acrux974

CROA d'une soirée simple et (presque) parfaite

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Une soirée (presque) parfaite…
Depuis quelques jours en Provence, la météo est plus clémente – c’est un euphémisme - que sur le reste du pays. Cependant, alors que les journées sont dégagées et venteuses, chaque soir le vent tombe et une couche de nuage plus ou moins dense vient gâcher la soirée.
Ce lundi soir 12 juillet, les nuages ont dominé le ciel durant une partie de la journée, mais en fin d’après midi le vent fort a nettoyé le ciel de toute nébulosité. Mieux encore, la calme du crépuscule laisse présager une bonne stabilité de l’air. La lune…Magnifique! Elle va se faire discrète ! Voilà une soirée qui s’annonce bien ! Seule contrainte, demain je travaille, il ne faut donc pas se coucher (trop) tard…
Je veux d’une part tester la monture LXD 55 avec le mak intes 150 dessus (ayant recalibré les moteurs ce week-end après avoir ouvert la bête pour resserrer tous les pignons sur leur axe, sources de jeux et d’imprécision) et d’autre part tester le Speers waler SWA de 18 mm et le filtre OIII reçu vendredi dernier sur le Schmidt Newton de 254 mm (SN 10’’) F/D4.

21h30 : mise en station des deux télescopes. Le ciel étant encore clair, la polaire n’est pas visible. L’alignement se fait donc à la boussole dans un premier temps. Il n’est pas encore possible d’initialiser le GOTO de la LXD 55, celui ci devra patienter. La longueur du crépuscule me laisse le temps d’équilibrer parfaitement le SN 10’’ sur l’EQ6 et permet une bonne mise en température des deux instruments.
Ah ! Ne pas oublier de placer les deux parasols en appui sur la haie face à l’est pour me protéger de la lumière de lampadaires sur la route à 100 m. Tiens, mais c’est déjà Jupiter qui apparaît ! Hélas, elle est déjà bien basse sur l’horizon et est immédiatement cachée par la maison qui me sert de protection contre la lumière d’un lampadaire boule de lotissement à la lumière agressive. Pas de doute, mon jardin n’est pas le site idéal…

Encore quelques minutes et voilà Véga. Mise sous tension de la LXD 55 toujours sans le goto et pointage à la raquette pour régler le chercheur. Même opération avec le SN10’’, réglage du telrad et de l’affreux chercheur 6X30… Dans les deux instruments Véga apparaît nette, il n’y a quasiment pas de turbulence ! Vu la qualité du ciel, pas d’hésitation les vérifications et autres manip techniques attendront. Ce soir, visuel avant tout. Objectif : se gaver la rétine dans le court laps de temps que je me donne car pour 1h00 tout devra être rangé. Pour cette raison, je décide de ne pointer que des grands classiques, merci monsieur Messier.
Vers 22h30 ouverture de la séance, voisine de Véga, M57 est idéalement placée pour ouvrir le bal. SP 4000 32mm sur le mak 150, SP 4000 26mm sur le SN10’’. Dans les deux télescopes M57 est visible mais le fond du ciel n’est pas encore assez noir. L’UHC sur les deux instruments améliore bien l’image, en particulier – et ça n’a rien d’étonnant - dans le 254. Le filtre OIII est moins efficace, surtout sur le 150. Au passage, j’affine la mise en station de la LXD55 au viseur polaire. Mise en œuvre de la technique dite « du barbare », c’est à dire un alignement sommaire dans le réticule, pour du visuel ça suffira bien.

Je place le speers waler 18 mm sur le 254. Je l’ai déjà essayé sur le 150 le jour ou je l’ai reçu et il m’avait fait bonne impression. Reste que le mettre sur un FD court, plus « exigeant » n’est pas gagné d’avance. Pour la mise au point, il faut bien sûr aller chercher le foyer assez bas, comme déjà signalé sur le forum. Pas de problème pour le SN10 car le porte oculaire dispose d’origine d’une bague rallonge qu’il faut dévisser pour attraper le foyer en photographie au foyer. Cette bague enlevée, le PO est plus court de quelques centimètres. La mise au point se fait donc sans problème. Dans cette configuration, la mise au point avec les autres oculaires reste tout à fait possible en faisant sortir un peu plus le PO. Un regret cependant, il ne m’est pas possible d’utiliser le porte oculaire Borg, pour faciliter la mise au point avec le speers. Dommage car avec un FD aussi court le porte oculaire à crémaillère d’origine, même s’il remplit honnêtement son rôle, se trouve un peu limité pour une mise au point fine. M57 dans un oculaire grand champ est vraiment sympathique en dépit d’un fond du ciel toujours un peu clair. En revanche, je ne retrouve pas cette coloration bleutée de la nébuleuse aperçue lors d’une observation mi-juin. Les étoiles restent ponctuelles dans tout le champ, l’image est lumineuse et nette. L’oculaire est agréable, le placement de l’œil se faisant naturellement et la bonnette remplit bien son office. Le 20mm SP 4000 est derrière, pas de doute. La bonne impression se confirme, vivement le 17 juillet à Cosmons, qu’on puisse le comparer avec d’autres oculaires grand champ de focale voisine pour se faire un avis le plus objectif possible. Avec un tel oculaire, le filtre UHC narrowband Meade donne sont plein rendement.
Ma femme me rejoint. Aïe, il va falloir la jouer fine pour qu’elle reste sur le 150. Vite une chaise derrière le mak, c’est juste la bonne hauteur. Tout va bien elle s’installe et regarde.
- Ah oui, on voit bien, l’anneau, c’est quoi déjà ?
- M57, une nébuleuse planétaire. Tu as la raquette pour recentrer si tu veux.
- Non, c’est bien au centre.
- Au centre ? Fais voir, ça fait bien 15 minutes que je l’ai pointée.
Elle se lève et me laisse la place. Je regarde à mon tour et en effet, la nébuleuse est toujours bien centrée. Bon, c’est l’oculaire de 32 mm, mais l’instrument est quand même à FD 10… Parti dans mes pensées sur ma mise en station version sauvage et le bon suivi, j’entends soudain :
- Dans le gros télescope, elle est vraiment bien!
Mince, je suis fais…Maintenant, c’est sûr, elle ne va plus jeter un œil dans le mak. Abandonnant ce dernier je la rejoins. Après quelques minutes à regarder la nébuleuse de la Lyre, je pointe M13. L’amas globulaire est splendide dans le 254. Avec le SP 26 mm, il commence à être résolu. Avec le speers 18 mm, il se transforme en un tas de poussière lumineux, le Y se laisse apercevoir. C’est mon objet préféré, car il a une vraie présence dans l’oculaire. Vite, le SP 9,7 mm, que c’est beau…Mais que se passe-t-il ? je me sens à l’étroit dans le champ du plöss…Je mets devant le speers la barlow X2 et replace le tout dans le PO. La vision devient magnifique, c’est un poudroiement d’étoiles qui éclaboussent le champ. L’absence de turbulence rehausse la qualité du spectacle. Cette fois c’est sûr, je suis contaminé par la maladie du grand champ. C’est mon banquier qui ne va pas être content. Heureusement, ma femme qui regarde toujours avec moi ressent exactement la même chose.
Pendant qu’elle observe, je vais sur le 150 qui se trouve bien seul, pointe Albiero et place un SP 20mm sur le PO. L’absence de turbulence, et la qualité optique du mak permettent d’avoir une image nette de cette jolie double aux couleurs contrastées. J’invite ma femme à regarder et profite que le SN 10’’ soit libre pour pointer M22, l’amas globulaire dans le Sagittaire qui dépasse en taille M13. Je ne l’ai jamais observé auparavant. Avec le telrad, en prenant appui sur l’étoile 22 λ Sgr de magnitude 2.8, pas de problème, il est du premier coup dans l’oculaire. En effet, il est de belle taille, mais moins dense que M13. Comme il se trouve plus bas sur l’horizon, il me semble aussi moins lumineux. Pas de doute, je lui trouve moins de classe. Voilà un objet qu’il faudra retenter le jour où mon employeur aura la bonne idée de me renvoyer dans l’hémisphère sud…
Retour vers le mak, j’essaie d’expliquer à mon épouse – novice en astro mais intéressée - que l’on voit la tâche de diffraction. Mauvais point pour mon sens de la pédagogie, elle ne saisit pas. Du coup pour rendre le phénomène encore plus évident, je mets mon oculaire de 6,4 mm. Là, la tache de diffraction est évidente, le premier anneau est net, assez stable mais clairement découpé en trois parties presque égales. L’une de ces parties a tendance à être un peu plus « baveuse » sur l’extérieure. Le deuxième anneau est présent mais beaucoup moins net, plus fugitif. C’est grave docteur ?
Bon, pas le temps de pousser plus loin, le temps tourne, il faut passer à un autre objet. La constellation du Cygne est maintenant suffisamment haute dans le ciel pour tenter un objet de choix, la dentelle du cygne. Oculaire de 26 plus filtre OIII sur le 254 et nous voilà partis. Je suis confiant, vendredi dernier dans le mak 150 avec le speers 18 et l’OIII, j’ai distingué la partie droite, NGC6960, de part et d’autre de 52 Cyg. De nouveau pas de problème pour pointer au telrad, le ciel étant suffisamment sombre pour que 52 Cyg soit visible à l’œil nu. L’OIII est remarquablement efficace, tout de suite apparaît dans l’oculaire ce bel oiseau fantôme. Nous restons de longues minutes à regarder la nébuleuse. Une fois de plus le Speers Waller donne une excellente image, avis que je modère par le fait que les seules fois où j’ai vu la nébuleuse du cygne dans un télescope auparavant, c’est dans le 600 de David Vernet…une autre dimension avec la couleur et les dentelles dans la dentelle! Rien de tout ça ici bien sûr mais déjà les nuances de textures sont nettement perceptibles dans un dégradé de gris subtil.

Vaincue par la fatigue et la certitude que demain les enfants ne lui feront pas grâce ma femme part se coucher. Pour ma part je m’en vais tenter l’autre partie de la dentelle du Cygne, NGC 6992 et NGC 6995. Là encore, merci le telrad, trouvé du premier coup. De nouveau le fin voile éthéré se laisse observer, magnifique et grandiose avec les même variations de textures. J’y passe de longues minutes. En revanche je suis bien en peine de différencier les deux NGC, aurai-je loupé quelque chose ?

Jusqu’à présent, tout marche bien. Un petit passage sur le mak, toujours avec le 6,4 mm. Albiero est encore dans le champ, cela fait une demie heure que je n’y ai plus touché. Tant pis pour le test du goto, je retourne sur le 254 et tente une petite nébuleuse planétaire dans le Cygne donnée à mag 9.8 et jamais observée. Malgré plusieurs tentatives, c’est l’échec. Il ne faut pas traîner, le temps passe. Bon pas de mollesse, retour aux grands classiques maîtrisés. En avant pour M27. Je mets le 26 avec l’UHC et pointe au telrad en m’appuyant sur l’étoile Hip 98920 de la Flèche. Dés que la nébuleuse apparaît dans l’oculaire, sa forme en trognon de pomme me semble évidente, mais en passant du temps dessus, cette forme s’estompe progressivement. Alors qu’ai-je vu réellement…C’est la première fois que je la regardais au 254 mm, ma première impression n’a-t-elle pas été influencée par les nombreuses images vues dans les revues astro et sur le forum ? Bon, pas le temps pour les interrogations, l’horloge tourne et s’approche de l’heure fatidique. Profitons rapidement du sagittaire plus haut sur l'horizon pour faire un rapide passage sur M20 et M8. Jeux avec les filtres. La fatigue arrive car je ne trouve pas de différences notables. Des extensions plus présentes avec l’OIII peut être, mais de peu.
Un coup d’œil rapide dans le mak, Albiero est au bord du champ du 6,4. Trois quarts d’heure depuis le dernier recentrage…Pas mal la méthode barbare !
Cette fois, il faut plier, sinon demain ce sera dur. Aller juste pour le plaisir un passage sur M31. Là encore, la qualité du ciel de cette nuit permet, après quelques minutes passées sur l’objet d’en voir un peu plus que d’habitude. Je reste avec le speers de 18, étant un peu pressé et ne cherche pas à grossir plus.
Aller, fini, terminé, j’arrête. Je recentre tout de même Albiero dans le mak et observe attentivement la tâche de diffraction pour pouvoir étudier le problème. Après tout, il date de 1998 et n’a jamais été recollimaté…Ils sont réputés pour être stable à la collimation, pas immortels quand même ! Arrêt de la monture et rangement du scope.
Je m’approche ensuite du 254 pou lui faire subir le même sort mais attrapé par le démon de l’objet en plus, je décide de me faire rapidement M81 et M82. En été les deux galaxies sont assez basses et pour moi au dessus et dans le halo de Draguignan. Je pointe, pas facile à trouver entre le toit du garage et la haie du voisin ! Ca y est, elles apparaissent avec leurs formes caractéristiques. Je grossis sur M82 et la barre sombre centrale apparaît facilement. Par contre, pas grand-chose sur M81. Bon vu leur hauteur sur l’horizon, il ne faut pas être trop gourmand.
Cette fois, démontage pour de bon du télescope et rangement des accessoires, sans oublier les parasols posés contre la haie, sinon la voisine va encore les ramener en se demandant comment ils ont pu voler aussi loin alors que le sien n’a pas bougé !
Il est 1H15, tout va bien, il est temps de partir faire des rêves étoilés…
Ce fut une nuit (presque) parfaite mais hélas trop brève.

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Damien http://www.astrosurf.com/acrux974

[Ce message a été modifié par acrux974 (Édité le 14-07-2004).]

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Le bougre, la prochaine fois il collera son épouse au Telrad en lui expliquant que pour le grand champs, c'est la panacée !

A propos du Speer-Waller de 18 sur le 254 ouvert à 4, tu confirmes qu'il ne présente aucune coma apparente ?? Bruno en a avec son 300 (à f4 aussi)...

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Ah oui, très bon le coup du telrad, faudra que j'essaie!
Pour le Speers waler, oui, il me semble très propre sur tout le champ mais bon, j'ai pas l'âme d'un spécialiste. Cependant je le mets sur un Schmidt Newton. La formule est censée être mieux corrigée de ces aberrations. Maintenant, pour confirmer ma bonne impression qui risque d'être faussée par le complexe du propriétaire (c'est à moi donc c'est bien) Samedi prochain je l'emmène à Mons pour la soirée, on pourra regarder à plusieurs et le monter sur d'autres formules optiques, voir le comparer avec celui de Bruno pour se faire une idée plus précise.

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A+
Damien
http://www.astrosurf.com/acrux974


[Ce message a été modifié par acrux974 (Édité le 14-07-2004).]

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Croa tres sympa Damien.
Juste un detail, on dit pas une mise en station " a la barbare" mais une mise en station " a la Mezzo " .
C'est sous licence protégée

Gian

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Bob : j'ai une coma énorme, même (il ne faut surtout pas fixer les étoiles du bord). Mais le télescope d'acrux974 est un Schmidt-Newton, et il me semble que cette combinaison permet d'améliorer la coma. Visiblement, l'amélioration est très nette !

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Merci Bruno, c'est bien ce qu'il m'avait semblé après ton premier témoignage. En fait, j'aimerais beaucoup savoir comment cet oculaire se comporte avec un paracorr visuel devant, sur un scope très ouvert (4)... à voir à Cosmons ? Messieurs, je compte sur vous !

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D'après ce que j'ai vu des prévisions météo, il y a un risque de ciel couvert pour Cosmons. D'autant que j'ai reçu deux nouveaux accessoires commandés récemment (Nagler 5 et filtre O-III) et qui seraient inaugurés alors : Murphy ne me ratera pas ! (il est pas en vacances ? zut...)

Oups, désolé pour le hors-sujet...

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les prévisions météo pour la région sont souvent mis à mal quand même.
il arrive souvent que ce soit couvert en journée (thermique) et qu'avec la nuit ça devienne bien.

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Et bien Damien ,on s'est fait plaisir! C'est gentil de nous en faire profiter . C'est ça qui est chouette avecl'astro c'est qu'on peut également le vivre par procuration à la différence d'autres sports !

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