... Bon, quand le temps s'y prêtera, je testerai cette voie.

Benjamin

[fred-burgeot 2 032]

salut tous,

on dirait bien qu'il y a une flambée de nouveaux astro-dessinateurs ! C'est tout bon.
Par contre, malgré son apparente facilité, la Lune n'est pas le sujet le plus simple.

"Lors de la mise au propre, je réalise tout ce qu'il y a de subjectif dans l'exercice du dessin. Ces petits cratères qui bordent les remparts de Copernic ... n'existent pas. En tous cas, aucune trace d'aucun d'entre eux sur les photos glanées sur le net. Ces cratères seraient donc le fruit de mon imagination..."

Pas le fruit de ton imagination, mais plutôt une mauvaise interprétation de ce que tu as vu. Et la complexité de l'image lunaire n'aide pas : on ne traine pas sur un détail, vu qu'il y en a plein d'autres à représenter, et c'est là qu'on interprète hâtivement.
Mais c'est aussi à ce moment que le dessin est utile : on constate l'erreur, on y retourne et on fouille l'image, on cherche à mieux comprendre ce qu'on voit.

Essai très concluant en tout cas, bravo à toi.

Fred.