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Comment devenir astronome ?

Un diplome (degree) délivré par l'Université de Cambridge. Document T.Lombry.

La fuite des cerveaux vers les Etats-Unis (III)

Il y a une réalité dont l'Europe et les entreprises européennes semblent impuissantes à endiguer depuis plusieurs générations, c'est la fuite des cerveaux vers les Etats-Unis et ailleurs qu'en Europe. Pourquoi ? Car là où une startup européenne peut difficilement obtenir 10 ou 100 millions d'euros sur 5 ans pour mener à bien ses projets, les sponsors américains lui proposent 100 millions ou 1 milliard de dollars tout de suite. Bien sûr, ils exigent rapidement un business plan et retour sur investissement, mais le deal peut être signé immédiatement. Pour les spécialistes, le calcul est donc vite fait : ils s'expatrient pour mener la vie d'ingénieur ou de scientifique dont ils ont toujours rêvé. De toute évidence, l'Europe n'a toujours pas compris l'intérêt de protéger ses brevets et de supporter ses meilleurs éléments.

Ajoutons à cela, la bureaucratie européenne et la taxation élevée dans beaucoup de pays de l'Union qui alourdissent le travail des petites entreprises et affaiblissent leur compétitivité. Pas étonnant dans ces conditions que l'Europe ait du mal à trouver sa place entre les Etats-Unis, la Chine et les autres pays d'Asie en pleines mutations technologiques. Si elle ne revoit pas son business modèle et n'accorde pas plus de moyens et de libertés à ses entrepreneurs, elle sera toujours à la traîne des innovations et contrainte de dépendre des pays étrangers et notamment des Etats-Unis avec tous les risques que cela comprend.

Pour le lecteur qui veut savoir comment fonctionne les systèmes éducatif et fiscal aux Etats-Unis (ou dans les pays anglo-saxons), voici ce qu'il faut savoir.

Du GCSE au degree

Comment devient-on astronome aux Etats-Unis ou dans les pays anglo-saxons ? Do you speak English? Great! Parce que vous en aurez besoin ! Comme dans la plupart des pays, l'éducation publique se termine à 18 ans, après 12 ans d'école obligatoire, terme après lequel l'élève doit passer un examen appelé le "GCSE" (General Certificate of Secondary Education) au Royaume-Uni ou le "HSD" (High School Diploma) aux Etats-Unis qui correspond à l'examen pour l'obtention du certificat général de l'enseignement secondaire supérieur. Cet examen est accessible dès 14 ans pour les plus doués.

Rappelons que le GCSE fut introduit en 1986 et remplace les brevets "O-level GCE" (Ordinary level General Certificate of Education) et CSE (Certificate of Secondary Education). Le diplôme GCSE (UK) ou HSD (USA) est obtenu après le passage d'un examen dans les principales matières enseignées (langue officielle anglaise ou américain, littérature anglaise ou américaine, mathématiques, sciences et diverses options) dont le nombre varie entre 10 et 14. Les grades ou niveaux vont de A* (le meilleur) à G, U signifiant un échec.

Dans la conjoncture actuelle, c'est le niveau d'étude minimum pour pouvoir accéder à l'enseignement supérieur (hautes écoles et universités) ou pour pouvoir prétendre à un emploi qualifié.

Arrivé à ce stade l'étudiant désireux d'embrasser une carrière scientifique suit 4 ans de cours universitaires qui sont un mélange d'éducation générale et de spécialisation. L'étudiant intéressé par l'astronomie suit l'équivalent français d'une maîtrise en astronomie, en physique ou en mathématique, c'est le "degree" qui lui confère aux Etats-Unis le titre de Bachelor of Science, B.S.

Du Ph.D au Fellow

Au terme du "degree" (Licence ou Maîtrise), l'étudiant dispose de 5 ans ou plus pour produire une thèse de recherche qu'il devra défendre devant un comité de professeurs. S'il réussit, il obtiendra le Philosophical Diploma ou Ph.D. et le titre de Docteur (Dr) qui, rappelons-le, comparé au système français est un grade intermédiaire entre le doctorat et la thèse d'état. Il est toutefois assimilable au doctorat de troisième cycle. 

Devenu chercheur, il peut ensuite recevoir les titres de Fellow puis de Professional Fellow s'il poursuit une activité de recherche en vue d'une spécialité (à ne pas confondre avec le titre de Fellow de la Royal Society par exemple ou de l'Université de Cambridge qui est synonyme de "membre" ou sociétaire).

Pour information, parmi les Ph.D. les plus célèbres citons Isaac Newton, Carl Sagan, Hubert Reeves, Stephen Hawking et beaucoup d'astronautes.

A lire : Graduation and what next?, Cambridge U.

  So You Want to Become a Physicist ?, Dr. Michio Kaku

Equivalences des diplômes

(France/Europe vs. GB/USA)

Enseignement secondaire - Undergraduate

DNB

GCSE's G grade

CAP

Youth Training

NVQ Level 1, 2

BEP

GCSE C to G grade

BTEC First Diploma)

GNVQ Foundation, NVQ Level 1, 2

BEPC

GCSE C grade

(USA: HSD, High School Diploma)

Bac Technologique

Bac Pro, Brevet

BTEC National Diploma

GNVQ Advanced, GNVQ Level 3

Baccalauréat (B:CESS)

A levels (Higher, Advanced Higher Level)

Enseignement supérieur de type court - Postgraduate

BTS (BES)

Higher National Diploma

DUT

BTEC

DEUG, DEUST

Diploma of Higher Education

Enseignement supérieur de type long - Degree

1er cycle (Bac+4)

License

BA, BS/BSc

2e cycle (Bac+5)

Maîtrise (Master)

MS/MSc, MA

Ingénieur

Master’s Degree in Engineering (Meng)

DEA/DESS

MA/MS/MSc (NVQ Level 5)

Magistère

MS/MSc (Master’s Degree)

3e cycle

Doctorat

PhD (Dphil)

Mentions

Mention Très Bien, Très Honorable

Mention Bien, Honorable

Mention Assez Bien

Summa Cum Laude (UK: 1st class honours)

Magna Cum Laude (UK: 2d class honours)

Cum Laude

Les filières et les débouchés

Aux Etats-Unis il existe un "degree" ou cycle intermédiaire entre le B.S. et le Ph.D, c'est le Master of Science, M.S. Ce dernier est parfois jugé de " non-scientific" par certains chercheurs car il est peu commun chez les titulaires de postes de recherche en astronomie ou en physique. Mais ce diplôme demeure un des points d'orgue du système éducatif anglo-saxon et reste très commun dans de nombreuses disciplines scientifiques. Beaucoup de salariés travaillant dans les affaires, l'industrie, l'éducation ou pour le gouvernement en sont titulaire.

En pratique presque tous les astronomes professionnels anglo-saxons considèrent le M.S. comme une simple étape dans leur course vers le Ph.D., car il est parfois automatiquement attribué aux élèves en cours de programme.

Le Dr David Jewitt est titulaire d'un Ph.D. Depuis 2011 il est directeur de l'Institut des Planètes et Exoplanètes à l'UCLA.

A l'image du débat entre Prépa et Fac en France,  le discours est un peu philosophique. En fait certains domaines scientifiques produisent plus de M.S. que de Ph.D. car ils sont plus sollicités par l'industrie et le gouvernement, à des fins civils ou militaires. L'astronomie ne compte pas parmi ces disciplines.

Par ailleurs un Ph.D. serait peu utile dans le secteur privé car habituellement les compagnies d'ingénierie sont des années-lumière en avance sur les universités. Cela dit le "Master of Science degree" reste valable en astronomie si vous ne désirez pas faire une carrière de chercheur, poste qui requiert le Ph.D.

Il n'empêche qu'aux Etats-Unis le choix de la filière ne porte pas préjudice à un changement radical de cap, même après les études. Il n'est pas rare qu'un physicien devienne biologiste en s'engageant dans la recherche en biologie ou qu'un physicien devienne consultant en informatique par passion. De tels changements radicaux d'orientation commencent à s'observer en Europe (moyennant les diplômes, l'expérience et les certifications requises, un informaticien peut devenir commercial, un météologiste peut devenir informaticien ou un mathématicien peut devenir employé bancaire, etc).

Si la recherche vous plaît personne ne s'inquiètera que vous ayez suivi au préalable une formation en physique. En Europe, trop souvent encore un parcours en zigzag est un signe d'indécision et d'un comportement irréfléchi, quelles que soit les raisons invoquées. Mais les mentalités changent.

Le temps imparti aux études est aussi nettement plus souple aux Etats-Unis qu'en Europe. Un étudiant de 25 ans peut suivre une première année, puis travailler un ou deux ans, puis poursuivre sa formation. Idem pour sa thèse. Ce rythme est particulièrement adapté aux étudiants ayant charge de famille ou plus préoccupés par la vie que par les études, d'autant plus que l'âge ou le chômage ne sont pas des critères dont la culture américaine fait grand cas. Que vous ayez été au chômage quelques années ou dans la vie active, peu importe, le manager américain vous juge sur vos compétences et vos résultats actuels. Dans ce domaine, les managers européens ont encore beaucoup à apprendre (surtout dans les petites entreprises) même si les mentalités évoluent.

A lire : The Salaries of Scientists by Discipline

What Physicists Do (conférences sur la carrière des physiciens)

A gauche, le télescope Gemini North de 8.1 m installé à 4200 m au sommet du Mauna Kea. A droite, les télescopes Subaru de 8.2 m et Keck I et II de 10 m également installés à Mauna Kea. Documents NOAO et Sasquatch.

Mais comme en Europe, aux Etats-Unis les places d'astronomes professionnels sont très limitées et plus d'un professionnel soulignent ce point ; vous trouverez souvent des postes en deçà de vos qualifications et parfois aucune place du tout dans votre spécialisation ! Comme le disent les Américains, c'est juste comme l'histoire de celui qui voulait devenir poète professionnel, on lui conseilla de ne pas abandonner son travail actuel si le lendemain il voulait encore trouver du pain sur sa table !

Par conséquent, à défaut de pouvoir obtenir le poste convoité dans une institution nationale ou internationale, certains astronomes sont devenus commerciaux dans le secteur privé et représentent des constructeurs de télescopes, d'autres sont devenus journalistes scientifiques ou écrivains. Certains d'entre eux parcourent ainsi le monde en quête des plus belles histoires de l'univers qui se déroulent à l'abri des coupoles dans les hauts-lieux de l'astronomie du Chili, d'Hawaï ou des Pyrénées. On retrouve malheureusement cette situation également en Europe, et elle n'est pas limitée à l'astronomie mais touche tous les domaines de la vie professionnelle.

Sous contrat avec l'armée ou les institutions européennes

Le NTT (New Technology Telescope) de 3.5 m de l'ESO installé en 1989 à l'observatoire de La Silla au Chili. Document ESO.

Et si on signait un contrat avec l'armée ou les institutions européennes ? En Europe, les corps d'armées étant réduits à peu de chose si ce n'est en France, un emploi de chercheur dans le secteur militaire est exceptionnel, sauf dans les domaines touchant la météorologie, l'électronique, les télécommunications, l'informatique et exceptionnellement l'aéronautique ou l'astronautique, souvent en coopération avec des universités ou des entreprises civiles (ULB, Matra, Thomson-CFE, etc).

En France par exemple, si la marine et les télécom vous passionnent, vous pouvez devenir ingénieur télécom et vous occuper d'une antenne parabolique de transmission par satellite de 6 m de diamètre installée sur un navire ou à quai. Le nombre de places ouvertes est cependant très limité. Vous pouvez également tenter votre chance auprès de l'Armée de l'air, au centre de Kourou en Guyane ou dans une autre base opérationnelle.

Au niveau européen, des contrats civils sont toujours à pourvoir au sein des institutions européennes du CERN à Genève ou en Allemagne auprès de l'ESA ou de l'ESO. Sous contrat avec cette dernière, il n'est pas impossible que votre contrat nominatif de trois ans vous conduise aux observatoires du mont Paranal ou de La Silla au Chili où se trouve respectivement les VLT et le NTT notamment. Mais c'est un contrat à durée déterminée qui ne permet pas de faire des projets à long terme.

Aux Etats-Unis, la situation est plus enviable car le marché est beaucoup plus vaste, plus diversifié, plus ouvert et plus mûr qu'en Europe (mais socialement moins protégé). Vous avez la possibilité de travailler comme civil (même étranger) ou comme militaire (si vous avez acquis la nationalité américaine) auprès d'instituts et de laboratoires gouvernementaux réputés et à la pointe de la technologie (LLNL, NOAA, etc) mais également auprès d'escadrilles de l'US Navy ou de l'US Air Force disposant soit d'un observatoire au sol ou embarqué, parfois géré conjointement avec des civils (tel le télescope Linear du MIT). Vous pouvez travailler dans des centres de contrôle de toute nature (NORAD, GPS, etc) sans oublier les bases d'essai ou de lancement comme le centre Dryden de la NASA ou le Cap Canaveral AFB (Cap Kennedy).

Leur budget qui dépend directement du Ministère de la Défense (DoD) est également sans commune mesure avec ce que le Ministère de la recherche accorde au secteur civil, bien que l'épaisseur de l'enveloppe budgétaire fluctue en fonction des programmes politiques et des restrictions éventuelles.

Bien sûr il y a l'industrie avec tout son potentiel d'innovations. Les secteurs des télécommunications, de l'aéronautique et de l'astronautique vous tendent les bras si vous êtes diplômé d'une école d'ingénieur. Vous n'êtes pas sans ignorer que le tourisme spatial a également le vent en poupe.

A lire : A guide to deciphering the academic dress code

Les coutumes vestimentaires anglo-saxones (Harvard Magazine)

Careers in Astronomy, AAS

L'astronomie contient une partie dure, faite d'applications informatiques, d'interfaces électroniques et de mathématiques pures. A gauche, la simulation d'un arc de choc dans le jet d'une galaxie à noyau actif. A droite, le capteur CCD de 12k pixels du CFHT d'Hawaii. Documents Jodrell Bank et CFHT.

Comment devenir astronaute ?

En marge de cet article, on ne peut évidemment pas ignorer le métier d'astronaute qui fait rêver petits et grands. Mais tous les candidats ne deviennent pas astronaute ! Pourquoi ? Car il ne suffit pas d'avoir une bonne tête, d'aller aussi loin que l'on peut dans ses études de type universitaire et de réussir avec distinction. Encore faut-il satisfaire aux prérequis, passer les interviews, réussir l'examen d'admission, être placé en ordre utile et réussir ensuite les examens de sélection. Cet écrémage laisse beaucoup de candidats au portail.

Rappelons qu'en 1992, lors des examens d'admission de l'ESA, il y avait 2500 candidats pour un seul siège de spationaute, que remporta le belge Dirk Frimout. En 2022, l'ESA reçut 24000 candidats. La compétition est rude.

Sachant cela, le meilleur conseil qu'on puisse donner à un étudiant est de poursuivre les études qu'il aime aussi loin qu'il peut. Il verra bien le jour venu s'il y a des postes d'astronautes ou des spécialistes de charge utile ouverts à l'ESA ou ailleurs et si son cursus académique ou militaire lui permet de tenter sa chance, car il en faut aussi.

Ceci dit, il existe deux catégories d'astronautes : le pilote et le spécialiste de mission. De part leur fonction, ils ne suivent pas du tout le même cursus académique ni le même entraînement.

Qui n'a pas rêvé d'un job à la NASA... L'accès au métier d'astronaute est plus aisé pour les pilotes d'essais et les scientifiques (géosciences, physique, médecine, etc).

Pour devenir astronaute à la NASA par exemple, "les candidats doivent être des citoyens américains, mesurer entre 1.63 m et 1.93 m, être en bonne santé, en excellente condition physique et être toujours prêts à embarquer pour un vol spatial. Ils doivent être titulaires d'une licence d’ingénieur en génie, physique, informatique ou mathématiques. Les pilotes astronautes doivent avoir à leur actif au moins trois ans d'expérience professionnelle ou 1000 heures de vol en tant que commandant de bord dans des avions à réaction.. Une expérience sur jet est vivement recommandée et les candidats doivent réussir le test physique de vol spatial de Classe 1 de la NASA".

Aux Etats-Unis, en général les pilotes astronautes sont des militaires d'active détachés de leur base auprès de la NASA. Certains sont des pilotes d'essais civils au service de la NASA depuis de nombreuses années, d'autres viennent directement de l'US Navy, de l'USAF ou d'autres corps d'armées. Ces militaires ont pour la plupart effectué des missions de guerre.

Le cursus académique est similaire en Europe. Les pilotes spationautes sont pour la plupart des pilotes militaires.

Pour les spécialistes scientifiques de missions spatiales (et de charge utile), les conditions minimales sont une licence d’ingénieur en biologie (y compris en médecine) ou en physique.

En complément, tous les astronautes reçoivent une formation supplémentaire en météorologie, en guidage et navigation, en astronomie, en physique et en informatique.

Précisons que les spécialistes de charge utile (qui travaillent sous les ordres du spécialiste de mission) ne sont pas des astronautes d'active; ils sont formés à l’origine par le concepteur de la charge utile (le satellite ou le matériel d’expérimentation) et ne participent généralement qu'à une seule mission puis retournent à la vie civile.

Notons que depuis 1993, parmi les grandes agences fédérales américaines, la NASA est considérée comme étant "the best place to work". Ceci dit, pour compter parmi les rares élus, à moins d'être un génie et présenter des qualités extraordinaires, il faut aussi compter sur la chance. En effet, lors de son recrutement en 2017, la NASA reçut 18300 candidatures (contre 8000 en 1978) pour 12 places disponibles. Précisons qu'en fonction des résultats académiques, le salaire des astronautes varie entre 104898-161141$ par an. Un nouveau recrutement fut organisé en 2020 pour ce que la NASA appelle la "génération  ARTEMIS" qui permettra à 11 nouveaux astronautes de mettre le pied sur la Lune et/ou sur Mars dans quelques années.

La biographie de Franklin Story Musgrave

Si les astronautes sont au moins titulaire d'un B.S., M.S ou d'un Ph.D (doctorat), l'américain Franklin Story Musgrave né en 1935, présente un CV plutôt exceptionnel.

Pilote d'essai, commandant de bord sur la navette spatiale, chargé de mission scientifique sur plusieurs vols de la NASA, Musgrave est un petit génie aux goûts très éclectiques. Jugez vous-même.

Engagé dans le Corps des Marines US à 18 ans, il effectua son service militaire comme électricien en aviation et technicien avionique. En 1958, il obtient sa licence en mathématiques et statistiques de l'Université de Syracuse (US) et travailla chez Eastman Kodak en tant que mathématicien et analyste d'opérations. Par la suite, il obtient un MBA en analyse d'opérations et en programmation de l'UCLA.

Musgrave obtint ensuite une licence en chimie du Marietta College et devint docteur en Médecine de l'Université de Columbia en 1964. Il quitta alors Kodak et travailla comme... interne en chirurgie au Centre Médical de l'Université de Kentucky (UKMC) de Lexington où il poursuivit son postdoc grâce au support de l'USAF et du Heart Institute, gagnant un master supplémentaire en physiologie et biophysique.

A lire : To be astronaut, NASA, 2020

Astronaut Selection and Training, NASA, 1979 (PDF)

Le CV des astronautes, NASA-JSC

A gauche, l'équipage d'Apollo 11 en 1969. Neil Armstrong (gauche) est notamment titulaire d'un Master of Science en ingénierie aérospatiale et pilote d'essai sur X-15, Michael Collins (centre) est Bachelor of Science d'une Académie militaire et Général Major de réserve de l'USAF et Edwin Aldrin (droite) est Bachelor of Science en ingénierie mécanique de l'Académie militaire de West Point, docteur en astronautique du MIT et Colonel de l'USAF. Tous trois ont par la suite fondé leur propre société. Au centre et à droite, l'astronaute Franklin Story Musgrave au cours de la mission STS-61 le 9 décembre 1993 lors de l'entretien du télescope Hubble en compagnie de l'astronaut Jeffrey A. Hoffman. Voici la photo originale. Voici une autre photographie où Musgrave se prépare pour une sortie dans l'espace (EVA). Documents NASA et NASA.

En août 1967, en pleine aventure Apollo, le Dr. Musgrave postula auprès de la NASA. Il fut sélectionné et entra dans le corps des pilotes astronautes scientifiques.

Musgrave reçut une formation de pilote et de parachutiste et gagna ses ailes de pilote de l'USAF. Il participa au programme Skylab (designer) et fut pilote backup sur la première mission Skylab et CAPCOM (Capsule Communicator, le fameux "Houston"), c'est-à-dire membre de l'équipe de contrôleurs de vol sur les deuxième et troisième missions de Skylab.

Jusqu'en 1989, il partagea son temps entre un poste de concepteur et pilote pour la NASA, de chirurgien à l'Hôpital Général de Denver et celui de professeur de physiologie et biophysique à l'UKMC.

Musgrave s'occupa également de la conception des combinaisons spatiales et du MMU et commanda la mission qui répara le Télescope Spatial Hubble. Il vola pour la dernière fois en 1996 sur la navette Columbia.

Il fut ensuite pilote-instructeur (de vol, y compris aux instruments), instructeur de planeur et est titulaire d'une licence de pilote d'avion de la FAA. Musgrave a piloté 160 avions civils et militaires différentes, effectua plus de 500 chutes libres dont 100 expériences destinées à étudier l'aérodynamisme du corps humain.

Tout cela ne l'a pas empêché de pratiquer ses hobbies : lecture, jardinage, aviation, informatique, parachutisme, plongée, photographie, etc. Il suivit un cursus universitaire de 16 ans sans connaître d'échec au cours duquel il fit un break de 20 ans avant d'acquérir son Master of Arts en littérature. La vie de Story est effectivement toute une histoire !

Le rêve américain, un miroir aux alouettes ?

Il est attirant d'émigrer aux Etats-Unis quand on peut obtenir un poste "bien rémunéré" (selon Yahoo!Finance, le salaire médian aux Etats-Unis est de 59428$ en 2023) ou travailler comme indépendant dans un secteur porteur. La science n'est pas un secteur très rémunérateur...

De manière générale, comparés à l'Europe, les systèmes éducatif et social américains ne sont pas ce qu'on peut dire en faveur de la population qui doit souvent y mettre de sa poche pour obtenir un minimum d'aide ou de services.

Prenons quelques exemples :

- La sécurite sociale est anecdotique et ne couvre automatiquement que les soins de santé des plus de 65 ans (sans pour autant couvrir les médicaments alors que pratiquement toutes les personnes âgées en prennent quelques-uns). Pour rappel, en 2017 le président Trump annula l'ObamaCare instaurée en 2010 sous l'Administration Obama. Mais fin 2022, le président Biden décida de le restaurer et même de l'étendre aus non assurés.

En Europe, pratiquement tout le monde a souscrit une couverture sociale (mutuelle, etc) qui est relativement complète (couvrant les allocations familiales, les pensions, le remboursement de frais médicaux, l'incapacité de travail, etc), si ce n'est quelques catégories de sans-emplois dans certains pays.

- Les assurances maladies complémentaires sont exorbitantes au point que les primes peuvent dépasser 20% des revenus annuels d'un couple sans enfant ! En Europe, elles sont généralement relativement bon marché et encore accessibles aux personnes à faibles revenus (chômeurs, pensionnés). A titre d'information, en Europe l'assurance complémentaire représente entre 1-4% des revenus (en 2023, l'assurance de la DKV revenait à 110 € par mois pour une personne de 60 ans).

- Les loyers sont exorbitants. En Californie, un deux-pièces ("apartment") situé à plus de 100 km du lieu de travail coûte pratiquement le salaire d'une personne non qualifiée. C'est ainsi que certaines villes de banlieue se sont transformées en cité-dortoires pour beaucoup d'employés où les propriétaires s'accordent tous les pouvoirs. Quant aux maisons, elles ne sont accessibles qu'à la classe privilégiée (des fonctionnaires, des indépendants, des professions libérales, etc) même si la crise des "subprimes" et la crise financière (2007-2009) ont mis sur le marché des milliers d'habitations à bas prix.

- Le régime des retraites soit disant régit par l'Etat dépend en réalité de l'actionnariat privé avec tous les risques financiers que cela représente. En Europe, la situation tend vers ce principe tout en ayant toujours la garantie de l'Etat et une gestion publique (qui n'empêche pas des placements en Bourse non déclarés).

- L'impôt sur le revenu qui est régi par des règles fédérales est relativement faible, variant entre 10 et 37% pour une personne privée. En revanche, les popriétaires qui sont considérés comme chefs de famille sont imposés à un taux plus élevé que les autres contribuables. Le taux fédéral d'imposition sur les sociétés vest de 21% depuis 2017.

- Il n'existe aucune disposition fiscale tenant compte de la situation salariale des ménages. Seul l'état civil, le nombre d'enfants ou les exonérations sont prises en compte lors du calcul. En Europe, il existe des dégrèvements en fonction des salaires du couple (quotient conjugal, etc).

- Les impôts directs (taxes) sont prélevés à la source, non seulement par le Fédéral et les Comtés mais l'Etat prend également sa cote part et parfois la ville. Ce sont bien sûr les Etats dominants et les mégapoles qui présentent les impôts les plus importants (New Jersey, Californie, etc). Ils sont en général deux fois plus élevés qu'en Europe et plus encore dans les mégapoles.

Toutefois, pour les non-résidents ou les résidents étrangers détenteurs d'un permis de travail (Green card, J1, H1b, O1, L1, L2, E1, E2), il n'est pas rare que l'Etat ou la ville vous rembourse en début d'année (avril) et que vous n'ayez aucun impôt à payer. Dans ce cadre, les compétences d'un comptable sont très utiles et rapidement amorties.

Green card US.

- Le système éducatif, s'il est très souple et permet de suspendre ses études quelques années et accorde des bourses aux étudiants, il peut s'avérer ruineux pour une famille nombreuse de la classe moyenne.

Le minerval (tuition fees) des études supérieures coûte au minimum 14000$ soit 11000 € par an hors frais de logement et de transport pour une formation de 3 ans. Beaucoup d'étudiants de familles modestes sont obligés de travailler le soir ou la nuit pour payer leurs études.

Le minerval s'élève à 45000$ soit 40000 € par an au MIT et 50000$ soit 44000 € par an à Harvard (College), mais tient compte de tous les frais scolaires (syllabi, laboratoires, logement, transport, nourriture, ...). Il diminue comme il peut augmenter d'environ 20% en postdoc.

Par comparaison, le minerval varie entre 15000£ et 26000£ par an soit entre 17000 et 30000 € par an dans les universités britanniques et entre 1500 et 7000 € par an en Belgique tout compris. Le minerval varie entre 159 à 2500 € en France à l'exception des écoles privées où il peut atteindre 4000 € par an (ingénieur) et même 8000 € par an (ESSEC).

Aux Etats-Unis, vous pouvez obtenir une aide financière couvrant jusqu'à 100% des frais si les revenus de la famille ne dépassent pas 65000$ par an. En théorie, même les familles privilégiées gagnant plus de 130000$ par an peuvent obtenir cette aide mais devront bien sûr contribuer (comme ailleurs, en Belgique les personnes ayant des revenus modestes peuvent bénéficier d'allocations d'études).

- Précisons qu'en banlieue comme en ville, il est impossible de se déplacer sans véhicule personnel car les transports en commun ne desservent que les mégapoles et le centre des villes les plus fréquentées. Vu les distances à parcourir, les transports en commun sont réduits au strict minimum.

Un piéton devient donc suspect sur les grandes artères. A l'heure actuelle, le prix de l'essence a fortement augmenté et est presque aussi cher qu'en Europe. Vous n'avez plus aucun avantage à rouler en 4x4 ou en monospace Chevrolet. Le "California Style" existe toujours mais pour une classe privilégiée.

- Le taux de chômage fluctue mais reste relativement faible aux Etats-Unis. Avant la crise sanitaire de 2020, il y avait 3.3% de sans-emplois selon le BLS soit moitié moins qu'en Europe. Il est bien pris en charge par l'administration américaine qui, depuis quelques années, veille à la réinsertion professionnelle des sans-emplois grâce à des programmes d'aides personnalisés et un très bon suivi. Cependant, les personnes peu qualifiées ne trouvent généralement que des emplois à temps partiel ou temporaires et peu rémunérés. 

L'Europe suit cette politique, et bien qu'elle se prétende "sociale" elle n'hésite pas à exclure du système de chômage et même parfois de l'aide sociale ses propres ressortissants nationaux (souvent peu qualifiés ou sans diplôme) sous le seul motif qu'ils sont restés trop longtemps sans emploi. Cette population finit par rejoindre les sans-abris qui survivent dans nos villes !

- Citons également pour être complet la durée des congés payés qui ne dépasse pas 14 jours alors qu'elle est d'au moins 22 jours en Europe, de 35 jours dans le secteur banque-assurance et proche de 3 mois pour le corps enseignant. Pour les fonctionnaires d'origine étrangère, les institutions internationales leur accordent généralement des jours de congés supplémentaires pour retourner dans leur famille et pas mal d'avantages socio-économiques (soins de santé couvrant toute la famille, taux d'intérêts avantageux, exonération de la TVA sur l'achat des véhicules, immunisation, etc).

- Enfin, les produits étrangers sont fortement taxés au point que certains aliments sont hors prix notamment le chocolat belge et même les alcools (bière et vin) dans certaines localités reculées dont le prix peut tripler par rapport aux nôtres. La TVA (sale tax) est généralement de 7.5%, moitié à trois fois inférieure aux taxes européennes, mais peut être de 0% dans certains états (Delaware, Alaska et Oregon).

Bref, c'est une constante aux Etats-Unis, si on peut y faire fortune, on peut aussi très rapidement se retrouver à la rue et sans aucune aide. Selon le bureau du Census, la disparité des salaires américains est telle que le salarié le mieux payé gagne 14.5 fois ce que gagne le salarié le plus pauvre ! (contre 6 à 10 fois environ en Europe en comptant le salaire des fonctionnaires européens hauts-gradés). Beaucoup d'expatriés sont revenus la tête basse avec juste de quoi rebâtir une petite société à responsabilité limitée. Mieux vaut donc être prudent et réaliste si vous êtes tenté par le rêve américain. Prenez vos renseignements avant de tenter l'aventure car la motivation ne suffira peut-être pas.

Tous les chemins mènent à l'astronomie

Quelle carrière faut-il embrasser ? C'est avant tout un choix personnel mais parfois une question d'opportunité. On peut préférer la carrière stable de fonctionnaire pour ne pas se préoccuper du lendemain et avoir des horaires réguliers, avec le désavantage d'avoir un salaire modéré, parfois des collègues démotivés ou opportunistes, dépendre d'une institution qui fonctionne au ralenti et on s'installe dans une routine qui ne plaira sans doute pas aux personnes actives ou assez jeunes.

Installation du miroir secondaire déformable intégré au système d'optique adaptative du VLT 4 de l'ESO. Document Elise Vernet/ESO.

D'autres préfèrent travailler dans le secteur privé avec le salaire à la hauteur de leurs compétences ou de leur ambition afin de développer leurs savoir-faire ou leurs idées novatrices mais également avec tous les risques que ce secteur entraîne, surtout en période de crise.

Enfin, certains choisiront des contrats nominatifs à durée déterminée et travailleront en tant qu'expert au sein des plus grandes institutions. A recommander pour les jeunes diplômés désireux de travailler dans le secteur privé et qui souhaitent acquérir rapidement de l'expérience.

Si vous vous découvrez la vocation d'un astronome sur le tard, vers 22 ou 25 ans, la situation n'est pas désespérée. Eric par exemple dispose d'une licence et d'une maîtrise de philosophie. Il enseigne encore aujourd'hui, pour le plaisir, un peu d'épistémologie à la Fac des lettres. Il est venu aux sciences, ou du moins, à un cursus scientifique formel sur le tard, au niveau du DEA, il avait 23 ans. Cela ne lui a pas porté préjudice, car il est entré au CNRS, en physique, 4 ans plus tard à la sortie de sa thèse d'optique. Il travaille aujourd'hui dans un observatoire national.

Gwen quant à elle a fait ses études en France mais a préféré présenter son postdoc aux Etats-Unis. Elle s'est expatriée et vit maintenant sur la côte Ouest où elle est sous contrat avec le Caltech.

Arrivé au terme de cette analyse, rappelons que l'astronomie ou l'astronautique n'est pas le meilleur choix pour tout le monde et pas seulement pour des raisons intellectuelles ou psychologiques. De nombreuses personnes ont d'autres passions dans la vie et se complaisent dans ces activités. La plupart des jeunes travailleurs estiment que leur vie privée et l'ambiance de travail priment sur le montant de leur salaire.

Si vous êtes persuadé du contraire, n'oubliez jamais qu'un astronome seul face à un rail gelé dans un observatoire ou devant un problème de connexion réseau serait bien en peine de le faire fonctionner sans l'habilité technique d'un expert et la boisson chaude réconfortante du cuisinier...

Si l'université nous dit comment va le ciel et permet aux cols blancs d'inventer de nouveaux moyens d'investigation, il faut aussi reconnaître l'utilité des cols bleus et des artisans et relativiser le bien-être que nous apporte la lumière du Soleil et des étoiles.

Bon courage !

PS. Je remercie Eric Picholle, physicien au CNRS de Nice, Chris L.Peterson astronome à l'Observatoire de Cloudbait du Caltech et Mike Simmons astronome et conseiller auprès du magazine Sky & Telescope pour leurs précieux conseils.

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Comment devenir exobiologiste ? (CNRS)

NASA, the best place to work, NASA, 2013

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Mission reports of manned spaceflights, Spacefacts.de

Quelques livres

Le côté obscur de l'univers, Hervé Dole, Dunod, 2017

L'astronome. Du chapeau pointu à l'ordinateur, Laurent Vigroux, CNRS Editions, 2016

L'astronomie au féminin, Yaël Nazé, Vuibert, 2006

The biographical encyclopedia of astronomers, V.Trimble et al., Springer, 2009

How to Get a PhD, E.M.Phillips/ D.S.Pugh, Open University Press, 2005

The cosmic inquirers : modern telescopes and their makers, Wallace & Karen Tucker, iUniverse, 1999

Edwin Hubble : mariner of the nebulae, Gale E.Christianson, 1997
Out of the darkness, the planet Pluto, Clyde William Tombaugh et Patrick Moore, 1981
In Quest of telescope, Martin Cohen, Sky Pub. Corp., 1980.

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