Le problème OVNI
Le
statut de l'ufologie
Il
faut rester pragmatique et le Dr Condon qui fut responsable du
"Project Blue Book" en 1969 exprimait une pensée que reconnaîtront
les intéressés. A la question d'un journaliste : "Que
pensez-vous du phénomène OVNI ? ", il répondit : "Je
pense, comme la plupart des hommes de science que ce phénomène est
peu probable mais pas impossible." S'il
considérait que la plupart des OVNI avaient probablement
une origine terrestre et une explication bien rationnelle, il
estimait qu'un certain nombre d'évènement restaient énigmatiques
et méritaient plus d'attention.
C'est
effectivement peu après cette époque que tant aux Etats-Unis qu'en
Europe les scientifiques comme la population ont changé d'attitude
face au phénomène OVNI. Voyons comment les mentalités ont évolué
en un demi-siècle.
1950 :
Les scientifiques refusent d’étudier les OVNI
En
1950, la majorité des gens pensaient que les OVNI ne pouvaient pas
provenir d'une autre planète - entendons par là d'un autre système
planétaire et la majorité des scientifiques refusaient de se
pencher sur ces délires d’illuminés.
Dans
une étude menée fin 1952 par le Project Blue Book auprès
de 45 astronomes réputés, 36% n'étaient pas intéressés par l'étude
des rapports d'OVNI, 41% offraient leur concours si les autorités
le souhaitaient, et 23% estimaient qu'il s'agissait d'un problème
beaucoup plus sérieux qu'on ne le pensait généralement. 11%
avaient constaté qu'il existait des phénomènes inexpliqués,
pourcentage qui oscilla autour de 6% dans les enquêtes ultérieures.
Le
fait que quatre astronomes aient vu quelque chose d'inexplicable est
lui aussi très étonnant. C'est beaucoup plus que la moyenne d'un
échantillon pris au hasard. Aussi, un nouveau groupe de 90
personnes prises au hasard constitua l'"échantillon témoin"
: 86% d'entre elles s'intéressaient aux OVNI, deux fois plus que
dans le groupe des astronomes, mais 1% seulement en avait vu. Il
semblerait donc que les astronomes soient privilégiés et voient
plus d'OVNI que la moyenne de la population.
En
revanche, bien que la majorité des scientifiques interrogés
acceptaient éventuellement de se pencher sur la question des OVNI,
pratiquement jamais aucun n’a proposé une démarche constructive.
Quand on les interrogeait, la plupart s’excusaient du fait d’un
soi-disant devoir de discrétion ou d’un manque d’information.
1970 :
Les mentalités évoluent
Au
début des années 1970, une deuxième enquête fut menée aux
Etats-Unis auprès de 195 scientifiques mêlés de près ou de loin
au problème OVNI. Au début, 60% d'entre eux étaient contre le
fait d'étudier ce phénomène.
La
position des Européens n'a jamais été aussi tranchée et, selon
Claude Poher du CNES, certainement jamais négative car le phénomène
OVNI n'a jamais dû faire face à l'intolérance d'une Commission
Condon. En fait dans les années 1970, les scientifiques européens ne
connaissaient même pas l'existence de ce rapport.
En
mars 1974 eut lieu aux Etats-Unis une importante réunion sur le
problème OVNI, réunissant au plus haut niveau les scientifiques,
parmi lesquels se trouvaient le Dr Hynek, le Dr Saunders et Jacques
Vallée. Cette réunion "au sommet" était le signe d'un
changement de mentalité.
Les
années passant, devant la répétition de certains phénomènes
inexpliqués et en se penchant personnellement sur les dossiers, 95%
des scientifiques interrogés en 1970 étaient à présent
favorables à ce genre d'étude, les 5% restants n'ayant
vraisemblablement analysé les comptes-rendus que quelques jours ou
quelques semaines. Aucun d'eux cependant n'admit qu'il s'agissait de
véhicules interplanétaires. Tout au plus ils ignoraient ce que c'était
mais considéraient qu'il y avait bien quelque chose de réel.
A
cette époque comme aujourd'hui encore, tout le monde n'adhérait
pas à la thèse extraterrestre mais chacun espérait qu'un jour
nous comprendrions le phénomène OVNI. Les dépositions des témoins oculaires
en tout cas étaient prises au sérieux et transmises aux autorités.
Seul bémol, ces enquêteurs et autres "experts" étaient
globalement moins compétents ou sensibilisés au problème
qu'aujourd'hui, leur parti pris évident, voulant avant tout préserver
leur bonne réputation quitte à conclure avant d'avoir réunis tous
les éléments. Nous verrons que dans une certaine mesure, cette
attitude peu scientifique persiste aujourd'hui.
1990
: le public interpelle les professionnels
Changement de mentalité et progrès obligent, depuis le sondage Gallup de 1978,
on constate que de plus en plus de personnes pensent que les OVNI existent et
peuvent provenir d’une "autre planète", d'une autre étoile où
la vie existerait. Ce n'est pas pour autant que les scientifiques souscrivent
à cette idée mais ils participent à sa diffusion. En effet, c'est l'accumulation
des témoignages et l'argumentation scientifique transmises à travers les émissions
de vulgarisation, la littérature, les conférences et les forums de discussions
qui ont permis au public de comprendre des notions auparavant réservées aux
chercheurs, isolés du monde dans leurs laboratoires. Aujourd'hui le public interpelle
les professionnels, civils ou militaires, il s'intéresse au phénomène OVNI et à la
recherche de la vie dans l'univers, dans la mesure où il sait qu'il appartient
d'une manière où d'une autre au monde des étoiles.
Washington 2002 :
vers une reconnaissance
"Les
aliens sont justes sous notre nez mais nous ne sommes pas assez
intelligents pour les voir". Tel était le message que firent
passer les ufologues au cours du symposium d'ufologie qui
s'est déroulé du 4 au 8 novembre 2002 sous les auspices de l'Université
George Washington (GWU) à Washington, D.C., parrainée par la
chaîne câblée américaine SciFi
et résumé pour nous par le reporter américain Mark
Baard.

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Bernard
Haisch interviewé par CNN
en 2011. |
Les
orateurs discutèrent du "Potentiel du voyage interstellaire et
des phénomènes aériens non identifiés", passant en revue
les notifications d'OVNI à partir des témoignages de témoins
oculaires, de photographies, de blips radars et de débris
ou de fragments métalliques fondus. Le fait que ce symposium se
déroulait dans une université était un signe d'ouverture même
s'il n'engageait pas sa réputation.
Les
présentateurs insistaient sur le fait que l'ufologie est une
science, pas une superstition, et appelaient la communauté
scientifique à ne plus se moquer d'elle mais plutôt à
la rejoindre dans la recherche de vie extraterrestre.
Selon
l'astrophysicien Bernard Haisch, ancien directeur du California
Institute for Physics and Astrophysics et responsable de
l'organisation UFOSkeptic,
"les scientifiques ont l'esprit plus fermé à propos des OVNI
que le public en général. Beaucoup d'entre eux ont peu ou prou de
respect pour l'ufologie."
Haisch,
qui voulut devenir prêtre avant de devenir astrophysicien,
considère que beaucoup de scientifiques rejettent les histoires
d'OVNI parce qu'elles attirent les leaders mystiques et religieux du
fait qu'ils n'ont pas la réputation de défendre la recherche
scientifique.
Selon
Haisch, "De nombreux scientifiques réagissent comme le fit l'Eglise
(catholique) envers les scientifiques au 16e siècle. Mais
aujourd'hui, les théologiens peuvent résoudre quelques-unes des
questions que soulève la découverte des OVNI. Les religions
peuvent approfondir notre compréhension du phénomène OVNI. Il
pourrait y avoir des choses plus profondes à l'oeuvre que celles
que nous connaissons jusqu'à présent. Mais les sceptiques envers
le phénomène OVNI, que les ufologues appellent les cyniques,
croient que les OVNI sont un pure phénomène religieux."
"Chacun
désire croire en quelque chose de plus grand que lui-même"
dit Pat Linse, cofondatrice de la Skeptics
Society. "C'est une partie de la nature humaine".
Linse, qui croit que l'ufologie est une version moderne du mythe
Chrétien pense que l'armée américaine a également secrètement
encouragé le développement du culte des OVNI. "Si vous êtes
jamais passé par Roswell, au Nouveau Mexique dit Linse, avec tous
ces étranges vaisseaux volant alentour, vous verrez qu'il n'est
pas difficile de commencer à croire aux OVNI."
Les
orateurs présents au symposium du GWU semblaient toutefois puiser
leur inspiration dans un mythe américain plus récent. En effet,
beaucoup d'entre eux illustraient leur présentation d'images et de
références puisées dans les vaisseaux spatiaux et les espèces
extraterrestres imaginées dans Star Trek.
Pour
les ufologues, la recherche d'indices prouvant que la Terre est
visitée par des extraterrestres et une chose sérieuse. Et les
indices peuvent justement se trouver juste à côté du seuil de
détection de nos détecteurs actuels. Les "aliens", dit
le physicien théoricien Michio Kaku
de la Cité Universitaire de New York, "peuvent être ici,
maintenant, dans une autre dimension, à un millimètre de la
nôtre". Kaku n'est pas à son coup d'essai et nous avons
déjà exploré ses idées dans l'article sur "La
physique des civilisations extraterrestres".
En
fait Kaku et beaucoup de théoriciens pensent que l'univers s'étend
dans 11 dimensions, c'est la
théorie M, bien que le sens commun semble indiquer qu'il n'y en a
que quatre en tenant compte du temps. Mais les scientifiques,
dit-il, peuvent également considérer les notifications d'OVNI sous
un autre angle, dans notre propre dimension. Pour Kaku, une
civilisation galactique capable de visiter la Terre serait
probablement aussi avancée que la civilisation Borg de "Star
Trek" et utiliserait sans doute la nanotechnologie pour visiter
la Terre. "Nous recherchons des vaisseaux spatiaux"
dit Kaku. "Mais que faisons-nous s'ils utilisent plutôt des nanosondes ?"
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Documents
T.Lombry.
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Kaku
demanda à l'astrophysicien Jacques Vallée du National
Institute for Discovery Science de Las Vegas de réexaminer les
fragments d'UFO à la recherche de structures microscopiques qui
pourraient avoir été négligées. Selon Kaku, "Les
physiciens devraient pouvoir examiner les victimes d'abduction à
la recherche de traces d'ADN alien. Si nous pouvions découvrir une
pièce de nanotechnologie ou d'ADN extraterrestre, on pourrait le
mettre au mur. Ce ne serait plus longtemps une question à
débattre."
Mais
rechercher des OVNI jusqu'à l'échelle microscopique nécessiterait
des ressources que les ufologues ne possèdent pas. Pour le physicien
Peter Sturrock de l'Université de Stanford, "Les
scientifiques ne sont pas encouragés, ni supportés ni financés pour la
recherche des OVNI". Sturrock, qui reçut des subsides du
philanthrope Laurance Rockefeller, avoua que les ufologues
gagneraient un plus grand respect si les magazines académiques
réputés acceptaient d'ouvrir leurs pages à leur recherche. Selon
Kaku, "les universités découragent également ce type de
recherche car elles n'accordent jamais de tenure (la titularisation)
aux scientifiques qui sortent des limbes et souhaitent
étudier le phénomène OVNI. Ce serait une bonne idée de commencer
à se poser ces questions après avoir été titularisé."
2017
: réforme au Pentagone
Depuis
la divulgation de vidéos d'UAP (Unidentified Aerial Phenomena)
de l'U.S.Navy par Luiz Elizondo alors au Ministère de la Défense
américain et l'interview du Lt Cdr aviateur David M. Fravor en 2017,
sous la pression des députés du Congrès, le gouvernement américain
prit la décision de documenter et d'analyser
officiellement les OVNI. En juin 2022, la NASA annonça également
qu'elle avait démandé une étude pour examiner les rapports sur les
UAP.
Si
officiellement les autorités américaines et l'agence spatiale
prennent le problème au sérieux, l'explication se fait toujours
attendre. Mais malgré cette bonne volonté un peu forcée, ne
soyons pas naïfs. A priori il ne faut pas s'attendre à ce que des
informations secrètes soient divulguées par le Pentagone, même si
une menace est avérée.
On
reviendra en détails sur la réforme
du protocole du Pentagone et sur les actualités
concernant les UAP.
Aujourd'hui
: un défi pour les scientifiques
Si
nous devions demander à un ufologue, un astrophysicien et un
astrobiologiste (exobiologiste) quelle
approche ils ont chacun de la vie extraterrestre, on peut dire que
chaque discipline suit une démarche scientifique mais que l'astrophysique
comme l'astrobiologie ne soulèvent pas le problème de l'analyse des témoignages.
En effet, en 50 ans ces sciences ont beaucoup progressé, les idées
sont devenues beaucoup plus claires. En 50 ans, l'ufologie n'a pas
progressé. Or les outils existent comme les satellites, les radars,
les instruments de mesures, etc. Mais on n'offre jamais aux associations honnêtes la possibilité de les
utiliser. Même depuis la réforme du Pentagone en 2017, les
associations ufologiques et les journalistes américains enquêtent
à titre personnel et sur leur budget avec des moyens limités à
une caméra vidéo et exceptionnellement reliée en temps réel via
Internet à une base de données des avions en vol.
Nous
pouvons prendre des exemples dans d'autres disciplines. La
découverte des nouveaux continents ou des animaux exotiques a
toujours été le fruit du hasard et les récits des premiers
explorateurs ont toujours été tournés en dérision; ils furent
traités de fabulateurs quand ils racontaient avoir vu des glaces
flottantes mesurant 100 m de haut en remontant vers le Nord ou des
animaux au cou démesuré et à la robe tachetée en Afrique.
Au XIXe
siècle les scientifiques ne croyaient pas les marins rapportant
notamment l'existence des chimères qu'étaient les calmars géants.
L'okapi était inconnu des Européens. L'impact des météorites n'était
pas pris au sérieux. Encore récemment les
scientifiques ne croyaient pas aux vagues scélérates, à la survie
de créatures dans des conditons extrêmes ou aux jets de plasma
(sprites) émis du sommet des cellules orageuses dans la
stratosphère. Ces phénomènes inexpliqués et très
étonnants étaient considérés comme des rumeurs et restèrent au
mieux comme autant d'énigmes jusqu'à ce que la science se donne
les moyens de les étudier rigoureusement. Cette décision
ne peut plus être l'affaire d'un seul homme, aussi courageux
soit-il, prêt à affronter l'Académie des Sciences, tel
l'astronome Jean-Baptiste Biot au XIXe
siècle discutant des pierres qui "tombaient" du ciel
devant des savants bien sceptiques.
Semblable
à ce squelette d'ornithorynque
que les scientifiques considéraient comme un canular jusqu'à ce
qu'ils voient l'animal de leurs propres yeux, l'ufologie est en quête
d'un statut. Est-elle sur le point d'être reconnue par la communauté
scientifique, peut-être pas entièrement, sinon ce dossier n'aurait
pas de raison d'être.
Sa
réputation de pseudoscience l'a jusqu'à présent souvent écartée
des débats scientifiques, si bien que les chercheurs qui la défendent
éprouvent encore beaucoup de mal à imposer sa nouvelle image de
science à part entière.
Si
nous reconnaissons dans l'OVNI ou l'UAP un engin piloté d'origine
extraterrestre, si nous découvrons de l'ADN alien dans les traces
laissées sur le sol ou si nous découvrons une technologie
extraterrestre dans des fragments ou des objets capturés, dans l'une de
ces hypothèses ces gens sont très en avance sur nous et nous
apportent la preuve qu'ils nous rendent bien visite. A cette
condition l'ufologie sera une science à part entière et déclinée
en disciplines. En attendant nous ne disposons, à l'heure actuelle,
d'aucune preuve tangible pour étayer cette hypothèse séduisante.
Ainsi
que l'ont dit Michio Kaku et d'autres physiciens au symposium
d'ufologie de Washington en 2002, il est temps que la communauté
scientifique et tous les organes qui gravitent autour d'elle dont
les magazines scientifiques acceptent le défi de considérer la
problématique des OVNI comme du ressort de la science, au même
titre que n'importe quelle énigme scientifique.
Le
physicien, l''astronome et l'ufologue reconnaissent l'existence de phénomènes
non identifiés mais ne croient pas qu'il y ait un rapport avec la
vie extraterrestre. L'ufologie telle que définie par le NICAP, le
CUFOS, le MUFON, la COBEPS et quelques autres grandes organisations d'ufologie confirme
cette idée : "strictement l'analyse des faits sans interprétation
a priori"; l'ufologie - quand elle le veut – respecte donc
bien la démarche scientifique. Mais d'un autre côté, on ne donne
pas aux scientifiques les moyens de mener des enquêtes rigoureuses.
"Apportez-nous une preuve disent les responsables et nous
mettrons hommes et matériels à votre disposition". Mais
comment voulez-vous apporter cette preuve sans avoir de moyens
d'actions ? C'est un cercle vicieux qui enferme encore trop souvent
l'ufologie dans la pseudoscience.
En
cette matière, ce n'est bien sûr pas le nombre de témoignages qui
importe, ni même la sincérité ou l'émotion qui en ressort, mais
leur qualité, c'est-à-dire l'objectivité de la preuve, seule
condition permettant une identification certaine. C'est pourquoi ci
et là nous nous sommes contenté d'un seul récit, bien que des centaines
d'autres soient tout aussi intrigants et parfois plus détaillés
sur certains aspects.

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Document
T.Lombry. |
Si
on ne considère que les notifications qui n'ont reçu aucune
explication rationnelle, force est de constater que les témoignages
sont isolés dans le hasard des rencontres et que rien ne permet
d'identifier ces mystérieux phénomènes pour la simple et bonne
raison qu'ils sont incomplètement analysés. L'évènement est
fugitif et la seule source d'information est le récit empirique et
passionné de son témoin. Au mieux, le phénomène fut enregistré
par une caméra ou un radar, mais le mystère demeure. Mais il y a un pas de l'inexpliqué à
l'OVNI, et un bon de sept lieues de l'OVNI à l'engin spatial habité.
Malheureusement, à défaut de sens critique, certains enquêteurs
croient détenir l'explication, considérant le fait d'avoir observé
un OVNI comme une preuve de l'existence d'un "mystérieux phénomène
OVNI", sous-entendant, et les ufologues en tête, qu'il faut
l'avoir vu pour le croire... Mais dites leur bien que personne ne
sait où l’extraterrestre a caché ses bottes !
Les
historiens, les astronomes et les physiciens sont aux premières loges pour apprécier
des causes indéfendables et pourtant ils doutent toujours quand ils
abordent le phénomène OVNI. Le sujet reste controversé car témoignage et
imagination se confondent souvent.
Mais
au lieu de critiquer, quelle décision faudrait-il prendre ? Les
ministres de la recherche scientifique devraient étudier cette
question et présenter un projet visant à changer le statut de
l'ufologie. En Belgique, nous avons expliqué de quelles manières
le physicien Léon Brenig de l'Université Libre de Bruxelles
collabora à cette tâche. Avec leurs collègues de la Défense
nationale, du ministère de l'Intérieur et des Affaires étrangères,
nos ministres devraient également envisager l'accès aux dossiers
militaires classés "top secret". L.Brenig nous rappelle
à ce sujet que les images satellites doivent vraisemblablement
contenir des données d'un grand intérêt. Pourquoi ne pas détourner
les caméras d'un satellite de surveillance lorsque survient une
vague d'OVNI au-dessus d'un site particulier... Si nous voulons
clarifier ce problème la transparence est de rigueur.
Si
le Pentagone a entr'ouvert certains dossiers confidentiels entre
2017 et 2020, notamment les UPA observés par les pilotes de la
Navy, ce n'est pas encore la transparence qu'on espérait, surtout
à l'USAF où, malgré le FOIA, beaucoup de dossiers sont encore
couverts par le secret et les conclusions censurées. Si l'USAF n'a
rien a caché, pourquoi refuse-t-elle de divulguer ses conclusions ?
Bref, le mystère reste entier.
Faire
de l'ufologie une science
Nous
voulons tous savoir ce que sont les OVNI. Dans ce cas pourquoi ne
pas accorder une chance aux ufologues honnêtes et leur proposer une
reconnaissance par leurs pairs, une chaire académique, des crédits
de recherche et le droit d'être publié dans les magazines académiques
? La revue "Nature" aborde de temps en temps ce sujet mais
le plus souvent sous l'angle des sciences humaines ou pour dénoncer
une méprise (phénomène géophysique, électromagnétique, etc) ou
une expérience pouvant expliquer une énigme. Bien entendu cette démarche
poursuit le même but que l'ufologie qui consiste à expliquer les
observations qui toutes ne concernent pas des phénomènes nécessairement
inconnus.
Mais
de nos jours un scientifique (physicien, etc) ne pourra jamais
publier un article dans "Nature" ou "Science"
spéculant sur les propriétés physiques des OVNI ou échafaudant une théorie
à leur sujet. Or ces revues n'hésitent pas à publier des spéculations
encore plus débridées dans d'autres disciplines théoriques,
pourvus que l'article soit signé par une sommité ou ait fait
l'objet d'une thèse. C'est ainsi qu'on découvre des articles
discutant des univers multiples en physique quantique (Hugh
Everett), des trous de vers (Albert Einstein), d'univers à 11
dimensions (Michael Green), de sondes de Von Neumann explorant la Galaxie
(Michio Kaku), d'ordinateur quantique travaillant dans des
dimensions excédentaires (Isaac Chuang), de l'aboutissement des
civilisations avancées (Freeman Dyson), de l'évolution ultime de
l'univers (Steven Weiberg), etc.
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Document
T.Lombry. |
Plus
d'un spécialiste ont déjà publié des lettres ouvertes sur un ton
plutôt humoristique, sans doute pour ne pas déplaîre à leurs
confrères, mais réclamant tout de même que ce genre "d'épidémie"
soit contenue et qu'on en revienne à des discussion plus réalistes...
preuve s'il fallait le démontrer que ces théories originales ne
plaisent pas à tout le monde et que certains scientifiques ne
veulent pas faire l'effort de comprendre les idées de la jeune génération
ou celles qui sortent de leur quotidien rationnel. Ces auteurs mal
vus par leurs pairs n'ont pas d'autres alternatives que de se taire
jusqu'à leur titularisation, de changer d'université ou de
travailler à leur compte.
Comme
tout ce qui sort du cadre de la normalité et qui dérange, l'ufologie a donc
une image a priori défavorable dans la communauté scientifique qui
a un parti pris évident à son encontre : c'est une pseudoscience
et elle le restera. Sans un évènement probant ou une
reconnaissance publique, ce genre de préjugés ne peuvent pas être
balayés en une génération.
En
outre une communauté est par définition unie, stable et souvent
hermétique au changement. Dans l'esprit de beaucoup de
scientifiques, un électron libre comme une ancienne pseudoscience,
à peine asservie à la méthode scientifique, représente un risque
pour la communauté. En effet, à présent reconnue par ses pairs,
s'avançant d'un pas assuré sur les marches d'un Panthéon jusque là
réservé à des intellectuels, l'ufologie fait peur aux
scientifiques car ils pensent qu'en l'acceptant parmi eux ils
risquent de perdre leur crédibilité. Cet état d'esprit ne repose
sur aucun fondement.
Certains
scientifiques étroits d'esprit ne verront jamais dans l'ufologie
qu'un mythe alors que les plus ouverts y décèleront déjà
quelques intéressants sujets d'études. A nous de convaincre les
chercheurs les plus réticents qu'il y a matière à réflexion et
de soutenir ceux qui essaient de dénouer ce noeud gordien. Une
minorité de gens peuvent vous changer un monde.
Pour
l'heure, le phénomène OVNI est toujours écarté des sujets académiques
et des auditoires comme si le sujet n'était pas digne d'intérêt.
Pourtant, à entendre les militaires, ils ont déjà investi des
millions de dollars dans cette énigme soi-disant sans intérêt.
Cette attitude n'est pas cohérente.
Mis
à part les militaires, ceux qui s'intéressent sérieusement au phénomène
OVNI sont généralement des chercheurs indépendants, privés,
quelquefois des physiciens attachés à une université libre mais
jamais à temps plein, ainsi que des scientifiques mais qui
n'acceptent d'en parler soit qu'à titre privé soit une fois
parvenus à l'âge de la retraite. Cela signifie qu'au XXIe
siècle le phénomène OVNI présente encore toutes les caractéristiques
du sujet mis à l'Index, au point que le scientifique qui s'y
investit publiquement (comme tout travailleur d'ailleurs) risque de
mettre sa carrière professionnelle ou sa réputation en jeu.
Cette
attitude doit être dénoncée car elle est scandaleuse en ces temps
modernes, contraire aux principes démocratiques, et en science les
garde-fous de la vieille méthode scientifique sont tout à fait
capables de gérer les éventuels écarts de la jeune science
ufologique, même si elle doit encore reposer sur des données
empiriques.
Mais
cet espoir est peut-être naïf quand on connaît aujourd'hui la
valeur d'un "bon" sujet d'étude dans l'allocation des crédits
de recherche et l'importance de la réputation d'une université. Ce
changement de mentalité est peut-être également trop précoce quand
on connaît l'histoire des sciences et leur façon de fonctionner.
Le
rôle de la Science
Si
la notification d'un OVNI n'améliore généralement pas la réputation
de son auteur, inventer une théorie originale à leur sujet ne place
pas nécessairement non plus son inventeur dans une position enviable.
De nombreuses théories ont été jugées farfelues puis acceptées du bout
des lèvres avant de devenir des paradigmes : la théorie héliocentrique de
Copernic, la théorie de la dérive des continents de Wegener, la théorie
de l'évolution de Darwin, la théorie de l'atome de Bohr, la théorie de la
Relativité d'Einstein, la théorie du Big Bang, etc.
Tous
ces concepts sont effectivement très étranges. Mais est-ce pour autant
impossible ? Il faut étudier le sujet pour le savoir et trouver
dans la nature des sujets d'expériences pour les valider. Auriez-vous
cru Darwin quand il disait que nous descendions du singe ? Combien
de personnes supportent la théorie M en physique quantique ? S'écarter
des sentiers battus exige de l'audace. Il faut aussi de l'imagination,
accumuler des preuves et si possible prédire de nouveaux évènements. En
effet, si la science s'est peu à peu implantée en Occident au détriment
de la philosophie et des parasciences, c'est avant tout par souci de
construire un monde simple et cohérent, bien à l'écart de la
confusion du langage et des phénomènes dits surnaturels, ces
derniers offrant toutes les caractéristiques de la mystification et
de l'incontrôlable sens du hasard. Malheureusement, à quelques
exceptions près (les vagues d'OVNI) l'ufologie répond parfaitement
à ces derniers critères.
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On imagine qu'on croira aux OVNI le jour où
l'un d'entre eux survolera ou se posera face à des témoins. Mais cela
s'est déjà produit, y compris face à des militaires, des pilotes et
des passagers d'avions de ligne et pourtant la moitié des sondés
n'y croit toujours pas... Pourquoi ? Parce que le phénomène est fugace
et n'est pas reproductible ou ne peut pas être soumis à des expériences.
Documents T.Lombry. |
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La
Science moderne a bâti un monde qui convient à une large majorité
d'individus mais qui n'est sans doute qu'un pâle reflet de la réalité.
Cette représentation théorique nous convient tant que les phénomènes rentrent dans
l'une des catégories prédéfinies du Savoir. Ceux qui refusent de
s'intégrer dans cette normalité du fait de leur étrangeté ou de
leur rareté sont rejetés sine die. C'est ainsi que faute d'être
reproductible et à défaut d'être soutenu par une théorie cohérente,
le phénomène OVNI est resté en marge du débat scientifique.
Sans
même imaginer que des êtres intelligents extraterrestres puissent
se manifester par l'entremise des OVNI, les scientifiques en ont
conclu que nous étions seuls dans l'Univers, certains se considérant
même comme les seuls êtres à l'image du Dieu de la Création.
Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que le phénomène OVNI ait
été relégué dans le domaine du mythe. Mais une telle attitude,
intolérante et obscurantiste n'est plus à l'image d'une communauté
scientifique qui en ce XXIe siècle plongera bientôt dans
les contrées inexplorées de l'espace.
Si
toutes les enquêtes menées auprès de scientifiques ayant étudié
le problème OVNI confirment qu'ils sont presque tous favorables à
ce genre d'étude, il faut bien reconnaître que ceux qui s'en désintéressent
sans même avoir consulté les dossiers ne respectent pas la démarche
scientifique. Ces soi-disant respectueux de l'objectivité, prétendant
parfois au prix Nobel et à la reconnaissance publique embrassent
une science en quête d'utopiques absolus. Car dans le vaste flot
des témoignages, il reste ce pourcentage pour lequel aucune réponse
n'est satisfaisante. Espérons qu'à l'avenir la science apportera
un peu de lumière sur ces notifications réellement énigmatiques.
Ce
dossier n'est pas encore clôturé. Il sera mis à jour dès qu'un
dossier important sera divulgué, qu'une nouvelle explication ou une
découverte scientifique nous apportera quelques éléments de réponse
nous permettant de dénouer un petit peu plus ce noeud gordien.
Je
remercie la COBEPS et le MUFON
ainsi que Léon Brenig de l'ULB pour leur collaboration.
Pour
plus d'informations
Sur
ce site
UFO
& UAP (illustrations de l'auteur)
Aliens (illustrations de l'auteur)
Livres
sur l'ufologie
La
philosophie des sciences
Les
défaillances des satellites
Sur
Internet
OVNIS
: Est-ce bien sérieux ?, Les archives vidéos de la RTBF (Sonuma)
Le modèle sociopsychologique du phénomène OVNI: Un cadre conceptuel interprétatif en sciences humaines
(PDF), Jean-Michel Abrassart, UCL, 2016
Report
of the Commission to Assess the Threat to the US from EMP (PDF), EMP Commission, 2004
List
of reported UFO sightings, Wikipedia US
UFO
Stalker (liste des notifications)
UAPDb
Image
Analysis Tools, MUFON (apprendre à débusquer les canulars)
The
Debunker's Domain
Skeptical Inquirer
Alien
Abduction Experience & Research (nombreuses informations et
liens)
Dreamland
: Travels Inside the Secret World of Roswell and Area 51, Phil Patton
Project
Blue Book
Project Blue
Book, Special Report No. 14, 1966, version électronique
Les Objets Volants Non Identifiés:
mythe ou réalité ?, version électronique, J.Allen Hynek, Belfond, 1974
UFO
Casebook (nombreuses images d'OVNI, des vidéos, nombreux liens)
UFO
Evidence
SCIFI
Les
UFO dans Amazing Stories, Astounding Stories, Stories of the Stars
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Associations
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(propose en ligne
plusieurs rapports et livres sur les OVNI)
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(CNES).
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