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2050 : La Terre en héritage

Propective (II)

La plupart des objectifs définis dans les années 1960 et 1970 concernant le développement humain et la protection de l'environnement ont été réaffirmés dans les années 1990, 2000 et enore l'année dernière, soulignant qu'ils n'avaient toujours pas été atteints, et l'étaient de moins en moins !

Les exemples les plus flagrants sont l'éradication de la pauvreté, de la faim, de l'analphabétisme, des discriminations, sans oublier la protection des ressources naturelles menacées, des habitats et des espèces. Les espoirs d'aboutir à des tendances durables plus équilibrées dans les prochaines décennies sont mitigés et même plus proche de l'illusion malgré les bonnes paroles mais qui sont rarement accompagnées d'actions concrètes.

Les tendances et les projections dans certains secteurs clés indiquent que nous devons plus que jamais nous soucier du lendemain, au risque d'offrir à nos petits-enfants un monde très inhospitalier à bien des égards.

A consulter : The Limits to Growth ou rapport Meadows, 1972

Croissance, taux de pauvreté et la faim dans le monde

A gauche, les tendances et les limites de la croissance telles qu'elles furent analysées dans le rapport Meadows en 1972 par le Cercle de Rome (voir l'article sur les activistes écologistes). Au centre et à droite, les tendances de la pauvreté (centre) et de la faim (droite) dans le monde. Les lignes pointillées à droite représentent le progrès à réaliser pour rejoindre l'objectif de 2015. Bien que la tendance soit au déclin, 8 millions de personnes meurent chaque année dans le monde du fait de leur pauvreté dont près de 95% sont des enfants. Documents D.Meadows et al. adapté par T.Lombry, Banque Mondiale (WB) et FAO.

Dans le cadre du développement durable, la persistence des tendances actuelles tend à confirmer que l'indifférence reste de règle dans les pays riches et que l'expression "business-as-usual" persiste au sein du G8, principalement du chef des Etats-Unis. Cela conduira inéluctablement au développement et à l'accentuation de la pauvreté et au déclin de la qualité de vie de nombreuses régions en développement, tout spécialement dans les zones urbaines à forte densité de population (les mégapoles) où nous assistons à une compétition toujours plus forte pour le droit d'usage des ressources naturelles qui conduit inexorablement à une dégradation du milieu (Indonésie, Chine, Russie, Amérique latine, ...).

La persistence et l'augmentation de l'état de pauvreté minent le développement socio-économique dans de nombreuses régions du monde. Dans certains pays, le mécontentement social alimenté par une inéquité des revenus empêchent l'Etat de gouverner et le secteur privé de mener à bien ses affaires (Afrique subsaharienne, Asie du Sud-Est, Amérique latine, ...). L'appauvrissement social se ressent également dans les autres classes de la population, y compris dans les pays les plus riches, l'Etat ne pouvant plus assurer certaines taches sociales (justice équitable, qualité des soins hospitaliers, remboursement des soins de santé, pension, indemnités de chômage, etc).

Les revenus par habitant dans les pays en voie de développement ne sont pas prêts d'égaliser ceux des pays développés en valeur absolue, la disparité des revenus entre ces deux groupes et au sein même de ces pays s'accentuant.

Les inégalités des revenus dans le monde

Inégalités des revenus entre les pays (gauche) et PNB par habitant comparé à celui de l'OCDE (droite). Si l'Asie a pu réduire les inégalités des revenus par rapport aux pays les plus riches, l'Afrique subsaharienne et l'Amérique latine voient la fracture s'accentuer, en d'autres termes ils s'apauvrissent. Documents Banque Mondiale (WB) et ONU.

La croissance de la population et l'urbanisation sont souvent plus rapides dans les pays à faible revenus et en voie de développement qui manquent de ressources pour fournir l'infrastructure et les services sociaux essentiels à leur population et promouvoir la croissance de l'emploi, de l'économie et l'amélioration de la santé. La croissance de la population, combinée à la pauvreté rurale et une insécurité de la gestion des terres mises en location sont des facteurs contribuant à la déforestation et la dégradation des sols. La population urbaine augmente, la migration des zones rurales vers les centres urbains également, mettant en exergue un nouveau problème, celui de la surcharge logistique et financière sur les administrations publiques, spécialement dans les pays sous-développés (Inde, Afrique subsaharienne, Ouest Amérique latine, ...) mais également dans quelques pays développés comme la Chine ou le Brésil.

Pollution urbaine et développement

Partout dans le monde, on constate que les villes en début de phase d'industrialisation et d'urbanisation subissent une forte augmentation de la pollution de l'air qui résulte en grande partie de la consommation des énergies fossiles par l'industrie et les moteurs des véhicules sans contrôle des émissions. 

A mesure que le niveau de vie s'améliore, l'amélioration de la qualité de l'air devient une priorité et des mesures de contrôle des émissions nocives sont mises en place et renforcées, réduisant la quantité de particules solides et de dioxyde de souffre dans l'atmosphère. De nos jours, dans les grandes villes des pays en voie de développement, les niveaux de particules en suspension dans l'air sont plus de 5 fois supérieurs à ceux des pays développés. Document OMS.

La consommation des énergies fossiles dans les pays industralisés se stabilise lentement mais de nombreuses émissions polluantes continuent à augmenter, tout spécialement les émissions de dioxyde de carbone responsables du réchauffement global (USA, Australie, Russie, Chine, Europe, ...). La croissance économique rapide de nombreux pays développés conduit à d'importantes pollutions de l'environnement à l'échelle locale et régionale dont on se préoccupe peu des effets nocifs sur la santé humaine. La consommation d'énergie devrait doubler dans le monde en 2050 et avec elle la dégradation du milieu et indirectement les soins de santé liés aux effets de la pollution.

Evolution des volumes agricoles et de pêche

Dans les pays développés l'importation des céréales est en hausse (gauche) et augmente plus rapidement que la production. Les plus grands importateurs sont les pays disposant de peu de champs en friche et de peu de ressources en eau (Afrique du Nord, Asie du Sud-Est). A l'avenir la demande de poisson (droite) restera élevée mais il faudra développer l'aquaculture plus intensivement encore et préserver les ressources de nos eaux douces et les biotopes associés. Documents FAO.

La dégradation rapide et continue des ressources naturelles essentielles, sur lesquelles l'activité économique et la vie elle-même reposent (ressources minérales, énergies renouvelables et non renouvelables) représente le risque le plus sérieux pour le bien-être et l'avenir de l'humanité. La contamination des sources d'eau douce, la destruction des terres arables, l'épuisement des zones de pêche (marine et d'eau douce) ainsi que des forêts réduisent les richesses renouvelables des pays et donc les chances leur permettant de se développer à l'avenir (Russie, Afrique, Asie du Sud-Est, Chine, ...).

Il faut ajouter à cela l'augmentation des catastrophes naturelles. Le coût économique des désastres naturels suit une courbe exponentielle comme le montre le graphique présenté ci-dessous. Il ne reprend que les plus grandes catastrophes (tremblement de terre, tsunami, éruption volcanique, cyclone, etc), celles que les pays concernés ne peuvent pas gérés seuls et nécessitant une assistance inter-régionale ou internationale. Dans la plupart des cas, la faute est à rejeter sur les autorités qui reportent les problèmes au lendemain, notamment en gérant le territoire sans se préoccuper des risques potentiels et qui n'assurent pas ou prou de contrôle sur la mise en application des règles de sécurité (construction, transport, etc). On pourrait bien sûr y ajouter les accidents nucléaires et les désastres écologiques (marées noires, pollution ou disparition des lacs, etc) qui ne viennent qu'ajouter des frais d'assainissement dans la ou les décennies qui suivent.

Coût économique des désastres naturels

Le coût économique des plus grands désastres naturels augmente de manière exponentielle depuis 1950. La mauvaise gestion du territoire, le non respect des règles de sécurité et le laxisme des autorités sont les principaux responsables de cette situation. Document UNEP.

Le réaménagement et la substitution des ressources perdues (par l'importation de nourriture ou de moyens de purification de l'eau, aquaculture, etc) imposent des charges financières supplémentaires pour les Etats et les industries. Le déclin ou la perte de ces ressources, et en particulier associé à l'augmentation de la population pauvre et désoeuvrée, induit une pression accrue sur la compétition et le démembrement social. Si l'Etat ne trouve aucun moyen pour enrayer le déclin de sa société, il risque de devoir affronter des conflits sociaux qui peuvent conduire à des guerres civiles et au renversement du pouvoir.

A lire : L'eau, l'or bleu

Consommation et ressource d'eau douce

A gauche, volumes d'eau utilisés dans le monde par les différents secteurs du marché. A droite, ceux qui bénéficient des plus grandes réserves d'eau douce (en haut) ne sont pas ceux qui en ont le plus besoin (en bas). Documents World Water Council et World Development Indicators, Banque Mondiale, 2000.

La dégradation des ressources est le facteur qui présente les conséquences les plus graves et les plus vastes pour les pays en voie de développement présentant les plus faibles revenus. En effet, sans ressources ou si la ressource disparaît, la plupart de ces pays n'ont pas les capacités financières, technologiques ou institutionnelles pour réorienter leur économie vers une nouvelle structure viable en un temps raisonnable (nouveaux types de cultures, développement des services, ...). C'est tout un pays et des millions d'habitants qui courent à la faillite et a une asphyxie lente sans le support de la communauté internationale (Haïti, Cuba, El Salvador, etc, ...).

Prochain chapitre

Quelques indicateurs durables

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