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La Terre, une planète fragile

Ciel bleu, mer turquoise et plage de sable blanc à Tuvalu. Souvenez-vous bien de cette image car bientôt cet atoll paradisiaque va disparaître, noyé sous deux mètres d'eau.

Les réfugiés de l'environnement (IV)

Sous l'effet du réchauffement climatique, les atolls du Pacifique sont les premiers endroits touchés par l'élévation du niveau des mers. Mais cette élévation des eaux est inégale à travers le monde et à Hawaï par exemple, les habitants peuvent témoigner qu'ils n'observent pas d'élévation du niveau de la mer. On peut donc se demander pourquoi cette élévation n'est pas identique partout sur la planète ?

Variation du niveau de la mer

Trois facteurs influencent localement le niveau de la mer :

- la température : les eaux chaudes se dilatent plus rapidement que les eaux froides et occupent donc plus de volume. Par conséquent, le niveau des mers augmente plus sous les Tropiques

- le vent : les vents dominants dans une région diminuent ou amplifient le niveau de la mer et l'amplitude des vagues

- les courants océaniques : le réchauffement du climat peut induire des changements dans les courants océaniques et affecter localement le niveau de la mer

- la forme des côtes et les paramètres tectoniques peuvent également influencer la réponse locale au changement du niveau de la mer.

Le niveau de la mer peut se mesurer simplement avec une règle (une gauge), mais il ne représente pas nécessairement le "niveau zéro" qui dépend non seulement des marées et des facteurs précités mais également du niveau de référence. Mais quel est ce niveau de référence ? Il existe par exemple le niveau des fluides définit par l'équation d'équilibre de Laplace mais très théorique, le niveau plus réaliste définit par rapport au géoïde, le niveau zéro hydrographique établit pour les cartes maritimes, le niveau moyen à mi-marée, le niveau moyen MSL des cartes britanniques (mesuré à Newlyn en Cornouailles entre 1915 et 1921), le niveau français mesuré par le Marégraphe de Marseilles depuis 1883 ou par l'IGN en 1969, etc.

Aujourd'hui, toutes ces références sont obsolètes et ont été remplacées par des mesures précises du niveau de la mer par satellite, notamment par TOPEX/Poséidon lancé en 1992 complété par les satellites Jason et autre Sentinel qui permettent d'obtenir des mesures instantanées mais également d'établir des moyennes et des différences entre deux périodes.

A voir : Earth's sea-level keeps on rising (1993-2022)

A gauche, entre 1993 et 2022, le niveau moyen de la mer s'est élevé de 11 cm avec une moyenne de 3.3 mm par an et en hausse. Voir aussi la vidéo ci-dessus. Mais c'est une moyenne, car localement comme aux Maldives, le niveau de la mer s'est déjà élevé de 1.50 m. A droite, différence du niveau moyen des mers en 2011 par comparaison à la période 1993-2011. Documents Cosmoknoledge et NOAA adapté par l'auteur.

En moyenne pour l'ensemble du globe, entre 1993 et 2022 le taux d'élévation du niveau moyen de la mer fut de 3.3 mm/an, soit deux fois plus qu'entre 1870 et 1993 où il atteignit 1.70 mm/an selon le CSIRO. En première lecture, on pourrait conclure qu'au siècle dernier le niveau de la mer augmenta d'environ 1.7 m et qu'en 2100 le niveau de la mer pourrait augmenter de 3.2 m... Or les habitants des îles de l'archipel de Tuvalu par exemple situé dans le Pacifique pourraient nous dire qu'entre 1880 et 1980, localement la mer s'éleva d'environ 12 cm selon les mesures du CNRS. Nous sommes au moins 15 fois plus bas que la valeur estimée. Comment expliquer cette différence ? 

En fait ce n'est pas ainsi qu'il faut interpréter les mesures car les océans ne fonctionnent pas comme une seule masse liquide en équilibre. En réalité, malgré le fait que les océans soient connectés, comme on le voit sur la carte présentée ci-dessus à droite, on observe des différences d'élévation assez importantes d'un endroit à l'autre, variant en moyenne entre -20 et +20 cm en 2011. Ces valeurs ne correspondent pas pour autant aux valeurs réelles observées en ces différents lieux car il s'agit d'une moyenne anuelle; on peut donc mesurer localement des élévations instantanées dix fois supérieures par exemple (voir plus bas) mais qui sont lissées dans les statistiques car elles sont peu fréquentes.

De manière générale, entre 1870 et 1993, le niveau moyen des mers augmenta d'environ 1.70 mm tous les ans, passant du niveau 0 en 1870 à 190 mm en 1993. Notons que durant cette période, les mesures étaient réalisées au moyen de gauges. Entre 1993 et 2022, l'élévation s'est accélérée, atteignant 3.3 mm par an. Si on prend 1993 comme niveau zéro de référence, en 2022 le niveau moyen des mers était 11 cm plus haut. Ces mesures furent effectuées par satellite et les valeurs sont globalement deux fois plus élevées que celles mesurées avec des gauges et nous allons voir que ces valeurs moyennes sont loin de la réalité que vivent les insulaires.

Inventaire des zones inondées

Grâce aux mesures altimétriques effectuées par le satellite Jason, on constate que dans le Pacifique sud, en Polynésie, l'eau s'élève en moyenne de 2 mm par an mais peut être localement dix fois plus rapide que la moyenne mondiale. Ce phénomène n'est pas sans conséquence sur la vie des insulaires. Faisons un bref inventaire de la situation.

Sur l'archipel de Kiribati (2.5°S, 172°E) par exemple, constitué de 33 îles, les atolls émergent à 5 m seulement au-dessus du niveau de la mer. Sur certaines îles, les palmiers ont les pieds dans l'eau et les plages de sable blanc comme le récif ont disparu sous l'assaut des vagues.

Dans des pays où la survie dépend des humeurs de la nature, l'eau de mer est à ce point envahissante que certaines îles devront bientôt être évacuées.

Dans l'archipel des Maldives (3.15°N, 73°E) par exemple, en quelques décennies le niveau de la mer a augmenté de plus de 1.5 m ! Les plages disparaissent, les jetées sont englouties et les rues de la capitale sont inondées. Les canalisations se brisent sous l'assaut des vagues et les eaux usées se déversent directement dans la mer. La survie de ces communautés est condamnée à quelques années tout au plus. Indirectement le tourisme voit ses jours comptés dans cette région. Aujourd'hui, les habitants se réfugient sur les îles les plus hautes, ce qui leur donne un délai de 10 à 20 ans pour envisager des solutions plus durables.

Le Paradis sur Terre

Si nous n'agissons pas tout de suite pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, dans tous les archipels où les îles émergent à 5 mètres à peine au-dessus du niveau de la mer, les plages paradisiaques auront disparu au prochain siècle et avec elles la manne finance que représentent les touristes.

Bahamas,Eleuthera

Tuvalu

Maldives, Embudu

Indonésie, Doloda

Seychelles, La Digue

Tahiti

Documents AFP, sswebdesign, shc, voyages-photos.

Comme dans toutes les îles à fleur d'eau du Pacifique, non seulement l'eau monte, mais les rares terres fertiles disparaissent ainsi que les cultures et lors des grandes marées, les nappes aquifères sont envahies par l'eau salée. Dans ces conditions il est impossible de cultiver et de vivre sur ces îles pourtant paradisiaques. Parallèlement à la montée des eaux, il y a une pénurie d'eau potable (surtout en été) et on observe une augmentation des maladies de peau chez les enfants suite à la contamination des eaux douces. Tous ces effets sont désastreux et ont déjà conduit une fraction de la population à quitter à regret sa terre natale pour des îles plus accueillantes.

L'archipel de Tuvalu (8°S, 178°E) à son tour devient une terre d'exil et connaît aujourd'hui une situation critique qui se répétera dans les années à venir dans les îles Marshall, en Indonésie, sur les côtes indiennes notamment. Effleurant à 2 m à peine au-dessus du niveau de la mer, Tuvalu subit dramatiquement l'effet du réchauffement climatique. Sur certaines îles de Tuvalu, le littoral a perdu plus de 10 mètres de plage et beaucoup de palmiers ont été renversés par l'érosion. Les habitations construites en bordure de plage seront bientôt inondées. Aujourd'hui, lors des grandes marées d'équinoxes, certaines îles sont noyées sous l'eau de mer alors qu'il n'y avait que quelques flaques voici une décennie. Les cultures traditionnelles sont envahies par l'eau salée et dépérissent.

A consulter : South Pacific Island Reports (fichiers PDF)

South Pacific Sea Level and Climate Monitoring Project, Australia

A gauche, la carte de l'Océanie. Document Cartograf. A droite, deux photos de Tuvalu sous les flôts. Quand on parle de "Tuvalu" on entend généralement toute la région Pacifique qui s'étend entre les îles Marshall, Christmas (Kiritimati) et les Fiji. A gauche, inondation dans la capitale, Funafuti. A droite, comme un mauvais présage, le 28 février 2006 une marée exceptionnelle a recouvert la pelouse du centre météorologique de Funafuti. Document Dr. Mark Hayes. Neuf îles et 11000 habitants sont concernés par la montée des eaux et devraient être évacués. La Nouvelle Zélande et l'Australie discutent encore de la manière dont ils vont gérer ces réfugiés.

Actuellement, à Tuvalu le niveau de la mer augmente de 3 mm par an, soit 50% de plus que la moyenne observée au cours du XXe siècle. Par endroit l'eau s'élève de 3 cm par an ! A ce rythme dans quelques années, tout l'archipel devra être évacué !

Avec un PNB de 20 millions de dollars par an et un PIB par habitant de 1100$, dérisoire (20 à 30 fois moins qu'en Europe), ces populations désespérées appellent aujourd'hui la communauté internationale au secours ! Nous pouvons bien les secourir après le sinistre que nous avons provoqués !

Ces insulaires aimeraient aussi profiter de la vie comme les Occidentaux. Mais leur offre-t-on une chance de s'exprimer et agissons-nous en conséquence ? Aux Maldives par exemple, bien que le pays soit très touristique, le gouvernement ne dispose pas de suffisamment d'argent pour bâtir des barrages, des digues mobiles ou pour déplacer sa population en lieu sûr. Il a déjà investi tout ce qu'il pouvait pour renforcer la digue qui entoure aujourd'hui la capitale Malé ou pour stabiliser les plages de sable blanc mais il ne peut pas faire plus. L'Europe et le Japon notamment financent ci et là la construction d'habitations en lieu sûr, mais les Etats-Unis comme l'Australie restent sourds aux doléances de ces populations.

Voici quelques années, 43 pays insulaires se sont constitués en association pour faire entendre leur voie auprès de l'ONU. Leur but est d'infléchir la politique des Etats-Unis concernant ses émissions de gaz carbonique. Rappelons que les Etats-Unis émettent encore 30% du gaz carbonique mondial. Mais il semble que personne n'entende les plaintes des insulaires pour lesquels la montée inexorable des eaux correspond à du terrorisme orchestré par l'Occident.

A gauche, l'atoll de Malé, capitale de l'archipel des Maldives, entourée de sa digue. Cet ouvrage pharaonique protège les 85000 habitants du déferlement de vagues de 2 à 3 m de hauteur. Personne ne veut imaginer ce qui se passera si les vagues sont plus hautes... Le gouvernement n'a pas d'argent pour la réhausser et les autres nations s'en désintéressent. A droite, Tuvalu, perle du Pacifique, sera sous les eaux dans un siècle. Documents Fansshare et SPTO.

Si le réchauffement climatique est le principal responsable de cette situation - et donc les pays riches, Australie comprise -, la seconde cause est liée à l'activité d'entrepreneurs peu scrupuleux qui n'hésitent pas à abattre les palmiers pour étendre les terres constructibles. Mais en agissant ainsi ils accélèrent le phénomène d'érosion. Même le ministre Tuvalu des ressources naturelles semble ne pas avoir conscience de ce phénomène, lui qui fit agrandir son terrain de Funafuti en 2003 en abattant des centaines de palmiers et en creusant le corail ! Malheureusement sans la protection de ces barrières naturelles, bientôt ses terres auront un goût de sel...

Dans quelques années, les habitants de Tuvalu devront quitter définitivement leur archipel pour s'installer à Fiji située 1000 km plus au sud ou plus loin encore, en Nouvelle Zélande ou en Australie. Beaucoup d'habitants et d'étudiants ont déjà fait le pas.

Ces sociétés insulaires composées de pêcheurs voyent ainsi progressivement disparaître leurs terres, leurs revenus et bientôt leurs coutumes et leurs racines qui seront délaissées au profit d'un style de vie qui leur est étranger.

Si rien n'est fait pour arrêter le réchauffement climatique, Tuvalu sera l'un des premiers archipels du Pacifique à disparaître sous les eaux. Ses habitants vont perdre leur racine et leur culture. Comme le disait à propos un reporter, bientôt l'ONU devra créer un nouveau statut pour ces gens "réfugiés de l'environnement".

Car actuellement ce statut n'existe pas. Selon l'ONU, la condition de réfugié dépend du respect des Droits de l'Homme et donc du fait qu'il y ait ou non persécution. Or, dans ce cas d'espèce, les insulaires concernés par la montée des eaux ne sont pas persécutés pour des motifs religieux, ethnique, politique, la guerre, etc. On ne peut donc pas les prendre en charge dans le cadre de la Convention de Genève, d'où le désintérêt de certaines grandes nations à leur égard.

Mais la situation évolue. En 2011 par exemple, les partis écologistes belges Ecolo et Groen (cf. CNCD) ont proposé une résolution visant à la reconnaissance d'un statut spécifique pour les réfugiés climatiques. Il faudra attendre 2019 pour qu'en France le parti libéral La France en Marche propose également un statut juridique aux réfugiés climatiques.

Les insulaires du Pacifique ne sont pas les seuls à avoir les pieds presque dans l'eau. La même situation se répète à travers le monde. Dans le Parc National Sundarbans au Bengladesh, 7500 ha de mangrove ont été noyés, le phénomène étant aggravé par la subsidence dans le delta. Au Viêt-Nam, les espèces vivant dans les mangroves se transforment suite à l'invasion de l'eau salée. En Inde, jusqu'à présent le site du Grand Rann de Kutch dans le Gujarat constituait l'endroit le plus isolé du pays. Les lacs salés saisonniers rassemblaient notamment une immense population de flamands roses et abritait les 2000 derniers ânes indiens. Cette région est aujourd'hui envahie par la mer détruisant à jamais ces sanctuaires.

Un matin d'hiver dans le parc du lac Louise en Floride. Document Maria Figueroa Rodriguez.

A son tour l'est et le sud-est de l'Australie subissent de plein fouet les effets du changement climatique avec des feux de bush géants (2019-2020) et des pluies diluviennes (28 fév. 2022) au point qu'à Brisbane, en 3 jours la ville reçut 80% de ses précipitations annuelles et le fleuve s'est élevé de 4 mètres (cf. Twitter). C'est la deuxième fois que cela arrive en 10 ans.

Même état d'alarme aux Etats-Unis. Depuis 1938, un tiers des marais de Chesapeake Bay (Blackwater National Wildlife Refuge) ont disparu sous les eaux et on s'attend à ce que toute la région soit inondée d'ici 2030. En Floride, dans la réserve de Waccasassa Bay State Preserve, les palmiers choux et d'autres arbres sont en train de tomber, victime de l'eau salée et des marées.

En Europe, dans une moindre mesure, la Camargue connaîtra le même sort ainsi que les Pays-Bas, mais ces derniers s'y sont déjà préparés, ayant une longue expérience de la maîtrise des marées (digues, barrières anti-inondations, maisons flottantes, etc).

Enfin, ainsi que nous l'expliquerons, les régions polaires ne sont pas épargnées. Dans le Grand Nord, depuis quelques années  les Inuits subissent de plein fouet le réchauffement climatique. La glace fondant sur le littoral, les phoques disparaissent et avec eux les stocks de nourriture. Pour les Inuits, ce n'est pas seulement un changement climatique auquel ils assistent mais à un changement de culture !

Rappelons également que les ouragans accentuent l'érosion et les risques d'inondations. Ils sont en effet alimentés par le réchauffement climatique du fait qu'ils se développent lorsque la température de l'eau dépasse 26°C. Ainsi il se crée une réaction en chaîne autoentretenue qui conduirainévitablement à la disparition de toutes les terres basses d'ici quelques décennies.

Aujourd'hui, 40 à 50% de la population mondiale vit à moins de 100 km de la mer. Même si nous arrêtons tout de suite les émissions de gaz à effet de serre, le niveau de la mer continuera à s'élever durant plusieurs siècles du fait de l'inertie thermique de l'océan.

En 2100, les modèles prédisent que la plupart des pays verront une partie de leurs côtes noyées sous les eaux. L'Europe n'échappera pas à la règle. En corollaire, plus d'un milliard d'habitants des régions côtières devront se déplacer de quelques dizaines à plus d'une centaine de kilomètres pour être à l'abri de la montée des eaux. Or à l'heure actuelle on ne sait pas où nous pourrions les reloger car nous devons conserver des terres pour l'usage agricole et d'autres pour préserver la nature. Quelle que soit la solution, on peut déjà prédire une flambée des prix des loyers et un enrichissement sans précédent des entreprises de construction.

A n'en pas douter, dans un siècle la physionomie de toutes les régions côtières et du Pacifique sera toute différente d'aujourd'hui et les pays riches auront le triste privilège d'en porter la responsabilité.

La politique

En 2000, on estimait que 25 millions de personnes avaient été déplacées suite à la montée des eaux. En 2012, ce nombre est passé à 30 millions de réfugiés climatiques. C'est 50 fois plus que le nombre de réfugiés fuyant les guerres (~600000 en 2013 selon l'UNCHR) ! En 2018, on recensait 35 millions de réfugiés climatiques.

En 2018, l'ONU (le PNUE ou Programme des Nations Unies pour l'Environnement) estimait qu'en 2050 il y aura 250 millions de réfugiés climatiques dans le monde, dix fois plus que le nombre de réfugiés politiques (en 2022, la Banque Mondiale prédit qu'il y aurait 216 millions de réfugiés climatiques d'ici 2050).

Selon les estimations des experts, au plus tard en 2100, il y aura probablement trois fois plus de personnes dont l'habitation sera inondée au moins une fois par an ! Dans le pire scénario (voir ci-dessous), ce chiffre serait multiplié par 15 !

Les pays "du Nord", les riches Occidentaux sont en grande partie responsable de cette situation. Or comme on dit, "la maison brûle mais on regarde ailleurs"; telle pourrait être la devise des pays nantis face à la situation dramatique que vivent des dizaines millions de déplacés. En effet, il est urgent que les pays occidentaux notamment prennent leurs responsabilités. Mais si ce n'est pas sous la contrainte et le regard désapprobateur des médias, peu de pays acceptent encore d'acceuillir ces réfugiés.

Dans la mesure où ces flux migratoires ne se voient pas autrement que par quelques regroupements de réfugiés aux frontières ou lors d'accidents en mer ou sur la route évoqués dans les médias, la plupart des États sont encore indifférents au sort de ces populations ou disent carrément qu'ils ne veulent pas les recevoir comme l'Australie (ni aucun étranger sans travail ou moyen de subsistence) ou feignent l'indifférence pour ne pas les aider !

Même l'Europe mit des mois et des années pour accepter les régugiés du Moyen-Orient et d'Afrique et encore aujourd'hui, le sujet reste sensible et les accords varient en fonction des gouvernements. L'humanité n'est pas une vertu politique !

Des chaleurs sahariennes en 2050 ?

Selon des simulations, si la température moyenne annuelle du globe augmente de 2°C, à l'avenir certains pays y compris européens connaitront des canicules une année sur deux. On y est déjà en Belgique, au Luxembourg et en France. Mais si l'augmentation de la température moyenne du globe atteint 4°C, certains pays subiront une canicule permanente; il fera tout le temps trop chaud. De nos jours, le sud de la France, l'Italie et la Sicile par exemple subissent déjà de fortes chaleurs en été, avec localement plus de 40°C en juillet, parfois même dès le matin en Sicile !

Document Getty Images.

Les pays nordiques ne sont pas épargnés. Fin juin 2021, pour la première fois l'ouest du Canada connut des températures comprises entre 46.1 et 49.5°C, similaires à celles qu'on rencontre normalement dans les déserts du Sahara ou d'Arabie ! Cette canicule historique entraîna le décès d'au moins 134 personnes à Vancouver.

Que se passerait-il si les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter ? C'est à cette question qu'ont tenté de répondre Marten Scheffer de l'Université de Wageningen aux Pays-Bas et ses collègues grâce à un nouveau modèle climatique dont les résultats furent publiés dans les "PNAS" en 2020.

Selon les prévisions de ce modèle, 20% de la planète et des lieux qui abritent aujourd'hui un tiers de la population mondiale pourraient présenter une température moyenne annuelle dépassant 29°C d'ici 2070, une température qu'on trouve actuellement dans seulement 0.8% de la planète, principalement dans le désert du Sahara !

Selon les chercheurs, ces conditions extrêmes obligeraient environ trois milliards de personnes à fuir leur domicile ou à supporter des températures extérieures infernales. C'est une perspective particulièrement désastreuse pour l'humanité - en particulier parce qu'elle rendrait les terres agricoles inaptes aux cultures de base dont nous dépendons.

L'étude montre que dans chaque continent, des régions agricoles s'assècheront et celles actuellement habitées deviendront totalement inhospitalières - en particulier au Brésil, en Afrique du Nord et en Inde. En même temps, de vastes régions de Russie, du Canada et de l'Arctique présenteront progressivement des climats tempérés.

Alors que certaines parties du monde dépasseront le seuil de température viable, les chercheurs estiment que plusieurs milliards de réfugiés climatiques devront fuir vers des régions du monde plus fraîches situées vers le nord et vers le sud, à la recherche d'un environnement plus accueillant. Nous assisterons à un exode massif.

Cela signifie qu'à moins que le changement climatique ne soit complètement neutralisé à l'échelle planétaire d'ici 2050, près de la moitié de la population mondiale sera déracinée et contrainte de trouver un nouveau foyer dans les décennies à venir.

Ce modèle reste toutefois le pire scénario qu'on puisse envisager. En effet, la plupart des scénarii climatiques ne sont pas aussi dramatiques. Voyons justement qu'elles seraient les conditions climatiques dans nos pays riches, en l'occurrence en Europe, suite à un réchauffement modéré du climat. Les effets sont très inattendus, mais somme toute, inévitables si rien ne change.

Dans son film "Legacy, notre héritage" sorti en 2021, le photographe et réalisateur Yann Arthus-Bertrand déclare que "D'ici 2070, un tiers de l'humanité, soit environ 3 milliards de personnes, pourraient être contraintes de migrer ou de vivre dans des conditions climatiques extrêmes."

Cette affirmation s'appuye sur une étude publiée dans les "PNAS" en 2020. Chi Xu, professeur d'écologie à l'Université de Nanjing et ses collègues estiment qu'en l'absence de mesures pour limiter le réchauffement climatique, d'ici 2070, jusqu'à 3.5 milliards de personnes pourraient vivre dans des zones où la température moyenne annuelle dépasserait les 29°C, des conditions actuellement rares en dehors de certaines régions désertiques mais courantes durant les canicules (> 30°C). Bien que l'étude n'indique pas spécifiquement que ces personnes seront déplacées, elle souligne que vivre dans de telles conditions pourrait entraîner des défis majeurs en termes de santé, d'agriculture et d'habitabilité, conduisant potentiellement à des migrations massives, du moins dans certains pays tropicaux.

Il est important de noter que ces projections sont basées sur des scénarii sans réduction significative des émissions de gaz à effet de serre. Les actions entreprises pour atténuer le changement climatique pourraient donc influencer considérablement ces estimations.

Les canicules et les effets des fortes chaleurs en Europe

En Belgique, selon l'IRM, l'augmentation de la température est indéniable depuis le XIXe siècle. Entre 1990 et 2020, on observa un réchauffement moyen de la température annuelle de 2.1°C à Uccle. Selon les climatologues de l'IRM, "Cette augmentation de la température s'est produite en deux étapes : tout d'abord un premier réchauffement dans les premières décennies du XXe siècle et un second, d'amplitude supérieure, à partir de la fin des années 1980. L'analyse des données d'autres stations montre que le réchauffement récent s'est produit de manière générale dans le pays [...] le réchauffement depuis les années 1980 est lié à une augmentation à la fois des températures maximales et minimales."

Concernant les vagues de chaleur, en Belgique, si les étés 1947 et 1976 furent historiques, les vagues de chaleur et les canicules sont récurrentes depuis 1990 et leur fréquence est plus élevée qu'auparavant. Le mois de juin par exemple est toujours plus chaud que celui de l'année précédente avec une température moyenne 20.3°C en 2023 contre une moyenne climatique de 16.7°C. L'été 2023 fut le quatrième été le plus chaud historiquement, battant les records de 2003, 2018 et 2022. Même situation en France.

A gauche, la mer du Nord à La Panne (B) le 12 juillet 2006 à 20h30 locale. La température était encore de 17.3°C. Ce fut le mois le plus chaud jamais enregistré en Belgique avec une vague de chaleur qui dura tout le mois avec des périodes de fortes chaleurs supérieures à 30°C provoquées par un "blocage oméga" comme celui de droite (observé en septembre 2023) lié à une crête d'altitude (500 hPa). Documents T.Lombry et ECMWF adapté par l'auteur.

Le changement climatique accentue aussi les écarts de température qui deviennent spectaculaires. Pour tout le territoire belge, la température minimale la plus basse fut enregistrée le 4 juin 2023 à Elsenborn (Bütgenbach) avec 1.8°C. La température maximale la plus haute fut enregistrée le 11 juin 2023 à Begijnendijk en Brabant flamand avec 33.6°C.

La température moyenne devient si clémente en Belgique et les périodes de chaleur plus longues que la viticulture par exemple est en plein essor au détriment des pays jusqu'ici réputés pour leurs vins.

En France par exemple, certaines régions deviennent tellement sèches que non seulement l'agriculture et l'élevage deviennent très difficiles mais les vignoles dépérissent également (en Limousin, Pyrénées-Orientales, Camargue, etc). En 2022, 93 sur les 96 départements de France métropolitaines faisaient l'objet de restrictions d'eau à différents degrés et 66 départements, soit environ les deux-tiers du pays étaient déclarés "en crise" (cf. Les Echos).

Vague de chaleur et canicule

Une vague de chaleur est définie en Belgique par la succession de minimum 5 jours de températures maximales supérieures à 25°C, dont au moins trois sont supérieures à 30°C dans la station de référence d'Uccle.

Une canicule est définie comme un jour durant lequel la température sous abri dépasse 30°C.

Une journée d'été est une journée durant laquelle la température maximale dépasse 25°C.

On peut aussi définir une vague de chaleur par une période comptant minimum 5 jours d'été successifs, parmi lesquels on retrouve au moins trois jours caniculaires.

A la fin du XXe siècle, en France, on observait 1 canicule tous les 5 ans. Depuis 2000 on en observe de plus en plus avec une moyenne d'une canicule par an et dans certaines régions de France, on observe jusqu'à 4 ou 5 canicules par an.

En France, entre 1980 et 1989 on dénombra une moyenne de 3 jours de canicule par an. Entre 2013 et 2022, on dénombra 12 jours de canicule par an. Selon Météo France, en 2023 il y eut 12 jours de canicule dans le sud-est de la France et 18 jours de canicule en Corse. Combien de jours caniculaires subirons-nous demain ? Certainement plus encore si nous ne faisons rien !

Ces fortes chaleurs ont un impact direct sur la santé des personnes âgées mais affectent également les plus jeunes. La canicule historique qui frappa l'Europe en 2003, fit 15000 morts en France - un triste record -, principalement auprès des personnes âgées et souvent placées dans des instituts (EHPAD) mal conçus et mal gérés. Les autorités en ont tiré la leçon en améliorant notamment le confort des résidents et obligeant par exemple ces instituts à prévoir une salle de repos fraîche (et pas nécessairement climatisée) durant les périodes de forte chaleur.

Des études épidémiologiques (par exemple celles de Mathilde Pascal de Santé Publique France) ont montré qu'en France un tiers des décès surviennent durant les canicules mais les deux tiers se produisent en dehors des canicules, sous de fortes chaleurs que ne supportent pas les personnes à la santé fragilisée. Ces personnes sensibles ne sont pas toutes âgées mais appartiennent à toutes les tranches de la population, y compris les jeunes, ceux en situation précaire, alcooliques, obèses, etc, qui sont beaucoup plus vulnérables aux effets néfastes de la chaleur.

A voir : Bulletin Météo de 2050 (sur le blog, 2014)

A gauche, carte des anomalies de température en Europe en février 2019 comparées à 1981-2010. Les écarts dépassent 10°C en Europe Centrale et localement 5 à 10° dans le sud-est de la France ou à Paris. En 2019 comme en 2003, même en Belgique ou au Luxembourg la température dépassa 40°C en été et parfois durant plusieurs semaines comme en 2003, un vrai climat tropical dans des pays tempérés. En 2003, cette canicule historique provoqua le décès de 3000 personnes âgées, rien qu'en France. Ce genre de situation pourrait se répéter plusieurs fois par décennie voire plusieurs fois par an. Au centre, l'Europe photographiée par Meteosat Seconde Generation (MSG) le 24 juillet 2019 à 12h00 TU lorsqu'une masse d'air sec et tropical venant d'Afrique du Nord stagna sur l'Europe avec un anticyclone sur la Corse et un jet stream dévié jusqu'en Scandinavie (cf. cette carte). En matinée, dans de nombreux pays continentaux situés à moins de 55° N, la température sous abri dépassa déjà 20°C et en fin d'après-midi la température oscilla entre 35 et 40°C, soit selon les pays, 10 à 20° de plus que la normale (cf. cette carte de la NOAA). Le record historique de température fut franchi le lendemain avec 41 à 42°C dans de nombreuses villes (cf. cette vidéo de BFMTV du 25/7/2019). Cette canicule était évidemment anormale comme le montre la carte des anomalies de température au niveau 850 mb. A droite, au cours de la conférence du COP20 qui s'est tenue à Lima en 2014 , Météo France en collaboration avec l'OMS ont présenté le bulletin météo du 18 août 2050 pour différents pays afin de sensibiliser les représentants des pays présents sur l'urgence de réduire le taux de gaz carbonique dans l'atmosphère au risque de voir l'effet de serre s'emballer. Mais ce genre de situation c'est déjà présentée fin juillet 2019 ce qui n'est pas de bonne augure. Documents ECMFW, Meteosat et Météo France.

Si les chiffres ne mentent pas à l'inverse des chefs d'États, que se passerait-il concrètement si la température moyenne du globe augmentait de manière importante ?

Dans les régions européennes, les simulations climatiques indiquent que dans les années à venir nous pourrions subir des étés caniculaires (températures supérieures à 32°C durant plus de trois jours consécutifs) une année sur deux et parfois plusieurs fois dans l'année alors que jusqu'à présent il s'agissait de phénomènes exceptionnels (1976, 2003, 2017, etc).

Evolution du climat jusqu'en 2100

Dans le cadre du scénario Tracc (Trajectoire de réchauffement de référence pour l'adaptation au changement climatique), Météo France analysa l'évolution du climat jusqu'en 2100 dont elle publia les résultats en 2024 (voir aussi Gouv.fr). Dans le scénario retenu, le réchauffement mondial se poursuit et atteint +3°C en 2100 par rapport à l'ère pré-industrielle, soit environ +4°C en moyenne sur la France continentale. Ce scénario prend en compte les politiques mondiales en place pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et les engagements supplémentaires des Etats tels qu'exprimés dans leurs contributions nationales demandées par l'Accord de Paris.

Document Météo France (2024).

Selon Météo France, si pendant les périodes de canicule une température de 40°C était normale en 2010, il est probable qu'on atteigne les 50°C dès 2050. La durée et l'intensité des jours caniculaires, au-dessus de 35°C, survenaient une année sur deux à la fin XXe siècle. En 2030, elle sera dépassée 1 à 5 jours par an, et durant 8 jours en 2100. Sur le littoral méditerranéen, les périodes de canicule se produiront 100 à 120 jourspar an, soit jusqu'à un tiers de l'année en 2100; c'est plus du double de ce que nous connaissions en 2025. Le seuil des 40°C qui était extrêmement rare en France au XXe siècle, serait atteint tous les ans autour de 2100, tandis que des records locaux à 50°C sont possibles dès l'horizon 2050 et probables vers 2100.

A lire : A quel climat s'adapter en France selon la TRACC ?, 2024

Les sécheresses seront fréquentes en été en raison du déséquilibre hiver/été et l'évapotranspiration accrue de la végétation. Le nombre de jours de sol sec augmentera de 1 mois dans la moitié nord de la France et jusqu'à 2 mois dans la moitié sud. Les sécheresses seront fréquentes en été et en automne et pourront s'étaler sur plusieurs années consécutives. La sécheresse exceptionnelle de 2022, où la quasi-totalité des départements français étaient en crise, deviendront un phénomène fréquent en été.

Par conséquent, le risque d'incendie sera généralisé. Dans une France à +4 °C, le littoral méditerranéen, déjà très exposé, verra une multiplication par deux des jours de danger très élevé, soit localement 80 jours par an.

Les chaleurs extrêmes auront également un impact sur la répartition annuelle des pluies. Avec une hausse moyenne de 4°C en France, la pluviosité annuelle augmentera partout de 15% en général et jusqu'à 30% par jour. La moitié nord et les régions méditerranéennes sont les plus concernées avec un risque accru d'inondations.

Enfin, du côté de la neige, l'enneigement sera réduit et avec une accélération de la fonte des glaciers (voir page suivante). Cela impactera les rivières en été, l'hydroélectricité, le pastoralisme et les sports d'hiver.

En 1910 (gauche) et en 1920 (droite), alors que Londres était en pleine révolution industrielle, la combustion effrenée de charbon créa beaucoup de pollution et la ville fut envahie par le smog, un mélange de fumée de charbon (smoke) et de brouillard (fog). Rappelons que cet air vicié peut tuer aussi facilement qu'une épidémie. Ainsi, en 1952 il y eut 4 jours de smog à Londres qui entraînèrent le décès d'environ 4000 personnes. Suite à cet accident, en 1956 le Parlement a voté le "Clean Air Act", obligeant toute la population à réduire sa consommation de charbon. Cette loi fut également appliquée aux Etats-Unis suite à des incidents sanitaires survenus à Los Angeles et Donora. Aujourd'hui, du fait de l'extension de la City, la situation ne s'est évidemment pas améliorée mais les autorités sont bien décidées à réduire les émissions polluantes dans l'air. Documents The Children's Society et National Maritime Museum/Portcities.

Cette hausse de température qui semble inéluctable aura de nombreux effets pervers dont on parle encore assez peu.

Globalement les zones climatiques se décaleront d'au moins 10° vers les latitudes polaires, portant les climats méditerranéens aux latitudes tempérées et les climats tropicaux au niveau des pays méditerranéens. La Belgique connaîtra un régime subtropical avec le climat de la Provence où des étés de 40°C deviendront la norme plutôt que l'exception !

Plus généralement, ce changement climatique signifie que durant la période estivale l'Europe devra s'adapter à la chaleur. Bonne nouvelle ! Non, pas vraiment ! Car ce phénomène présentera plus de désagréments que d'avantages. En effet, nous devrons tout d'abord adapter nos habitations à des écarts plus importants de température en été et en hiver sans pour autant gaspiller plus d'énergie (meilleure isolation). Localement, dans les pays tempérés, le revêtement des routes devra être remplacé par un matériau moins sensible aux variations de température et à la chaleur.

En été dans le sud-est de la France par exemple, beaucoup de cours d'eau seront à sec et l'eau sera encore plus rationnée qu'aujourd'hui. Les cultures étant privées d'eau, la production agricole sera affectée, le rendement chutera de plusieurs dizaines de pourcents et on doit s'attendre à de nombreuses pertes d'exploitation voire des faillites dans le monde agricole dans les décennies à venir.

ShanghaÏ plongée dans le smog en 2015. 28 villes chinoises sont concernées par ce problème dont la mégapole de Beijing-Tianjin-Hubei (Jing-Jin-Ji) où vivent 100 millions de personnes sur 200000 km2. Document Splash.

Les régions viticoles remonteront vers les pays aujourd'hui tempérés au détriment des régions méditerranéennes dont les vins deviendront plus alcoolisés et plus secs. Des vins de renom pourraient ainsi disparaître. De manière générale les agriculteurs devront adapter leurs cultures à la sécheresse et les agronomes devront repenser le rendement des céréales, des fruits et des légumes en les rendant plus résistants à la chaleur. A terme, si les sécheresses se repètent, en Belgique les forêts de hêtres pourraient disparaître.

Nos médecins et nos vétérinaires devront soigner de nouvelles maladies, en particulier celles apportées des régions tropicales (ébola, fièvre du Nil, etc).

Lorsque les conditions climatiques seront propices à l'apparition de smog au-dessus des villes (inversion de température dans les basses couches et forte humidité ou forte chaleur associée à la fumée industrielle), les médecins seront amenés à soigner plus de personnes prises des voies respiratoires par la forte concentration de polluants atmosphériques qui affectera principalement les bébés, les enfants et les vieilles personnes, plus sensibles aux affections que les jeunes adultes.

Dans ces conditions, en cas d'accident chimique (explosion d'un dépôt de pétrole par exemple), la pollution par les hydrocarbures sera amplifiée avec tous les risques cancérigènes que cela pourrait induire.

Nos régions gagnant 5 à 10° en été, certains oiseaux migrateurs et des insectes comme les papillons ne migreront plus vers les Tropiques et des insectes nuisibles vivant actuellement en Afrique envahiront nos contrées. Cette migration a déjà commencé. En effet, on trouve dans le sud de l'Europe et parfois jusqu'à la latitude de la Belgique, le moustique-tigre (vecteur potentiel du chikungunya et de la dengue), la chenille légionnaire (qui détruit les champs de maïs), la mouche noire (dont la morsure est douloureuse) ou encore l'aoûtat (un acariens dont la salive peut être une source d'allergie), sans parler des espèces envahissantes.

La végétation s'adaptera également pour résister à la chaleur : les chênes verts et les pins par exemple seront plus nombreux au détriment des hêtres. Les mondes végétal et marin seront également envahis ou parasités par de nouvelles espèces plus résistantes venant des pays chauds. Comme nous l'avons expliqué, l'augmentation du niveau des mers changera la physionomie de nos côtes, en particulier de la France dont la Camargue et plusieurs régions de la côte Atlantique ainsi que de la Manche dont les côtes belge et hollandaise disparaîtront sous les eaux... D'autres villes, situées à plus de 20 km des côtes deviendront les nouvelles cités balnéaires.

Quant aux pauvres êtres humains que nous sommes, nous verrons en biologie quels sont les effets de la chaleur sur le corps humain et les facteurs de risque.

Comment éviter ce réchauffement climatique ? A priori c'est impossible car nous subissons actuellement les premières conséquences des actions inconsidérées des dix générations passées. Même si nous arrêtons instantanément toutes les émissions des gaz à effet de serre, le réchauffement climatique a démarré et tel un volant d'inertie il faudra probablement attendre plusieurs siècles pour l'arrêter et espérer revenir à un régime normal. En fait, les effets les plus pervers à venir sont imprévisibles : d'une saison à l'autre nous pourrions passer d'un climat tempéré à l'hiver le plus rigoureux que nous ayons connu depuis 100 ans, suivi par des étés caniculaires, et cela pourrait durer 100 ans ! Rappelons que la climatologie est une science du long terme et on ne peut pas affirmer qu'il y aura ou non une canicule l'année prochaine ou si elle se répétera chaque année. C'est désolant, mais le temps est régis par la thermodynamique et les dures lois quasi indomptables de la théorie du chaos.

Détection d'une anomalie dans le Gulf Stream

Le réchauffement du climat pourrait également entraîner un arrêt quasi instantané du courant du Gulf Stream au large des côtes européennes, ce courant océanique chaud de surface qui assure un climat tempéré en Europe du Nord.

La signature thermique plus élevée du Gulf Stream et le refroidissement de l'Atlantique Nord est l'un des indicateurs les plus importants de l'affaiblissement de la circulation thermohaline océanique et d'un déclin de l'AMOC (Atlantic Meridional Overturning Circulation). On peut également voir la signature de la température de l'AMOC sur la tendance à long terme des températures dans le monde.

 Ce phénomène qui s'est accentué depuis les années 1980 pourrait avoir une importance cruciale dans les prochaines années et décennies sur les conditions météorologiques aux États-Unis et en Europe.

Si le réchauffement du climat s'accentue jusqu'à la fin du siècle avec une fonte accélérée des glaces polaires, les modèles indiquent qu'il est possible qu'on assiste à un arrêt de l'AMOC et du Gulf Stream. Ce serait une véritable catastrophe climatique qui aurait des conséquences économiques inimaginables, notamment en Europe et plus généralement dans l'hémisphère nord, et finalement à l'échelle globale. Le sujet étant préoccupant mais vaste et complexe, on y reviendra en détail dans l'article l'AMOC et le Gulf Stream.

Prochain chapitre

Les effets visibles du réchauffement

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