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Mars, le dieu de la guerre Le verdict de l'exploration spatiale (VI) L'homme a envoyé des sondes d'exploration vers Mars depuis 1964, cela fait déjà plus d'un demi-siècle qu'il explore la planète Rouge par robots interposés. Sur les 44 missions spatiales envoyées à ce jour vers Mars, 22 soit la moitié ont échoué ! C'est en 1965 que la sonde Mariner 4 survola Mars et retransmis les toutes premières photos numériques de la planète Rouge. A cette époque, les images étaient transmises par modem et reconstruites grâce aux premiers ordinateurs. Les valeurs indiquées dans les lignes de codes formatées représentaient des nuances de gris. Le fichier était ensuite envoyé sur une imprimante chargée de papier photographique. Il n'existait alors aucun moyen d'obtenir une photo couleur. A voir : Five Ways Mariner 4 Changed Mars Exploration, JPL Pour l'anecdote, comme on le voit ci-dessus, à titre d'amusement les ingénieurs ont fait le pari de reconstruire une image couleur... à la main ! Les ingénieurs du JPL ont découpé des bandes de listings codés qu'ils ont assemblées sur un tableau et colorées ensuite à la main en fonction de la valeur de gris ! Il faut le voir pour le croire ! On en ferait une oeuvre d'art que ne démentiteraient pas les Pointillistes ! Heureusement, étant donné les centaines de milliers d'images à traiter à chaque mission, la technologie a évolué et de puissants systèmes informatisés de traitement d'image ont pris la relève. Quant au mythe martien, au grand dam des fervents défenseurs de la vie extraterrestre et des ufologues, les petits hommes verts et leurs canaux se sont évanouis avec l'avènement de l'exploration spatiale. Au début du XXe siècle et pendant près de 20 ans, les astronomes ne disposaient que de méthodes visuelles d'études, observant la planète en lumière blanche ou en infrarouge. Au cours des quarante années qui suivirent ils eurent de plus en plus recours à des méthodes d'observation photométriques, polarimétriques ou thermoélectriques. Leurs méthodes se déplacèrent ensuite vers les moyens astronautiques et aujourd'hui des astronomes pensent y débarquer des hommes. En 1976, les sondes spatiales Viking 1 et Viking 2 de la NASA se posèrent sur Mars. Cette aventure marqua les esprits car c'était la première fois que des objets fabriqués par l'homme se posaient sur la planète Rouge tant mystifiée. Les sondes Viking sont restées actives plusieurs années à la surface de Mars, récoltant de nombreuses données sur les mouvements éoliens et les variations climatiques à sa surface. Leurs observations ont permis d’élucider bien des énigmes qui furent confirmées par les missions ultérieures. De nombreux livres furent d'ailleurs publiés sur ces deux missions mémorables dont le célèbre livre d'Albert Ducrocq, "A la recherche d'une vie sur Mars". Mais si les chercheurs étaient a priori persuadés de trouver des traces de vie sur Mars, même fossiles, les traces chimiques découvertes au cours de ces missions n'ont pas été convaincantes et déçurent fortement les spécialistes. Ils en tirèrent la leçon et dans les années qui suivirent ils révisèrent leur méthode de recherche de traces de vie sur Mars et ailleurs.
On sait aujourd'hui que les variations de teintes et de formes observées sur Mars depuis la Terre sont provoquées par les déplacements des nuages de sable durant les tempêtes martiennes. Des dépôts peuvent s'accumuler derrière les remparts des cratères où former de longues traînées si le relief fait obstacle à sa progression. Syrtis Major Planitia représente ici un exemple typique : lorsque le vent chasse le sable, on découvre un substrat rocheux plus sombre, que tous les observateurs ont dessiné sous la forme d'un large appendice sombre s'étendant vers le nord. Il s'avère également que les poussières claires sont plus fines que les poussières sombres. Les premières s'étirent sur de longues distances tandis que les secondes sont courtes et larges. Cette activité éolienne est donc toujours active et développe une énergie considérable qui, lors des tempêtes, transporte facilement le sable sur la moitié de l'hémisphère. Il n'est donc pas étonnant que le visage de Mars change régulièrement, suivant à la fois le mouvement des marées d'équinoxes, les effets thermiques provoqués par les saisons et les effets locaux liés aux reliefs. Le visage de Mars change également sur le plan figuré. En effet, dans le cadre de sa mission d’étude, en avril 1998 la sonde Mars Global Surveyor (MGS) fit toute la lumière sur la soi-disant formation artificielle de la région de Cydonia, le fameux site situé par 40.9°N et 9.45°O dans lequel se trouve un relief isolé représentant un visage qui fut découvert par la sonde Viking vingt deux ans plus tôt. Devant les allégations des journalistes la réaction officielle du JPL fut de dire à l'époque qu'il s'agissait d'un jeu trompeur d'ombres et de lumières sans pouvoir vraiment le démontrer.
La nouvelle caméra orbitale de MGS étant dix fois plus sensible que celle équipant Viking, la NASA s’est permis de présenter une nouvelle image du “visage de Mars”, en prenant soin de la comparer à l’ancien cliché pris par Viking en 1976, sans ajouter de commentaire. De fait les images parlaient d’elles-mêmes : cette région de Mars subit une érosion si intense qu’elle sculpte littéralement les roches martiennes tendres délaissant naturellement les zones plus compactes, révélant les cratères sous-jacents et donnant à certaines montagnes des apparences trompeuses sous certains éclairages. Aujourd’hui, il faut délibérément aimer les images floues et y croire avec beaucoup de mauvaise foi pour y trouver les traces d’un visage !
Documents Solarviews/NASA/Calvin J.Hamilton et NASA/ESA/STScI. MGS et Mars Pathfinder : Sojourner Pour la première fois dans l'histoire de l'exploration spatiale, l'homme a établi le premier réseau de communication satellite sur une autre planète. En effet, le 11 septembre 1997 la sonde Mars Global Surveyor (MGS) se mit en orbite autour de Mars et commença sa mission photographique qui s'acheva en 2007. L'orbiter largua également le module Mars Pathfinder équipé d'un petit explorateur miniature à six roues dénommé “Sojourner”. Ce rover eut un succès mitigé car il fut mis hors service 7 jours après le début sa mission après avoir heurté un rocher comme on le voit ci-dessous. Le 3 janvier 1999, la NASA lança la sonde orbitale Deep Space 2 (DS2) du programme New Millenium Microprobes dans le but d'étudier la météorologie martienne et de rechercher la présence d’eau. Malheureusement la sonde fut perdue lors de la rentrée atmosphérique. Entre-temps, MGS fut rejointe en 2002 par la mission Mars Odyssey qui a déjà à son actif la découverte de lacs souterrains sur Mars, découverte qui reste à confirmer sur site. Aujourd'hui l'orbiter est toujours en activité.
Mars Express De son côté, grâce à une fusée Soyuz/Fregat, le 2 juin 2003 l'ESA lança la mission Mars Express comprenant deux sondes spatiales, un orbiter et un lander Beagle II. Malheureusement, après un voyage de 7 mois, au moment de l'atterrissage (ou "amarsissage") sur Mars, l'ESA perdit tout contact avec Beagle II, perdant par la même occasion environ 400 millions de dollars. Mais la mission Mars Express continua malgré tout grâce à l'orbiter qui est en mesure d'analyser l'atmosphère de Mars, d'effectuer des mesures du sol et du sous-sol à distance et de prendre des photographies en haute résolution grâce à la caméra stéréoscopique HRSC. Grâce à cet orbiter et notamment à son radar et son spectromètre, l'ESA a pu estimer que la quantité d'eau glacée présente au Pôle Sud de Mars est équivalente à une couche liquide de 11 mètres d'épaisseur recouvrant toute la planète. Cette quantité est encore plus élevée au Pôle Nord de Mars. Aujourd'hui l'orbiter de la mission Mars Express est toujours actif. Grâce à Mars Express, régulièrement l'ESA en collaboration avec le DLR allemand et l'Université Libre de Berlin (FU berlin) nous proposent notamment des images tridimensionnelles de formations martiennes remarquables comme par exemple Valles Marineris (voir page 2), Reull Vallis (voir page 2) ou le cratère Worcester (voir page 3) qui subit une débacle gigantesque qu'on peut qualifier de méga inondation voici 3.4 à 3.6 milliards d'années, tellement puissante qu'elle transforma durablement le paysage. La mission MER : Spirit et Opportunity Quelques semaines après l'arrivée de la sonde Mars Express, les robots géologues Spirit et Opportunity de la mission Mars Exploration Rover (MER) lancés respectivement le 10 juin et le 7 juillet 2003 par la NASA réussirent leur atterrissage sur la planète Rouge respectivement le 4 et le 25 janvier 2004. Ils commencèrent aussitôt l'exploration géologique de leur nouvel environnement. Fin 2009, Spirit et Opportunity avaient déjà parcouru plus de 15 km dans le désert glacé, forant, ponçant, photographiant et radiographiant les gisements intéressants dans la plaine, au fond des cratères, aux pieds des collines ou sur le versant des montagnes.
Les scientifiques perdirent le contact avec Spirit le 25 mai 2011. De violents vents et tempêtes de sable soufflant sur Mars, comme tous les rovers, Opportunity se couvrait rapidement de poussière. Par chance, en mars 2014 une violente tempête souffla la poussière qui s'était déposée sur ses panneaux solaires, augmentant ses réserves d'énergie. Malheureusement, Opportunity succomba le 10 juin 2018 à une nouvelle tempête de sable qui le congela littéralement. Sa mission fut clôturée officiellement le 13 février 2019. En quelques années les sondes orbitales et les landers ont apporté des preuves probantes selon lesquelles de l'eau, parfois salée, a vraisemblablement coulé à la surface de Mars il y a plus de 3 milliards d'années. On a découvert des traces d'écoulements, d'alluvions, des sphérules, des structures formées par percolation, des galets, des couches sédimentaires stratifiées, etc. On reviendra sur le sujet en bioastronomie à propos des Traces d'eau à la surface de Mars.
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La mission MRO et les perchlorates En 2005, la NASA envoya la sonde spatiale Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) prospecter l'atmosphère et la surface de Mars à la recherche de traces d'eau. L'orbiter fut placé en orbite d'insertion autour de Mars le 12 mars 2006 et est toujours en activité. MRO est l'une des plus grosses sondes spatiales jamais envoyée vers Mars. Elle dispose non seulement des moyens radio, photographique et spectrométrique classiques, mais également et pour la première fois d'un radar fabriqué par les ingénieurs italiens capable de pénétrer sous le sable pour analyser les reliefs à la recherche d'anciens lits de rivières. Cette mission représente un investissement de 720 millions de dollars. La découverte la plus importante réalisée par la mission MRO a été faite en 2015, lorsque la NASA annonça avoir des preuves confirmant la présence d'eau liquide aujourd’hui sur la planète Rouge. Le sujet étant aussi vaste qu'intéressant, nous y reviendrons en détails dans l'article consacré aux traces d'eau à la surface de Mars. La mission Phoenix En mai 2008, la mission Phoenix Mars Lander débuta. Le lander Phoenix atterrit près du pôle Nord dans la région de Vastitas Borealis et eut pour mission de confirmer la présence de lacs souterrains mis en évidence par la sonde Mars Odyssey. Un puissant bras robotisé équipé d'une perceuse et d'une ponceuse et muni d'une caméra haute-résolution creusa le sol jusqu'à 1 mètre de profondeur et analysa les échantillons qui n'ont sans doute pas vu la lumière du Soleil depuis quelques milliards d'années. Il découvrit notamment des traces d'eau et de carbonate de calcium. Phoenix trouva également des indices de l'existence probable de perchlorates dans le sol de Mars mais la découverte ne fut pas confirmée et il fallut attendre la mission MRO pour en avoir confirmation. Le coût de la mission Phoenix s'éleva à 325 millions de dollars. La sonde spatiale cessa de fonctionner le 25 mai 2010. La mission MSL : Curiosity Le 26 novembre 2011, dans le cadre de la mission Mars Science Laboratory (MSL), la NASA envoya la sonde d'exploration Curiosity explorer la région martienne d'Aeolis Mensae (Mont Sharp) et du cratère Gale situés près de l'équateur. Après un voyage de plus de 6 mois, le rover se posa avec succès sur Mars (cf. cette vidéo sur YouTube) et explora la région à partir du 6 août 2012. A voir : Curiosity Rover Report (2016): Four Years on Mars, NASA/JPL
Comme ses prédécesseurs, le robot a récolté des échantillons de roches et de gaz atmosphérique. Il a effectué des analyses spectrométriques pour identifier d'éventuels composants carbonés, des analyses par diffraction X et fluorescence pour identifier la nature du sol et mesuré le taux de rayonnement en surface. Curiosity est également équipé de caméras HD stéréo et couleur. La découverte de méthane Opportunity réalisa quelques découvertes et notamment des émissions de méthane dans une roche de surface en 2013. A leur tour Curiosity (2013) et Mars Express (2012-2014) ont détecté du méthane, respectivement ~6 ppb (parts par milliard) et ~15.5 ppb de volume de méthane, au dessus du cratère Gale (cf. "Nature", 2019). Cela correspond à environ 46 tonnes de méthane distribués sur une zone de 49000 km2. En revanche, l'orbiter ExoMars n'a pas relevé de méthane en 2018 (pas plus de 0.05 ppb).
En 2019, l'équipe de John E. Moores de l'Université de York au Canada a rapproché les données contradictoires d'ExoMars et de Curiosity et conclut : "Nous avons pu résoudre ces différences en montrant que les concentrations de méthane étaient beaucoup plus basses dans l'atmosphère le jour et beaucoup plus élevées près de la surface de la planète la nuit, alors que le transfert de chaleur diminuait." C'est déjà un indice. Actuellement on ignore si cette source de méthane est organique ou non car comme sur Terre, il est tout à fait possible que des roches et des gaz hydratés en soient à l'origine. En effet, sur Terre, du méthane peut s'échapper le long des failles tectoniques et des champs naturels de gaz. Il peut aussi s'agir d'une réaction temporaire entre des molécules d'eau prisonnières de la roche et un matériau comme l'olivine présent sur Mars. Comme sur Terre, ce méthane peut également être piégé dans le permafrost et dégeler épisodiquement. Sur base des minéraux analogues à Mars, tels que le basalte d'olivine ou le plagioclase, Jan Thøgersen de l'Université Aarhus au Danemark et ses collègues ont montré dans un article publié dans la revue "Icarus" en 2019 que ces roches peuvent être oxydées et que des gaz sont ionisés au cours du processus d'érosion éolienne. Ainsi, le méthane ionisé réagit avec les surfaces minérales et s'y lie. Les chercheurs ont montré que l'atome de carbone, tel que le groupe méthyle du méthane, se lie directement à l'atome de silicium du plagioclase, qui est également un composant dominant des roches de surface martiennes. Cette réaction pourrait expliquer la détection de méthane sur Mars. Grâce à ce mécanisme, beaucoup plus efficace que les processus photochimiques, durant la période observée le méthane pourrait être soustrait de l’atmosphère et séquestré dans le sol martien. Une chose est sûre, une étude publiée en 2019 a montré que le changement saisonnier de méthane n'est pas le résultat d'une érosion éolienne (cf. J.Telling et al., 2019). Plus récemment, selon une étude publiée en 2024, la libération de méthane souterrain dans l'atmosphère de Mars pourrait être liée à des fluctuations de la pression atmosphérique qui attirent les gaz du sous-sol. Les simulations prédisent des émissions de méthane de la surface vers l'atmosphère juste avant le lever du Soleil sur Mars, au cours de la saison estivale dans l'hémisphère nord de la planète. Cela corrobore les données de Curiosity suggérant que les niveaux de méthane fluctuaient non seulement de façon saisonnière, mais aussi quotidiennement (cf. J.P. Ortiz et al., 2024). Les recherches continuent.
Les chercheurs ont également montré que les surfaces minérales peuvent conduire à la formation de produits chimiques réactifs tels que le peroxyde d'hydrogène (H2O2) et les radicaux oxygène, qui sont très toxiques pour les organismes vivants, y compris pour les bactéries. Ces résultats sont importants pour évaluer la possibilité d'une vie sur ou sous la surface de Mars. A l'avenir, les chercheurs vont examiner les réactions qui se produisent avec le méthane lié et déterminer si le processus d’érosion, en plus des gaz présents dans l'atmosphère, change également ou élimine même complètement les matières organiques plus complexes, qui pourraient être créées sur Mars ou arriveraient sur Mars grâce aux météorites. Ces résultats ont donc une incidence sur notre compréhension de la préservation des matériaux organiques sur Mars et plus généralement sur la question fondamentale de la vie sur Mars, notamment en ce qui concerne l'interprétation des résultats des prochaines missions d'exploration. En 2014, comme on le voit ci-dessous, Curiosity photographia également des roches stratifiées contenant des sédiments dans le site de Kimberley et de Whale rock situés aux pieds du Mont Sharp situé au centre du cratère qui sont également en relation avec l'ancien lac asséché qui devait remplir le cratère Gale. A voir : Mars in 4K
Comme expliqué plus haut, en 2012 le rover Curiosity découvrit du perchlorate de calcium dans le cratère Gale notamment, relançant le débat sur l'existence d'eau liquide sur Mars. Notons qu'au cours de ses explorations géologiques, comme on le voit ci-dessous, en 2015 Curiosity photographia une roche pyramidale. En fait, comme le confirma l'astronome Jim Bell de l'Université d'Arizona et responsable du programme de recherche Mastcam (la caméra attachée en tête du mat du rover), ce type de relief est connu des géologues et n'est pas spécifique à Mars. Sa forme est le résultat de l'érosion éolienne. On observe des roches similaires appelées "ventifacts" sur Terre dans les endroits très venteux, notamment dans la Vallée de la Mort et en Antarctique.
Enfin, on doit également à Curiosity la découverte en 2022 à 800 m d'altitude sur les contreforts du Mont Sharp de rides pétrifiées provoquées par des vagues. Un lac peu profond existait à cet endroit il y a plusieurs milliards d'années. On y reviendra. Les missions Mangalyaan et MAVEN Le 5 novembre 2013, l'agence spatiale indienne ISRO envoya sa première sonde d'exploration Mangalyaan (Mars Orbiter Mission) vers Mars. Elle atteignit l'orbite s'insertion le 24 septembre 2014. Ce projet qui coûta 74 millions d'euros a pour principal objectif de démonter que l'Inde est une puissance spatiale capable de développer un engin interplanétaire. A ce titre la mission est un succès. L'objectif scientifique est donc secondaire même si la sonde a déjà détecté des traces de composés hydratés à la surface de Mars, de l'eau dans son sous-sol et du méthane dans l'atmosphère. A son tour, le 18 novembre 2013, la sonde orbitale MAVEN (Mars Atmosphere and Volatile EvolutioN) de la NASA fut envoyée vers Mars pour étudier son atmosphère. Elle fut placée en orbite d'insertion le 31 septembre 2014 et commença sa mission d'une durée d'un an. Maven est placée sur une orbite basse et elliptique lui permettant de se rapprocher jusqu'à 150 km de la surface de Mars (périgée) et s'éloigner jusqu'à 6000 km (apogée). Les données recueillies durant cette mission devraient permettre aux chercheurs de déterminer l'évolution de l'atmosphère martienne. Comme les autres orbiters, Maven peut également servir de relai entre les rovers et les stations de poursuite terrestres. Les missions TGO et InSight Dans le cadre du programme ExoMars, l'ESA envoya un orbiter TGO (Trace Gas Orbiter) et un lander Schiaparelli sur Mars en 2016 mais le lander s'écrasa au sol au mois d'octobre suite à dysfontionnement des rétrofusées. Si les observateurs y virent un échec de la politique scientifique européenne, trop fière pour admettre ses erreurs, l'ESA préféra parler de "demi-échec" puis l'orbiter fonctionne depuis février 2018 et devrait terminer sa mission en décembre 2022. On reviendra sur les échecs à propos des retombées de l'espace. Puis, en 2016 la NASA en collaboration avec l'ESA proposèrent la mission InSight afin d'étudier la structure interne de Mars (activité séismique et chaleur irradiée) et sa météorologie. Mais suite à un problème avec le sismomètre de l'ESA, le lancement fut reporté à 2018. Finalement, le lander se posa avec succès sur Mars en novembre 2018 et débuta sa mission scientifique qui devrait originellement durer toute une année martienne soit environ deux années terrestres mais elle fut prolongée. Comme évoqué précédemment, InSight a déjà à son actif la détection de faibles séismes provenant de l'intérieur de la planète. Aux dernières nouvelles (déc 2022), les deux batteries au lithium du lander Insight sont trop faibles et il ne répond plus aux commandes. Sa mission est terminée. Les missions Tianwen-1 et Hope Le 5 février 2021 la sonde spatiale Tianwen-1 de l'Administration spatiale nationale chinoise (CNSA) était à cinq jours de son entrée en orbite autour de Mars et transmit sa première image de la planète Rouge. L'orbiter larguera un rover dans le bassin d'impact d'Utopia Planitia, au sud du site d'atterrissage de la sonde Viking 2 de la NASA. Le rover de 240 kg équipé de panneaux solaires étudiera les caractéristiques du sol de surface et la distribution potentielle de la glace d'eau grâce à un instrument radar d'exploration souterraine. Le rover transporte également des caméras et des instruments panoramiques et multispectraux pour analyser la composition des roches. Pendant ce temps, l'orbiteur Tianwen-1 étudiera la surface de la planète rouge avec des caméras à moyenne et haute résolution et un radar de sondage, et effectuera des analyses avec un magnétomètre et des détecteurs de particules. Enfin, le 9 février 2021, les Émirats Arabes Unis ont annoncé que leur sonde spatiale Hope était arrivée en orbite autour de Mars et commença sa manoeuvre d'insertion. Voici trois parmi les nombreuses images qu'elle nous envoya.
La mission Mars 2020 : Perseverance La NASA a également planifié la mission Mars 2020, un projet de 2.7 milliards de dollars, dont le rover Perseverance se posa avec succès le 18 février 2021 dans le cratère d'impact Jezero de 45 km de diamètre qui s'est formé il y a environ 3.7 milliards d'années. Il se situe par 18°12' N et 77°36' E, sur le flanc ouest du bassin d'impact géant d'Isidis Planitia et au nord-est de Syrtis Major (cf. ce planisphère de Mars). Jezero est un site géologique remarquable car il abrite un ancien delta composé d'argiles et formait un lac il y a environ 3.6 milliards d'années (cf. N.Mangold et al., 2021). Le rover devrait fonctionner pendant 10 ans. Parmi les nouveautés, il est équipé d'un drone hélicoptère ultraléger nommé "Ingenuity". La mission de Perseverance consiste à prélever des échantillons de sol à la recherche de substances issues de processus biologiques comme des argiles, des carbonates et des sulfates et, idéalement, des preuves fossilisées de vie. Le rover parcourt environ 200 mètres par jour. Il stocke ses échantillons dans des tubes scellés qui seront en principe récupérés par deux missions ultérieures et ramenés sur Terre pour analyse. A voir : Watch NASA’s Perseverance Rover Land on Mars!, (VF), JPL, 18 fév 2021 Perseverance Rover’s Descent and Touchdown on Mars, NASA NASA’s Ingenuity Mars Helicopter: Attempting the First Powered Flight on Mars, JPL
Enfin, plusieurs messages, les uns ludiques les autres à portée plus universelle, furent embarqués à bord de Perseverance. Pour ne pas alourdir cette article, nous les détaillerons dans l'article suivant consacré aux messages aux extratrestres : A lire : Les messages placés sur le rover martien Perseverance Prochaines missions vers Mars La mission Mars Sample Return organisée conjointement par le NASA et l'ESA devrait ramener sur Terre les échantillons récoltés par Perseverance. C'est un projet de 7 milliards de dollars mais toujours à l'état de "proposition". Deux lancements sont prévus avec deux retours sur Terre prévus en théorie vers 2026 et 2027 mais plus vraisemblablement après 2030. A voir : NASA advances plans to bring samples back from Mars, JPL La mission russo-européenne ExoMars 2022 (ex-ExoMars 2020) comprenant un rover devait se poser sur Mars le 10 juin 2023 avec deux ans de retard. Sa mission a pour but de découvrir d'éventuelles traces fossilisées de vie. Mais suite à la guerre en Ukraine en mars 2022, l'Europe a suspendu toute collaboration scientifique avec les Russes. La mission ExoMars 2022 est donc également suspendue. En 2024, la JAXA prévoit de lancer la sonde spatiale MMX (Martian Moons eXploration) vers Phobos. Elle aura pour objectif d'atteindre Phobos en 2026 et y prélever des échantillons qui seront ramener sur Terre d'ici 2029. Ce sera la 47e mission spatiale vers Mars. A son tour, l'ESA avait prévu une mission similaire en collaboration avec l'agence spatiale russe Roscomsos mais elle fut également suspendue. Par la suite, la NASA ne devrait plus envoyer de sondes orbitales vers Mars mais uniquement des landers éventuellement associés à des véhicules mobiles sur les sites où l'on a découvert des traces d'eau. D'ici là le Télescope Spatial Hubble (HST) et le télescope spatiale James Webb (JWST) garderont un oeil discret sur la planète Rouge. Ajoutons pour mémoire, une éventuelle mission habitée vers Mars mais qui ne sera probablement pas planifiée avant 2045 n'en déplaise à Elon Musk ou à l'ex-président Trump qui l'envisageait déjà en 2024. En effet ce projet pharaonique n'est qu'à l'état débauche et bien des choix ne sont encore que des concepts ou tout au mieux à l'état d'épures. De plus il y a la question de la sécurité des astronautes qui n'est toujours pas garantie. On y reviendra à propos de la colonisation de Mars, un sujet qui revient périodiquement comme l'Arlésienne. Avec toutes ces missions, cette constellation de sondes spatiales forme un réseau complexe de communication permettant à la Terre de communiquer à la fois avec les sondes orbitales et les rovers explorant Mars. Mais tout ceci ne serait pas possible sans le développement depuis les années 1990 du réseau d'antennes de poursuite du Deep Space Network. Ceci termine notre revue générale de Mars. Nous aborderons beaucoup d'autres sujets dans d'autres articles. Pour plus d'informations
MAVEN, NASA Mars Express, ESA Mars Global Surveyor (MGS), NASA Mars Science Laboratory (MSL, Curiosity), NASA ISRO, Agence indienne Phoenix, NASA Mars Polar Lander, NASA Mars Pathfinder (Sojourner), NASA Netlanders(et sur Nirgal), ESA/CNES Mars Odyssey, NASA New Millenium Program, NASA 1001 links (rubrique Astrophysique - Mars) Autres ressources Cartes géologiques de Mars, USGS, 2023 Geologic Map of Mars, USGS Carte HD de Mars 2001 (6 MB) National Geographic Carte HD de Mars (Viking) (14 MB) La planète Mars. Histoire d'un autre monde, François Costard et al., Belin/Pour la Science, 2006 A microphone supporting LIBS investigation on Mars (PDF), JPL, 2016 NASA's Journey to Mars, NASA, 2014 Moon to Mars, A Journey to Inspire, Innovate, and Discover (PDF), NASA, 2004 Mars Trek, JPL Geologic Map of Mars, USGS Mars Nomenclature, USGS Mapping the Mars Canal Mania: Cartographic Projection and The Creation of a Popular Icon, Maria D.Lane, Imago Mundi, Vol.58, 2, 2006 Mars Previewer II, logiciel Map-A-Planet, USGS HiRISE (Images HD de Mars) Mars terrain, NASA Mars Education, U.Az Views of the Solar System, Calvin J.Hamilton Google Earth (dont le module d'exploration de Mars en 3D) MOLA Data Records (jusqu'à 128 pixels/degré), PDS Geosciences Polygon Worlds ou Mars 3D (cartes 3D établies à partir des données MOLA) Malin Space Science Systems (toutes les images de Mars) USGS Planetary names (noms des formations martiennes) Mars 2007 and Beyond, les futures missions vers Mars Scenario for Possible Crewed Mission (NSSDC) Bibliographie concernant Mars, Nirgal Les Autres Mondes sont-ils habités ? (extrait pp.77-127), abbé Moreux, Ed. Gaston Doin, 1923 La planète Mars d'après les travaux récents (PDF), abbé Moreux, Revue Générale des Sciences, 1906.
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