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Messages aux extraterrestres

Quand une image vaut mille mots (II)

Le DVD "Vision of Mars" de Phoenix, 2008

Le 25 mai 2008, la sonde spatiale Phoenix lander s'est posée avec succès près du pôle Sud de Mars et commença sa mission consistant à rechercher des traces d'eau et des éléments prébiotiques voire organiques dans le sol. Sa mission se termina le 2 novembre 2008.

Perdu parmi les instruments de bord se trouve un mini-DVD très particulier qui attendra sans doute très longtemps avant d'être lu. Ce mini-DVD a été fabriqué en verre et est prévu pour survivre des centaines voire des milliers d'années dans l'environnement martien, jusqu'au jour où sa véritable mission commencera : transmettre ses informations au visiteur qui le trouvera. En effet, ce disque imaginé par la Planetary Society contient un message adressé par l'Humanité aux générations futures qui viendront fouler le sol martien d'ici un siècle ou davantage.

Le mini-DVD "Vision of Mars" proposé par la Planetary Society et fixé sur la sonde Phoenix qui se posa sur Mars en 2008. Documents NASA/JPL/U.Arizona et The Planetary Society.

Ce mini-DVD que l'on voit ci-dessus contient les noms de 250000 personnes qui ont accepté de participer à ce projet. Il contient également Visions of Mars, des messages adressés aux futurs explorateurs de Mars, des récits et des illustrations de science-fictions inspirées par la planète Rouge. Il contient enfin les messages de personnalités visionnaires telles que Carl Sagan, Arthur Clarke, Louis Friedman - directeur exécutif de la Planetary Society ou encore de Peter Smith, responsable de la mission de la sonde Phoenix auprès de la NASA qui proposa le message "A greeting to the future".

Hello from Earth, 2009

En 2009, en Australie, dans le cadre de la semaine nationale de la Science qui dura 10 jours, des scientifiques cherchèrent une idée pour créerait le buzz sur les réseaux sociaux. Ils proposèdent le projet "Hello from Earth", une sorte de "Tweet vers les étoiles". Ils voulaient rassembler de brefs messages rédigés par le public qui seraient transmis vers l'une des exoplanètes les plus proches, Gliese 581d découverte en 2007 par Michel Mayor de l'Observatoire de Genève, en Suissez, une super-Terre 2.2 plus grande et 6.98 fois plus massive que la Terre orbitant dans la zone habitable d'une naine rouge de 0.31 M. L'étoile se situe à 20.2 années-lumière dans la constellation de la Balance et abrite 6 exoplanètes. Une étude publiée en 2009 suggère qu'elle pourrait abriter un océan.

Après discussion avec les responsables du CSIRO, l'organisation fédérale du Commonwealth qui gère la recherche scientifique et industrielle en Australie, un accord fut trouvé pour utiliser la grande antenne DSS-43 de 70 m de diamètre du réseau DSN installée à Canberra, celle-là même qui permit de communiquer avec les sondes spatiales Voyager et New Horizons parmi d'autres. Cette antenne fonctionne dans la bande X dite SHF (8-12 GHz) avec un gain extrêmement élevé atteignant 70 dBi.

Précisons qu'en soi il n'est pas nécessaire d'avoir l'autorisation d'une autorité pour transmettre un message interstellaire, mais il faut un accord si le cas échéant, on souhaite répondre à un signal extraterrestre. En effet, si un signal extraterrestre est reçu, on ne peut autoriser toute personne équipée d'une antenne à haut gain d'y répondre.

A gauche, configuration du système Gliese 581 constitué de 6 exoplanètes situé à 20.2 années-lumière. A droite, la parabole DSS-43 de 70 m de diamètre du réseau DSN installée à Canberra, en Australie, photographiée en 1990. Documents ESO mis à jour et adapté par l'auteur et CSIRO.

Quelques règles de base avaient été fixées concernant le contenu du message, principalement du bon sens : utilisez du texte brut ASCII et ne pas indiquer d'adresses e-mail, d'URL ou de balises HTML. Il fut aussi stipulé que les messages seraient modérés et rejetés s'ils étaient jugés inappropriés, c'est-à-dire s'ils contenaient des blasphèmes, du racisme, des commentaires désobligeants ou des attaques personnelles.

La NASA insista pour qu'il y ait un très haut niveau de " décorum" : rien de vaguement suggestif (pas même le mot " sein" !), pas d'humour osé ou quoi que ce soit d'agressif.

C'était aussi une période plus innocente, et seulement 1 % des messages  n'ont pas respectés ces règles.

Pour être complet et objectif, la NASA avait des raisons d'être prudente si on se rappelle les plaintes qu'elle reçut en 1973 à propos du couple nu gravé sur la plaque en aluminium anodisé à l'or fixée sur les sondes spatiales Pioneer 10 et Pioneer 11 (cf. page précédente)

Voici quelques messages brefs parmi les 25880 messages reçus par le CSIRO en l'espace d'une semaine :

- "Hello from planet Earth. I hope we meet someday to share our dreams and experiences." - Ronald Y Sydney, Australia

- "Greetings from a girl on Earth who, every so often, looks up at the night sky and waves hello in the hope that someone on another planet is doing the same." - Sophie, Longmont, Colorado, United States.

- "Hello from Kim, 1 of many people hoping that you receive and maybe even reply to these greetings! How totally awesome that would be!" - kim hobart, Australia

- "If someone is reading this, I hope that our children will someday have the privilege of meeting one another." — Tegan Larsen, San Antonio, United States.

- "What do you see when you look up into the sky? Do you feel small and lonely, just like us? From now on, I can assure you one thing: you are not alone. Be happy." - Sergio Camalich, Hermosillo, Mexico.

- "There is only one thing bigger than this vast universe, the desire to discover. I hope I discovered you." — T.S.M., Skopje, Macedonia.

L'ensemble des messages représente l'équivalent d'un document de 1003 pages de 524704 mots. Un mot comprenant 5 caractères et chaque caractère accentué étant représenté par 8 bits, le signal comprend 20988160 bits soit ~20 MB de données.

Mais il ne suffit pas d'envoyer un signal pour qu'il arrive à destination. Pour être certain qu'il arriverait dans le bon système planétaire, les ingénieurs devaient non seulement pointer la parabole de 3000 tonnes exactement à l'endroit où Gliese 581d serait lorsque le message arriva, mais aussi déterminer où notre système solaire serait dans 20 ans et 145.7 jours dans le futur sachant qu'il se déplace à environ 220 km/s autour de la Voie Lactée, qui elle-même se déplace à 77 km/s en direction du Groupe Local et à une vitesse absolue de 627 km/s. Un beau problème de mécanique céleste !

Des calculs extrêmement précis ont donc été réalisés pour savoir exactement où se trouverait le système Gliese 581, ainsi que pour établir où le long de son orbite se trouverait la quatrième exoplanète lorsque le signal arriverait, en tenant compte du mouvement de la Terre et du Soleil autour de la Galaxie.

Lors de cette tentative, le signal fut transmis depuis le complexe de communication CDSCC, le 28 août 2009 à 11h30 sur la fréquence de 7.145 GHz avec une puissance de 18 kW (l'équivalent de la puissance combinée de plus de 300 milliarda de smarphones), et répété deux fois en deux heures "à un niveau de puissance et à une fréquence qui seront évidents pour quiconque pourrait les écouter" précisa Miriam Baltuck, alors directrice du CDSCC.

Bien sûr, ce "message dans une bouteille" n'est qu'un infime son émis dans l'océan du silence cosmique, mais peut-être qu'un jour nos descendants recevront un écho de leur vaine tentative faite au XXIe siècle.

Une simple réponse à un message élémentaire, 2016

En 2015, l'association "A Simple Reponse" proposa d'envoyer un message radio vers l'étoile polaire (α Polaris) au moyen de l'antenne parabolique de 35 m de diamètre du réseau Deep Space de l'ESA installée près de Ceberos en Espagne. Le 11 octobre 2016 une émission interstellaire comprenant 3775 messages personnels fut envoyée en 14 minutes vers l'étoile Polaire située à 433.8 années-lumière.

Le projet fut proposé à l'iniative de scientifiques du UK Astronomy Technology Centre de l'Observatoire Royal d'Edimbourg, de l'ESA et de l'Université d'Edimbourgh en collaboration avec des chercheurs de l'Université John Hopkins et de l'ESO.

"A Simple Response" est un projet purement poétique. L'étoile polaire fut choisie pour la symbolique qu'elle représente en étant au centre des mouvements apparents de la voûte céleste pour nous autres Terriens. De plus nous savons qu'il s'agit d'un système multiple comprenant au moins 3 étoiles (il en existe deux supplémentaires mais leur lien physique n'est pas confirmé) : α Polaris qui est une céphéide supergéante jaune de classe spectrale F7 de 4.5 M et 46 R (7000 K) autour de laquelle gravite deux étoiles blanches (α UMi B, F3 de 1.39 M située à 2400 UA et α UMi Ab, F6, 1.26 M à 18.8 UA) mais apparemment le système est dépourvu d'exoplanètes (à moins que les éventuels extraterrestres aient construit une station orbitale voire une sphère de Dyson que nous n'ayons pas détectée).

A gauche, l'étoile polaire photographiée en 2011 par Fred Espenak avec un astrographe Takahashi Epsilon Hyperbolique de 180 mm f/3.1 fixé sur une monture Astro-Physics 1200GTO et équipé d'un APN Canon EOS 550D muni d'un filtre bloquant Baader UV/IR. Temps d'intégration total de 6 minutes à f/2.8, 800 ISO. Le champ couvre environ 2°x2.5° soit autant que 24 pleine Lune. A droite, l'antenne DSA-2 de 35 m de diamètre de l'ESOC installée près de Ceberos en Espagne qui émit le 11 octobre 2016 le message "A Simple Reponse" en 14 minutes vers l'étoile Polaire située à ~433 années-lumière.

Les promoteurs du projet ont demandé aux participants de répondre à une simple question. Le sujet était le suivant : "Aujourd'hui, nous nous trouvons dans une époque théorisée comme étant ‘La Décennie cruciale’, un point décisif de l'histoire de nos civilisations au cours duquel les décisions écologiques prises peuvent intrinsèquement confronter les générations futures à de nombreuses épreuves. Les décisions globales conclues au cours de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2015 à Paris, ainsi que celles prises dans nos foyers pèseront collectivement et de manière égale dans le façonnement de cette flèche du temps pour tous les habitants de la Terre, indépendamment de leur espèce, de leur situation géographique ou de leur adaptabilité. Alors, comment pensez-vous que nous allons, en tant qu'espèce, façonner cet avenir ?

Une Réponse Simple invite des personnes venant de n’importe où sur la planète à réfléchir et à partager librement leur propre point de vue sur la question posée : Comment les interactions environnementales que nous avons à présent vont-elles façonner l'avenir ?".

3775 réponses ont été compilées sous la forme d'un message en format texte plat adressé aux éventuels extratrerrestres résidants dans les faubourgs de l'étoile Polaire, une capsule temporelle écrite par des Terriens vivant au début du XXIe siècle. S'il y a une réponse, nos descendants la recevront vers l'an 2884...

Selon le psychologue Douglas Vakoch, président de l'organisation METI International, une organisation de recherche à but non lucratif dédiée à la détection et l'envoi de message à de potentielles intelligences extraterrestres, le défi de ce projet consistait à déterminer ce que nous et notre interlocuteur avons en commun. Puisqu'il ne s'agit pas de la langue, comme pour les autres messages envoyés par les ondes, cela suppose que ces éventuels extraterrestres peuvent communiquer au moyen des ondes radio. Mais s'il s'agit d'une civilisation très avancée sur la nôtre, il est probable qu'ils utilisent des moyens plus sophistiqués comme les ondes gravitationnelles de très hautes fréquences (HFGW) bien plus efficaces. On y reviendra dans l'article consacré à l'avenir des télécommunications.

Certains diront que fonder notre recherche uniquement sur base des formes de vie et des moyens existants sur Terre réduisent fortement l'éventail des possibles et nos chances d'établir un contact. Mais étant donné que nous ignorons tout de la culture de notre éventuel interlocuteur, il faut bien commencer quelque part. De plus, ce projet réaffirme notre filiation cosmique, un concept auquel seront peut-être sensibles nos interlocuteurs du cosmos.

Sónar Calling GJ 273b, 2017

Le 16 novembre 2017, date anniversaire de l'envoi du fameux message SETI d'Arecibo vers M13 (il y a 43 ans), le METI (Messaging Extraterrestrial Intelligence) et ses partenaires dont l'Institut d'Etudes Spatiales de Catalogne et le festival Sónar (musique et technologies) de Barcelone qui fut à l'initiative du projet, ont annoncé avoir émis un message en direction de l'étoile de Luyten, alias GJ 273, une étoile naine rouge située à 12.36 années-lumière dans la constellation du Petit Chien (Canis Minor) qui abrite deux exoplanète dont GJ 273b, une "super Terre" trois fois plus massive que la Terre située dans la zone habitable.

Illustration de l'exoplanète GJ 273b. Document Danielle Futselaar/METI.

Douglas Vakoch, directeur du METI a expliqué que trois messages binaires forme le "Sónar Calling GJ 273b" comme fut appelé ce projet.

Ils furent émis sur deux fréquences, 929.0 MHz et 930.2 MHz les 16, 17 et 18 octobre 2017 grâce à l'antenne de 32 m de diamètre de l'Eiscat (European Incoherent Scatter Scientific Association) installée au Svalbard, près de Tromsø, en Norvège, qui pour l'occasion fut transformée en instrument de musique. En effet, le signal contient des mélodies de base transmises sous forme d'impulsions sur deux fréquences radio tout en conservant le même type d'intervalles que nous aurions entre des notes musicales.

Les scientifiques ont également construit un système de correction d'erreur afin de s'assurer que le message fut envoyé de manière fiable malgré les pertes inévitables ou l'insertion d'un bit par ci par là lorsque les signaux traverseront l'espace interstellaire.

Il fallut 8 heures pour émettre les trois messages. Le message fut conçu de telle manière que nos éventuels contacts sur GJ 273b aient l'occasion de confirmer la véracité du signal en transmettant le même message en plusieurs jours. Si nous faisons le calcul, 2017.9+12.4, les messages devraient arriver à destination en 2030. Et s'il y a une réponse, nous le saurons au plus tôt fin 2042.

Une deuxième transmission vers le même astre fut réalisée les 14, 15 et 16 avril 2018.

C'est une technique similaire qui fut utilisée dans le film "Rencontre du 3e type" de Steven Speilberg (1977) lorsque les scientifiques communiquèrent avec les extraterrestres au moyen d'un panneau coloré dont les couleurs étaient associées à des notes de musique. Ainsi, sans même se comprendre, il est possible d'établir une base de langage commune et de transmettre des informations.

La forme des messages envoyés vers GJ 273b s'est inspirée du fameux langage "LINCOS" inventé par le mathématicien allemand Hans Freudenthal en 1960. Plutôt que d'assumer que les éventuels extraterrestres ont la capacité de voir, comme le message d'Arecibo l'assuma en envoyant une image, le didactitiel de METI fut conçu pour des êtres intelligents qui n'ont peut être pas la faculté de voir mais sont capables d'appréhender le monde à travers d'autres sens.

Les messages comprennent des salutations, des didacticiels mathématiques et 33 pièces musicales, chacune d'une durée de 10 secondes, composées par 38 musiciens parmi lesquels Autechre, Jean-Miche Jarre, Matmos, Kode9 et Laurent Garnier.

A voir : Sónar Calling GJ273b, 2017

Interview de Douglas Vakoch

Comme ce fut le cas de LINCOS, la forme du message est liée au contenu du message. Le didacticiel mathématique et scientifique inclut des fonctionnalités innovantes comme une "horloge cosmique" qui permet aux éventuels extraterrestres de confirmer que leur compréhension du temps décrit dans le message scientifique correspond au temps qu'ils mettent pour capter le message. De même, les scientifiques ont décrit la notion de fréquence radio en envoyant des informations sur plusieurs fréquences différentes, puis ont décrit ces signaux en termes mathématiques. Une description des messages a été publiée sur le blog de la revue "Scientific American".

Néanmoins, comme le physicien Stephen Hawking se pose des questions sur les intentions d'éventuels extraterrestres, l'astrobiologiste Dan Werthimer de l'Institut SETI a mis en garde les scientifiques sur les risques d'une telle émission vers de potentielles civilisations extraterrestres. Dans un article publié dans la revue "New Scientist" il déclara : "C'est comme crier dans une forêt avant de savoir s'il y a des tigres, des lions, des ours ou d'autres animaux dangereux [...] 98% des astronomes et des chercheurs de l'Institut SETI pensent que le METI est potentiellement dangereux et pas une bonne idée". Mais prétendre que 98% des astronomes et SETistes sont contre ce type d'émission est faux comme l'explique l'analyse publiée sur le site NASA Watch.

Le nouveau message d'Arecibo (2019)

En 2019, pour célébrer le 45e anniversaire du message emblématique d'Arecibo, l'équipe de l'observatoire d'Arecibo a sélectionné des messages actualisés créés par des équipes d'étudiants intergénérationnels. Le projet s'adresse à tous les étudiants de la planète.

Il s'agit d’une activité visant à impliquer des étudiants de la maternelle à 16 ans du monde entier dans des sujets liés à l’espace, à promouvoir la collaboration mondiale et à renforcer la pensée critique et la conscience de soi.

Le défi consiste à trouver des idées novatrices issues d'un effort de collaboration mondial dirigé par des jeunes pour définir un message actualisé qui représenterait le moyen le plus intelligent et le plus sûr de saluer nos éventuels voisins galactiques, en promouvant les utilisations pacifiques de l'espace et en explorant les technologie de pointe et les connaissances scientifiques disponibles de nos jours.

Malheureusement, suite à l'effondrement de l'antenne d'Arecibo en décembre 2020, ce projet fut annulé.

Les messages placés sur le rover martien Perseverance, 2021

Plusieurs messages, les uns ludiques les autres à portée plus universelle, furent embarqués à bord de la sonde spatiale Perseverance dont le rover se posa sur Mars le 18 février 2021 (cf. cette vidéo sur YouTube).

Le message caché dans le parachute

Lors la présentation de la vidéo de l'atterrissage de Perserverance, un expert de la NASA avait déclaré : "Parfois, on laisse des messages dans nos travaux dans l'espoir que d'autres les trouvent. Donc on vous invite tous à tenter votre chance et à nous soumettre vos propositions". Il n'a pas fallu longtemps pour qu'un télespectateur le découvre et le décrypte.

Un amateur français attentif nommé Maxence Abela (cf. Abela_Paf sur Twitter), un étudiant de 23 ans à l'Epitech qui forme des licenciés en informatique, et son père, notèrent que le parachute supersonique rouge et blanc de 21 mètres de diamètre qui freina la chute de Perseverance dans l'atmosphère martienne durant les quelque trois minutes que dura la descente était orné de curieux motifs géométriques. Le père et le fils découvrirent qu'il s'agissait en fait d'un message binaire et parvinrent à le décrypter en 6 heures.

Aussitôt qu'Abela transmit sa découverte à la NASA et la publia sur les réseaux sociaux dont Reddit, la presse internationale interrrogea l'amateur sur la manière dont il avait procédé (cf. NYTimes) et la presse s'en fit l'écho (cf. USA Today, Euronews, The Guardian, etc).

A tester : Perseverance parachute generator

Put Your Name In Perseverance's Parachute!

Le message binaire caché dans le parachute de Perseverance offert à la sagacité du public par la NASA. En 6 heures, Abela_Paf et son père le décodèrent. A droite, son décryptage en clair. Document NASA et Adam Steltzner.

Voici l'explication. Les cases rouges correspondent au 1, les cases blanches au 0. Le message est distribué sur 4 couronnes divisées en secteurs et se lit dans le sens horloger. Pour rappel, en code binaire le nombre "10" s'écrit "1010" ou "        "et la lettre "N" convertie depuis l'hexadécimal s'écrit "01001110" ou "                ".

On lit sur le pourtour extérieur : "34 11 58 N 118 10 31 W", c'est-à-dire les coordonnées GPS sexagésimales du JPL. Du centre vers l'extérieur, il est écrit "DARE MIGHTY THINGS", c'est-à-dire "OSEZ DE GRANDES CHOSES", la devise du JPL que rappela Allen Chen, responsable des systèmes d'entrée, de descente et d'atterrissage au JPL.

Consultez également les deux applications ci-dessus pour traduire une phrase au format binaire du parachute.

Ce message binaire fut créé par Ian Clark, ingénieur au JPL et amateur de mots-croisés, qui eut l'idée de le placer dans le parachute en 2019. Les ingénieurs voulaient un motif inhabituel dans le tissu en nylon pour savoir comment le parachute était orienté pendant la descente. Le transformer en un message secret était "super amusant" déclara Clark à la presse.

Selon Clark, seules six personnes étaient au courant du message. Elles ont attendu que les images du parachute soient reçues par le DSN avant d'évoquer le sujet lors d'une conférence de presse télévisée le 22 février 2021.

Le message codé en Morse

Rappelons qu'un deuxième message fut embarqué sur Perseverance. En 2020, la NASA avait lancé la campagne "Send Your Name on Mars", invitant le public du monde entier à soumettre son nom qui sera inscrit sur une plaque commémorative fixée sur le rover. Quelque 10932295 personnes y ont participé dont votre dévoué.

Les noms ont été gravés au moyen d'un faisceau d'électrons sur trois puces de silicium de la taille d'un ongle, ainsi que les noms des 155 finalistes du concours "Name the Rover" de la NASA.

Comme on le voit à droite, les trois puces furent placées sur une plaque anodisée d'aluminium sur laquelle fut gravé au laser un graphique représentant la Terre et Mars reliés par le Soleil éclairant les deux planètes. Mais ses rayons ne sont pas aussi aléatoires qu'ils paraissent. En effet, les rayons du Soleil portent en fait un message codé en Morse : "Explore as One" (Explorez comme Un). Le message codé fut divulgué par la NASA sur Twitter le 31 mars 2020.

Tout en commémorant le rover qui relie les deux mondes, l'illustration filaire rend également hommage à l'élégant dessin au trait des plaques embarquées à bord de la sonde spatiale Pioneer X et aux disques d'or embarqués par les deux sondes Voyager 1 et 2 décrits en première page.

Fixé au centre de la traverse arrière du rover, la plaque sera visible par les caméras installées sur le mât de Perseverance.

Tous ceux qui ont participé à cette campagne peuvent ainsi dire qu'ils ont laissé une trace sur Mars...

Les trois messages graphiques

Il y a également trois messages illustrés. Le premier est visible sur la plate-forme du rover Perseverance et rend hommage aux sondes précédentes : Sojourner, Spirit, Opportunity et Curiosity ainsi qu'à Ingenuity, l'hélicoptère de Perseverance.

L'image rendant hommage aux sondes d'exploration de Mars : Sojourner, Spirit, Opportunity et Curiosity ainsi qu'à Ingenuity, l'hélicoptère de Perseverance. Documents NASA/JPL-Caltech.

Le deuxième message se trouve dans la mire d'étalonnage du Mastcam Z installé sur le mât du rover. Autour de la mire colorée, les ingénieurs ont voulu faire figurer des images de la vie sur Terre : on reconnait la double hélice de l'ADN, des microbes, une fougère, un dinosaure, un homme et une femme levant le bras, une fusée et le système solaire interne. Sur le pourtour figure l'inscription :  "Are we alone? We came here to look for signs of life, and to collect samples of Mars for study on Earth. To those who follow, we wish a safe journey and the joy of discovery" (c'est-dire "Sommes-nous seuls ? Nous sommes venus ici pour chercher des signes de vie et pour collecter des échantillons de Mars pour les étudier sur Terre. À ceux qui suivront, nous souhaitons un bon voyage et la joie de la découverte".

La mire du Mastcam-Z et le bâton d'Esculape portant la Terre. Documents NASA/JPL-Caltech.

Le troisième message rend hommage au personnel de la santé qui a lutté contre la pandémie de Covid-19. L'équipe de la NASA a voulu rendre hommage aux personnes en première ligne de la pandémie qui soignent les patients Covid. Une plaque d'aluminium fut placée sur le côté gauche du rover montrant le bâton d'Esculape (ou d'Asclépios) - un serpent enroulé autour d'un bâton - utilisé pour représenter l'ancien symbole grec de la guérison et la médecine - tenant la Terre.

Sherloc

Enfin, la NASA a caché une géocache moins visible que les autres messages à bord de Perseverance. Il s'agit d'une pièce intégrée dans l'instrument SHERLOC (Scanning Habitable Environments with Raman & Luminescence for Organics & Chemicals) qui étudie l'environnement et l'atmosphère de Mars. Sur la gauche de l'appareil, on distingue une plaque noire sur laquelle figure l'adresse "221B BAKER", une référence à l'adresse du célèbre détective anglais Sherlock Holmes, héros des romans d'Arthur Conan Doyle.

L'instrument SHERLOC portant en-dessous à gauche une plaque sur laquelle figure l'adresse " 221B BAKER". Documents NASA/JPL-Caltech.

SHERLOC transporte également une lame de météorite martienne et quatre échantillons de matériaux de combinaison spatiale que la NASA va étudier pour évaluer leur résistance aux conditions martiennes.

Stihia Beyond, 2022

Dans le cadre du projet Stihia Beyond, le 4 octobre 2022 les chercheurs de METI International précité transmettront des messages radio vers le système planétaire TRAPPIST-1 situé à 39 années-lumière du Soleil abritant sept exoplanètes dont trois potentiellement habitables. Une secondaire transmission est prévue vers K2-18b située à 124 années-lumière du Soleil. Cette exoplanète située dans la zone habitable d'une naine rouge présente une atmosphère contenant de la vapeur d'eau.

Les transmissions auront lieu à partir de la station terrienne de Goonhilly située dans le sud de l'Angleterre qui abrite le premier réseau spatial commercial au monde. Les messages comprennent de la musique et des didacticiels scientifiques conçus pour sensibiliser l'humanité aux menaces environnementales.

Selon Otabek Suleimanov, producteur en chef de Stihia, une organisation à but non lucratif, "Astrophysiciens, ingénieurs, musiciens et producteurs mèneront cette expérience afin d'amplifier la voix de la responsabilité de l'humanité face aux générations futures et aussi l'aspiration intérieure pour le Grand Inconnu".

Le projet a également pour mission de nous sensibiliser à la disparition de la mer d'Aral et d'atteindre le développement durable de la petite ville de Muynak, située en Ouzbékistan et lieu du festival annuel de musique électronique Stihia.

Selon Douglas Vakoch, président de METI international, "Nos messages rappelleront aux civilisations de longue date ce que c'était pendant leur phase d'adolescence, alors qu'elles luttaient encore pour devenir des sociétés durables".

A voir : Messaging Aliens & Living Long Enough to Get A Response - Douglas Vakoch & METI

Pour la transmission d'octobre 2022, METI a conçu des messages pour expliquer la crise environnementale de l'humanité en termes de principes chimiques universels, à commencer par le tableau périodique des éléments.

Stihia organise la partie audio des messages, composée de morceaux de musique de 15 secondes. Stihia propose aux musiciens de participer à ce projet et d'envoyer leur musique dans l'espace lointain. Les compositions musicales seront sélectionnées par un jury d'ici le 1er juin 2022. Actuellement, le signal radio comprend "Beauty of the Earth" du compositeur soviétique Eduard Artemyev, "Through the Asteroid Belt" de The Comet is Coming, ainsi que des titres d'autres DJ et musiciens se produisant au festival.

A Beacon In The Galaxy (BITG), 2024

Une équipe internationale comprenant des chercheurs du JPL, de l'Institut SETI, de l'Université de Cambridge et de l'Université Normale de Pékin parmi d'autres proposa en 2022 d'envoyer un nouveau message à d'éventuelles intelligences extraterrestres technologiques (cf. J.H. Jiang et al., 2022). Ce message est en fait un mélange du dessin élaboré par Carl Sagan et Frank Drake en 1972, du message d'Arecibo envoyé en 1974 et des deux messages "Cosmic Call" de Dutil et Dumas émis depuis Evpatoria en 1999 et 2003 décrits précédemment. Le message appelé "A Beacon In The Galaxy" (Une Balise dans la Galaxie), BITG en abrégé, sera envoyé en 2024 pour célébrer les 50 ans du message d'Arecibo.

Vue générale du message BITG. Document J.H. Jiang et al. (2022).

Compte tenu de paramètres techniques et astronomiques (latitude des observatoires, illumination du disque de FAST, contraste du signal, etc), les chercheurs proposent d'utiliser le radiotélescope FAST installé en Chine et le réseau ATA de l'Institut SETI installé en Californie. La meilleure période de l'année pour envoyer le message est le 30 mars et le 4 octobre 2024 car l'angle de la Terre et du Soleil sera optimal pour réduire les interférences. La cible choisie est une zone circulaire située à 13000 années-lumière du centre de la Voie Lactée, un emplacement qui a récemment attiré l'attention des chercheurs de l'Institut SETI et où statistiquement les chances qu'il existe une autre civilisation sont les plus élevées.

Pour choisir le contenu du message BITG, les scientifiques se sont tournés vers une vérité absolue à propos d'éventuels extraterrestres : ils vivent dans le même univers que nous et sont donc soumis aux mêmes lois universelles. Il n'est donc pas déraisonnable de supposer que les extraterrestres éventuels ont découvert des concepts similaires sur les mathématiques, la physique, les éléments de base de la matière, etc.

Selon les chercheurs, "Bien que le concept de mathématiques en termes humains soit potentiellement méconnaissable pour une ETI [une intelligence extraterrestre], le binaire est probablement universel dans toute intelligence. Le binaire est la forme la plus simple des mathématiques car il n'implique que deux états opposés : zéro et un, oui ou non, noir ou blanc, masse ou espace vide".

Le message BITG est composé de 13 pages ou parties qui représentent au total environ 204 000 chiffres binaires soit 25 500 octets (25.5 KB). Pour coder le message binaire qui s'affichera sous forme de message visuel, le codage est effectué en construisant une matrice de telle sorte que l'effet visuel est donné par la position des chiffres comme illustré ci-dessous. La programmation est faite avec MATLAB ( MATrix LABoratory).

Les chercheurs décrivent leur message comme suit : "Le nouveau message comprend des concepts mathématiques et physiques de base pour établir un moyen de communication universel suivi d'informations sur la composition biochimique de la vie sur Terre, la position horodatée du système solaire dans la Voie lactée par rapport aux amas globulaires connus, ainsi que des représentations numérisées du système solaire et de la surface de la Terre. Le message se termine par des images numérisées de la forme humaine, ainsi qu'une invitation pour toute intelligence réceptrice à répondre".

Il est concevable que le message soit du charabia pour les extraterrestres. Ils peuvent ne pas percevoir les chaînes de 1 et 0 comme nous le faisons, et il est possible que les extraterrestres, bien qu'intelligents, ne soient pas capables d'interpréter nos représentations picturales, que ce soit en raison de différences cognitives, perceptuelles ou même culturelles.

Première des 13 pages du message BITG. Document J.H. Jiang et al. (2022).

Quatrième page (les notions d'algèbre) des 13 pages du message BITG. Document J.H. Jiang et al. (2022).

Huitième des 13 pages du message BITG. Document J.H. Jiang et al. (2022).

Reste une question fondamentale dans ce type de projet : devons-nous envoyer un tel message compte tenu des risques potentiels ? Nous ne savons absolument rien des intentions et de la manière de vivre des extraterrestres en termes de comportement, d'éthique et de motivations. Or, ce message leur signale délibérément notre présence. Pour ne pas alourdir cet article et nous écarter du sujet, on tentera de répondre à cette question dans l'article consacré au contact avec les extraterrestres.

Les capsules temporelles

Dans un cadre plus anthropocentrique, dans la catégorie des "capsules temporelles", autrement dit des messages écrits par nos semblables à destination des générations futures, plusieurs projets spatiaux ont vu le jour en plus des initiatives personnelles ou d'institutions publiques.

L'Arche ou la bibliothèque lunaire, 2022

Une "bibliothèque lunaire" créée par l'Arch Mission Foundation, une organisation à but non lucratif, figurera parmi les charges utiles payantes envoyées sur la Lune par l'alunisseur Peregrine d'Astrobotic Technology fin 2022 soit avec deux ans de retard. C'est la première mission lunaire et commerciale dont l'un des objectifs vise à préserver le précieux patrimoine culturel de l'humanité.

La bibliothèque comprendra le contenu de la version anglaise de Wikipedia, images comprises, une compilation de langues humaines assemblée par The Long Now Foundation et divers autres contenus qui seront annoncés ultérieurement. Selon l’Arch Mission Foundation qui se consacre à l’archivage des connaissances sur le long terme (d'où le nom d'Arche), ces données seront préservées sur la Lune probablement pendant des milliards d’années.

Comme on le voit ci-dessous à droite, la bibliothèque lunaire est constituée de minces feuilles de nickel gravées au laser - une microfiche analogique facilement lisible par un microscope optique grossissant 1000 fois. Le nickel n'est pas affecté de manière sensible par les rayonnements cosmiques ou les températures extrêmes régnant sur la Lune.

A gauche, illustration de l'alunisseur Peregrine d'Astrobotic Technology dont la mission est prévue fin 2022. A droite, la "bibliothèque lunaire" gravée sur de minces feuilles de nickel. Documents Astrobotic Technology.

La mission de 2022 ne sera pas la première que la fondation a planifiée. En effet, un "cristal de données" appelé "Arch Mission" contenant la trilogie des romans de science-fiction d'Isaac Asimov fut lancé en février 2019 lors de la première mission de la fusée Falcon Heavy de SpaceX.

Selon Nova Spivack, cofondateur et président de la fondation Arch Mission, "grâce à une réplication massive dans le système solaire - il y aura de nombreuses copies -, nous pourrons garantir que les bibliothèques de l'Arche ne seront jamais perdues - même dans des millions voire des milliards d'années dans le futur [...] Nous considérons la bibliothèque lunaire comme le nec plus ultra en matière d'entreposage frigorifique pour la civilisation humaine".

Notons que la société Astrobotic, basée à Pittsburgh, USA, vise à fournir des services de transport rentables et fréquents vers la Lune pour divers clients. Peregrine transportera un certain nombre de charges utiles lors de sa première mission lunaire, y compris un instrument scientifique fourni par l’Agence Spatiale Mexicaine, deux petits rovers lunaires, des restes humains incinérés (pour le client qui désire un "enterrement lunaire") et plusieurs autres dispositifs et projets de stockage de données, y compris des capsules temporelles.

Keo, la capsule temporelle : lancement retardé

Également dans la catégorie des capsules temporelles, en 2001 des ingénieurs américains ont élaboré un petit satellite Keo contenant les messages de milliers d'internautes. La sphère mesure 80 cm de diamètre. Au total, Keo mesure environ 10 m avec les ailes déployées et pèse environ 100 kg. Son lancement a été retardé de plusieurs années. Aux dernières nouvelles, Keo devait être lancé en 2015 puis il fut reporté fin 2017 et aujourd'hui les responsables ne proposent même plus de date et n'informent même plus le public via leur site Internet.

Pour qu'il se réalise, le projet ne compte que sur un ticket gratuit pour l'espace comme charge secondaire à bord d'une fusée Ariane par exemple mais à condition que l'orbite soit compatible avec celle prévue pour satelliser Keo, c'est-à-dire sur une orbite circulaire d'une inclinaison inférieure à 57° et à 1800 km d'altitude (cf. les données techniques). Au prix du kilo embarqué (en 2015, il fallait compter entre environ 4300$/kg en Russie et 10500$/kg pour la NASA et trois fois plus cher pour un touriste), cela représente un investissement d'au moins 430000$ qu'on imagine mal offert par une agence spatiale dont le but est avant tout la rentabilité et certainement pas la philanthropie. Mais on peut rêver, ce qui explique ce retard.

Le satellite Keo qui devrait être lancé un jour et retomber dans 50000 ans avec les messages des internautes.

Si un jour il s'envole, Keo devrait retomber sur Terre dans 50000 ans. Tant que le décollage n'est pas planifié, chacun peut encore ajouter un message de 6000 mots (~4 pages) qui sera anonymisé avant d'être placé à bord du satellite. C'est dommage de les avoir anonymisés car rétrospectivement pour un historien il s'avère toujours intéressant de connaître l'identité des personnes.

En guise de conclusion

Si vous n'avez pas eu la chance d'envoyer un message dans l'espace, ne désespérez pas car d'autres opportunités se présenteront dans les années à venir. Suivez l'actualité sur le web ou les magazines d'astronomie vendus en kiosque, sachant qu'Internet demeure malgré tout la source d'information la plus rapide et notamment l'actualité publiée sur les réseaux sociaux.

Ces messages émis en quelques minutes vont se propager dans la Voie Lactée en quelques milliers d'années voire même hors de la Galaxie s'ils ne sont pas arrêtés ou absorbés sur leur parcours. Bien que dérisoires, ils sont très importants sur le plan symbolique et philosophique.

Mais sachant le gouffre à la fois spatial et temporel qui nous sépare d'éventuelles civilisations extraterrestres, on peut se demander s'il faut vraiment chercher à communiquer si aucun référentiel n'existe entre nos civilisation ? 80% des gens estiment qu'il faut rechercher le contact. En effet, comme la plupart des créatures, nous cherchons d'instinct le contact et à vivre en communauté. Savoir que nous ne sommes pas seuls peut donc s'avérer essentiel pour notre survie.

En marge du débat théorique de savoir si les extraterrestres seraient ou non bienveillants à notre égard, nos éventuels interlocuteurs ne recevront le signal qu'en 2051 pour le projet "Cosmic Connexion", en 2450 pour le projet "A Simple Reponse" voire dans 50000 ans pour celui d'Arecibo. Mais les civilisations les plus proches sauront déjà depuis quelque temps que nous existons puisque nos émetteurs radios (puis TV) transmettent des émissions depuis près d'un siècle et notamment "La Guerre des Mondes" en 1938 où l'image que nous donnons des extraterrestres n'est pas très flatteuse. Comme présentation et signe de bonne volonté, ce n'est pas notre meilleur exemple ! Bref, si vous voulons rester à l'abri et isolé dans notre coin de la Galaxie, il est trop tard. Et tant pis pour Stephen Hawking qui craint les extraterrestres mais supporte la recherche SETI comme il l'a encore rappelé par sa présence lors de la conférence de l'organisation "Breakthrough Initiatives" qui s'est tenue à Londres le 20 juillet 2015.

Mais il faut rappelerque les chances qu'il existe deux civilisations simultanément à un instant précis du temps cosmique sont faibles. Si nous représentons l'histoire de la Terre (4.6x109 années) par 1 année, nous sommes le 31 décembre. La vie existe depuis le 27 mars. Durant cette année, l'époque à laquelle nous avons envoyé nos premières émissions dans l'espace se situe à la dernière seconde ! La recherche d'une civilisation techniquement avancée introduit un facteur relativement faible dans les équations.

Du reste, aucune étude de probabilité n'existe et nos calculs se basent uniquement sur des estimations. L'avantage de cette méthode est de permettre aux scientifiques de déterminer eux-mêmes s'ils ont une chance de réussir un programme d'une telle envergure.

Il est peut-être ridicule de parler du programme SETI en termes de "petits hommes verts" (ou gris ou bleu). Car SETI essaye de répondre à une question fondamentale, " il nous force à nous examiner comme une espèce intelligente" comme aime le dire Woodruff Sullivan de l'Université de Washington, "SETI nous apprendra autant sur nous-mêmes que sur Eux." Il converge ainsi vers l'idée exprimée par Carl Sagan considérant cette quête comme avant tout symbolique.

Concluons sereinement avec Papagianis[1] : "Si nous trouvons d’autres civilisations avancées dans notre Galaxie, il pourrait s’agir de la plus grande découverte de tous les temps. Mais même si après avoir concentré tous nos efforts nous devrions conclure que nous sommes quelques-unes si par la seule civilisation avancée dans la Galaxie, ce serait également une importante découverte, parce que le fait de connaître la rareté de notre civilisation parmi les centaines de milliards d’étoiles qui composent la Voie Lactée, pourrait espérons-le nous faire réaliser combien il est cosmologiquement important de la préserver."

Pour plus d'informations

Le contact avec les extraterrestres (sur ce site)

METI International

SETI Institute

Arecibo message

Voyager's greetings to the universe

Voyager golden record 3xLP box set

A Simple Reponse

COSMIC : En attendant les extraterrestres (Cosmic Connexion), J.Demerliac, ARTE/Albin Michel, 2006.

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[1] M.D. Papagianis, "Recent progress and future plans on the search for extraterrestrial intelligence", Nature, 318, 6042, p139, 1985. Lire assi M.D. Papagianis,"The Search for Extraterrestrial Life: Recent Developments" (IAU Symposium 112), D.Reidel Publ. Co, 1985


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