Ulysse

CROA en couleurs + découverte TRES étonnante

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Cela s’est passé samedi soir.
La pleine lune avait eu lieu il y a peu de temps, le ciel semblait bien transparent, et je me suis fait une petite sortie comme je les aime, rapide et pas "prise de tête" pour un sou, avec mes jumelles Takahashi.

J’ai du passer au début vingt bonnes minutes sans pouvoir détacher les yeux de mes jumelles. C’est fou comme je suis fasciné par la lune. C’est un spectacle féerique, tous ces cratères, ces contrastes, ces images ciselées... enfin bref, c’est difficile à raconter , alors j’en reste là. Je me souviens cependant qu’au delà du teminateur, en bordure de la Mer des Crises, il y avait deux points lumineux isolés, dont un était bien éloigné du terminateur. J’ai surtout été marqué par le fait que certaines zones gris sombre des mers lunaires m’ont paru légèrement bleutées. Est-ce du à un rendu des couleurs un peu froid de ces jumelles, ou à un simple effet de contraste avec des régions un peu jaunâtres, je ne le sais pas. Mais c’était un effet assez sympathique.

Je passe ensuite à Jupiter.
Tiens, les satellites sont colorés ! C’est la première fois que je les vois en couleur. Ganymède me paraît jaunâtre alors que Callisto, assez proche me paraît bleuté. Je tiens là une éphémère étoile double colorée. Surprenant ! Je remarque aussi que Io semble jaune, d’un jaune un peu plus intense que Ganymède, sans que cela soit évident. Quant à Europe, située de l’autre côté de Jupiter, je manque de repères pour lui attribuer une couleur.

Je jette un coup d’œil rapide et inconfortable sur Saturne, trop haute dans le ciel pour que je m’y attarde, et je passe à la nébuleuse d’Orion. Il faut sûrement être un peu givré pour décider de regarder la nébuleuse 3 minutes après la pleine lune, mais bon, j’assume . Et voilà une des plus étonnantes découvertes que j’aie pu faire depuis que j’observe le ciel:

Je pointe donc la nébuleuse et ... ben je vois pas grand chose .
Non, sérieux, il y a l’antenne de ma maison qui se trouve pile poil dessus. Hop, je dépace le trépied de deux mètres, je veux repointer Orion et ... Ah non, maintenant c’est le lampadaire de la route qui me tape dans l’œil ! Je me déplace encore un peu, et là, c’est bon. Je regarde la nébuleuse et ... ben je ne vois toujours pas grand chose, tout juste une vague lueur allongée autour du trapèze, avec une échancrure sur le côté. Et puis, soudain :

AAAAH, C’EST VERT !!!!!!
C’est indiscutable, la petite lueur allongée est d’un vert clair très marqué, un peu comme la couleur des feuilles au printemps. C’est magique, je n’en reviens pas.
Quelques secondes passent, et la couleur disparaît. Je cherche longuement à retrouver cet effet, en essayant tous les stratagèmes : vision décalée, vision directe, observation du ciel à l’œil nu puis retour aux jumelles ; rien n’y fait : la nébuleuse est redevenue désespérément grise. Mais au fil des minutes, elle a beaucoup gagné en consistance, elle est plus lumineuse, plus vaste, des détails apparaissent.

Il me vient alors une explication : si j’ai pu voir la couleur de la nébuleuse, c’est parce que j’étais en vision photopique, là où seuls les cônes sont actifs, ce qui permet de voir les couleurs. Les bâtonnets avaient été neutralisés par l’observation de la pleine lune, et étaient inactifs. Puis après quelques minutes, l’adaptation aux faibles luminosités s’est déroulée, et la faible lueur verte a été noyée par la lumière blanche que transmettent les bâtonnets.

La vérification est simple : il suffit de regarder à nouveau la lune pour perdre l’adaptation nocturne, puis de retourner sur Orion. Ce que je fais. Je me baigne donc à nouveau dans la pleine lune pour détruire cette adaptation. Le supplice est toujours aussi agréable. Je remarque que le petit point lumineux éloigné du terminateur a perdu en intensité. En quelques minutes, la rotation de la lune a fait son effet.

Puis je reviens sur la nébuleuse. Au début, je ne vois quasiment rien, je suis encore tout ébloui par la pleine lune. Et puis, après peut-être une minute, la petite tâche allongée et floue apparaît, toujours aussi verte, toujours aussi claire, mais cette fois je peux profiter du spectacle pendant 3 ou 4 minutes. Pour finir, comme précédemment, la tâche se met rapidement à blanchir, pour retrouver l’aspect que la nébuleuse procure en temps normal. Le rideau est tombé, je rentre.

Cette observation étonnante m’amène à me poser plein de questions :
Faut-il, pour bien voir les couleurs du ciel, détruire toute adaptation nocturne au préalable, avec une lampe puissante par exemple ?
Les couleurs sont-elles mieux visibles en présence de la pleine lune ?
Ou en présence de pollution lumineuse ?
Ou encore à la tombée du jour ?
En tous cas, j’avais déjà remarqué depuis longtemps que les couleurs des étoiles étaient plus franches en présence de la lune, mais j’ai toujours attribué cela au fait que le contraste était trop élevé lorsque le ciel était noir. Mais il se pourrait bien que les couleurs soient mieux visibles en présence d’une lumière de fond.

Je tiens enfin à préciser, pour certains agités qui sévissent sur ce forum, que je n’ai fumé aucune substance exotique avant cette observation .

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Ne t'inquiètes pas Ulysse, tu n'es pas le seul à avoir fait cette expérience
L'exemple typique pour moi c'est T Lyrae, une rouge carbonée. Si tu la pointes à la tombée de la nuit, elle va apparaître d'un rouge quasi fluo mais au fur et à mesure que la nuit noircit, la couleur s'estompe.
Il y a de multiples exemples de ce style, mais ça reste quand même limité à des objets assez lumineux pour que les cônes puissent bosser.
Idem pour albireo, bien plus belle tant que le ciel est un peu lumineux, je n'avais jamais pensé à M42 il faudra que j'essaie la prochaine fois.
A+

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Bonjour,
Interessante observation. J'avais observé le même phénomène sur M42 alors que je passais du télescope posé sur le balcon à l'écran de la télévision et vice-versa. Je n'avais pas trop cherché d'explication mais je pense que tu as raison.
Cordialement,
Claude

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C'est une manip qu'on fait de temps en temps pour pecevoir les couleurs. Un coup de lune et zou, M42. Ca flash bien mais ca marche pas mal.

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Effectivement, je ne suis pas tout seul .
En tous cas c'est une manip que je ne connaissais pas.

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Oui Ulysse, ce qui explique peut-être pourquoi la couleur des planètes est aussi plus franche au crépuscule à l'oculaire (hors effet de contraste qui les fait apparaître jaune orange par rapport au fond bleu).

D'ailleurs, n'y aurait-il pas intérêt à observer les planètes sur un fond légèrement lumineux, afin que l'oeil fonctionne complètement en vision photopique?
Car dans le cas d'un disque brillant de quelques degrés sur fond noir, l'oeil ne serait-il pas partiellement en mode "nuit" (euhh, 5/20 pour mon écart de langage? ), complètement ébloui, donc moins performant?
Certains ont bien déjà du inventer un système avec led+dépoli+cube séparateur...

Pour terminer, je discutais ce we avec JM Lecleire qui me disait discerner des détails sur les nébuleuses planétaires en ville, détails qui devenaient invisibles car noyés sous ciel noir à la campagne...
Certainement le même effet bénéfique de la pollution lumineuse, d'activation de la vision photopique.

Aïe je vais valider...
Simon

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Ulysse n'as - tu pas pensé à te "griller" la rétine à coup d'observation lunaire sur UN SEUL OEIL ? Comme ça tu gardes la sensibilité aux objets faibles avec un oeil et les couleurs avec l'autre ?

------------------
"Nous sommes tous ignorants, mais nous n'ignorons pas les mêmes choses."
http://www.astrosurf.com/chouettastro/


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Oui fvbnb, et pour aller plus loin, une fois grillé un seul oeil, tu prends une bino, et tu as simultanément les deux modes de vision d'un coup!
A tester...

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A tester, oui mais moi je ne peux plus : j'ai des problèmes de convergence oculaire qui m'empêchent d'utiliser mes jumelles.
Je vais faire une rééducation en espérant que tout rentre dans l'ordre.

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Intéressant en tout cas!

Mais est-il possible de distinguer du vert dans M42 sans passer par ce subterfuge (je n'y suis jamais arrivé pour ma part)?

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Ah, le problème des couleurs en ciel profond...

Celà dépend de la sensibilité aux couleurs de l'observateur, (le problème c'est que l'on n'est pas tous égaux dans ce domaine, physiologiquement parlant) ainsi que de son expérience, et du diamètre de l'instrument.

On a plus de chance voir des couleurs dans un grand diamètre, et avec une pupille de sortie plus grande.

Pour ma part, sans utiliser le subterfuge cité, j'ai la chance de pouvoir déjà voir du vert sur M42 avec une lunette de 80 mm à 48x et 80x. Bien sûr, ce n'est pas très intense, car de toute façon les couleurs en observation visuelle du ciel profond sont pastelles.
Avec un télescope de 300 mm, là ça vire carrément au turquoise, et celà devient vraiment impressionnant, et lorsque le diamètre augmente encore, d'autres couleurs apparaissent, et celà devient presque indescriptible.

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Mrde!

Le problème c'est que je connaîs personne ayant un 300 mm dans mon club...

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Pour l'observation des planètes, j'ai trouvé ça : http://www.cloudynights.com/eyepieces2/planetary.htm

La paragraphe intéressant est "Twilight Factor".
Il y est dit que la meilleure observation de jupiter se fait lorsque la planète est tout juste visible à l'oeil nu, et non en pleine nuit.
Le ciel lumineux des villes est aussi préférable à un ciel bien noir.

Voilà qui confirme les remarques de Simon Fabre.

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