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Aux origines d'Internet et de la micro-informatique

1975, présentation de l'Altair 8800.

1975, naissance de la micro-informatique (III)

Pendant que le visionnaire Arthur C. Clarke annonçait l'émergence de l'informatique domestique (voir page précédente), des bricoleurs plus ou moins talentueux essayaient de concrétiser son idée. Des étudiants universitaires et des ingénieurs essayèrent d'assembler leur premier ordinateur à partir de pièces éparses d'électronique (clavier numérique, écran, circuit intégré, mémoire,...). Parmi eux se trouvait Ed Roberts, CEO de la société américaine MITS (Micro Instrumentation and Telemetry Systems) installée à Albuquerque, au Nouveau Mexique qui annonça la commercialisation du système Altair 8800 en couverture du magazine "Popular Electronics" le 1 janvier 1975.

L'Altair 8800

L'Altair 8800 était une unité centrale livrée en kit ou assemblée basée sur un processeur Intel 8080 cadencé à 2 MHz fabriqué par Gordon E. Moore, cofondateur d'Intel. Le système disposait d'une mémoire de "1024 mots" comme le spécifiait MITS, autrement dit de 256 bytes. Elle sera par la suite étendue à 4096 mots ou 1 KB puis à 4 KB.

Rapidement, le jeune Bill Gates âgé de 19 ans et Paul Allen qui pensaient déjà à créer leur propre startup "Micro-soft" (voir plus bas) imaginèrent qu'il serait utile d'ajouter un système d'exploitation à l'Altair 8800 et proposèrent à MITS de développer le premier langage BASIC pour cette machine. Allen retravailla l'émulateur Intel 8080 qui fonctionnait sur un DEC PDP-10 pour l'Atair. Avec Bill, ils embauchèrent Monte Davidoff pour écrire les routines arithmétiques en virgule flottante pour l'interpréteur. Ils travaillèrent dur et le 1er juillet 1975, ils sortirent la première version de la ROM BASIC pour l'Altair 8800.

Equipé d'un bus S-100 (cf. les pages web de Herb Johnson), d'une carte mémoire de 4 KB et d'un système d'exploitation, l'Altair 8800 était proposé en kit au prix de 763$ et assemblé au prix de 999$. En option et également en kit ou assemblé, MITS proposait une interface parallèle, une interface série RS-232, une interface télétype, une interface pour connecter un lecteur de cassette externe et même un télétype assemblé pour 1500$.

Malgré un délai de livraison de 60 jours, Roberts avait vendu 5000 ordinateurs fin août 1975. Si Roberts s'accorda une marge ne fut-ce que de 20% par ordinateur, sa société fit un bénéfice d'au moins 700000$. Entre-temps MITS était passé de 20 à 90 employés.

Comment fonctionnait cet ordinateur ? Ainsi que l'explique le manuel, le panneau frontal était équipé de switches et de LEDs. Les commutateurs pilotaient directement le processeur. Les 78 instructions disponibles étaient encodées en dur dans la zone mémoire du processeur et étaient différentes pour chacun d'eux. C'était l'époque de la programmation en langage binaire. Quand aux LEDs, elles s'allumaient ou clignotaient en fonction du statut du système ou de la condition spécifiée.

La programmation consistait à placer les switches en position "On" (vrai ou 1) ou "Off" (faux ou 0) et d'activer ensuite le switch "Deposit" pour valider l'opération. Il était ainsi possible de créer les opérateurs booléens ET, OU et NON et leurs combinaisons.

Le pointeur du registre du processeur se décalait ensuite d'un pas vers l'emplacement mémoire libre suivant et le processus se répétait. C'était un travail très laborieux et d'autant plus que si vous faisiez une seule erreur le programme entier ne fonctionnait pas.

La plupart des utilisateurs éprouvaient évidemment des difficultés pour mémoriser des instructions abstraites codées sur 8 bits composés de 0 et de 1. Les choses auraient été plus simples si les programmeurs avaient pu utiliser des combinaisons de lettres ou de caractères alphanumériques.

Les bricoleurs construisent donc rapidement un petit clavier numérique puis un clavier alphanumérique complet qu'ils interfacèrent à la carte-mère de l'ordinateur. Certains ont même utilisé le système intégré clavier/écran du Southwest Scientific 6800 (voir plus bas).

Quand une lettre ou un nombre était tapé sur le clavier, le code numérique (scan code) correspondant à ce caractère était transmis à l'ordinateur et écrit en mémoire.

Lorsque la totalité des instructions du programme étaient introduites dans l'ordinateur, un logiciel se chargeait d'assembler et d'interpréter les instructions; c'est le langage machine, l'assembleur. L'assembleur convertit le langage machine en instructions compréhensibles par le processeur qui peut ensuite les exécuter et délivrer un résultat. Le programme est appelé le "code source" tandis que le code numérique convertit en assembleur est appelé le "code objet". Le processus entier est appelé la "programmation en langage assembleur", la bête noire de beaucoup d'étudiants en première année d'informatique.

L'essor des calculatrices scientifiques

Sur la couverture de la revue "Popular Electronics" de janvier 1975 présente en haut de page figure un encart présentant la nouvelle calculatrice scientifique Melcor SC-535 commercialisée en 1974 mais qui ne restera qu'un an sur le marché. Cela nous offre l'occasion de rappeler que depuis quelques années, les calculatrices scientifiques étaient à la mode, de l'école secondaire à l'université, certaines supportant déjà des fonctions mathématiques et mêmes graphiques pour celles reliées à une imprimante, des options qu'on ne retrouvait que sur les mainframes et bien plus tard dans les ordinateurs domestiques.

Bien que la technique des écrans LCD existait chez Thomson-CSF depuis 1971 et chez Rockwell depuis 1972, leur prix était exhorbitant (l'équivalent de 90 € actualisés par digit) et elle ne sera utilisée sur les calculatrices qu'à partir de 1977 chez Sharp notamment. C'est pour cette raison que la plupart des calculatrices et écrans utilisaient encore un affichage à cathode froide (tubes dit "Nixie") de couleur orangée ou un affichage VFD (Vacuum Fluorescent Display) souvent de couleur vert-turquoise (cf. les Casio et Sharp), seules les calculatrices scientifiques "haut de gamme" étant équipées de LED (Light Emitting Diode) rouges comme les fameuses Ti et HP.

A voir : Vintage Calculators Web Museum

Calculator Museum, Mr. Martin's Web Site

Le Rayon des Calculettes - Casio Ads from Magazines

Ti SR-50

1973

Melcor sc-535

1974

HP-65

1974

Ti SR-51A

1975

Casio fx-19

1976

Sharp EL-5805

1978

Comme on le voit ci-dessus, trois grands constructeurs se partageaient le marché : Texas Instruments et Hewlett-Packard pour les modèles scientifiques et Casio pour le reste, bientôt suivi par des dizaines de fabricants asiatiques. Ceci dit, il existait au moins 128 fabricants mais la plupart n'ont fabriqué qu'un seul modèle ou moins d'une dizaine de toute leur existence et n'ont pas résisté face aux majors du secteur dont les modèles sans cesse renouvelés, inondaient un marché encore très demandeur.

La société américaine Melcor par exemple tenta sa chance avec une bonne dizaine de modèles dont la Melcor SC-535 commercialisée en 1974. Mais comme on le voit ci-dessus, c'était une imitation (pas un clone) de la Texas Instruments SR-50 sortie en 1973 d'où dériva la SR-51A en 1975, prémice des futures calculatrices programmables Ti-58 et Ti-59 sorties en 1977. Melcor sortit également le modèle 635 mais il présentait des erreurs de calculs, certains algorithmes comme la fonction inverse de zéro ayant dû être hardcodée pour calculer "correctement" certaines fonctions trigonométriques, mais échoua lamentablement.

À l'époque, une Ti SR-50 revenait à l'équivalent de ~150 €, un prix très élevé car actualisé (2018) il représente ~900 € soit l'équivalent de deux semaines de travail d'un salarié occidental qualifié ! Autrement dit, aujourd'hui pour le même prix on peut s'offrir un ordinateur complet plusieurs millions de fois plus puissant et polyvalent ! Mais ne soyons pas trop étonné par le prix de cette "nouveauté" de 1973 car aujourd'hui un smartphone de dernière génération revient aussi à 900 €... Mais la comparaison s'arrête là. Quant à la dépréciation, pour l'un comme pour l'autre, elle est identique !

Pendant ce temps les fabricants asiatiques proposèrent également leurs premières calculatrices scientifiques présentées ci-dessus dont Casio avec son modèle fx-19 commercialisé en 1976 (dont voici une photo de l'intérieur) suivi par Sharp avec son modèle EL-5805 sorti en 1978, cette fois équipé de l'un des premiers écrans à cristaux liquides (LCD). À partir de cette époque, toutes les calculatrices et les montres digitales (cf. Casio, Citizen, Oméga, Seiko, Timex, etc) ont adopté l'écran LCD.

A voir : CASIO fx-19 scientific calculator (1976)

SHARP EL-8130 ELSI MATE (1977)

Catalogues des montres vintage CITIZEN et SEIKO

Les nouvelles technologies à la portée du grand public dans les années 1976-1980. A gauche, la très design et minimaliste calculette Sharp EL-8130 ELSI MATE sortie en 1977 dispose d'un écran LCD et d'un clavier à touches flottantes. Au centre, la montre Seiko à quartz LC DK001 fabriquée spécialement par Dell Deaton en 1977 pour James Bond dans le film "L'espion qui m'aimait". Seiko fabrique des montres LCD depuis 1976. A droite, la calculatrice Sharp EL-520 à plaque solaire sortie en 1980. Collection T. Lombry et D.R.

C'est également à cette époque que la consommation des calculatrices fut divisée par deux, ne requérant plus que 2 piles AA (à l'exception de certaines calculatrices programmables comme la Casio fx-202P exigeant 4 piles AA et 2 piles boutons pour sauvegarder le programme dans sa mémoire vive), que leur épaisseur s'amincit et qu'on vit les premières calculatrices à plaque solaire comme la Sharp EL-520 présentée ci-dessus à droite sortie en 1980.

Citons pour mémoire deux calculatrices simples mais au concept très design, la Casio CQ-2, un combiné calculatrice/horloge/alarme sorti en 1976 et le modèle épuré et compact du coréen Sharp EL-8130 ELSI MATE présentée ci-dessus à gauche et en vidéo commercialisé en 1977 et 1978 ayant une carrosserie métallique brossée et des touches flottantes recouvertes d'une membrane. Si la Casio fx-19 et ses 4 piles AA consommait 0.35 W, grâce à la technologie LCD la Sharp EL-8130 ne consomme que 0.00035 W.

Mais en s'occupant de questions cosmétiques plutôt que des performances de leurs calculatrices, les fabricants asiatiques accusaient un retard d'au moins 5 ans sur les leaders du marché. Mais ils le rattraperont la décennie suivante en proposant des calculatrices programmables, notamment en BASIC (par exemple la Casio FX-702P sortie en 1981 disposant de 1680 pas de programme soit 1.7 KB ou la Sharp PC-1250A sortie en 1983 disposant de 4 KB présentées ci-dessous) qui viendront dorénavant compléter leur vaste gamme de modèles scientifiques.

Je me rappelle notamment avoir programmé la Ti-59 et la Sharp PC-1250A pour déterminer la vitesse et la direction du vent en altitude à partir des positions d'un ballon météo suivi au théodolite. Jusqu'alors le calcul s'effectuait en différé de retour au bureau tandis qu'avec ces calculatrices on pouvait obtenir le résultat immédiatement.

La plupart des personnes nées vers 1950-1960 se rappellent certainement du bon temps où elles eurent l'une voire plusieurs de ces calculatrices en main sur les bancs de l'école, de l'université ou dans leur chambre, ces petites machines faisant fureur auprès des ingénieurs et des informaticiens en herbe. À l'époque les autorités scolaires pensaient seulement les interdire aux examens.

À l'intention des collectionneurs ou des nostalogiques, aujourd'hui ces calculatrices "vintage" des années 1970-80 sont proposées à moins de 20 € voire le double pour un modèle programmable. C'est donc le moment d'acheter le(s) modèle(s) de votre jeunesse car d'ici quelques décennies soit on ne les trouvera plus comme c'est déjà le cas pour plusieurs modèles soit on ne trouvera que des modèles en panne ou usés proposés à vil prix, les modèles en bon état se trouvant depuis longtemps dans les vitrines des musées et des collectionneurs.

Suite à l'effet de la loi de Moore, miniaturisation oblige et avec l'amélioration des écrans, la technologie a rapidement évolué et les prix ont littéralement chuté. À dollar constant, depuis 1973 le prix des calculatrices a été divisé par 10 à 50 selon les modèles ! Aujourd'hui, grâce à leur large écran LCD à haute définition, un processeur ultra rapide, une mémoire importante et une programmation en BASIC, la plus simple calculatrice scientifique est capable de réaliser des calculs d'ingénieurs, d'écrire une fraction, une racine carrée ou de résoudre une équation du second degré comme la Ti College (18 €) et certaines tracent même des graphiques comme la Casio Graph 35-e (80 €). Certaines sont même équipées d'un port USB et, cerise sur le gâteau, elles sont recommandées pour répondre aux questions d'examens !

1975, naissance du DOS

La revue "Popular Electronics" était avant tout destinée aux bricoleurs ingénieux mais même pour ces experts, la programmation en assembleur était fastidieuse.

Parmi ses lecteurs, il y avait notamment deux jeunes passionnés d'informatique, Bill Gates, un étudiant de 19 ans en seconde année (sophomore) à l'Université d'Harvard et Paul Allen travaillant chez Honeywell. Nos deux amis comprirent immédiatement l'intérêt de développer des logiciels autour de cette nouvelle invention et notamment un langage et un système d'exploitation de disque (SED), le fameux DOS, acronyme de "Disk Operating System".

Entre-temps, le Dr. John G. Kemeny et Thomas Kurtz mirent au point le langage BASIC (Beginner's All-Purpose Symbolic Instruction Code) à Dartmouth en 1964. Leur objectif était de créer un langage de programmation simplifié pour apprendre la programmation aux étudiants.

Comme expliqué plus haut, autant businessmen qu'inventeur, en juillet 1975, Paul Allen et Bill Gates signèrent un accord de licence avec MITS pour la commercialisation de l'interpréteur BASIC pour l'Altair 8800. Le nom de leur société n'était pas encore fixé.

Bill Gates et Paul Allen appréciaient le BASIC qui avait l'avantage d'être compact et de s'intégrer idéalement dans l'espace limité des premiers micro-ordinateurs dont la mémoire et les capacités de traitement étaient réduites à 4, 8 ou 16 KB.

A voir : History of Microsoft -- 1975

Les archives de BYTE Magazine

BYTE Mag 1991-1997 (sur YouTube)

Les couvertures du plus célèbre magazine d'informatique

A gauche, Bill Gates devant un Altair et tenant une copie du magazine "Popular Electronics" où il trouva l'inspiration pour créer le DOS et le langage BASIC pour l'Altair 8800 en 1975 qui sera développé par Paul Allen et Monte Davidoff. Document MSDN/Channel9. Au centre, Paul Allen et Bill Gates en 1975. Voici une autre image de Bill Gates fournie par ...la police suite à un excès de vitesse en 1977. Document Corbis. A droite, le premier numéro du magazine BYTE sorti en septembre 1975.

En 1975, trois bulletins (newsletters) consacrés à l'informatique virent le jour : "Computer Graphics & Art", "Dr. Dobb's Journal of Computer Calisthenics and Orthodontia", rebaptisée par la suite "Dr. Dobb's Journal" et le fameux "BYTE" au mois de septembre (qui disparu en 1998 et revit le jour en 2011 sous la forme du webzine "Information Week"). Tous deviendront des magazines renommés.

1975, premier portable IBM PC 5100

Fort de son succès, en septembre 1975 IBM commercialisa son premier ordinateur portable, l'IBM 5100 : c'était un système intégré aussi grand qu'une machine à écrire muni d'un petit écran, d'un clavier étendu et d'un lecteur de cassette (bande magnétique) de 1/4". Il pouvait également servir de terminal au S/370. Il se programmait en langage APL ou en BASIC.

Le processeur baptisé PALM (Put All Logic in Microcode) était un système propriétaire. Comme son nom l'indique, c'était un processeur modulaire de 16 bits constitué de cartes dans lesquelles étaient pluguées des dizaines de chipsets programmés.

L'idée fut géniale pour l'époque car ce système était portatif (il pesait à peine 23 kg) pour une capacité mémoire de 16 à 64 KB. Seul inconvénient son prix variait entre... 8975$ pour la version de 16 KB avec le BASIC et 19975$ soit environ 60000 € actualisés pour la version de 64 KB avec APL ! A cette époque, il fallait être riche et très passionné pour faire de l'informatique !

Ce PC sera remplacé en 1978 par le modèle PC 5110 aux performances équivalentes mais offrant en option un lecteur interne de cassette de 200 KB et un lecteur externe de disquette de 8" d'une capacité de 1.2 MB.

La production de ces modèles ne sera arrêtée qu'en 1982, peu après la sortie du premier PC dont l'ergonomie était bien supérieure.

A gauche, le PC 5100 d'IBM sorti en 1975. Au centre, le Southwest Scientific 6800 (SWTPC-6800) et son clavier-écran externe sorti la même année. A droite, un gros-plan sur l'unité centrale. On reconnaît à l'avant-plan la carte contenant le processeur (en brun cuivré), derrière elle la carte contenant des chips mémoire et enfin les bus d'extension. Documents Oldcomputers, Wikimedia et Thocp.

En novembre 1975 sortit l'ordinateur Southwest Scientific 6800 alias SWTPC-6800. Assez proche de l'Altair, il disposait d'un processeur 6800, de 8 KB puis 64 KB de mémoire RAM. On pouvait lui ajouter un lecteur de cassette audio, un clavier et un moniteur TV.

Il ne payait pas de mine a priori. Mais connecté à un clavier-écran intégré proposé par le constructeur, avec son grand écran il avait un look ravageur qui suscita plus que de la curiosité de ma part, marquant le début de mon intérêt pour l'informatique. Depuis, le virus ne m'a plus jamais quitté.

1975, naissance de Microsoft

Le 4 avril 1975, Bill Gates et Paul Allen signèrent un partenariat 60/40 pour développer des logiciels. Après le succès de l'interpréteur BASIC vendu à MITS, le 29 novembre 1975, dans une lettre à Paul Allen, Bill Gates utilisa le mot "Micro-soft" en référence à leur partenariat dans cette affaire. C'est la toute première référence au nom de leur entreprise.

Les membres du "Homebrew Computer Club" dont faisaient partie Bill et Paul se réunirent pour la première fois dans le garage de Gordon French à Menlo Park, en Californie, où ils discutèrent longtemps de leurs projets de logiciels.

Les revenus de la toute jeune société "Micro-soft" s'élevaient alors à 16005$ et disposait de trois employés : Paul Allen, Bill Gates et Ric Weiland.

Le 3 février 1976, Bill Gates publia dans les "MITS Newsletters" une lettre ouverte aux hobbyistes "Open Letter to Hobbyists" dans laquelle il aborda pour la première fois la question du piratage informatique. Bill Gates accusait les amateurs de "voler les logiciels [...] et d'empêcher la création de bons logiciels". Cette lettre sera ensuite reprise dans plusieurs autres magazines.

Mais ce que ne dit pas l'histoire c'est que Bill Gates lui-même a également trouvé son inspiration dans les innovations mises au point par son ami Steve Jobs d'Apple, notamment l'idée de la souris et quelques astuces logicielles pour son DOS. A l'époque Jobs avait même crié haut et fort à ses collègues de travail "de la fermer" quand il voyait Bill Gates les questionner un peu trop curieusement sur certaines nouveautés...

Le 26 novembre 1976, la raison sociale "Microsoft" est officiellement déposée au Bureau du Secrétaire d'Etat du Nouveau Mexique. Le commentaire est explicite, la société a pour métier " d'identifier et de proposer des logiciels adaptés aux systèmes de traitement de données, des services de traitement de données, y compris des services logiciels." Un géant était né.

Aujourd'hui Microsoft s'est installé dans un building de Seattle, dans l'État de Washington, non loin de Boeing et Starbuck où Bill Gates s'est d'ailleurs fait construire près de la côte une spatieuse résidence domotisée.

1976, naissance d'Apple Computer, Inc.

L'aventure Apple commença au cours de l'été 1975, lorsque l'Américain Steve Wozniak, un jeune ingénieur électronicien de 26 ans travaillant chez Hewlett-Packard, décida de construire son propre micro-ordinateur.

Le personnage mérite le détour. C'est un brillant mathématicien qui se fit remarquer à l'université, un pirate informatique à ses heures et un féru d'électronique qui construisit sa propre station radioamateur à l'âge de 11 ans. Il détenait alors l'indicatif novice WV6VLY, puis émettra sous l'indicatif WA6BND à l'époque de l'Apple II.

Note intéressante pour l'avenir, Steve Wozniak refusait déjà de payer le moindre centime à un opérateur longue distance s'il pouvait le contacter d'une autre manière. C'est de cette époque que vient son intérêt pour la téléphonie : l'iPhone, c'est Wozniak.

Wozniak était membre du "Homebrew Computer Club" de Palo Alto, en Californie (dans la Silicon Valley), un club de bricoleurs passionnés. Il pensait à ce projet d'ordinateur depuis des années et en avait déjà rédigé les plans sur papier.

Il s'intéressa tout d'abord au tout nouveau processeur 8080 d'Intel mais il était trop cher (179$). Il est important de noter pour la suite de l'histoire que Wozniak envisagea alors d'acheter un Motorola 6800 car il ressemblait au set d'instructions qu'il utilisait lui-même sur les miniordinateurs, notamment sur le Data General Nova. Mais à nouveau, son prix le rebuta. C'est alors que son ami Allen Braun découvrit que la société MOS Technology vendait un stock de processeurs presque identiques au 6800 et nettement moins cher, le 6502, au prix de 25$. L'affaire fut conclue et Wozniak commença à monter son ordinateur, assemblant lui-même le clavier, programmant les PROM pour le piloter, récupérant un écran de télévision, une alimentation, etc.

Steve Wozniak et Steve Jobs d'Apple Computer Inc, tenant en main la carte-mère de leur Apple-1 en 1976. Noter la pomme à l'arrière-plan. L'Apple-1 se vendra à plus de 200 exemplaires en 10 mois à travers le "Homebrew Computer Club" et le magasin "The Byte Shop". Leur société fera un bénéfice d'environ 20000$. La startup démarrait fort.

En 1976, Wozniak avait terminé son ordinateur et le présenta au rendez-vous bi-semestriel du Homebrew Computer Club. C'est à l'occasion de l'une de ces réunions qu'il rencontra Steve Jobs, un ami d'école alors âgé de 21 ans. Ils avaient déjà travaillé ensemble au cours d'un atelier d'été chez HP.

Steve Jobs fut de suite emballé par son ordinateur et aida Wozniak à améliorer son produit final. Comme dans beaucoup de clubs d'électronique, il proposa également à Wozniak de fabriquer une série de cartes-mères et de les vendre au membres du club.

Rassemblant le peu d'argent qu'ils avaient pour fabriquer les cartes-mères, le 1er avril 1976, Wozniak quitta son poste chez HP et fonda officiellement avec Steve Jobs  la société Apple Computer, Inc. Jobs était le président d'Apple et Wozniak le vice président, chargé de la recherche et du développement. Randy Wigginton, qui était encore au collège, deviendra le premier employé d'Apple.

Dans son livre "West Of Eden: The End Of Innocence At Apple Computer" publié en 1990, Frank Rose explique la raison de ce choix : "Jobs, qui venait de travailler dans un verger de pommiers, aimait ce nom parce qu'il pensait que la pomme était le fruit parfait; il possède un contenu nutritif élevé, elle est conditionnée dans un bel emballage, elle ne s'abîme pas facilement, et il voulait qu'Apple soit la compagnie parfaite. Par ailleurs, nos deux amis n'avaient pas de meilleur nom".

Wozniak et Jobs avaient déjà travaillé ensemble sur la programmation d'un jeu baptisé "Breakout" pour Atari, dans lequel le joueur devait abattre un mur avec une balle. Le commercial Nolan Bushnell leur avait promis 5000$ s'ils parvenaient à élaborer l'ordinateur et le programme du jeu arcade. Le jeu fut un succès et Atari en vendit 15000 exemplaires, mais n'accorda pas la moindre licence à Wozniak et Jobs. Ce travail de programmation leur rapporta seulement 350$ à chacun. Comme beaucoup de jeunes faisant leur première expérience commerciale, ils se firent roulés dans cette aventure. Wozniak et Jobs retiendront la leçon.

Possédant maintenant des cartes-mères originales, Jobs se mit en relation avec le responsable d'un magasin de la baie appelé "The Byte Shop". L'homme d'affaires, Paul Terrell, exprima son intérêt pour l'ordinateur Apple mais il ne voulait vendre que des modèles totalement assemblés. S'ils pouvaient les lui fournir, Terrell leur promettait de leur commander 50 Apple et les payerait cash à la livraison.

Devant le travail à accomplir, leur économies ne suffirent pas. Nos deux partenaires négocièrent un crédit à 30 jours sans intérêt et se mirent à assembler les ordinateurs dans le garage de Jobs.

Précisons que cet ordinateur soi-disant "tout assemblé" était vendu sans alimentation, sans clavier ou écran, des éléments comptés en supplément. Une idée similaire viendra à l'esprit d'IBM quelques années plus tard, au grand désarroi des acheteurs qui virent le montant de leur facture sérieusement augmenter.

Le 1 juillet 1976, le nouvel ordinateur fit la devanture du magasin "The Byte Shop". Il était référencé sous le nom Apple-1 dans la liste de prix et proposé au prix respectable de 666.66$ (environ 1666$ actualisés), ce qui représentait deux fois le coût de fabrication plus les 33% de marge pour le commerçant.

200 Apple-1 furent fabriqués et mis en vente. Au bout de 10 mois, il n'en resta plus que 25 en stock. Apple fit un bénéfice d'environ 20000$ (environ 51000$ actualisés) ! L'affaire marchait bien.

C'est ainsi que rapidement la fameuse pomme acquis sa réputation et que débuta la légende de la startup aux idées géniales qui commença dans un garage et finit à Wall Street (action AAPL). Grâce aux idées visionnaires et novatrices de Steve Jobs, la société de Cupertino allait révolutionner la micro-informatique. On y reviendra.

La même année, la société Shugart introduisit le lecteur de disquette de 5.25" au prix de 390$. Accessoire de luxe, il était néanmoins indispensable aux utilisateurs pour conserver une copie de leurs données et de leurs programmes.

1977, commercialisation des TRS-80 de Tandy, PET Commodore et Apple II

En 1977, le marché micro-informatique prit de l'ampleur. Digital Research sortit le système d'exploitation CP/M qui sera supporté par presque tous les systèmes. Tandy Corporation annonça la commercialisation du TRS-80 Model 1. Immédiatement après, Personal Electronic Transactor commercialise le PET Commodore et Apple sortit son fameux Apple II.

Le TRS-80 Model I

Le Pet Commodore

L'Apple II

A partir de 1979, les ventes d'Apple II commençèrent à stagner, si bien que Wozniak et Jobs décidèrent d'améliorer leur ordinateur en proposant un affichage graphique, 80 colonnes, 640 KB de mémoire, et quelques accessoires logiciels et hardware.

Le 15 février 1982, à l'âge de 26 ans, Steve Jobs fit pour la première fois la couverture du magazine "Time". "Cet homme a presque à lui seul créé l'industrie du PC," écrivait alors le rédacteur en chef. Nous reviendrons sur l'esprit visionnaire de Jobs.

Steve Jobs en couverture du "Time" en 1982.

L'Apple II donnera naissance à l'Apple IIGS, IIe et //c, ce dernier étant une version portative bas de gamme destinée au grand public. L'Apple //e fut commercialisé en 1983 et connaîtra un gros succès, notamment auprès des écoles américaines.

Depuis la sortie de l'Altair aux LED rouges, du SWTPC-6800 au look inégalé et du TRS-80 capable de pratiquement tout piloter, je suivais l'évolution du marché en attendant un coup de coeur et surtout des finances.

Cet Apple II "enchanced" me sembla de suite fabuleux avec sa petite pomme arc-en-ciel à croquer, son bus d'interface et ses milliers de logiciels allant du traitement texte aux utilitaires en passant par les applications graphiques (les applications musicales et les jeux étaient séduisants mais passaient au second plan).

Moyennant quelques extensions mémoire, des cartes dédiées et leur logiciel, il me semblait capable de tout réaliser, de tout contrôler, y compris les vidéodisques, les scanners et les systèmes de traitement d'image, ce dont j'avais besoin. Il ne m'a pas fallu longtemps pour me décider à l'acheter au grand dam de mes parents qui n'y voyaient pas trop l'utilité bien qu'ils travaillaient déjà sur ordinateur eux-mêmes.

Entré dans la vie active depuis quelques années, j'y ai mis toutes mes économies et même un peu plus. En 1983, un Apple IIe revenait à 1290$ (environ 2700$ actualisés), deux fois plus que ses concurrents et près du double en Europe, ce qui représentait plusieurs mois de salaire. Je le voulais à tout prix avec toutes ses options car j'avais bien compris tout le potentiel qu'il pouvait m'apporter; j'étais déjà conquis par l'informatique et en train d'en faire ma profession.

Venant du monde mainframe, ce petit ordinateur avec ses paddles puis son joystick avait quelque chose de ludique mais il n'en était pas moins capable de rivaliser avec l'IBM 370 dans bien des tâches de gestion ou scientifiques. Il était même plus pratique que ce dernier puisque je pouvais l'embarquer avec moi et même travailler sur le terrain moyennant une alimentation externe.

Aidé par des Américains rencontrés sur les premiers BBS (Bulletin Board Systems) et la lecture des magazines d'informatique, j'ai passé mon temps libre à créer des illustrations, des logiciels (éducatifs, un simulateur astronomique et un utilitaire de calcul polynomial) et à écrire mes premiers articles sur le sujet qui furent publiés dans "Nibble", "A+ Magazine", "SoftDisk", "L'Ordinateur Individuel" ainsi que des journaux locaux ou associatifs dans les années qui suivirent (voir mes publications).

Au fait, à une époque où la disquette de 5.25" était le support priviliégié des amateurs d'informatique, quel était le prix d'un disque dur de 10 MB ? Comme le montre la publicité ci-dessous, en 1980 un disque neuf externe coûtait 4495$ et un modèle d'occasion reconditionné coûtait 3495$, soit trois fois le prix d'un ordinateur Apple IIe complet. Et il fallait encore ajouter 1495$ pour le contrôleur ! Pas étonnant qu'à ce prix l'informatique soit restée longtemps réservée aux entreprises. Heureusement que de petits entrepreneurs comme Steve et Bill sont arrivés pour démocratiser ce marché élitiste...

Prix d'un disque dur reconditionné en 1980.

Du coupleur acoustique au modem de 56 K

Avant même que se développe ARPANET, en 1962 sont apparus les premiers modems analogiques (vocaux) de 300 bauds (bits/s). Ressemblant au modèle présenté ci-dessous, il s'agissait d'un coupleur accoustique que l'on manipulait à la main et qui servait surtout de répondeur téléphonique. Mais on pouvait l'utiliser pour transmettre des données converties en sons via la ligne téléphonique.

En 1972, Vadic commercialisa le premier modem acoustique de 1200 bits/s soit 150 bytes/s (0.15 kbps). Puis cette technologie stagna, le temps que les ingénieurs améliorent les techniques de codages du signal.

Pendant que les fabricants de processeurs amélioraient leur technologie et que l'informatique se démocratisait, la bande passante des lignes de communications suivit une croissance similaire connue sous la loi de Neilsen qui n'est pas sans rappeler la loi de Moore sur les performances des transistors inclus dans les microprocesseurs et par la même occasion celles des ordinateurs.

Coupleur acoustique AJ311 connecté à une ligne téléphonique. Il connecte l'ordinateur au monde extérieur via le réseau téléphonique.

Encore une fois, on retrouve un radioamateur derrière une invention touchant les communications. En effet, en 1977 Dale Heatherington (WA4DSY) en collaboration avec son ami Dennis C. Hayes fabriquèrent le premier modem pour PC, le "80-103A" offrant un débit de 300 bits/s. Cette carte mesurant environ 25x15 cm fonctionnait avec un microcoupleur externe connecté à la prise téléphonique. Cette fois, l'intégration des télécommunications dans l'ordinateur devenait une réalité.

L'année suivante, Dale et Hayes commercialisèrent le Micromodem-II pour l'Apple II. Son débit était également de 300 bits/s.

Rappelons qu'à cette époque la technologie permettait déjà de fabriquer des modems cinq fois plus rapides mais ils étaient trop chers pour les particuliers. C'est ainsi que les sondes spatiales Pioneer 10 et 11 lancées respectivement en 1972 et 1973 étaient déjà équipées d'un modem de 2 kbps (0.258 KB/s) tandis que les sondes spatiales Voyager 1 et 2 lancées en 1977 transmettaient leurs données à 115.2 kbps soit 14.4 KB/s (cf. cet article).

En 1980, Gottfried Unguerboeck du laboratoire de recherche d'IBM à Zurich inventa une méthode pour augmenter le débit de transmission en codant différemment le signal sans générer plus d'erreurs. L'information fut rendue publique en 1982. Grâce à sa méthode et un nouveau code de correction d'erreurs, on pouvait dorénavant transmettre des données à plus de 9.6 kbps soit 1.2 KB/s et même atteindre 16.8 kbps soit 2.1 KB/s. Peu après AT&T trouva une méthode pour atteindre 19.2 kbps soit 2.4 KB/s (norme V32ter). Malheureusement, ces méthodes n'étaient pas standards et les fabricants de modems ne les ont pas supportées.

En 1981, un pas important fut franchi dans les télécommunications avec la commercialisation du premier modem asynchrone Hayes Smartmodem. Bien que limité à 300 bauds en réception, ce modem utilisait un microcontrôleur qui prenait en charge automatiquement la connexion et la formation du numéro, évitant à l'utilisateur toute la procédure manuelle. Les informaticiens furent immédiatement conquis par cette invention qui fit la réputation de Hayes.

Ce modem fut rapidement remplacé par le Hayes Smartmodem de 1200 bauds qui permit cette fois aux BBS de conquérir le monde. Inconvénient, au faible débit de 1200 bits/s soit 150 bytes/s, on transférait à peine 9 KB de données par minute, 0.540 MB en une heure. Il était fastidieux de travailler ainsi pour déposer des données par FTP sur un serveur professionnel ou pour télécharger d'importantes quantités de données depuis un BBS. Même pour un amateur, ce débit était trop lent.

Des modems plus rapides furent commercialisés à partir de 1985, passant progressivement de 2400 bits/s à 9600 bits/s puis à 14.4 Kbits/s et 33.6 Kbits/s soit 4.2 KB/s, un débit jugé assez rapide pour l'époque. On pouvait ainsi transférer 252 KB par minute et 15 MB en une heure.

A la fin des années 1980, le modem de référence était celui de 56 K (débit  de 7 KB/s), équipé d'un système correction d'erreur et de compression MNP 5 au standard V.42/V.42bis, mais l'accessoire était assez onéreux (l'équivalent d'environ 130 € htva en 2023).

A écouter : le son caractéristique d'un modem de 56 K

Modem U.S.Robotics en cours de connexion

A gauche, le prototype de carte Micromodem-II pour l'Apple II mis au point par Dale Heatherington en 1978. La carte qui offrait un débit de 300 bits/s était connectée à un microcoupleur externe relié à la prise téléphonique. A droite, un modem U.S.Robotics de 56 K V.90. Documents Dale Heatherington et Computer Retro.

Rappelez-vous les fameux modems Hayes dont voici plusieurs vidéos publicitaires et U.S.Robotics à la norme V.90. Vous trouverez sur le site Computer Retro de nombreuses photographies d'accessoires de cette époque.

C'était le temps des fameuses commandes Hayes ATDT, etc, des câbles séries null modem et autre "Laplink", des adaptateurs séries et leurs lots de problèmes quand les fils étaient mal croisés.

Cette technologie était adaptée à la bande passante des lignes téléphoniques de cuivre dont le débit était limité à 56 K du fait qu'elles ne supportaient qu'une seule fréquence ou onde porteuse. Pour y remédier on inventa plus tard des techniques numériques (ADSL, etc). On y reviendra.

Ce modem de 56 K était devenu indispensable pour échanger des volumes importants de données sur les BBS et autres WAN. Grâce à cette invention, les amateurs d'informatique pouvaient communiquer à travers le monde et échanger des fichiers par le biais du réseau téléphonique sans payer le moindre centime pour son exploitation.

Entre-temps, Dale Heatherington se retira des affaires tout en restant actionnaire de l'entreprise Hayes pendant les dix années qui suivirent. Finalement, Hayes fit faillite en 1999 sous la pression du marché et notamment du géant U.S.Robotics (qui fut racheté en juin 2013 par UNICOM).

1977, normalisation du modèle OSI

Avec le développement des premiers réseaux et des services informatiques, afin que les ordinateurs puissent échanger des informations, il a fallu créer un cadre formel décrivant les spécifications de chaque service ou fonction assurée par les différents éléments logiciels ou matériels utilisés dans les systèmes d'informations interconnectés et ouverts. Cela donna naissance au modèle OSI (Open Systems Interconnection) qui fut normalisé en 1977.

Voici sa représentation et la description du contenu ou de la fonction de chaque couche du modèle :

Couche

Modèle OSI

Service

Contenu, fonction ou appareil

7

Application

FTP, Telnet, SMTP, POP, HTTP, VoIP, Netware, Apple,...

Logiciel, format des données

6

Présentation

UUCP, Unicode, NCP, XDR...

Mise en forme, cryptage et compression

5

Session

SSL, RTP, RPC, ASP, PAP...

Gestion des communications

4

Transport

TCP, UDP, RTP, SPX, ATP...

Gestion des erreurs

3

Réseau

IP, ARP, ICMP, X.25, IPSec,...

Datagrammes, gestion du routage, Router

2

Liaison de données

Trame Ethernet, ODI, NDIS, LocalTalk, Token Ring, ...

MAC address, Wi-Fi, Bridge, Switch, Token,...

1

Physique

Bit, topologie et câblage

Modem, carte réseau, 10BaseT, Hub, Repeater,...

En principe, les développeurs et les constructeurs de systèmes informatiques doivent respecter ce modèle mais nous verrons qu'en 1994 ce modèle fut adapté, notamment en raison du développement d'Internet et de la prolifération de protocoles et de services divers.

Le modèle OSI est devenu le modèle TCP/IP dans lequel certaines couches ont pour ainsi dire été fusionnées, certains services de communication et d'encryption par exemple étant assurés par la couche applicative, c'est pas exemple le cas des navigateurs Internet. On y reviendra car l'époque n'est pas encore prête pour ce changement.

1978, naissance de CompuServe et des BBS

C'est en 1978 que CompuServe inaugura le tout premier BBS à travers le réseau de Radio Shack (fournisseur des Tandy TRS-80 notamment) et un service qui débuta timidement sous le nom de Customer Information Service ou CIS.

C'est également en 1978 que Ward Christensen fonda CCBS, le premier BBS basé sur les loisirs, l'ancêtre de tous les forums et sites webs privés.

Le cyberespace et les autoroutes virtuels de l'information. Document Deutsche Post DHL.

Grâce à CompuServe et la mise à disposition des membres d'un protocole de transfert baptisé "B protocol" en 1981, beaucoup d'amateurs disposant d'un modem ont commencé à partager leur propres informations avec des amis et à développer de véritables réseaux internationaux.

Les utilisateurs les plus concernés ont déplacé leur base de données sur CompuServe où d'autres pouvaient télécharger ce qu'ils avaient besoin 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, soit librement soit moyennant le paiment d'une licence.

Bientôt, des constructeurs comme HP, IBM et Microsoft et des institutions gouvernementales et scientifiques  (NOAA, centres de recherches, universités, etc.) proposèrent leurs services sur ce qui devint CompuServe Information Services ou CIS. 

Avec le temps, on trouva sur CompuServe des actualités, des forums, des conseils en investissement, du sport et même un press kit dédié au cinéma à partir de 1992. En l'espace de 10 ans, CIS généra 50% du chiffre d'affaire de CompuServe.

La seconde activité de CompuServe concernait le service de location de son réseau privé de lignes packet (VPN X.25) qu'il baptisa CompuServe Network Services ou CNS en 1982.

A la fin des années 1980, ce réseau s'étendit à toute la planète, de Los Angeles à Hong Kong en passant par Munich et Londres. CompuServe comptait jusqu'à 3 millions de membres en 1995 contre 9 millions pour son concurrent AOL.

Malheureusement CompuServe ne réussit pas à s'adapter à la déferlante d'Internet, son architecture subit de nombreuses pannes et des incompatibilités logicielles, si bien que la société perdit beaucoup de clients qui se tournèrent vers les premiers sites Internet.

CompuServe fut racheté en 1998 par WorldCom qui revendit littéralement le lendemain le service CIS à AOL pour ne conserver que le réseau CNS. Aujourd'hui il ne reste que le Web Center de CompuServe et CompuServe Forum Center, les forums de CompuServe, les fantômes d'un glorieux passé.

Si vous désirez en savoir plus, reportez-vous à l'article sur l'Histoire de CompuServe.

1979, naissance du Walkman et de l'IXI, futur iPod

Le 21 juin 1979, Sony commercialisa le Walkman , une invention géniale qui alla révolutionner le monde de la musique mobile. Alimenté par 4 piles AA et équipé d'une cassette magnétique, au début il ne permettait que d'écouter des cassettes. Par la suite, il permit également d'enregistrer, rendant de grands services aux reporters. En l'espace de 10 ans, Sony vendit 50 millions de Walkman.

C'est en 1984 que Sony sortit un baladeur numérique. Aujourd'hui, les Walkman de Sony lisent des fichiers MP3. La commercialisation du Walkman fut interrompue en octobre 2010. En 50 ans d'existence, le Walkman a été décliné en plus de 1000 variantes, y compris avec une connexion Bluetooth ou de la taille d'un stick USB.

C'est également en 1979 que l'homme d'affaires et inventeur anglais Kane Kramer déposa un brevet protégeant un baladeur baptisé IXI.

Selon le descriptif du produit, l’IXI était intégré dans un système de distribution de musique bon marché. Les albums et les singles des groupes professionnels devaient être enregistrés dans une base de donnée. Sur demande, les clients pouvaient télécharger sur leur IXI un titre individuel moyennant un paiment électronique. Le lecteur audio portable pouvait lire jusqu’à 3.5 minutes de musique.

A consulter : Walkman Sony, 2023

The New Sony Walkman, Ars Technica, 2023

A gauche, le Walkman TPS-L2 commercialisé par Sony en 1979. Au centre et à droite, le IXI inventé en 1979 par Kane Kramer, est le précurseur de l'iPod d'Apple présenté en 2001.

Mais en 1988, faute d’argent, Kane ne put renouveler le brevet qui tomba dans le domaine public. Apple eut vent de l’affaire, s'appropria le concept et sortit son fameux iPod le 23 octobre 2001.

Après un procès qui se termina à l'amiable au profit d'Apple, pour seule compensation ce dernier offrit... toute sa sympathie à Kane ainsi qu'un iPod qui tomba en panne huit mois plus tard ! Mais Apple a tout de même reconnu que le croquis de Kane était à l’origine de l’iPod.

Devant le succès de l'invention, Kane essaya de négocier avec Apple un petit extra pour tout le bénéfice qu'Apple tira de son invention mais en vain.

En 2003, Krane fonda la British Inventors Society qui organise des compétitions d'inventeurs et des expositions sur le thème de l'innovation.

Comme quoi les inventeurs ne sont pas toujours récompensés.

Prochain chapitre

1981, naissance de l'ordinateur personnel

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