Contacter l'auteur / Contact the author

Recherche dans ce site / Search in this site

 

La Bible face à la critique historique

Les apôtres et les disciples de Jésus (II)

Thomas

Egalement appelé Didymus en grec (Didyme) signifiant le "jumeau" (Jean 11:16; 20:24 et 21:2) mais aussi à l'occasion Judas. Il était originaire de Galilée. Il est rarement cité dans les textes apostoliques. Il intervient lors de la résurrection de Lazare (Jean 11:2-16) et lors de la Cène, après le départ de Judas l'Iscariote (Jean 14:1-6). On le connaît surtout pour son pessimisme et son incrédulité notoire après la résurrection du Christ quand il déclara qu'il ne croira Jésus qu'après avoir vu et touché ses blessures (Jean 20:25), ce que Jésus lui accorda (Jean 20:27-29) afin qu'il retrouve la foi, une attitude qui s'adresse plus généralement à tous les chrétiens qui doutent (à la différence que Jésus n'est plus de ce monde pour en témoigner).

Les chrétiens de Syrie prétendent qu’il fonda l’Église de Syrie et on évoque également la fondation d'Églises en Perse. Des traditions légendaires écrites plusieurs siècles plus tard affirment que Thomas voyagea au-delà de l'Empire romain et aurait débarqué en Inde (à Tamil Nadu, Muziris et au Kerala). On prétend qu'il fut engagé pour construire un palais pour le roi d'Inde. Il aurait également baptisé quelques personnes et vers 52 il aurait fondé dans le sud de l'Inde la communauté des chrétiens de saint Thomas (Mar Thoma Nasranis) ou Nasranis. Aujourd'hui, les Églises Nasrani et Syro-Malabar n'ignorent pas leurs origines mais n'ont pas conscience de l'intérêt qu'elles ont à préserver cette identifié historique.

Selon la tradition, saint Thomas mourut en martyre soit à Édesse (Sanliurfa) alors en Grèce (aujourd'hui en Turquie) soit près de Madras en Inde, sur le mont Saint Thomas où il fut.transpercé par des lances par des prêtre idolâtres puis brûlé dans un four.

Ses reliques seraient conservées dans la basilique Saint-Thomas l'Apôtre (San Tommaso Apostolo) à Ortona, dans les Abruzzes, en Italie. Sa fête est célébrée le 3 juillet.

A gauche, l'apôtre Thomas peint par Antoine Van Dyck. Huile sur toile. A droite, l'apôtre Matthieu et un ange peints par Guido Reni en 1620-1621. Huile sur toile de 78x65 cm exposé à l'Université Bob Jones de Greenville, USA.

Matthieu

Appelé Mattai en hébreu ou Lévi, c'est le fils d’Alphée (Matthieu 9:9; Marc 2:14) mais on ignore s'il s'agit du même Alphée que le père de Jacques le Mineur. Il était originaire de Capharnaüm. C'était un publicain, c'est-à-dire un collecteur d’impôts pour le compte du gouvernement romain sous Hérode Antipas. Bien que hébreu et juif, en raison de sa profession il était exclu de la communauté juive et détesté par les scribes. Matthieu abandonna son activité très profitable et son style de vie aisé pour suivre Jésus. Quand il invita ce dernier dans sa maison, les apôtres tentèrent de s'y opposer mais Jésus leur répondit "Allez et apprenez ce que signifie : Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices. Car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs" (Matthieu 9:9-13).

Après la mort de Jésus, alors qu'il convertissait les juifs de Palestine et de Syrie, selon Irénée de Lyon (IIe.s.), vers 60 ou 61 Pierre et Paul le prièrent de mettre par écrit les paroles et les actes de Jésus dans un évangile. Selon la tradition, c'est l'auteur de l'Évangile selon Matthieu (cf. "Contra Haereses", Livre III, 1, 1, ou la version en français en ligne page 90, §4). Mais selon les historiens et les exégètes, cette affirmation n'est pas fondée. Le texte ne serait pas de Matthieu mais d'un juif qui aurait puisé chez Marc et dans la "source Q" à l'époque de la révolte juive, entre 66 et 72 de notre ère.

Selon la tradition (Irénée de Lyon), saint Matthieu mourut en martyre, frappé à mort dans le dos par une hallebarde (une lance équipée d'une tête de hache) par une petite main envoyée par le roi Hertacus, après avoir critiqué sa morale. Cet homicide aurait eu lieu à Nadabah, en Éthiopie, vers l'an 60.

Ses reliques seraient conservées dans la cathédrale de Salerne en Italie. Sa fête est célébrée le 21 septembre.

Jacques le Mineur

Également appelé Jacques d'Alphée, il était le fils d'Alphée et de Marie (Matthieu 10:3 et 27:56). On ignore s'il était de la famille de Matthieu qui est aussi le fils d'un certain Alphée ou de la famille de Jacques le Majeur. Il était originaire de Galilée. Ce serait le frère de Jude Thaddée et dans ce cas, on le confond avec Jacques le Juste, le frère de Jésus.

Les biblistes Robert Eisenman et Achille Camerlynck estiment que la mort de "Jacques" citée dans Actes 12:1-2 est celle de Jacques le Majeur, fils de Zébédée et non celle de Jacques le Mineur, fils d'Alphée.

Par tradition, il serait l'auteur de l'Épître de Jacques mais aujourd'hui les spécialistes estiment comme l'avait déjà proposé Eusèbe de Césarée que cette lettre "n'est pas authentique" ("Histoire ecclésiastique", Livre II, ch. XXIII, 25). On estime qu'elle fut probablement écrite par un juif convertit vers la fin du Ier siècle ou le début du IIe siècle.

Selon les historiens, ce n'est pas la même personne que "Jacques le Juste" considéré comme le frère de Jésus (ou plutôt son demi-frère) avec lequel beaucoup d'auteurs le confondent. C'est aussi cette confusion qui opposa au sein de l'Église la théologie de "Jacques" (pensant au frère de Jésus) et celle de Paul qu'on décrira dans la querelle paulienne.

Selon certaines traditions, saint Jacques le Mineur mourut en martyre, scié en morceaux par les juifs. Notons que d'autres le confondent avec Jacques le Juste, prétendant qu'il fut précipité du haut du Temple de Jérusalem, ou prétendent qu'il fut crucifié à Ostracine en Basse Égypte (province romaine d'Augustamnica Prima) ou encore lapidé.

Ses reliques seraient conservées dans la basilique des Saints-Apôtres à Rome. Sa fête est célébrée le 3 mai.

A gauche, l'apôtre Jacques le Mineur peint par Pierre Paul Rubens (1577-1640) exposé au Musée du Prado à Madrid. A droite, l'apôtre Jude Thaddée peint par Antoine Van Dyck (1619-1621) exposé au musée d'Histoire de l'Art (KHM) à Vienne, en Autriche.

Jude Thaddée

Il était aussi appelé Thaddaeus (Jude Thaddée) ou Judas Lebbaeus (Judas Lebbée). Pour le distinguer de Judas l'Iscariote, Luc le nomme "Judas, fils de Jacques" mais Jean préfère l'appeler "Jude" (Jean 14:22) et ce fut également le cas des traducteurs du texte grec en langues étrangères. C'était le frère de Jacques le Juste et le fils d'Alphée (Cléophas) et de Marie (Matthieu 10:3 ; Luc 6:16). Il était originaire de Galilée. C'est donc aussi le frère de Joseph et de Simon (on ignore s'il s'agit de Simon le Zélote dit le Cananéen).

C'est Jude qui demanda à Jésus : "Seigneur, d'où vient que tu te feras connaître à nous, et non au monde ? Jésus lui répondit: Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m'aime pas ne garde point mes paroles" (Jean 14:22-23).

Selon la tradition (les "Actes de Simon et Jude" ou la "Passion de Simon et de Jude"), Jude aurait prêché en Assyrie, en Arabie et en Perse près de l'Euphrate avec Pierre.

Selon la tradition, saint Jude Thaddée mourut en martyre mais les lieux diffèrent. Il fut soit martyrisé en Perse (l'actuelle Arménie) en 72 transpercé par des flèches à Ararat soit crucifié à Édesse (Sanliurfa) alors en Grèce (aujourd'hui en Turquie) ou encore martyrisé près de Beyrouth en Phénicie (l'actuel Liban) vers 65.

Ses reliques seraient conservées dans le transept gauche de la basilique Saint-Pierre à Rome, sous l'autel de saint Joseph, dans une tombe à côté de celle de Simon le Zélote. Sa fête est célébrée le 28 octobre.

Simon le Zélote

Pour le distinguer de Simon-Pierre, il était aussi appelé Simon le Cananéen (Kananaious, cf. Matthieu 10:4) ou le Cananite (Cananeus, cf. Marc 3:18) ou encore le Zélote (Luc 6:15, Actes 1:13). La référence à Cana est dérivée du mot hébreu "qana" signifiant "zélé" bien que saint Jérôme et d'autres auteurs prétendent que l'apôtre était originaire de la ville de Cana en Galilée, d'où l'usage de l'épithète "cananéen" à son égard, voire même de la région de Canaan si on se réfère à l'épithète "cananite". Dans ce dernier cas, vers 500 avant notre ère, les "Canaanites" se référaient à la population habitant en Phénicie, c'est-à-dire au nord du royaume d'Israël.

Selon la tradition, c'est le frère de Jacques le Majeur et de Jude Thaddée. Mais dans ce cas on le confond avec Simon, le frère de Jacques le Juste. Il serait donc l'un des frères de Jésus (Matthieu 13:55). L'encyclopédie catholique estime également qu'il s'agit peut-être de Simon, l'un des frères de Jésus ou de la même personne que Siméon de Jérusalem.

Si l'apôtre était Zélote, il était sans doute un patriote actif voire un nationaliste fanatique et un dévôt fidèle à la Loi de Moïse qui ne tolérait aucun compris avec Rome. Pourtant Simon le Zélote apparaît comme un homme de foi qui abandonna tout pour suivre Jésus et partagea tout ce qu'il avait avec les apôtres y compris Matthieu.

On sait très peu de choses sur lui et uniquement à travers des pseudépigraphes. Saint Jérôme ne l'inclut pas parmi les apôtres dans son livre "De viris illustribus" (Des hommes illustres) écrit entre 392 et 393.

Selon la tradition, il serait parti évangéliser en Égypte et en Cyrénaïque (la région africaine des Berbères) puis aurait rejoint Jude en Perse (dans la région Parthe et la partie sud de l'actuelle Arménie). 

Selon la tradition, saint Simon le Cananéen mourut en Perse soit crucifié soit coupé en deux à la scie par des païens aux côtés de Jude. Selon une autre tradition, il mourut en Britannia (l'actuelle Grande-Bretagne).

Ses reliques seraient conservées dans le transept gauche de la basilique Saint-Pierre à Rome, sous l'autel de saint Joseph, dans une tombe à côté de celle de Jude Thaddée. La tombe a été datée entre 130 et 300. Notons que selon Épiphane le moine, un byzantin, sa tombe se trouverait dans le Caucase. Sa fête est célébrée le 28 octobre.

A gauche, l'apôtre Simon le Zélote peint par Pierre Paul Rubens (1577-1640) exposé au Musée du Prado à Madrid. A droite, le baiser de Judas peint par Giordano Luca (1655-166). Huile sur plate de cuivre de 43x66 cm également exposée au Musée du Prado.

Judas l'Iscariote

Son identité n'est pas établie. Son prénom hébreu était "Yehudah" signifiant "Dieu soit loué". Il était peut-être originaire de Galilée ou de Judée et était peut-être lié aux dissidents juifs révoltés contre les Romains. Il est aussi possible qu'il s'agit tout simplement d'un personnage fictif inventé par l'Église bien qu'il soit cité très tôt dans les Évangiles. On y reviendra en détails lors de l'arrestation de Jésus.

Selon la tradition, Judas livra Jésus (Matthieu 26:25; Marc 14:43-46; Luc 22:47-48; Jean 18:2-5) puis les grands prêtres le payèrent 30 pièces d'argent pour sa trahison (Matthieu 26:25) mais prit de remords il se pendit (Matthieu 27:5). Mais ce fait n'est pas certain car il est possible qu'il fut assassiné car Luc écrit : "Cet homme, ayant acquis un champ avec le salaire du crime, est tombé, s'est rompu par le milieu du corps, et toutes ses entrailles se sont répandues" (Actes 1:18). Il serait mort entre 30 et 33 de notre ère.

Bien entendu Judas l'Iscariote n'est pas l'auteur de l'Évangile de Judas qui est un apocryphe gnostique rédigé en grec au IIe siècle. Dans ce texte, on peut lire que Jésus se sacrifia en demandant à Judas de le livrer, ce qui appuye l'idée que Judas trahit Jésus à sa demande.

Évidemment, aucune relique n'a été conservée et il n'est pas fêté. Mais selon la tradition, il fut enterré à Akeldama dans la Géhenne (Guei Hinnom) ou vallée d'Hinnom située juste à l'extérieur et à l'est de la vieille ville de Jérusalem, au sud du mont Sion et correspondant aujourd'hui au Wadi er-Rababi.

Notons que selon le livre d'Enoch (vv.54:1-2), la Guéhenne est un lieu maudit parmi toutes les vallées saintes, le lieu des tourments éternels après le Jugement Dernier, ce que confirma aussi le prêtre et scribe Esdras (vv.7:33-44).

Matthias

Après la mort de Judas l'Iscariote, l'Assemblée des 120 Prêtres proposa divers disciples pour remplacer Judas l'Iscariote. Il ne resta finalement que deux candidats : Joseph Justus dit Barsabbas et Matthias. Après que Pierre eut récité les Écritures et les prophéties du Roi David (Actes 1:15-26; Psaumes 69:25 et 109:8), Matthias qui signifie "don de Dieu" fut désigné par le sort (Actes 1:26). Selon la Bible, Matthias avait suivi Jésus "depuis le baptême de Jean, jusqu'au jour où il a été enlevé" (Actes 1:22).

Matthias aurait porté les paroles de l'Évangile jusqu'aux bords de la mer Caspienne et en Cappadoce (le centre de l'Anatolie en Turquie).

Selon les traditions, saint Matthias mourut soit en martyre, lapidé puis décapité à la hache à Jérusalem, soit il serait décédé de cause naturelle vers l'an 80.

Ses reliques seraient conservées dans l'abbaye Saint-Matthias de Trèves (Trier) en Allemagne. Sa fête est célébrée le 14 mai.

A gauche, l'apôtre Matthias peint par Pierre Paul Rubens (1577-1640). Huile sur toile de 108x84 cm exposée au Musée du Prado à Madrid. A droite, l'apôtre Paul peint par Pierre Paul Rubens (1610-1612) également exposé au Musée du Prado.

Paul

De son vrai prénom Saul, il était originaire de Tarse, en Turquie. A l'origine, il ne faisait pas partie des douze apôtres. C'était un Pharisien de culture greco-romaine et persécuteur de l’Église qui est devenu "l'Apôtre des Païens" (Galates 1:1; Romains 11:13; 1 Corinthiens 1:1; 9:1; 15:9; 2 Corinthiens 12:12; 1 Timothée 2:7). Selon la tradition, Jésus lui apparut sur le chemin de Damas. On connaît sa vie essentiellement à travers les Actes des Apôtres écrits par Luc et par les différentes Épîtres que Paul écrivit aux différentes Églises (communautés chrétiennes) qu'il fonda au cours de son périple autour de la Méditerranée orientale et la mer Égée.

Saint Paul peint par Antonio del Castillo y Saavedra (1616-1668) vers 1650. Huile sur toile de 123.5x93 cm exposée à la Galerie Caylus à Madrid.

L'Église lui attribue de nombreuses Épîtres mais sept lettres seulement seraient authentiques. On y reviendra à propos de la constitution du canon du Nouveau Testament.

Nous verrons à propos de la querelle paulienne et du rôle de Paul dans la foi chrétienne que la théologie du christianisme repose en grande partie sur l'enseignement de Paul qui reprenant les paroles de Jésus, justifie sa doctrine par la foi, l'espérance, prêchant l'amour du prochain quelle que soit son origine et que le Christ est ressuscité pour sauver l'humanité.

Ceci dit, vers la fin de sa vie, alors qu'il avait déjà plus de 50 ans et prêchait depuis vingt ans la venue prochaine du royaume de Dieu (cf. ses Épîtres aux Romains ou aux Corinthiens), Paul ne voyant pas la Fin du monde arriver comme on lui avait enseigné, il commença à douter et préféra mourir pour rejoindre le Christ que de vivre dans ce monde de païens, avouant que "Christ est ma vie, et la mort m'est un gain" (Philippiens 1:21). Ce sentiment peut en partie expliquer son attitude moins retenue et les risques qu'il prit durant les dernières années où il prêcha, notamment à Corinthe et à Rome où ses idées monothéistes et apocalyptiques n'étaient pas toujours bien acceptées. Le temps pressant, Paul voulait à tout prix convertir le plus grand nombre de païens, ne faisant aucune distinction entre juifs et non-juifs, les hommes et les femmes, tout à l'inverse de la misogynie que certains lui ont attribué à tord en sortant certaines de ses phrases de leur contexte (1 Corinthiens 14:34-40) et où il se contredit d'ailleurs lui-même.

Selon la tradition, en l'an 60 Porcius Festus fut procurateur de Judée jusqu'à sa mort en 62. Selon la rumeur car les faits ne sont pas clairement établis, Paul qui était alors le leader chrétien le plus actif, aurait pénétré dans l'enceinte du Temple réservée aux juifs, une violation de la Loi condamnée par la peine capitale (sentence qui était même inscrite en grec à l'entrée du Temple à l'intention des païens). Suite à cet évènement sacrilège qui se serait produit en présence de Jacques le Juste et d'autres disciples qui n'ont pas prit sa défense suite à des divergences théologiques, en 61 Porcius Festus fit arrêter Paul et l'interrogea à Césarée. Voyant sa mort venir, Paul revendiqua sa citoyenneté romaine pour être jugé à Rome, ce qui fut accepté mais où Luc, dans les Actes des Apôtres, perd un peu sa trace.

On sait que Paul resta deux ans en liberté surveillée et continua à convertir des païens. Puis il recouvra la liberté et en profita pour aller en mission à Éphèse notamment. Ensuite, il fut de nouveau arrêté vers 64 pour subversion et de nouveau conduit à Rome où il plaida sa cause et fut de nouveau libéré. Ne se sentant plus en sécurité en Italie ni en Grèce, il poursuivit sa mission d'évangélisation en Orient. Finalement, Paul fut arrêté en 1964 et reconduit à Rome pour avoir soi-disant participé à l'incendie de Rome avec d'autres chrétiens. Mais historiquement rien n'atteste le lien entre Paul et ces évènements.

Une seule chose est sûre, dans l'esprit des Romains l'enseignement de Paul était porteur d'un message politique car en proclamant que Jésus régnait au royaume des Cieux et qu'il n'existait qu'un seul Dieu et Seigneur, Paul défiait ouvertement l'empereur qui par tradition était également d'ascendance divine. De plus, le panthéon romain était indissociable de la vie culturelle et sociale des citoyens romains pour lesquels il était inconcevable de remplacer leurs divinités par un dieu unique dont Jésus, un simple religieux d'un pays conquis serait le Fils et messager. Pour l'empereur, l'émergence du christianisme était donc un mouvement d'opposition potentiellement dangereux pour l'Empire à rayer d'urgence de la surface de la terre, en commençant par ses prêcheurs.

Paul discutant avec des religieux à Rome.

Selon la tradition, Paul fut condamné à mort entre 65 et 67 et conduit à la sortie de Rome, sur la Via Ostiense, entouré de convertis. Il fit une dernière prière en hébreu puis fut décapité. Son corps fut inhumé à environ 3 km du lieu de son martyre. La persécution des chrétiens ne faisait que commencer.

Mais en réalité, on ignore comment mourut Paul qui disparaît simplement des textes bibliques. Paradoxalement, Luc n'évoque pas la mort de Paul. La raison serait qu'il n'a pas voulu avouer au lecteur que le porte-parole de Jésus fut décapité sur ordre de l'empereur. En effet, cela revenait à reconnaître la toute-puissance de l'Empire romain sur le pouvoir de Dieu et du Christ et à faire de la contre-publicité pour le christianisme naissant dont les premiers adeptes auraient très bien pu rejeter la doctrine en apprenant le funeste sort que leur réservait Rome.

Les reliques de saint Paul seraient conservées dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome. En juin 2009, le pape Benoît XVI (Mgr Ratzinger) annonça qu'un examen indépendant et en aveugle réalisé au carbone-14 avait permis de dater de petits fragments d'os trouvés dans le sarcophage de marbre du Ier ou IIe siècle de notre ère. Séduits par cette conclusion, plus d'un cardinal croient qu'il s'agit effectivement des reliques de saint Paul mais rien ne le prouve scientifiquement.

Rappelons qu'à l'instar de Paul, les Évangélistes Marc et Luc ne font pas partie des douze apôtres. Tous deux sont des contemporains de Paul avec lequel certaines sources prétendent qu'ils auraient prêchés. Ce sont donc des auteurs de la deuxième génération qui n'ont pas connu Jésus et relatent des faits de sources indirectes.

Jacques le Juste

Son nom juif était Ya’acov HaTsadik (Jacob le Juste) en raison de sa droiture. C'était le fils d'Alphée et l'un des quatre "frères" ou plus vraisemblablement demi-frère de Jésus : "N'est-ce pas le fils du charpentier ? N'est-ce pas Marie qui est sa mère ? Jacques, Joseph, Simon et Jude, ne sont-ils pas ses frères" (Matthieu 13:55). A part ce bref verset, les textes apostoliques n'y font jamais référence sauf comme chef de la communauté de Jérusalem (voir plus bas), ce qui explique aussi la confusion avec les autres Jacques.

Les principales sources documentaires que nous possédons sont chronologiquement un bref commentaire de l'historien juif romanisé Flavius Josèphe écrit en 93 de notre ère : "[Anan] réunit un sanhédrin, traduisit devant lui Jacques, frère de Jésus appelé le Christ" ("Antiquités Judaïques", Livre XX, 200).

C'est l'écrivain Hégésippe en 115 qui surnomma Jacques le Juste pour éviter de le confondre avec les apôtres homonymes et ensuite le Père de l'Église Clément d'Alexandrie repris cette expression en 150.

Plus tard, Eusèbe de Césarée (IVe.s.) qualifie également "Jacques, celui qu'on dit frère du Seigneur" (Histoire ecclésiastique", Livres II, ch.I, 2. Voir aussi Livre II, ch.I, 5 et dans le Livre III) qu'il distingue clairement de "Jacques, frère de Jean" (Livre II, ch. IX, 1).

Épiphane de Salamine (IVe.s) le cite également lorsqu'il décrit les différents mouvements religieux dont les Nazoréens et autres Ébionites : ""Jude" est notre Jude, le frère de Jacques, et appelé le frère du Seigneur" ("Panarion", version anglaise, p100, 11.3. Voir aussi p125, 3.9 et p132, 2.6).

Dans son livre "De viris illustribus" écrit entre 392 et 393, saint Jérôme le présente également comme "le frère du Seigneur" ("Des hommes illustres", ch.2). Jacques le Juste est également appelé Adelphos en grec, ce qui signifie le "frère".

Une icône de Jacques le Juste. Document Pravoslavie.

Enfin, Jacques est également présenté comme le frère de Jésus dans des manuscrits apocryphes des gnostiques chrétiens découverts à Nag Hammadi dont le "Protévangile de Jacques" écrit vers 145 et "l'Évangile des Égyptiens" écrit en gec au IIe siècle. On l'évoque également dans le Codex V comprenant les deux "Apocalypes de Jacques" (tome 1 et tome 2) bien que dans le premier tome l'auteur écrive à propos de Jacques : "tu n'es pas mon frère selon la matière” (tome 1, 24.14), ce qui est une provocation de sa part envers les communautés de Qumrân et le signe qu'il veut s'en démarquer et développer sa propre théologie.

Bien que des spécialistes, archéologues et théologiens ainsi que des religieux des trois confessions évoquent cette fraterie familiale dans leurs cours, leurs livres ou des sites Internet, officiellement l'Église a toujours refusé d'admettre cette filiation, n'y voyant qu'un membre de la famille élargie de Jésus (où tout le monde était "cousin germain" et par extension "frère" ou "soeur"). On y reviendra à propos des frères et soeurs de Jésus. En fait, quand cela l'arrange, la Curie romaine tient compte de l'avis des Pères de l'Église et des traditions mais écarte ces mêmes sources historiques quand elle estime arbitrairement que cela ne va pas dans le sens de sa doctrine.

Aujourd'hui, la situation est devenue ubuesque et frise le surréalisme quand on constate que même dans les descriptifs des différentes Églises, des galeries d'art et des musées, Jacques le Juste est parfois confondu avec Jacques le Majeur ou avec Jacques le Mineur (qui est aussi le fils d'un Alphée) du fait que les textes originaux ne mentionnent pas les patronymes ni systématiquement leurs relations familiales. De plus jusqu'au XXe siècle, Jacques le Juste n'était pas considéré comme le frère de Jésus puisque l'Église prétendait que Jésus était enfant unique. Etant donné que "l'Église ne se trompe jamais", la question était entendue. Aujourd'hui, c'est parfois par recoupement avec d'autres textes comme les Actes des Apôtres qu'on déduit que l'auteur évoque tel ou tel Jacques présent à tel endroit.

En fait nous verrons à propos de la querelle paulienne et de la doctrine chrétienne que c'est saint Jérôme qui est à l'origine de cette confusion entre les différents Jacques et institua littéralement cette problématique non pas au sein de l'Église mais entre les experts.

Pour plus de détails, le lecteur pourra se reporter au livre "Jacques, frère de Jésus" (2003) de Pierre-Antoine Bernheim ainsi qu'à l'article "Essays on James the Brother of Jesus" (2001) de l'archéologue James Tabor de l'Université de Nord Caroline qui a également essayé de démêler ce noeud gordien.

Selon la tradition, Jacques le Juste était sceptique concernant la nature divine de son frère Jésus : "Car ses frères non plus ne croyaient pas en lui" (Jean 7:5). Il y a d'autres passages qui indiquent que les frères de Jésus pensaient qu'il était peut-être fou ou avait perdu la raison (Marc 3:21; 3:30; 6:3). Toutefois dans d'autres textes, le frère de Jésus est inclus dans la liste des croyants présents dans la Chambre Haute avant la Pentecôte (Actes 1:13-14) et l'apôtre Paul le présente comme le chef des chrétiens (1 Corinthiens 9:5). Cela suggère qu'un changement de foi eut lieu durant sa vie et qu'il a fini par croire en la divinité de Jésus. L'occasion la plus probable est la résurrection.

Dans le Nouveau Testament, il y a des indices indiquant que Jacques le Juste était le chef de l'Église de Jérusalem. Paul se réfère à "Jacques le frère du Seigneur" comme représentant la communauté de Jésus et le liste donc parmi les apôtres (Galates 1:18-19). Ensuite, lors du premier concile de l'Église de Jérusalem, Jacques le Juste était de toute évidence le dirigeant (Actes 12:17; 15:13 et 21:18). Enfin, dans les Épîtres, Paul parle de Jacques, Pierre et Jean comme des "colonnes" (piliers) de l'Église (Galates 2: 9).

Ensuite, comme nous l'avons expliqué à propos de la querelle paulienne, dans l'Évangile selon Thomas rédigé vers 140-250 mais que la Grande Église écarta du canon, il est écrit dans le 12e logion à propos de Jésus : ""Nous savons que tu nous quitteras. Qui sera notre guide alors ?" Jésus leur dit : "Où que vous alliez, vous irez vers Jacques le Juste, pour qui le ciel et la terre ont été créés"". Jésus transfera logiquement le rôle de chef de famille et de chef de sa communauté à son frère cadet.

Aussi, après la disparition de Jésus, Jacques le Juste accéda au rang de grand prêtre et dirigea l'Église de Jérusalem dans les années 50. Étant donné que sa vision de l'évangélisation et de la doctrine de Jésus respectait bon nombre de règles de la Loi juive, il s'opposa rapidement à la théologie de Paul et à la culture des païens convertis.

Vers la fin des années 50, Paul fut sommé de s'expliquer face à Jacques le Juste sur sa manière peu orthoxode d'enseigner la doctrine de Jésus et dut se repentir (Actes 21:17-26), du moins en apparence. C'est la dernière fois que Paul vit Jacques le Juste. En effet, suite à une contestation qui eut lieu peu après dans le Temple de Jérusalem, Paul fut arrêté mais ni Jacques le Juste ni les anciens comme le dit le texte n'ont fait un geste pour lui venir en aide. Visiblement, les deux groupes d'évangélistes ne partagaient plus la même vision de la doctrine de Jésus.

Quoiqu'il en soit, à une époque ou la Judée était en proie à des révoltes et au chaos, suite à la mort du procurateur Porcius Festus et en l'absence temporaire de son remplaçant, le jeune roi Hérode Agrippa II profita de la vacance juridique romaine pour démettre le grand-prêtre Joseph Cabi du Sanhédrin et nommer à son poste le grand-prêtre Hanan ben Hanan (Ananius ben Anân dit Ananos), fils d'Anne (celui qui interrogea Jésus) et le beau-frère de Joseph Caïphe, du parti Sadducéen.

Le mouvement Nazaréen étant toujours mal perçu par le Sanhédrin, Ananos que Flavius Josèphe qualifie d'"inflexible" ("Antiquités Judaïques", Livre XX, IX, 199-200) ou dans d'autres traductions de "plus cruel de tous les Juifs", en profita pour immédiatement arrêter quelques opposants dont Jacques le Juste et plusieurs disciples sous prétexte d'avoir transgressé la Loi.

Jacques le Juste mourut en martyre. Selon Flavius Josèphe ("Antiquités Judaïques", Livre XX, IX, 200) et Origène, il fut lapidé en 62 sur ordre du souverain sacrificateur Ananos. Mais cette sentence exige un acte particulièrement grave. Si on relit le Deutéronome (Dt 13:7-11; 17:3-5), pour les Sadducéens il suffisait qu'un juif ait prononcé le tégragramme YHWH ou fut coupable d'idolâtrie voire même d'égarer le peuple (par exemple en prétendant que Jésus était le Messie) pour le lapider à mort. On en déduit que Jacques le Juste fut condamné pour avoir soi-disant blasphémé le nom de Dieu car il n'a apparemment jamais cru en Jésus, mais visiblement il représentait une menace pour le haut clergé juif.

Notons que cette sentence révolta certains juifs qui adressèrent une plainte au roi Hérode Agrippa II et au procurateur Albinus. Agrippa décida de destituer Ananos et nomma à son poste Jésus, fils de Damnaios.

Selon d'autres traditions (Eusèbe de Césarée, "Histoire ecclésiastique", Livre II, ch.I, 5 et Hégésippe cité par Eusèbe), soit on précipita Jacques le Juste du faît (la tour) du Temple (en 66) pour montrer au peuple qu'il n'avait rien à craindre de ce grand prêtre dissident puis on le tabassa à mort avec un bâton de foulon soit il fut décapité.

Dans tous les cas, sa dépouille fut immédiatement enterrée dans une fosse marquée par une pierre (peu probable s'il s'agit d'un fosse) ou inhumé en pleine terre. Il n'aurait donc pas eu d'ossuaire comme l'archéologue James Tabor l'a prétendu en découvrant l'ossuaire de Silwan à Jérusalem.

C'est Siméon, le fils de Clopas, qui assura la succession de Jacques le Juste à la tête de l'Église de Jérusalem (Eusèbe de Césarée, "Histoire ecclésiastique", Livre III, ch.XI). Selon Eusèbe qui cite Hégésippe, Siméon serait le frère de Joseph et donc le cousin de Jésus. Siméon mourut également en martyre sous le règne de l'empereur Trajan (98-117). Notons qu'Eusèbe de Césarée dressa la liste des 15 évêques qui dirigèrent l'Église de Jérusalem depuis Jacques le Juste jusqu'à la révolte de Bar Kokhba en 132 de notre ère.

Etant donné sa théologie projuive, l'image de Jacques le Juste resta longtemps embarrassante pour l'Église romaine jusqu'à ce qu'elle accepte de le canoniser sous le nom de Saint Jacques frère-de-Dieu. Sa liturgie apparut au IVe siècle mais le personnage ne fut identifé au "frère de Dieu" qu'au milieu du siècle suivant. Sa mémoire fut honorée jusqu'aux début des Croisades. L'Église de Jérusalem commémora sa fête le 25 décembre puis la déplaça le 26 décembre. Des reliques inventées pour l'occasion furent ensuite vénérées et une chapelle fut érigée dont les fêtes commémoratives eurent respectivement lieu les 25 mai et 1 décembre. Comme ce fut le cas pour d'autre saints, sa fête fut déplacée à plusieurs reprises dans le calendrier liturgique et est à présent fixée au 3 mai.

Marie-Madeleine

Les Évangiles évoquent brièvement Marie-Madeleine (Marie de Magdala), notamment lors de son arrivée chez le pharisien Simon où Jésus était invité et dont elle lava les pieds (Luc 7:36-49), sa relation avec Jésus qu'elle appelle "Rabbouni" (Jean 20:16) qui est le diminutif affecteux de Rabbi, le Maître, sa présence au pied de la croix et le fait qu'elle fut la première témoin de la résurrection du Christ (Jean 20:11-18). Selon la tradition, c'est l'une des rares disciples qui resta jusqu'à la fin avec Jésus alors même que les apôtres l'avaient renié ou avaient fui de peur de subir le même sort.

A gauche, gros-plan sur Jésus et Marie-Madeleine extrait de la fresque murale "La dernière Cène" peinte par Tattéo Gaddi (1290-1366), dont voici une vue générale de la partie inférieure mesurant 11 mètres de longueur, exposée dans le réfectoire de la basilique Santa Croce à Florence. Notez la gloire qui entoure la tête de Marie-Madeleine à une époque où l'Église considérait encore son personnage comme une prostituée (du VIe au XXe.s.). A droite, peinture du Christ apparaissant à Marie Madeleine après la Résurrection peint par Le Titien (Tiziano Vecellio) vers 1514. Huile sur toile de 110.5x91.19 cm exposée à la National Gallery de Londres.

Quelques traditions antiques évoquent tout aussi brièvement le rôle ou les qualités de Marie-Madeleine dont certains textes gnostiques et des apocryphes comme "l'Évangile de Marie" (c.150), "l'Évangile selon Philippe" (IIIe.s.), la "Pistis Sophia" (un gnostique du IIIe.s.) et "l'Évangile selon Thomas" (I-IIe.s.). Mais cela se résume souvent à un seul ou deux paragraphes de quelques lignes. Aucun autre texte n'évoque la vie des disciples femmes proches de Jésus, leurs actes ou leur décès.

Rappelons que c'est la Grande Église à l'époque d'Irénée (IIe siècle) qui écarta Marie-Madeleine des Évangiles, puis le pape Grégoire 1er le Grand (540-604) qui lui colla l'image de la prostituée qui fut attachée à sa personne jusqu'au concile Vatican II en 1969. Ce n'est qu'en 2012, après avoir restauré l'honneur de Marie-Madeleine que la Congrégration du culte divin éleva sa mémoire au rang de fête liturgique célébrée le 22 juillet.

La face Nord du massif de la Sainte-Baume dans le Var (F) qui culmine à 1148 m et s'étend sur 12 km. Au milieu de la falaise se trouve la grotte abritant le sanctuaire dédié à Marie-Madeleine et au sommet, la chapelle de Saint-Pilon.

Selon une tradition provençale, après la résurrection de Jésus, chassés par les persécutions contre les juifs et la Maison de David, Marie-Madeleine, Marthe, Lazare et leurs compagnons furent contraints de s'exiler. Le groupe aurait pris la mer dans une barque qui dériva sans voile ni rames. Ils auraient touché terre en Gaule, dans la ville qui deviendra Sainte-Marie-de-la-mer, en Provence. Marie-Madeleine resta un moment avec Lazare et prêcha à Marseille avant de trouver refuge dans une grotte située à Sainte-Baume dans le Var, sur le versant Nord d'une falaise culminant à environ 1100 m que l'on voit à droite.

Selon la tradition, elle y passa les 30 dernières années de sa vie à prier et à faire pénitence. La légende prétend que sept fois par jour, des anges la transportaient au sommet de la falaise où fut construite la chapelle de Saint-Pilon. Le site est aujourd'hui un lieu-saint de pelerinage. Il va de soi que la grotte n'est accessible qu'à pied grâce à un long sentier de randonnée et un escalier en pierre zigzaguant et assez raide et se mérite. 

Notons qu'au bas de la falaise se trouve une forêt primaire très prisée des botanistes.

En 1279, Charles II d'Aujou, neveu du roi Saint Louis découvrit les reliques de Marie-Madeleine sous le sol de l'Église de Saint-Maximin datant de l'époque romane. A cette occasion, on découvrit plusieurs sarcophages remontant au IVe siècle. Les restes attribués à Marie-Madeleine furent découverts dans le sarcophage de Saint Sidoine et furent authentifiés comme tels par le pape Boniface VIII. Ensuite, le Comte de Provence fit ériger la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume située à 16 km au nord-est du massif de la Sainte-Baume qui fut achevée en 1532.

La basilique abrite le sarcophage de Marie-Madeleine ainsi qu'un reliquaire datant du XIXe siècle contenant son crâne et un fragment de chair de son front. Les reliques ont disparu lors de la Révolution française puis ont réapparu sans qu'on sache par qui ni comment.

Les reliques furent analysées pour la première fois en 1974 mais sans grand succès. Puis en 2017, comme l'ont expliqué les reporters des webzines du "National Geographic" et "News" d'Australie, une reconstruction 3D du crâne basée sur plus de 500 photographies prises sous différentes angles fut réalisée sur ordinateur par l'artiste français Philippe Froesch de Visualforensic en collaboration avec l'anthropologue et pathologiste français Philippe Charlier. Les résultats montrèrent que le crâne est celui d'une femme âgée d'environ 50 ans et d'origine méditerranéenne. La forme du nez et des autres détails du visage reconstitués ainsi que le cheveux retrouvé sur le crâne suggèrent que la défunte avait la peau sombre. Toutefois, l'Église a refusé qu'on extrait un morceau du crâne pour le dater. Comme quoi l'Église romaine n'est pas encore prête à reconnaître toutes ses éventuelles erreurs et préfèrent sa vision dogmatique et aveugle, ce qui ne plaide pas en sa faveur. Reste à espérer qu'on puisse un jour procéder à une analyse ADN qui permettrait de préciser l'origine géographique de la défunte.

A voir : Reconstruction du visage de Marie-Madeleine, NGS

A gauche, le reliquaire contenant le prétendu crâne de sainte Marie-Madeleine conservé dans la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, dans le Var en France. A droite, la reconstruction du visage réalisée en 2017 par l'artiste français Philippe Froesch en collaboration avec l'anthropologue et pathologiste français Philippe Charlier. Il correspond à celui d'une femme d'environ 50 ans d'origine méditerranéenne. Actuellement, ni l'Église ni la Science ne permettent d'en savoir plus. Documents de la basilique Sainte-Marie-Madeleine et Philippe Charlier/Philippe Froesch/Visualforensic colorisé par l'auteur.

La basilique Sainte-Marie-Madeleine abrite également les sarcophages des Saints Innocents dont on est pratiquement sûr que l'évènement concerné décrit dans la Bible est une légende. On peut donc se poser la question de l'authenticité des reliques et du sarcophage attribués à Marie-Madeleine (comme ceux de la plupart des autre saints).

Bien entendu des chrétiens célèbres comme Bernard Gui, Philippe de Cabassole, Charles II, les prélats, les bénédictins et les dominicains qui en ont la charge depuis 1295 ont tous affirmés que les reliques étaient authentiques. Il existe même un site Internet français consacré à Marie-Madeleine qui prétend toujours que la tradition provençale repose sur des faits réels. Si la découverte des sacrophages et de leur contenu l'est certainement, tout le reste n'est que croyances et spéculations tant que le crâne n'a pas été daté et authentifié.

Rappelons qu'on découvrit également dans la tombe de Talpiot, près de Jérusalem, un ossuaire portant apparemment le nom de Marie-Madeleine contenant quelques fragments d'os. Toutefois, suite à une nouvelle interprétation du texte, cette attribution fut contestée par la suite et il semble aujourd'hui que cet ossuaire était celui de Marie et Marthe, sans pour autant le certifier.

Malheureusement, l'enquête s'arrête ici car les scientifiques n'ont pas reçu l'autorisation d'analyser le crâne du reliquaire et ne peuvent donc pas vérifier s'il existe un lien avec les fragments découverts à Talpiot. Ceci dit, sur le plan scientifique il n'existe aucune preuve historique de la présence de Marie-Madeleine en Europe. Comme la mère de Jésus, elle s'est probablement refugiée en Galilée auprès de sa famille.

Enfin, rappelons que la fête de Marie-Madeleine est célébrée par les Églises catholique et orthodoxe le 22 juillet.

Rappelons également que d'autres femmes furent les disciples de Jésus dont Marie de Clopas (la fille de Clopas dite Marie de Jacques car c'était la mère de Jacques) et Salomé qui assistèrent à la crucifixion de Jésus, visitèrent sa tombe après la Pâque et furent témointes de sa résurrection. Voici un gros-plan de "La Descente de la Croix" où figure Marie de Clopas et de Salomé peintes par Rogier van der Weyden vers 1435-1438. Le tableau est exposé au Musée du Prado.

Nous verrons à propos du Crédo et du schisme des Églises que les protestants et autres fidèles des Églises réformées ne partagent pas ce culte de la personnalité et ne célèbrent pas les Saints ni toutes les fêtes liturgiques auxquelles sont habités les catholiques et les orthodoxes. En revanche, contrairement à l'Église catholique, les protestants reconnaissent le rôle des femmes dans l'Église. On y reviendra à propos des premières femmes chrétiennes.

Pour plus d'informations

Marie-Madeleine, du mythe à la réalité (sur ce site)

Les premières femmes chrétiennes (sur ce site)

Art and the Bible

Tutt Art

Top of Art.

Retour aux Religions

Page 1 - 2 -


Back to:

HOME

Copyright & FAQ