vaufrègesI3 15 179 Posté(e) 23 mai 2018 Il y a 1 heure, jackbauer 2 a dit : une cible dénommée Turluth (!!) Pfffffffff.... Obsédé !!! Je rectifie donc, la roche est nommée "Duluth" ! HAUT LES COEURS !!! Le 20 mai 2018 (sol 2057) un nouveau forage a été réalisé sur la cible prévue, un gros bloc de roche finement stratifiée nommée "Duluth", une roche très commune dans cette zone haute de la "Formation Murray" (Curiosity en avait rencontré des quantités avant de monter sur la crête "Vera Rubin", mais à l'époque la nouvelle méthode de forage n'était pas encore opérationnelle). À la vue du trou de forage on pouvait déjà se permettre d'être optimiste sur la profondeur obtenue et la possibilité d'avoir recueilli un échantillon significatif à destination des deux labos, SAM et CheMin. Deux éléments ont joué en faveur d'une réussite du forage : D'une part, on n'a pas encore confirmation, il était prévu d'utliser la percussion (les niveaux de percussion sont réglables), d'autre part ce type de roche "Murray" en "mille feuilles" est réputé pour être "tendre"». Tous ces aspects positifs sont encourageants.. mais la nouvelle méthode de livraison d'échantillons reste encore à expérimenter ! En effet il n'est plus possible d'utiliser le système de traitement et de transfert nommé "CHIMRA" (Collection and Handling for Interior Martian Rock Analysis), car les opérateurs ne veulent plus prendre le risque de solliciter la motorisation qui rétracte le foret et ainsi de bloquer définitivement l'ensemble de forage. Avec la méthode "FEST" (Feed-Extended Sample Transfer), les ingénieurs envisagent désormais la distribution d'échantillons directement à partir du foret. Le bras robotique positionne le foret directement au dessus d'une des trappes d'entrées des labos (situées sur le pont – deux pour Sam, une pour CheMin), puis le fait tourner à l'envers. Ainsi l'échantillon descend de la chambre d'échantillonnage à travers la douille qui recouvre le foret, et la matière tombe directement dans l'entrée du labo (enfin, on l'espère). C'est en fait assez simple, le foret peut être positionné de manière très précise, et la vis sans fin que constitue le foret permet une méthode de livraison raisonnablement contrôlée. Mais les matériaux livrés ne sont pas tamisés avant l'introduction, ce qui peut être gênant pour l'analyse, surtout pour SAM. HAZCAM AVANT – 20 MAI 2018 (sol 2057) : Le forage est visible NAVCAM – 22 MAI 2018 (sol 2059) : MASTCAM – 21 MAI 2018 (sol 2058) : CHEMCAM RMI - 20 MAI 2018 (sol 2057) : PANO NAVCAM de Damia BOUIC – 16 AU 19 MAI 2018 (sols 2053 à 2056) : MOSAÏQUE MASTCAM de Rober CHARBONNEAU – 17 MAI 2018 (sol 2054) : LA ROCHE CIBLE "DULUTH" 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
roul 304 Posté(e) 25 mai 2018 (modifié) Doit y’avoir un ingenieur ou quelqu’un qui vient d’un certain état avec ce nom de “Duluth” ils y en avaient d’autres je crois comme “Taconite” ou similaires? Modifié 25 mai 2018 par roul Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 179 Posté(e) 25 mai 2018 Il y a 2 heures, roul a dit : Doit y’avoir un ingenieur ou quelqu’un qui vient d’un certain état avec ce nom de “Duluth” ils y en avaient d’autres je crois comme “Taconite” ou similaires? Pour comprendre l'attribution des noms des cibles (parfois assez bizarres, l'équipe scientifique s'amuse un peu avec ça) il faut savoir que depuis la zone d'atterrissage jusqu'aux contreforts du Mont Sharp, toute la surface traversée a été divisée en quadrilatères - des carrés d'environ 1,5 km de côté - pour permettre aux membres de l'équipe scientifique de travailler avec la cartographie géologique avant l'atterrissage et fournir la source des noms de cibles dans ce quadrilatère. Les quadrangles tirent leurs noms de villes voisines de régions remarquables d'intérêt géologique sur Terre. On voit dans l'image ci-dessous (tracé jaune) que le rover est sorti du carré nommé "Torridon" (Ecosse) pour entrer dans celui nommé "Biwabik" , du nom de la ville située dans l'état du Minnesota, aux Etats-Unis. La cible de forage "Duluth" tire son nom de la ville de Duluth, siège du comté de Saint Louis, dans le Minnesota. Le nom a failli être remplacé quand ils se sont rendu compte que "Duluth" avait déjà été utilisé pour une cible ChemCam sur le Sol 292. Normalement, les noms ne sont attribués qu'une fois, mais l'équipe a décidé de faire une exception. Peut-être, ou sans doute parce que "Duluth" est la ville natale d'un scientifique de la mission. Il s'agit de Roger Wiens, un géochimiste. Petite anecdote amusante : La ville est nommée "Duluth" en l’honneur d'un explorateur français, Daniel Greysolon, sieur du Lhut, premier explorateur de cette région des grands lacs au XVIIe siècle .. Il était prévu la que livraison d'un échantillon au labo CheMin se déroule au plus tard aujourd'hui 25 mai et l'analyse minéralogique devait suivre la nuit suivante.. Affaire à suivre.. 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 179 Posté(e) 26 mai 2018 (modifié) Le transfert d'échantillon a échoué !!! Une partie de l'échantillon de forage de "Duluth" a été déposé dans la trappe d'accès au labo CheMin (en fait le 24 mai (sol 2061), mais pas assez pour une analyse minéralogique appropriée. Du fait du blocage du coulissage de l'ensemble de forage, les échantillons de forage ne peuvent plus être tamisés et traités dans CHIMRA, comme ils l'étaient avant que ce problème survienne. Lorsque l'ensemble de forage coulissait normalement, une fois le forage terminé, l'ensemble se rétractait. La rétraction aligne la sortie de la chambre d'échantillonnage avec un entonnoir d'entrée pour les instruments de traitement et de dosage des échantillons de Curiosity nommés "CHIMRA (voir page 97 mon message du 11 septembre 2017 - le chapitre « Transfert d'échantillon »). Désormais, avec une nouvelle méthode nommée "FEST" (Feed-Extended Sample Transfer) ou "transfert d'échantillons étendu", les ingénieurs explorent la distribution d'échantillons directement à partir du foret. Le bras roborique positionne le foret directement au dessus de la trappe d'entrée d'échantillon du labo située sur le pont, puis le foret tourne à l'envers. Ainsi l'échantillon est extrait d'un petit « réservoir » situé au dessus du foret (appelé « la chambre d'échantillonnage ») et chemine à travers la douille qui recouvre le foret pour tomber dans la trappe. La priorité absolue est de tester à nouveau cette nouvelle procédure qui sera répétée le 27 mai 2018 (sol 2064) au-dessus du substrat rocheux et au-dessus du couvercle d'entrée du labo SAM fermé. Les images Mastcam seront prises à la fois avant et après la chute d'échantillon dans les deux endroits, pour permettre d'estimer le volume de l'échantillon largué. Les résultats de ces tests seront utilisés pour éclairer et affiner la planification future de ces opérations. Modifié 30 mai 2018 par vaufrègesI3 1 1 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 179 Posté(e) 27 mai 2018 Un Gif du forage. La roche vibre, le sable et la poussière s'écoulent - anticitizen2 : Le transit de Phobos devant le soleil le 19 mai 2018 (sol 2056) - anticitizen2 : : Coucher de soleil - 23 mai 2018 (sol 2060) - Thomas Appéré : 1 4 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 179 Posté(e) 27 mai 2018 (modifié) Un aperçu des roches fascinantes qui composent l'environnement actuel de Curiosity. Il s'agit de roches constituées des sédiments fins (mudstone) déposés sur le plancher du lac antique, et c'est ensuite l'érosion éolienne sur des millions/milliards d'années qui les a ainsi sculptées : MASTCAM - 19 MAI 2018 (SOL 2056) : MASTCAM - 24 MAI 2018 (SOL 2061) : MASTCAM - 25 MAI 2018 (SOL 2062) : Modifié 27 mai 2018 par vaufrègesI3 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Motta 3 669 Posté(e) 27 mai 2018 (modifié) il y a 43 minutes, vaufrègesI3 a dit : des roches fascinantes Fascinant, en effet, ces petites plaques fines étagées….. Dont une où les ET ont gentiment dessiné à notre attention un beau petit pigeon : Bon, plus sérieusement…. : il y a 43 minutes, vaufrègesI3 a dit : du lac antique Question naïve : pour de telles structures, les sédiments sont la seule hypothèse posée par les planétologues, ou bien seulement (disons) l'hypothèse privilégiée ? On est sur le même degré de certitude que par exemple les lits en relief (où les anciens lits apparaissent parce que ce qu'il y a autour a été dégagé par l'érosion, le fond étant alors bizarrement devenu le relief) ? Modifié 27 mai 2018 par Motta Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 179 Posté(e) 28 mai 2018 (modifié) Il y a 14 heures, Motta a dit : Question naïve : pour de telles structures, les sédiments sont la seule hypothèse posée par les planétologues, ou bien seulement (disons) l'hypothèse privilégiée ? Voilà voilà.. j'arrive.. Halte aux cadences infernales !! Après près de six ans de vadrouille et d'observations, de 15 forages suivis d'analyses minéralogiques correspondantes, sur ce point on n'est plus au stade des hypothèses. Il s'agit bien ici de sédiments lacustres, c'est à dire de l'unité géologique nommée "Formation Murray". Curiosity a exploré cette formation géologique depuis les "Pahrump Hills" atteints en septembre 2014.. jusqu'au pied de la crête "Vera Rubin" fin 2017. Il y est retourné de façon inopinée dernièrement en avril 2018 pour tenter d'effectuer un forage dans la partie haute de cette formation. Si on excepte l'intermède du plateau "Naukluft", une unité géologique appelée "Formation Stimson" constituée de sable éolien cimenté, Curiosity a roulé pendant trois ans sur la "Formation Murray". En arrivant aux "Pahrump Hills", Curiosity avait franchi une frontière entre un environnement dominé par des rivières et un environnement dominé par des lacs. Et en effet la "Formation Murray" est significative de sédiments fins lacustres (les mudstones) déposés en eau calme. Deux images (schématiques) valent mieux que de longs discours : Ici nous voyons le cratère Gale totalement occupé par le lac antique, l'eau en bleu, les sédiments fins déposés progressivement (en rose) atteignent une épaisseur de 200 mètres. La période sèche qui a suivi a totalement rempli le cratère Gale de sédiments éoliens (jusqu'à la gueule), puis une érosion éolienne spécifique a pris le relais et finalement excavé les kilomètres d'épaisseur de ces sédiments éoliens qui recouvraient le plancher du lac. Le Mont Sharp s'est érigé en résistant à cette érosion. Curiosity roule aujourd'hui sur ce plancher : Modifié 28 mai 2018 par vaufrègesI3 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Alain MOREAU 7 330 Posté(e) 28 mai 2018 Passionnant ! On découvre bien là ce qui nous manque le plus pour appréhender les métamorphoses minérales de la nature, à notre échelle humaine : la dimension temps... Beaucoup des processus qui ont modelé la surface de Mars (et de la Terre) échappent totalement à notre capacité de nous les représenter, enfermés que nous sommes dans notre misérable durée de vie limitée au mieux à un petit siècle... Un phénomène de dépôt ou d'abrasion de l'ordre du millimètre par an est capable d'opérer sur des épaisseurs kilométriques à l'échelle seulement du million d'années... C'est beaucoup, j'en conviens, mais j'ai mesuré dans les calcaires recristallisés les plus durs des Pyrénées des vitesses d'érosion se chiffrant en centimètres - voire décimètres - par an dans les cas extrêmes (!) dans le cadre de mes recherches spéléologiques, sans parler de l'extrême rapidité et versatilité des dépôts alluviaux fluviatiles ou éoliens. Une durée absolument ridicule en regard des ères géologiques ! 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Christophe H 6 399 Posté(e) 28 mai 2018 Des phyllosilicates? Christophe Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 179 Posté(e) 29 mai 2018 Gros problème d'ordi hier soir.. en partie résolu ce matin.. Il y a 21 heures, Alain MOREAU a dit : On découvre bien là ce qui nous manque le plus pour appréhender les métamorphoses minérales de la nature, à notre échelle humaine : la dimension temps Exactement Alain !.. À l'échelle du temps géologique, nous sommes insignifiants, moins que des lucioles , on ne peut rien intuiter spontanément pour se représenter ces mécanismes. Les mécanismes géologiques se mesurent au moins en dizaines, voire en centaines de millions d’années. Et sur Mars, l'échelle de phénomènes comme les durées du transport éolien de matériaux ou/et d'érosions éoliennes se chiffre au milliard d'années Pour en revenir à la Terre, j'ai trouvé cette animation de reconstitution des déplacements des plaques tectoniques depuis pas grand chose - seulement - 250 Millions d'années : C'est le temps géologique.. légèrement accéléré : 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Motta 3 669 Posté(e) 29 mai 2018 Il y a 3 heures, vaufrègesI3 a dit : moins que des lucioles Ah oui Daniel, mais les lucioles ce n'est pas rien …. Dante a, autrefois, imaginé qu'au creux de l'Enfer, dans la fosse des conseillers perfides , s’agitent les petites lumières (lucciole) des âmes mauvaises, bien loin de la grande et unique lumière (luce) promise au Paradis. Il semble bien que l’histoire moderne ait inversé ce rapport : les conseillers perfides s’agitent triomphalement sous les faisceaux de la grande lumière (télévisuelle, par exemple), tandis que les peuples sans pouvoir errent dans l’obscurité, telles des lucioles. Pier Paolo Pasolini a pensé ce rapport entre les puissantes lumières du pouvoir et les lueurs survivantes des contre-pouvoirs. Mais il a fini par désespérer de cette résistance dans un texte fameux de 1975 sur la disparition des lucioles. Plus récemment, Giorgio Agamben a donné les assises philosophiques de ce pessimisme politique, depuis ses textes sur la destruction de l’expérience jusqu’à ses analyses du règne et de la gloire . On conteste ici ce pronostic sans recours pour notre malaise dans la culture . Les lucioles n’ont disparu qu’à la vue de ceux qui ne sont plus à la bonne place pour les voir émettre leurs signaux lumineux. On tente de suivre la leçon de Walter Benjamin, pour qui déclin n’est pas disparition. Il faut organiser le pessimisme , disait Benjamin. Et les images — pour peu qu’elles soient rigoureusement et modestement pensées, pensées par exemple comme images-lucioles — ouvrent l’espace pour une telle résistance. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 179 Posté(e) 29 mai 2018 Il y a 2 heures, Motta a dit : Giorgio Agamben a donné les assises philosophiques de ce pessimisme politique, depuis ses textes sur la destruction de l’expérience jusqu’à ses analyses du règne et de la gloire . Dans les années 70/80, je me souviens d'un immense TAG sur un long mur de clôture dans mon quartier. Il était écrit : " À tout perdre, pratiquons un pessimisme actif !" .. Manifestement l'auteur de ce TAG s'imaginait en luciole contre "les puissantes lumières du pouvoir" Et pour Curiosity, tout comme Walter Benjamin, il faut sans doute "organiser notre pessimisme" , car depuis octobre 2016 les labo SAM et CheMin n'ont jamais plus reçu d'échantillons de forage. Et même si le 20 mai 2018 la nouvelle méthode de forage a enfin été efficiente , il apparaît que la nouvelle méthode (bis) de livraison d'échantillons aux labos a complètement échoué ! Retour à la case départ en quelque sorte.. Hier aux States c'était le "Mémorial Day", donc, jour férié et pas de mise à jour... Mais où sont les lucioles bon sang ??????!?!!!!! Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Alain MOREAU 7 330 Posté(e) 30 mai 2018 Étrange... De faibles lumières dans la nuit : voilà exactement ce que nous cherchons... et voilà exactement ce que nous sommes ! 2 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 179 Posté(e) 30 mai 2018 (modifié) Je fais un copier/coller de ce que j'écrivais plus haut après l'échec de la nouvelle procédure de livraison d'échantillon de forage au labo : "La priorité absolue est de tester à nouveau cette nouvelle procédure qui sera répétée le 27 mai 2018 (sol 2064) au-dessus du substrat rocheux et au-dessus du couvercle d'entrée du labo SAM fermé. Les images Mastcam seront prises à la fois avant et après la chute d'échantillon dans les deux endroits, pour permettre d'estimer le volume de l'échantillon largué. Les résultats de ces tests seront utilisés pour éclairer et affiner la planification future de ces opérations". Le test de livraison d'échantillon au dessus de l'une des deux trappes d'entrée - fermée - du labo SAM a bien eu lieu le 27 mai (image ci-dessous) : Traces visibles sur la trappe de droite dans l'image Mahli du 27 mai ci-dessous Comme on peut le voir, une petite quantité d'échantillon s'est déversée sur la trappe , mais pas autant qu'espéré . L'équipe a donc décidé de reporter la livraison des échantillons au labo de minéralogie CheMin à demain 31 mai 2018 (sol 2068). Dans la mesure où l'équinoxe du printemps vient juste de passer, que les vents se renforcent et commencent à se manifester un peu plus, l'équipe se demande si une partie de l'échantillon ne serait pas "soufflée" avant de tomber dans la trappe. Pour le vérifier ils vont rechercher des changements de surface sur les résidus de forage de Duluth déversés sur le substrat rocheux. Ceci pour aider à comprendre la direction du vent et sa force relative à cet endroit Modifié 31 mai 2018 par vaufrègesI3 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Motta 3 669 Posté(e) 30 mai 2018 Il y a 6 heures, Alain MOREAU a dit : Étrange... De faibles lumières dans la nuit : voilà exactement ce que nous cherchons... et voilà exactement ce que nous sommes ! Ce que tu dis là, c'est presque l'épigraphe de Voyage au bout de la nuit… En mieux (à mon sens), parce que l'épigraphe de VABN, cette fausse chanson des Gardes Suisses en réalité écrite par Céline, est totalement nihiliste… Je préfère la version plus juste qui dit la fragilité, mais sans nihilisme (même si le VABN est un livre majeur, mais bon, ça, c'est autre chose)…. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Kaptain 5 881 Posté(e) 31 mai 2018 Notre vie est un voyage Dans l'hiver et dans la nuit, Nous cherchons notre passage Dans le ciel où rien ne luit. Ce serait de Céline lui-même ? Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Motta 3 669 Posté(e) 31 mai 2018 Oui c'est ce texte-là ; juste, Céline met une majuscule à "Hiver", "Nuit" et "Ciel". Alors en fait non, c'est plus compliqué. Autant pour moi, ta question m'amène à mettre à jour un peu mes connaissances sur ce point (je ne suis pas spécialiste de Céline….) On a longtemps cru que Céline avait inventé cette chanson des gardes suisses, notamment à partir du témoignage d'Henri Mahé, qui disait en avoir recueilli la confidence de Céline (ce qui reste possible, que Céline ait dit ça). Mais depuis on a trouvé ceci : Cette chanson est citée dans une histoire des soldats suisses (P.E. Vallière, Honneur et fidélité. Histoire des suisses au service étranger). Le livre date de 1913, mais la version qu'il propose est assez différente cependant (et moins forte….) : Notre vie n'est qu'un voyage D'un passant perdu dans la nuit. Chacun dans son pèlerinage Cherche le bonheur qui s'enfuit. Or il se trouve que ce même livre est réédité en 1940, avec cette fois…. la version donnée par Céline…. En 1932 donc…. Pour l'instant on n'en sait pas davantage. On ne sait pas, par exemple, si Céline, par un biais ou un autre, a eu accès à la version qui allait être publiée dans la réédition de 1940. Ou si Céline a librement réécrit la chanson en question, qui aurait été reprise après par P.E. Vallière… Hypothèse limite, parce que le livre est un livre d'histoire, où ce genre de choses en principe n'est pas possible…. Mais…. 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Loup Lunaire 5 415 Posté(e) 31 mai 2018 Bonjour, Justement en parlant de sonde, j'ai feuilleté "mon antique" ouvrage du Grand livre de l'astronomie au éditions princesse de 1977 et je suis tombé sur des images de la sonde Viking, 41 ans "plus tard toujours là" ! Elle semble bien désuet par rapport à la jeunesse des sondes Curiosity & Opportunity. Je vous publierai une image scanné, elle tuera pas le livre car le numérique n'existait pas et les photocopieuses à leur balbutiement.. Bon ciel de Mars Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 179 Posté(e) 1 juin 2018 Le 24 mai 2018 (sol2061) une partie de l'échantillon de forage de "Duluth" avait été déposé dans la trappe d'accès au labo CheMin, mais pas assez pour une analyse minéralogique appropriée.. En conséquence, un test de livraison d'échantillon au dessus de l'une des deux trappes d'entrée - fermée - du labo SAM a eu lieu le 27 mai 2018 (sol 2064), une petite quantité d'échantillon s'est déversée sur la trappe , mais pas autant qu'espéré. Aujourd'hui 1er juin 2018 (sol 2068) est prévu une deuxième tentative de livraison d'échantillon de forage de "Duluth" au laboratoire CheMin. Pour augmenter les chances de déverser une quantité d'échantillon suffisante pour permettre au laboratoire CheMin de réaliser une analyse minéralogique, cette fois-ci la valeur de trois portions d'échantillons seront livrées au lieu de la partie unique habituelle. Sans doute en programmant une rotation inverse du foret trois fois plus longue. Noter aussi que le foret sera placé plus près de la trappe d'accès au labo pour éviter que le vent balaye les grains avant qu'ils atteignent l'entrée. Il s'agit ici d'une phase très critique pour la mission: En cas de nouvel échec de cette méthode de livraison, il n'existerait plus de possibilités d'alimenter les deux laboratoires SAM et CheMin , clés de voute scientifique de la mission (70% de la charge utile du rover). NAVCAM - 1er JUIN 2018 (SOL 2068) :l Le foret a été mis en position (à gauche de l'image), très proche de la trappe d'accès à CheMin (encore fermée). 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Huitzilopochtli 6 630 Posté(e) 1 juin 2018 Il y a 6 heures, vaufrègesI3 a dit : En cas de nouvel échec de cette méthode de livraison, il n'existerait plus de possibilités d'alimenter les deux laboratoires SAM et CheMin Bonsoir, Je ne pense pas qu'à ce point les équipes renoncent déjà à trouver une solution, ou au moins à la tenter de nouveau selon la même procédure agrémentée de quelques modestes innovations. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 179 Posté(e) 1 juin 2018 il y a 17 minutes, Huitzilopochtli a dit : Je ne pense pas qu'à ce point les équipes renoncent déjà à trouver une solution, ou au moins à la tenter de nouveau selon la même procédure agrémentée de quelques modestes innovations Sans doute Huitsy', mais ça fait bientôt 20 mois que les labos n'ont plus reçu d'échantillons (depuis le dernier forage réussi à "Sebina", et si on excepte les pelletées de sable dans les dunes pour CheMin, ainsi que les analyses de l'atmosphère par SAM). "L'innovation" pour la tentative de livraison d'aujourd'hui, c'est apparemment de faire tourner le foret plus longtemps pour atteindre le niveau théorique évalué à "trois livraisons" (pour arriver à une livraison de volume suffisant) . C'est tellement évident qu'on se demande pourquoi ils ne l'ont pas testé auparavant. On peut être raisonnablement optimiste je crois.. Parce que sinon... les solutions d'amélioration ne semblent vraiment pas se bousculer au portillon.. 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Huitzilopochtli 6 630 Posté(e) 2 juin 2018 Il y a 17 heures, vaufrègesI3 a dit : Parce que sinon... les solutions d'amélioration ne semblent vraiment pas se bousculer au portillon.. J'en suis aussi intimement persuadé. Elles ne le semblent pas. Je pense aussi que les gens qui seraient en charge de surmonter ce qui nous paraît ne pas pouvoir l'être, disposent de moyens, de connaissances, et d'imaginations dépassant amplement les notre. Jamais la NASA ne se résoudrait à baisser pavillon devant ce type d'échec avant d'avoir épuiser toutes les solutions, y compris celles qui n'ont pas encore été imaginées ou qui nous paraîtraient même farfelues. Le bébé a coûté bonbon. Mais nous n'en sommes pas encore là... Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 179 Posté(e) 2 juin 2018 il y a 21 minutes, Huitzilopochtli a dit : Je pense aussi que les gens qui seraient en charge de surmonter ce qui nous paraît ne pas pouvoir l'être, disposent de moyens, de connaissances, et d'imaginations dépassant amplement les notre Pour les moyens et les connaissances, c'est clair ! Pour l'imagination.. à voir.. ..... C'est de toute façon difficile d'évaluer les difficultés réelles des problèmes que rencontrent les gestionnaires du rover, car on ne connaît pas précisément toutes les multiples contraintes qui pèsent sur les choix et les décisions. Ici, le pékin moyen est toutefois fondé à nourrir de sérieuses inquiétudes pour la suite en constatant que, depuis octobre 2016 et la panne du système de forage en décembre de la même année, les deux instruments scientifiques les plus importants et déterminants de la mission sont au chômage technique. Rendez-vous tard ce soir ou tôt demain matin, on saura si les résultats de l'opération de livraison "trois en un" a été couronnée de succès.. ou bien.. Dans l'attente, j'ai pris mes cachets Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Alain MOREAU 7 330 Posté(e) 2 juin 2018 C'est textuellement ce que je m'apprêtais à répondre ! On sait que les équipes de la Nasa pratiquent dans ces situations les techniques évoluées du brainstorming (challenge-storming, etc,) : ça n'en fait pas pour autant des génies créatifs ; pour être véritablement créatif il faut être profondément cultivé, et dans de nombreux autres domaines que sa spécialité - y compris et surtout artistiques Notre cerveau excelle précisément à établir des liens improbables entre des disciplines en apparence totalement déconnectées : c'est ainsi qu'il crée de nouvelles perspectives qui débouchent parfois sur une solution véritablement originale, novatrice, imprévisible. L'intelligence est multiforme. Quand elle se heurte à un problème en apparence insoluble, c'est souvent parce qu'elle s'est enfermée dans une vision trop étroite de l'éventail des possibles : à force de se cogner obstinément au même problème, elle finit par négliger la seule façon d'enrichir le registre de ses réponses possibles : se nourrir de tout ce qui n'a rien à voir avec lui à priori. Il faut à ce stade faire confiance à notre cerveau pour travailler inconsciemment à partir de ce qu'on lui apporte d'informations supplémentaires sans rapport apparent avec la difficulté à résoudre : s'il existe un lien possible, il l'établira "automatiquement". C'est de la recherche : on n'est pas sûr de trouver, mais pour avoir une chance de trouver il faut explorer des voies complètement détournées... Si on bute sur quelque chose, c'est qu'on ne détient pas - individuellement ou collectivement - la richesse intellectuelle nécessaire pour trouver la solution (si elle existe, naturellement, car il se peut aussi qu'elle n'existe pas...). Dans les deux cas la meilleure chose à faire est de faire tout autre chose, en cessant de se focaliser exclusivement sur l'objet de ses préoccupations. Pas sûr que la culture américaine soit supérieure à la nôtre à ce jeu-là 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites