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La Bible face à la critique historique

Un Évangile du XIIe siècle sauvegardé par des moines réfugiés et conservé au monastère Saint Jean le Théoligien de Patmos en Grèce, où prêcha l'apôtre Jean. Aujourd'hui la bibliothèque du monastère contient environ 1200 codices, plus de 3000 incunables et 13000 documents anciens.

La constitution des livres canoniques (III)

Authenticité et partialité des Évangiles

Quand on analyse les Évangiles, on constate que les Évangélistes sont partiaux et se contredisent sur des questions théologiques. Si on peut juger cette attitude un peu trop exhaltée ou positive "normale" dans le chef de personnes pratiquement en adoration devant leur mentor, un avis trop peu critique ou enjolivé peut ruiner la crédibilité de son auteur en raison de son manque d'objectivité et de sens critique. Ainsi Jean dit clairement qu'il a écrit son Évangile "pour que vous croyez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom" (Jean 20:31). On en déduit que les auteurs des Évangiles ont altéré la vérité et adapté leur récit voire même les paroles de Jésus en fonction de leurs propres interprétations et convictions théologiques plutôt que de décrire la stricte vérité historique.

Outre les nombreux passages subjectifs, les Évangélistes ont également commis ce qu'on peut appeler des erreurs factuelles. Ainsi Matthieu écrit que Jésus est né "au temps du roi Hérode" (Matthieu 2:1) soit vers l'an 4 avant notre ère tandis que Luc situe sa naissance à l'époque où Quirinius, le gouverneur de Syrie, ordonna un recensement de la population (Luc 2:2), soit vers l'an 6 de notre ère si on se base sur le récit de Flavius Josèphe bien que d'autres textes antiques comme l'inscription d'Apamée contredisent cette dernière date. De toute évidence, même si certains critiques comme David Miller ont essayé de défendre la date de Luc de manière ad hoc, la majorité des spécialistes dont Daniel Wallace précité concluent qu'il s'est sans doute trompé. Gabriel Robin va dans le même sens dans son livre "Sous Ponce Pilate" (2016) dans lequel il passe minutieusement en revue les différentes dates de naissance Jésus et la durée de son ministère. On y reviendra.

Comme si ces altérations de la vérité ne suffisaient pas pour remettre en question l'authenticité des récits, en complément les premiers disciples ou les premiers chrétiens ont sciemment ajouté des versets ou des finales, puis les moines copistes et les traducteurs de la Grande Église ont remplacé des mots, y compris des noms propres, et ignoré des versets d'origines gnostiques ou qui n'étaient pas tout à fait dans le sens du Crédo.

S'il est normal qu'un auteur établissant la biographie d'un personnage aille chercher l'inspiration dans des sources extérieures - l'Ancien Testament en est truffé - il est beaucoup moins normal qu'un livre d'auteur soit réécrit ou complété par un autre rédacteur voire par l'éditeur (la Grande Église) au point qu'ils prennent la liberté de remplacer des mots significatifs et de supprimer ou remplacer des paragraphes entiers sous prétexte qu'ils s'écartent de la doctrine enseignée par l'Église. On appelle cela de la censure et de l'intolérance ! On reviendra plus loin sur l'influence des doctrines concurrentes sur les textes des Évangiles.

Evolution des écrits apostoliques

En parcourant les Évangiles et les autres livres apostoliques comme les Actes des Apôtres rédigé par Luc et sa communauté ainsi que les Épîtres de Paul (et d'autres disciples de Jésus), on constate une évolution du style narratif, non seulement dans la forme mais également le fond. Le sujet passe graduellement des actes du personnage de Jésus au symbole qu'il représente. Comment expliquer cette évolution ?

Sur le plan historique, Matthieu, Marc, Luc et Jean ou plutôt les rédacteurs qui écrivent en leur nom évoquent des faits et gestes du ministère de Jésus mais ils n'étaient pas présents à ses côtés et rapportent donc des témoignages indirects d'anonymes. Aucune des copies des Évangiles n'étant signée, ces textes furent en réalité rédigés par des auteurs anonymes lettrés auquels les Pères de l´Église ont donné un nom de manière arbitraire.

Enfin, Paul ne vivait pas en Palestine et en tant qu'ancien Pharisien, il ne s'est converti que vers l'an 36. A part sa révélation sur le chemin de Damas, la seule relation que Paul eut de près ou de loin avec Jésus ou ses disciples est citée dans son Épître aux Galates où il précise qu'il rencontra Pierre, qu'il appelait par son prénom araméen Cephas, avec lequel il resta quinze jours et rencontra également Jacques le Juste (Galates 1:19), le successeur légitime de Jésus à la tête du mouvement Nazaréen de Jérusalem. Comme le dit Daniel Marguerat coauteur du livre "Introduction au Nouveau Testament" (2004/2008), comme Paul, les Évangélistes appartiennent à la troisième génération du christianisme, celle qui est proche des auteurs épistolaires ou pastoraux (la première génération de chrétiens étant celle née avant la publication des Évangiles).

Troisième page de l'Épître de Paul au Galates. C'est une copie en grec dont le style correspond aux années 150-250. Manuscrit (réf. 6238, 160r) de l'Université du Michigan.

Quels souvenirs de Jésus restait-il dans la mémoire collective 20 ans après sa mort ? Et qu'en restait-il 50 ans plus tard, après la destruction du second Temple par les romains et le martyre des premiers chrétiens ? On imagine que durant les dix premières années qui suivirent la disparition de Jésus, son souvenir était encore très présent parmi ses disciples de même l'idée que l'apocalypse était proche. Mais les années passant, les souvenirs commencèrent à s'estomper ainsi que l'idée de la fin du monde, évènement annoncé avec fracas par plusieurs prédicateurs mais qui de toute évidence ne s'était pas produit.

Si chacun se rappelle clairement de faits et gestes survenus quelques jours, mois et parfois quelques années auparavant, on perd généralement facilement le détail de faits survenus 20 ou 30 ans plus tôt, et plus encore des paroles échangées et des actions à moins qu'elles aient été frappantes. Dans ces conditions, on peut imaginer que les souvenirs les plus précis soient ceux des Épîtres de Paul couchés sur papier à peine 20 ans après le décès de Jésus suivis par les Évangiles selon Marc et Matthieu écrits 30 à 40 ans après les faits. À l'opposé, les souvenirs et propos rapportés 50 ans plus tard par Luc et la communauté johannique devaient être très généraux et peut-être même confondus avec des rumeurs ou la tradition orale, elle-même altérée par les opinions et critiques des premiers chrétiens, l'ensemble ayant été réinterprété selon les convictions personnelle des auteurs.

Cela signifie que si pour la première génération de chrétiens (que l'on fixe entre l'an 1 et environ 64, date des premiers massacres de chrétiens à Rome sous Néron, du martyre de Paul et de Pierre) les évocation de Jésus étaient encore concrètes du fait que beaucoup de fidèles l'avait connu, à la deuxième et troisième générations de chrétiens, celles qui le connurent uniquement à travers les livres et lettres apostoliques voire uniquement par ke bouche-à-oreille, le personnage aussi sacré soit-il s'estompa dans les communautés chrétiennes au bénéfice du symbole divin qu'il représentait (statut que lui avait déjà donné Luc et Jean dès la naissance de Jésus). Nous verrons à propos de la résurrection du Christ que c'est d'ailleurs durant les trente premières années qui suivirent cet évènement que naquirent les premières communautés chrétiennes et que Paul fonda ses communautés et églises en Turquie.

A l'époque de Luc et de la communauté johannique, soit respectivement vers les années 80-85 et 100-110, il ne devait plus y avoir beaucoup de témoins oculaires. Si par exemple un adolescent de 10 ans avait connu Jésus vers l'an 33, il aurait eu 72 ans en l'an 100. Or la longévité à cette époque était proche de 60 ans. Sans même parler des conséquences de la première révolte des Juifs contre les Romains, on peut donc raisonnablement considérer qu'il n'existait plus de témoins oculaires contemporains de Jésus à la fin du Ier siècle. Ces auteurs n'ayant pas connu Jésus ni même probablement discuté avec ses contemporains, les souvenirs qu'il restait de Jésus sont des récits théologiques compilés par Paul et plus tard par Marc et Matthieu et surtout des symboles et leurs interprétations idéalisées par les troisième et quatrième générations de chrétiens.

Luc écrivit son Évangile vingt ans après la révolte des Juifs, à une époque où les origines juives du mouvement chrétien étaient marginalisées et déconsidérées, d'autant plus que l'espoir apocalyptique s'était évanoui. De plus, Luc était un Gentil, ce que les juifs appellent un "Goy", c'est-à-dire un non-juif (notons que les chrétiens utilisent aussi le mot Gentil pour qualifier les païens). Selon différentes études, Luc était soit un grec païen soit un syrien d'Antioche et médecin de profession. C'est le seul auteur apostolique non-juif de tout le Nouveau Testament. De part ses origines, Luc insista sur la version des Gentils du christianisme exposée par Paul. Comme nous le décrirons à  propos de la querelle paulienne, Luc fut influencé par Paul et ne pouvait pas démentir que Jésus était juif ni que sa doctrine fut suivie par des juifs ou que le premier mouvement chrétien fut un mouvement apocalyptique issu du judaïsme et présidé par Jacques, frère de Jésus et le Conseil des Douze, tous juifs. C'est pourquoi, au cours du procès de Jésus, Luc évite de décrire les actes négatifs ordonnés ou tolérés par Ponce Pilate et n'évoque même pas l'agonie de Jésus. On y reviendra à propos de la condamnation à mort de Jésus. En fait, comme tous les auteurs apostoliques, Luc n'a pas écrit l'histoire de Jésus mais une histoire théologique qui rend son récit peu objectif et peu fiable.

Page de la première Épître de Paul aux Corinthiens (1 Cor 2:3-11). C'est une copie en grec dont le style correspond aux années 150-250. Manuscrit (réf. 6238, 78v) de l'Université du Michigan.

Enfin Paul, que Luc considérait comme son héros, était citoyen romain et souhaita que ses lecteurs, les Gentils Romains aient une opinion favorable au sujet du mouvement chrétien en pleine croissance parmi les Gentils de la fin du premier siècle.

Ainsi, plus on s'éloigne de la date du décès de Jésus plus les auteurs idéalisent le personnage et plus les chrétiens risquent d'altérer ses paroles, y compris en insérant des fins de paragraphe ou en ajoutant des fins de chapitre théologiques dans les copies des manuscrits, ce qu'on appelle des théologoumènes, c'est-à-dire des récits légendaires à vocation théologique. Nous avons vu que c'est exactement ce qui s'est passé avec l'intervention de la Double Tradition (la source "Q") et de la Triple Tradition, sans même parler des modifications dans le texte effectuées par les copistes et traducteurs au nom de la Grande Église. Nous présenterons divers exemples de telles altérations quand nous analyserons le Nouveau Testament (la conception de Jésus, les Mages, les miracles, le repas pascal, la résurrection, etc.) et ce qu'il faut en conclure.

En résumé, grâce à la découverte de manuscrits datant des Ier et IIe siècles, on sait aujourd'hui que les titres de chacun des Évangiles, les introductions et certaines finales (Marc) et même certains passages (par exemple la tentative de lapidation de la femme adultère citée par Jean) furent ajoutés aux manuscrits soit par des membres de la première communauté chrétienne (ou la communauté johannique) soit par la Grande Église. 

Quant aux Actes des Apôtres, ils furent écrits par le même auteur que celui qui rédigea l'Évangile selon Luc et n'a rien non plus d'un texte rédigé par un témoin oculaire, que du contraire.

Enfin, comme évoqué, les deux tiers des Épîtres ne sont pas authentiques; elles furent écrites par des auteurs anonymes sous des pseudonymes ou n'ont tout simplement pas été signées.

Des manuscrits en grec ancien

Une autre observation encore plus explicite nous prouve que les textes apostoliques et pseudépigraphiques et a fortiori les apocryphes n'ont pas été écrits par les prétendus Évangélistes et disciples traditionnels. Tous les manuscrits sont écrits en grec ancien (en fait dans une forme de dialecte du grec ancien appelé koinè ou vulgaire), ce qui alerte déjà les historiens.

Pour ne citer qu'un exemple, dans l'Évangile selon Jean, Nicodème demande à Jésus s'il tient sa faculté de faire des miracles de Dieu. "Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu". Sa réponse rendit Nicodème perplexe, ne comprenant pas comment il pouvait naître deux fois... Jésus lui expliqua alors qu'il fallait prendre l'expression au second degré, sur le plan spirituel. 

En grec, "naître de nouveau" se dit "γεννηθῇ ἄνωθεν" (gennēthē anōthen). Or comme Jean le précise un peu plus loin, en grec "de nouveau" peut être traduit de deux manières : "une deuxième fois" et "d'en haut" (Jean 19:11 et 19:23), d'où la confusion de Nicodème. Mais si le texte avait été écrit en hébreu ou en araméen, la confusion n'aurait pas été possible car les deux mots sont différents. Cette subtilité linguistique prouve que le texte fut d'origine écrit en grec et n'a vraisemblablement jamais été prononcé par Jésus puisqu'il n'aurait pas pu jouer sur ces mots dans sa langue maternelle ou en hébreu. De toute évidence, les Pères de l'Église primitive et plus encore ceux de la Grande Église sont de nouveau intervenus pour faire parler Jésus dans le sens de leur doctrine !

Un extrait du manuscrit P45 relatif à l'Évangile selon Marc rédigé en grec vers l'an 250. C'est le folio 7 (Marc 8:34-9:8). Le codex est exposé à la Bibliothèque Chester Beatty de Dublin en Irlande. Les pages sont également disponibles en version numérisée sur le site du CSNTM.

Comme nous l'avons expliqué à propos du niveau d'éducation des apôtres et des disciples, à l'époque de Jésus et comme ce fut le cas dans toutes les campagnes y compris en Occident, la population rurale était analphabète et on estime que 10 à 15% de la population de l'Empire romain savait lire. Très peu de personnes savaient lire le grec et encore moins l'écrire. Or les apôtres étaient pêcheurs en Galilée, une province d'incultes selon les Pharisiens (Jean 7:52) et Pierre comme Paul furent qualifiés "d'hommes du peuple sans instruction" (Actes 4:13), que d'autres traductions qualifient d"illettrés" qui est plus approprié pour l'époque. On en déduit que les écrits apostoliques n'ont pas été écrits par les membres de la première communauté de Jésus contrairement à ce que prétend l'Église !

Mais alors qui sont les auteurs du Nouveau Testament ? Etant donné qu'aucun texte n'est signé, ils furent rédigés par des intellectuels anonymes exercés à cette pratique littéraire. En effet, tout indique qu'ils disposaient d'un sens critique probablement supérieur à la moyenne, ils ont appris à compiler et sélectionner les informations pertinentes dans la collection éparse de livres proto-chrétiens écrits en grec et peut-être en hébreu, en araméen et syriaque. D'origine judéo-chrétienne ou romaine, ces rédacteurs sont des ecclésiastiques ou des civils sachant non seulement coucher par écrit leurs idées mais également conter une histoire avec un certain style et sens de la tragédie, sans pour autant rivaliser avec les grands auteurs grecs et latins. Certains auteurs comme Luc n'était même pas juif, Paul ne vivait pas en Palestine et aucun des auteurs n'a connu Jésus, et apparemment seul Paul aurait discuté avec des témoins oculaires. Mais encore une fois, ce n'est pas ce que prétend la tradition chrétienne à travers le canon du Nouveau Testament !

C'est justement cet avis contradictoire et ces incohérences qui soulevèrent des interrogations et ont incité les spécialistes libéraux comme conservateurs à enquêter sur les origines de la Bible et à dresser la liste des faits authentiques et des fais interprétés ou fictifs. Finalement qu'ont-ils découvert ? Comme les Évangiles, la plus grande partie du texte des Actes des Apôtres et des Épîtres fut rédigée par des auteurs anonymes ou sous des pseudonymes qui ne renforcent pas leur authenticité.

En résumé, sur les 27 livres du Nouveau Testament, seules 7 Épîtres sont authentiques et écrites de la main de l'auteur mais malheureusement elles n'apportent pas grand chose sur la biographie de Jésus, ainsi que l'Apocalypse de Jean, bien qu'il faille le classer parmi les livres homonymes étant donné que rien ne puisse attester que l'apôtre Jean en fut l'auteur. Avec pour ainsi dire seulement 26% de confiance, on ne peut pas dire que le dogme de l'Église (et avant lui celui du judaïsme) en soit sorti fortifié mais au contraire quelque peu affaibli voire chancelant à force de propager des légendes et des mensonges. Ce constat d'échec n'a pas été sans conséquences sur le renouvellement des vocations et le désintérêt des jeunes pour la religion. On y reviendra.

Les Évangiles, une oeuvre inachevée ?

La plupart des chrétiens pensent que la Bible est une collection complète d'oeuvres parfaitement révisées et achevées. Si c'est vrai pour l'Ancien Testament, le Nouveau Testament est loin d'être aussi homogène. Dans son livre "Gospels Before The Book" (2018), le bibliste Matthew Larsen de la Society of Fellows de Princeton ouvre une brèche dans cette certitude et suggère qu'il ne s'agit pas d'une oeuvre achevée. L'auteur prétend notamment que l'Évangile selon Marc, le plus ancien, n’aurait peut-être jamais été destinée à la publication et ressemble davantage à un brouillon ou à une collection de notes qu’à un livre.

Larsen a examiné les pratiques anciennes en matière d'écriture et de diffusion des oeuvres au tournant du Ier siècle (sachant que les Évangiles furent écrits entre ~70 et ~120 de notre ère). Il a découvert qu'avant le IIe siècle, les quatre livres apostoliques n'étaient pas considérés comme des "évangiles" ou même des livres : "l'idée même qu'il existe quatre livres distincts, achevés et entièrement écrits, appelés les Evangiles selon Matthieu, Marc, Luc et Jean [est l'une des] inventions idéologiques les plus importantes" de la fin du IIe siècle.

Au cours de ses recherches, Larsen a parcouru des dizaines de textes du monde antique publiés accidentellement en l'état de brouillon (bien que le nom de "brouillon" n'ait été inventé qu'en 1551) ou même révisés après publication mais sans mention de l'auteur. Dans l'Antiquité, écrire des brouillons ou des recueils de notes susceptibles de tomber entre les mains d'autres auteurs était une pratique relativement courante. Ainsi, l'auteur romain Pline le Jeune s'est vu offrir la somme considérable de 400000 sesterces (soit ~500000 € actualisés, la somme nécessaire pour devenir un chevalier romain membre de l'ordre équestre) pour une collection de notes et d'extraits rassemblés par son oncle.

D'autres textes achevés furent diffusés sans l'autorisation de leur auteur. Mais tout le monde ne pouvait pas s'opposer à cette pratique. On apprend qu'au Ier siècle avant notre ère, l'historien grec Diodore de Sicile (Diodorus Siculu) auteur de la "Bibliothèque historique" en 40 volumes dont il n'en reste que la moitié déclara que certains volumes de son travail furent volés et "publiés" avant qu'il ait pu les compléter et les corriger. Il exprima également le souhait que tout ce qu'il avait écrit "dans l'ignorance soit corrigé par d'autres mains".

On en déduit que dans l'Antiquié certains textes étaient très "fluides" ou très convoités. Bien que "publication" soit un terme un peu anachronique pour des oeuvres antiques qui devait être minutieusement copiées à la plume, les textes pouvaient être mis en circulation avant d’être terminés. Les notes de cours par exemple pouvaient être distribuées sans le consentement du conférencier. D'autres textes semblent avoir été publiés provisoirement, sans la signature de l'auteur mais avec l'intention d'être révisés par d'autres par la suite.

Pour valider son hypothèse, Larsen prend l'exemple de l’Évangile selon Marc caractérisé par un texte succint, un style souvent considéré comme médiocre et une "finale courte". D'après Larsen, les premiers chrétiens auraient considéré le récit de Marc plus comme une collection de notes (comme celles décrites par Pline) que comme un livre entièrement achevé. L'évêque Irénée de Lyon (140-202) par exemple, décrit la "publication" des Évangiles selon Matthieu et selon Jean pour des publics spécifiques mais ne semble pas avoir considéré l'Évangile selon Marc de la même manière. L'évêque et écrivain Papias d'Hiérapolis (70-163) considérait également Marc comme une sorte de preneur de notes, écrivant que Marc rédigea tout ce que l'apôtre Pierre avait retenu de Jésus, sans pour autant en avoir "un arrangement ordonné". Selon Larsen, "les premiers lecteurs considéraient souvent les Évangiles en général et l'Évangile selon Marc en particulier, non comme des livres publiés par des auteurs singuliers mais comme des traditions textuelles inachevées, sujettes à corrections et ouvertes, qui ne sont pas attribuées à des auteurs."

En particulier, la "finale courte" de Marc serait la marque d'un projet non abouti (l'Évangile selon Marc se termine au verset 16:8 lorsque les femmes qui visitèrent la tombe au lendemain de Pâque, la trouvèrent vide et s'enfuièrent de peur). Il existe au moins quatre autres finales de l’Évangile dans les anciens manuscrits. Ces ajouts tardifs témoignent des efforts des premiers lecteurs chrétiens pour réviser, peaufiner et améliorer le texte. Larsen affirme que l'Évangile selon Marc était "un texte puissant qui n'était pas terminé; c’était plus comme un brouillon". Des textes ultérieurs, y compris l'Évangile selon Matthieu, ont ajouté au texte original des récits sur la résurrection et des prologues et ont constamment transformé cette collection de notes.

Larsen n’est pas le seul bibliste à contester notre façon de penser les livres de la Bible. Dans son livre "Literary Imagination in Jewish Antiquity" (2018), Eva Mroczek, professeur de religion et spécialiste de la Bible hébraïque à l'Université de Californie à Davis a démontré que les concepts modernes de "livres" et de "Bible" s’appliquaient de manière anachronique aux anciens écrits juifs. L'auteur rappelle qu'il n'y avait pas de "Livre des Psaumes" tant que le second Temple de Jérusalem était toujours debout. Au lieu d'un seul livre, il existait un ensemble de traditions liturgiques textuelles, non réglementées et sans limites. David n'est pas l'auteur du "Livre des Psaumes" mais plutôt une figure qui s'accapare progressivement un nombre croissant de textes. Même constat pour le "Livre de Daniel" dont la Vulgate comprend trois ajouts rédigés par les Pères de l'Église et les Épîtres de Paul dont près de la moitié n'ont pas été écrites de sa main. Selon Mroczek : "Si nous examinons certains rouleaux de la mer Morte rédigés par une communauté juive proche de l'époque de Jésus, nous constatons que les scribes ajoutent et retravaillent des versions de certains livres de la Torah. La Genèse et le Deutéronome par exemple sont plus uniformes que d'autres textes. Au fil des siècles, le texte de ces deux livres fut reformulé et complété avec des récits précieux pour la culture juive. Selon Mroczek, cela ne posa aucun problème aux anciens juifs et la Bible hébraïque en contient une preuve. Le "Livre des Jubilés" rédigé vers 200 avant notre ère indique aux descendants de Jacob de "conserver et de renouveler" les livres de leurs ancêtres, et cela semble être exactement ce qu'ils ont fait. Bien sûr, les corrections sont faites sous contrôle par des scribes et nul autre et toutes les copies du Tanakh sont ensuites mises à jour et vénérées comme des objets sacrés.

On en conclut qu'au moins certains des textes qui composent nos bibles modernes n’ont peut-être jamais été conçus comme des "livres" scellés. De plus, il n’y avait pas toujours un sens fort associé à "l'auteur" d'un texte.

Ces découvertes ont d'importantes répercussions sur la conception de la littérature biblique en général, mais également sur celle de la pratique de la lecture et de l’interprétation de la littérature religieuse. Selon Larsen, "Les Écritures sont des oeuvres ouvertes, changeantes et vivantes de la tradition." Plutôt que de supposer qu'il existe un texte définitif, les deux biblistes suggèrent que certains livres bibliques que nous possédons et considérons comme sacrés étaient des traditions textuelles fluides qui pouvaient être améliorées et interprétées. Mais en même temps, comme le souligne Mroczek, ce n'est pas parce qu'un auteur disparaît que toutes les oeuvres qui s'en inspirent sont des faux, il s'agit juste de nouvelles versions sur le même thème.

Elaboration du canon du Nouveau Testament

A présent que nous avons daté et identifié au mieux les différentes sources d'inspirations des écrits néotestamentaires et tenté d'identifier les auteurs et l'état d'avancement de leur(s) oeuvre(s) respective(s), voyons comme la Grande Église élabora le canon du Nouveau Testament. Car si les différents livres et lettres apostoliques ont d'abord mené leur propre vie dans les cercles privés chrétiens, en moins de trois siècles la Grande Église a rassemblé et trié ces écrits pour construire sa doctrine et apporter la Bonne Nouvelle aux païens.

Une pléthore de groupes religieux

Entre le Ier et le IIIe siècles, un grand nombre de groupes religieux et de doctrines se revendiquant de l'enseignement de Jésus ou proto-chrétiens se sont développpées au Proche-Orient, en Asie Mineure et dans le sud de l'Europe. Leurs leaders produisirent un grand nombre de documents sacrés dont beaucoup furent perdus. A cette époque, personne ne faisait la distinction entre les documents authentiques rédigés par les disciples ou les héritiers de la doctrine de Jésus et les faux, ce que la Grande Église qualifia rapidement de documents respectivement orthodoxes et hérétiques. En effet, avant les règles canoniques instaurées par Eusèbe de Césarée notamment, les membres des différents groupes religieux avaient accès à l'ensemble des écrits rédigés par tout qui se prétendait disciple de Jésus ou son héritier. Si certains fidèles avaient bien remarqué que certains documents se contredisaient, aucune autorité n'avait encore établi de règles et n'avait suffisamment de recul pour conseiller les fidèles ou les mettre en garde contre les déviances éventuelles. C'est tellement vrai que certains théologiens considérés tout d'abord comme fidèles à l'enseignement de Jésus et donc orthodoxes par le haut clergé furent ensuite considérés comme des hérétiques ! Cette prise de conscience se développa à Rome qui abritait alors la plus grande communauté de chrétiens qui très tôt affirma son influence sur les groupes doctrinaux rivaux. Pour mettre fin à cette diversité de doctrines concurrentes et asseoir son autorité, les représentants de la Grande Église ont donc décidé de définir le canon du Nouveau Testament et ce qu'allait officiellement contenir la Bible.

Les critères canoniques

Sur le plan historique, c'est vers la fin du IIe siècle de notre ère qu'émergea l'idée de compiler l'ensemble des livres dits inpirés (par la parole de Dieu) et d'en faire le canon du Nouveau Testament afin d'encadrer le dogme de la chrétienté et asseoir l'autorité de l'Église. Mais comment les Pères de l'Église ont-ils identifié ces documents canoniques ?

On peut deviner que cette appréciation et la sélection des livres sacrés formant le canon n'a pas été simple et qu'il fallut du temps pour concilier les avis discordants. En fait, le Nouveau Testament que nous lisons aujourd'hui a pris forme au cours des quatre premiers siècles et plusieurs conciliabules de manière très erratique, personnelle et sans grande logique malgré les critères évoqués. De plus, sachant que certains écrits ont été écartés arbitrairement, autant dire que les versions que nous lisons ne sont pas toujours conformes aux textes originaux et comprennent un certain nombre de corrections et parfois des ajouts tardifs.

Voyons donc quels furent les critères choisis par l'Église primitive pour définir et sélectionner les livres canoniques.

A gauche, icône de saint Irénée de Lyon (125-202), Père de l'Église né en Asie Mineure et évêque de Lugdunum (Lyon). Il mourut en martyre à Lyon suite aux persécutions de l'empereur romain Septime Sévère. A sa droite, icône de l'évêque Clément d'Alexandrie (150-220), Père de l'Église. Pour ne pas être victime des persécutions de Septime Sévère, il fuit en Cappadoce rejoindre l'évêque Alexandre. Cette icône fut réalisée par le peintre grec Ioannis Theorianos de l'école d'Ohrid, en République de Macédoine au XIVe siècle. A droite du centre, icône des évêques saint Athanase d'Alexandrie (296-373) et saint Cyril de l'Alexandrie (376-444), tous deux Pères de l'Église et de saint Ignace d'Antioche (fl.35-110) qui mourut en martyre pendant la persécution de Trajan. Cette fresque est exposée dans la Cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, en Russie, auprès de nombreuses autres (cf. cette galerie sur Flickr). A droite, icône du patriarche Photios Ier de Constantinople et Père de l'Église orthodoxe (820-c.827).

Un texte du Nouveau Testament est canonique s'il répond à quatre critères : qu'il soit historique, apostolique, universel et orthodoxe. En résumé, le texte doit être le plus ancien, un témoignage direct des apôtres ou aussi proche que possible du témoignage des apôtres ou des disciples témoins oculaires des faits et gestes de Jésus. Il doit être connu de toutes les communautés tout en respectant les idées et le dogme défendus par les Pères de l'Église. Les autres textes y compris les Évangiles gnostiques écartés pour leur contenu trop métaphysique, scandaleux, subversif ou tardif comme l'Évangile selon Thomas (ou Évangile de l'enfance de Jésus) et l'Évangile selon Pierre ainsi que la plupart des autres textes sur lesquels nous reviendrons sont dits apocryphes (cachés) et exclus du canon car jugés moins authentiques, trop ésotériques ou très éloignés du message de Jésus.

Le Fragment de Muratori

La plus ancienne trace d'une réflexion sur le canon du Nouveau Testament date de la fin du IIe siècle où un auteur anonyme contemporain de l'évêque Sérapion d'Antioche dressa l'inventaire des livres qu'il estima sacrés et à propos desquels il écrivit un bref commentaire. Cette liste est connue sous le nom du canon ou Fragment de Muratori, du nom du spécialiste italien qui l'a découvrit au XVIIIe siècle. Notons que cette liste fragmentaire date du VIIIe siècle mais les spécialistes considèrent que la liste originale fut compilée au IIe siècle près de Rome.

Bien qu'incomplet, le fragment commence par un commentaire précisant que le livre de Luc est "le troisième livre de l'Évangile" puis continue en précisant que celui de Jean est le "quatrième", etc. Vu ce que l'on sait aujourd'hui à propos des autres documents apostoliques, on déduit que la liste commence par les livres de Matthieu et Marc.

L'auteur anonyme dresse un inventaire de 22 livres sur les 27 que nous connaissons et ne tient pas compte de quelques Épîtres (celle aux Hébreux, de Jacques, de Jean et les deux de Pierre) mais inclut le livre de la Sagesse de Salomon et l'Apocalypse de Pierre. Il hésite à accepter l'apocalypse intitulé le Pasteur d'Hermas et rejette un certain nombre d'Épîtres attribuées à Paul (celles aux Alexandriens et aux Laodicéens) qui seraient des faux rédigés par les Marcionites sur lesquels nous reviendrons.

C'est ensuite l'évêque Irénée de Lyon (125-202), un théologien originaire de Smyrne (actuelle Turquie) expatrié à Lugdunum, capitale de la Gaule et future Lyon, qui fut le premier vers l'an 180 à suggérer que les quatre Évangiles, ceux de Matthieu, Marc, Luc et Jean, étaient les seuls authentiques et porteur du sens des paroles de Jésus. C'est encore lui qui proposa de retenir dans le canon les Actes des Apôtres, et certaines Épîtres jugées authentiques dont celles de Paul, les premières épîtres de Pierre et de Jean ainsi que l'Apocalypse (dans lequel Irénée reconnut les quatre évangélistes dans le symbole du tétramorphe des "Quatre Vivants").

Invention du Nouveau Testament

C'est en l'an 200 que l'Église primitive adopta l'expression "Nouveau Testament" proposée par l'évêque Clément d'Alexandrie (à ne pas confondre avec le consul romain homonyme).

Page enluminée du livre de Kells ou Codex Cennanensis également appelé le "Grand Évangéliaire de saint Colomba" réalisé par des moines d'origine celte vers l'an 800. Une copie est archivée au Trinity College de Londres. Document BVMM/CNRS.

Il faudra ensuite attendre plus d'un siècle pour que le haut clergé dresse une liste précise des livres canoniques. Chose facile, il fallut d'abord définir le statut des livres de la bible hébraïque. Que représentaient-ils pour l'Église ? Jésus les a bien lus puisqu'il y fait souvent référence comme nous le verrons, au point d'étonner les théologiens enseignant dans les synagogues ou au temple de Jérusalem. De plus, ces textes prophétiques annoncent la venue du Messie et, selon la tradition, même parfois ses actions jusque dans ses moindres détails (à moins que ce ne soit l'inverse). Etant donné l'histoire de cette bible hébraïque et sa relation avec l'annonce de la venue du Christ, elle fut d'office intégrée aux livres canoniques. Seule adaptation, les Pères de l'Église ont préféré utiliser la Septante écrite en grec (rédigée à partir des environs de l'an 270 avant notre ère) au Tanakh, la bible hébraïque propre aux juifs.

A partir de l'an 313, la sélection des livres canoniques du Nouveau Testament s'avéra plus simple car les empereurs romains Constantin pour l'Empire d'Occident et Licinius pour l'Empire d'Orient accordèrent la liberté de culte à tous les citoyens de l'Empire. Précisons au passage que Constantin Ier n'était pas chrétien (il ne le fut que sur son lit de mort et dans sa confession arienne) mais les appréciaient au point de devenir le protecteur de la nouvelle Grande Église.

Le christianisme, religion d'État

A l'époque où Constantin Ier décréta le christianisme religion d'État, on estime que 10% seulement de la population de l'Empire romain s'était convertie. Les chrétiens étaient déjà très nombreux dans les villes européennes où le christianisme devint à la mode du boutiquier jusqu'à la cour de l'empereur. En ayant l'avantage du nombre, d'un Crédo commun à tous les fidèles, d'un pouvoir centralisé et d'avoir des archevêchés partout en Europe, au Proche-Orient et en Asie Mineure, la Grande Église était très bien organisée pour défendre sa doctrine partout où des théologiens tentaient de prêcher des "hérésies". Comme une vague déferlante partie de Rome, le christianisme finit par submerger et enterrer définitivement les textes hérétiques et gnostiques, dispersant par la même occasion leurs fidèles.

L'attitude d'Athanase précité est révélatrice à ce sujet. Comme tous les évêques, il participa à l'élaboration du canon. Au cours de la dernière partie de son épiscopat (à partir de l'an 366) marqué par plusieurs exils et conflits avec l'Église arienne et les païens, Athanase décida d'ignorer les textes gnostiques. Ceux qui en possédaient les ont donc cachés ou détruits, raison pour laquelle les fameux manuscrits de Nag Hammadi parmi d'autres ne furent découverts qu'au XXe siècle. On y reviendra.

C'est à l'époque de Constantin que la Grande Église définit également les grandes fêtes religieuses comme la Nativité, la Résurrection et décréta que le dimanche serait le jour du Seigneur. Quant au fait que le dimanche est considéré comme le premier jour de la semaine, cette notion date du VIIIe siècle avant notre ère et fut établie par le prophète perse Zoroastre alias Zarathoustra, fondateur du zoroastrisme, une religion monothéiste pratiquée dans tout le Moyen-Orient y compris en Inde durant l'expansion de l'islam.

Ensuite, à partir de l'an 367 le canon se limita à 27 livres dans les Églises latines (et se réduisit à 22 livres dans les Églises grecques à partir XIe siècle). La liste des 27 livres canoniques fut confirmée par le décret du pape Damase en 382 puis lors du second concile de Carthage en 397. Ces livres comprennent environ 138000 mots (version grecque) dont le nombre et le contenu sont littéralement scellés depuis le concile de Nicée II en 787 (cf. le Crédo) et que l'Église ne veut absolument plus modifier comme aucun éditeur ne touche plus aux oeuvres des auteurs classiques. Qu'on juge aujourd'hui les textes bibliques véridiques ou faux, incomplets, partiaux ou purement légendaires n'y change rien car ils constituent l'organe de la Foi, pour ainsi dire la pierre d'achoppement de l'Église.

Finalement, la Bible devint le livre sacré que nous connaissons comprenant 66 livres lorsque la Grande Église l'a reconnue comme orthodoxe, par opposition aux idées hérétiques défendues par les doctrines concurrentes sur lesquels nous reviendrons.

A partir de cette époque les livres canoniques de la Bible forment un dyptique articulé autour d'un Ancien Testament et d'un Nouveau Testament dont le Christ assure la cohésion. Aux yeux de l'Église, au Messie juif annoncé dans l'Ancien Testamemt répond le Christ Sauveur chrétien dans le Nouveau Testament. Ce dyptique constitue "La" Bible officielle pour tous les membres de l'Église. Nous verrons toutefois à propos du Crédo et de la transmission de la Bible que certaines affirmations de la profession de foi n'ont pas été acceptées par tous les membres du haut clergé, ce qui conduisit au schisme des Églises et à une révision du canon biblique. On y reviendra.

L'instrument du Crédo

Avoir défini les livres canoniques ne signifie pas que le message de la Bible est authentique ni que la Bible est complète mais simplement que le choix des livres et lettres a respecté certaines règles, une "charte de qualité" établie par la Grande Église au bémol près qu'elle fut établie à une époque où la méthode scientifique et l'objectivité étaient inexistantes en matière de datation, d'analyse ou d'identification de l'auteur d'un texte. Nous verrons d'ailleurs dans le prochain article consacré à l'histoire du Crédo que certains choix dogmatiques ont été validés par le Concile de Chalcédoine par le truchement du hasard.

La profession de foi est un passage "obligé" si nous voulons comprendre certains aspects dogmatiques de l'Église et la raison pour laquelle elle choisit d'écarter certains textes bibliques ou gnostiques au profit d'autres textes parfois non signés mais plus conformes à sa doctrine. Nous verrons ensuite ce que nous a caché l'Église à propos de la découverte de nouveaux manuscrits.

En fait, pour le croyant la question ne se pose pas de savoir si le Crédo ou la Bible véhicule un message authentique ou des théologoumènes et autres récits purement imaginaires. Si la Bible est un outil de prosélytisme, être chrétien est une question de foi, on y croit ou on n'y croit pas !

Quant à savoir si le récit de la vie de Jésus décrit par les apôtres est fiable, c'est une autre question qui n'a pas de réponse simple. Sans même évoquer ses implications théologiques et mystiques, d'un point de vue scientifique elle touche à l'authenticité historique du personnage (cf. l'article Jésus a-t-il existé ?) et des faits qui exigent non seulement une analyse textuelle comparée des Évangiles et plus généralement des récits apostoliques, mais surtout des preuves archéologiques (manuscrits, gravures, annales, etc), ce que nous prendrons le temps d'examiner en détails dans d'autres articles.

A lire : L'histoire du Crédo

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