vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 1 mars 2022 (modifié) Par Lauren Edgar, géologue planétaire (26 février) : "Le trajet du 25 février au sol 3397 s'est bien passé et nous a donné une bonne perspective sur la route à suivre. Curiosity est perché au bord du fronton, planifiant soigneusement notre itinéraire pour monter entièrement sur l'unité de recouvrement du fronton, et l'équipe est impatiente d'étudier ces roches !" Par Lucy Thompson, géologue planétaire (28 février) : "L'équipe scientifique est enthousiaste à l'idée de se rendre à nouveau sur les roches d'aspect très différent qui composent le fronton plus résistant et de les étudier. En longeant les falaises du fronton, nous avons observé des textures intéressantes que nous espérons examiner in situ. Cependant, nous n'en sommes pas encore là. En raison du terrain difficile, le trajet du 28 février (sol 3400) de Curiosity s'est arrêté un peu avant l'endroit prévu et il s'est retrouvé perché sur un rocher, de sorte que nous n'avons pas pu déployer le bras en toute sécurité et utiliser MAHLI ou APXS. Cependant, les ingénieurs du rover sont confiants dans le fait que nous pouvons continuer notre parcours dans le plan d’activité (des 1 et 2 mars) pour nous rapprocher toujours plus de la surface du fronton". FIN DE CITATION Le 28 février (sol 3400) Curiosity a donc parcouru une dizaine de mètres vers l’Ouest et le fronton sur un terrain sableux mais en se frayant difficilement un chemin au milieu d’un chaos de roches de toutes tailles. Il n’a pas encore atteint véritablement la couverture rocheuse de recouvrement du fronton mais a une vue enfin dégagée pour permettre de programmer un prochain déplacement sécurisé et sans doute décisif pour accéder à cette couverture. POSITION AU 28 FÉVRIER (SOL 3400 ) – kymani76 : CONTEXTE : HAZCAM AVANT - 28 FÉVRIER (SOL 3400 ) : Curiosity s'est tourné vers les remparts Nord - Le fronton est à gauche de l'image HAZCAM ARRIÈRE - 28 FÉVRIER (SOL 3400 ) : Regard vers l'arrière NAVCAM - 28 FÉVRIER (SOL 3400 ) : Chaos de roches et la crête Gediz Vallis au loin Vers le Nord Ouest et l'extrémité de la crête G.V. - À l'arrière les remparts Nord du cratère Gale Au Sud Est à l'arrière le Mont Sharp Vers le Nord Est PANO MASTCAM – 26 FÉVRIER (SOL 3398 ) -Robert Charbonneau : MOSAÏQUES MASTCAM : 28 FÉVRIER (SOL 3400 )- Stuart Atkinson 27 FÉVRIER (SOL 3399) - LarsTheWanderer Modifié 1 mars 2022 par vaufrègesI3 4 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 7 mars 2022 Le 14 juillet 2016 à Nice sur la promenade des Anglais, un camion lancé dans la foule tuait 86 personnes et en blessait 458... Sur ce fil, en préambule, j’avais alors réagi ainsi (je me cite) : "Il me semble parfois que la splendide désolation des paysages martiens est aussi empreinte d'une forme de "pureté virginale". Théodore Monod écrivait : " Le désert en tant que tel est très émouvant. On ne peut pas rester insensible à la beauté du désert. Le désert est propre et ne ment pas". Quand on connaît la densité de sa vie, ce qu'il a traversé et ses implications, on peut comprendre aisément le cheminement de sa pensée.. La "pureté" c'est peut-être un peu ce qu'on cherche tous ici aussi au travers des images des rovers martiens : un monde inviolé, comme figé dans l'éternité, loin des servitudes et des cruautés de l'éphémère condition humaine. Le désert est synonyme d'austérité, de simplicité et de dépouillement". Aujourd’hui encore une terrible et triste actualité nous tourmente.. et m’inspire encore ces réflexions : La plupart d’entre nous appelle de ses vœux une vie grande et bien remplie, sans emphase, sans "m'as-tu-vu", alimentée par la connaissance, la science, l’art, mais aussi fondée sur une véritable éthique morale et spirituelle. C’est à dire sur l'humanisme au sens noble du terme, celui qui ne considère pas l'humanité comme l'acmé de l'évolution et de la puissance, mais comme le moyen d'une possible évolution sereine vers la raison et la sagesse. Bien loin de ces considérations s'agite un petit cercle fermé de racailles incultes et psychotiques, "élite" vieillissante et névrosée héritée du pourrissement de l’empire soviétique, aujourd'hui coupée des réalités. De sombres voyous fascinés par la puissance destructrice de la mort et de la violence qui ne s’épanouissent qu’en lobotomisant les peuples et qui, enivrés de leur propre puissance, n’aspirent qu’à détruire, conquérir, asservir et provoquer... encore et encore. Courage et force à ceux qui résistent, russes y compris. Vers le fronton.. sur la pointe des pieds ! Par Fred Calef, géologue planétaire : "Le terrain continue de nous mettre au défi alors que nous nous dirigeons vers le fronton de Greenheugh. Le trajet de lundi s'est terminé plus tôt que prévu lorsque le rover a senti que la route était plus rocheuse que prévu, il a donc fait une pause pour attendre de nouvelles instructions de la Terre. Pendant ce temps, nous avons profité de cette brève pause pour " renifler " le champ de roches qui nous entoure". FIN DE CITATION Les très courts trajets des sols 3401 et 3403 - 1 et 3 mars (1m50 et 6 mètres) confirment pleinement ces difficultés. Mais le prochain parcours devrait enfin mener Curiosity sur le fronton, lui même assez tourmenté. POSITION AU 3 MARS 2022 (SOL 3403) – kymani76 : CONTEXTE : HAZCAM AVANT - 01 MARS 2022 (SOL 3401) : NAVCAM – 01 MARS 2022 (SOL 3401) : En avant plan le chaos de roches qui précède le "plateau" incliné du fronton, plus loin la pointe sombre de la "crête Gediz Vallis" (objectif de Curiosity) et à droite les remparts Nord du cratère Gale avec l'ombre du cratère lobé "Slang Pos". PANO NAVCAM - 01 MARS 2022 (SOL 3401) – Jan van Driel : PANO MASTCAM - 01 MARS 2022 (SOL 3401) – Robert Charbonneau : HAZCAM AVANT - 03 MARS 2022 (SOL 3403) : HAZCAM ARRIÈRE - 03 MARS 2022 (SOL 3403) : NAVCAM - 03 MARS 2022 (SOL 3403) : PANO NAVCAM - 03 MARS 2022 (SOL 3403) – Jan van Driel : 3 1 7 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 15 mars 2022 (modifié) Deux nouvelles avancées vers la couverture supérieure du fronton : 4 mètres le 6 mars et 30 mètres le 13 mars. Une progression très difficile dans une sorte de petite "vallée" ou cuvette étroite et étendue, couverte de blocs rocheux et de sable. Par Susanne Schwenzer, géologue planétaire : "Curiosity tente actuellement de grimper sur le fronton, en naviguant soigneusement entre les rochers et le sable. Nos conducteurs font un excellent travail de planification, mais le terrain a parfois d'autres idées. Cela dit, beaucoup de roches et de surfaces verticales sans poussière rendent nos sédimentologues très heureux. Chaque surface de ce type permet de mieux comprendre cette zone complexe et les structures détaillées du fronton de Greenheugh". /../ "Ce que nous recherchons avant tout, ce sont les textures des roches, car les voir en détail nous permettra de comprendre comment ces roches se sont formées". Par Ashley Stroupe, ingénieur des opérations de mission au Jet Propulsion Laboratory : "Nous continuons à avancer lentement sur ce terrain très difficile - pendant le week-end [6 mars – sol 3406], nous avons parcouru environ 4 mètres avant de nous arrêter lorsque le rover a ressenti plus de difficultés. L'image ci-dessous montre les traces profondes du rover sur le terrain ondulé et rocheux qui nous a donné tant de mal et qui rend souvent dangereux le désarrimage du bras". NAVCAM - 6 MARS 2022 (SOL 3406) : "Contrairement à nos précédents problèmes de fin de trajet, nous avons terminé à un endroit où nous avons pu désarrimer le bras en toute sécurité pour les analyses scientifiques au contact [avec les instruments du bras]. Les planificateurs des déplacements du rover avaient une tâche importante à accomplir : trouver comment continuer à progresser dans cet endroit très difficile. Ils ont fini par mettre en place de nombreux contrôles de sécurité supplémentaires et des séquences conditionnelles afin d'essayer de tenir compte de nombreuses possibilités différentes. Nous essayons de suivre le même itinéraire que celui qui a été planifié auparavant, ce qui devrait nous conduire le long de cette vallée jusqu'à l'endroit où nous pourrions être en mesure de voir le fronton et de mieux évaluer la sécurité de la conduite à cet endroit, ainsi que de trouver un bon endroit pour grimper. Nous espérons que lorsque nous aurons les résultats de la promenade, cette zone délicate sera dans notre rétroviseur". POSITION AU 6 MARS 2022 (SOL 3406) - kymani76 : Le rover est tourné vers le Nord NAVCAM - 6 MARS 2022 (SOL 3406) : Vers l'Ouest et la crête Gediz Vallis Vers le Nord Ouest et les remparts du cratère Gale (rendus fantomatiques par l'atmosphère poussiéreuse) PANOS NAVCAM - Jan van Driel : 6 MARS 2022 (SOL 3406) : 10 MARS 2022 (SOL 3410) : MASTCAM - 6 MARS 2022 (SOL 3406) : MOSAÏQUE MASTCAM - 8 MARS 2022 (SOL 3408) - Stuart Atkinson : Par Ken Herkenhoff, géologue planétaire : "Comme le rover n'a pas bougé, la vue de l'antenne à haut gain vers la Terre (*) est toujours obstruée, ce qui empêche toute communication directe avec la Terre et la liaison montante quotidienne. Nous devrons donc envoyer des commandes à l'un des orbiteurs de Mars pour qu'il les relaie au rover depuis l'orbite. Nous ne pouvons pas utiliser cette technique tous les jours, donc nous ne pourrons pas envoyer de commandes au rover pour le Sol 3412 et nous nous sommes concentrés aujourd'hui 11 mars sur la planification des sols 3413 et 3414" [13 et 14 mars]. /…/ "Nous sommes impatients de mettre le véhicule dans une attitude qui permettra une communication directe depuis la Terre !" Par Michelle Minitti, géologue planétaire : "Au cours du week-end, [le 14 mars – sol 3414] nous avons terminé le trajet prévu avec une traversée [de 30 mètres] relativement facile (selon les normes du " fronton de Greenheugh "). Avec beaucoup de substratum rocheux dans l'espace de travail, nous avons rapidement identifié une cible scientifique de contact pour APXS et MAHLI, "Oosta", qui était légèrement moins poussiéreuse que le substratum rocheux environnant et joliment stratifiée. Nous avons décidé de ne pas co-cibler la ChemCam LIBS avec la cible scientifique de contact, afin de profiter de la possibilité de cibler certaines des faces verticales exposées sur les dalles rocheuses autour de l'espace de travail. Plusieurs d'entre elles présentaient de belles couches fines exposées et une texture intéressante apparaissant même sur les images Navcam de l'espace de travail. La face verticale sélectionnée a reçu un nom grandiose, le "Mur d'Hadrien", par rapport à sa hauteur relativement faible". "ChemCam et Mastcam ont imagé d'autres éléments plus grands pour explorer la structure tridimensionnelle du chapeau du fronton et de la crête Gediz Vallis. Nous avions une très bonne vue du bord de la "cuvette", de la structure du litage et des différentes textures qu'elle contient. Mastcam a donc couvert la topographie avec une grande mosaïque stéréo "Carrière de Youkil" (partiellement capturée dans l'image Navcam ci-dessous). NAVCAM - 13 MARS 2022 (SOL 3413) : "Le sommet de la crête de Gediz Vallis et un horizon proéminent plus bas sur son flanc ont été les cibles de deux mosaïques RMI longue distance de ChemCam. Après le trajet, qui nous rapproche d'une partie de l'unité de recouvrement qui présente une texture " planche à laver " depuis l'orbite, Mastcam couvrira le terrain avec des mosaïques pour aider à la planification du trajet futur, MARDI capturera l'action du substratum rocheux sous notre roue avant gauche, et ChemCam tirera une trame ciblée de manière autonome pour augmenter nos mesures chimiques sur le fronton". POSITION AU 13 MARS 2022 (SOL 3413) - kymani76 : Noter la texture "planche à laver" du fronton avec ses ondulations régulières HAZCAM AVANT - 13 MARS 2022 (SOL 3413) : Curiosity toujours dans la "cuvette" NAVCAM - 13 MARS 2022 (SOL 3413) : La crête Gediz Vallis PANO NAVCAM - 13 MARS 2022 (SOL 3413) - Jan van Driel : PANO NAVCAM - 14 MARS 2022 (SOL 3414) - Stuart Atkinson : PANO MASTCAM - 13 MARS 2022 (SOL 3413) - Kevin Gill : Superbe de définition ! (Agrandir) (*) Pour s'orienter, l’antenne à grand gain possède un mécanisme à cardan permettant un mouvement selon deux axes, hauteur et azimut. Pour chaque degré de liberté, un actionneur fournit la vitesse et la précision demandées. Le pointage de l'antenne est calculé à bord du rover qui, à tout moment, connaît sa position. Grâce à cette antenne orientable, le rover n'a plus besoin de se réorienter pour communiquer avec la Terre et économise donc son énergie. Curiosity possède trois antennes permettant les télécommunications. Les deux premières, l'antenne à grand gain (un hexagone de 30 centimètres de diamètre monté sur le pont du rover) et l'antenne faible gain, fonctionnent dans la bande X (7 à 8 gigahertz) et permettent de communiquer directement avec les grandes oreilles du Deep Space Network (DSN), le réseau d'écoute de l'espace lointain de la NASA sur Terre. L'antenne à grain gain nécessite un pointage, et permet à la fois de transmettre des informations, ou d'en recevoir. L'antenne à faible gain fonctionne dans toutes les directions de l'espace, mais à un débit faible, et est principalement conçue pour recevoir des données. Ces deux antennes sont couplées à un émetteur-récepteur d'une puissance de 15 watts. La troisième, un cylindre hélicoïdal, est une antenne UHF (ultra haute fréquence, 400 mégahertz) qui rend possible l'envoi à haut débit d'informations aux orbiteurs martiens, qui servent alors de relais avec les centres de contrôle terrestres. Elle est reliée à deux émetteur-récepteurs Electra, qui utilisent des protocoles de communications standardisés, et qui sont compatibles avec tous les satellites orbitant autour de Mars et pouvant servir de relais (Mars Odyssey, Mars Reconnaissance Orbiter et Mars Express). Un package Electra est également embarqué à bord de l'orbiteur MAVEN, et deux autres ont été installés sur l'orbiteur européen TGO (ExoMars). Stratégie de communication : La bande X sera surtout utilisée pour transmettre directement des commandes au rover. Ce dernier peut aussi utiliser ce canal pour envoyer des données en retour, mais à un débit assez faible (quelques kilobits par seconde). La plupart des données scientifiques sont transmises en UHF aux orbiteurs, qui se chargent de faire le relais avec la Terre. Chaque jour, les orbiteurs Mars Odyssey et Mars Reconnaissance Orbiter survolent deux fois le site d'atterrissage, très tôt dans la matinée, avant l'aube, et en fin d'après-midi. La fenêtre de communication dure environ 10 minutes à chaque passage, mais le débit est bien supérieur à celui atteignable en bande X : 0,25 mégabits par seconde vers Mars Odyssey, et 2 mégabits par seconde pour Mars Reconnaissance Orbiter. Chaque jour, le rover devrait transmettre à la Terre une moyenne de 250 mégabits de données. Modifié 15 mars 2022 par vaufrègesI3 Ajout image 8 1 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 18 mars 2022 Curiosity a enfin atteint la couverture rocheuse supérieure du "Fronton de Greenheugh" ! Le 16 mars le rover a parcouru une dizaine de mètres pour enfin s’extirper de la dépression longiligne qui lui a permis d’accéder au Fronton. Il est complètement entouré des roches qui coiffent le plateau du fronton et de centaines de "ventifacts", terme qui désigne les roches abrasées par le sable soufflé par le vent sur plusieurs facettes distinctives, aplaties et aux bords nets. POSITION AU 16 MARS 2022 (SOL 3415) : HAZCAM AVANT – 16 MARS 2022 (SOL 3415) : Par Abigail Fraeman, géologue planétaire : "Nous allons recueillir des observations APXS et MAHLI d'un ventifact relativement grand et moins poussiéreux près de la roue du rover sur une cible nommée "Knott". Ailleurs sur cette même roche, nous collecterons également une observation ChemCam LIBS d'une cible avec des structures sédimentaires nettes nommée "Old Nab", ainsi qu'une observation ChemCam RMI d'une autre zone de la roche nommée "Little Mell". Cette roche est visible en haut à gauche sur l'image Navcam ci-dessous" : NAVCAM - 16 MARS 2022 (SOL 3415) : "Ventifact" en vue anaglyphe - Fredk : "Depuis notre perchoir au sommet du fronton, nous avons une vue spectaculaire du terrain en contrebas. Nous pouvons voir les plaines du cratère Gale, où nous avons atterri, jusqu'au bord du cratère, à des dizaines de kilomètres au loin. Un peu plus près, nous pouvons également voir la nature distinctement stratifiée de la crête Gediz Vallis, qui se trouve au sommet du fronton et qui est l'une des plus jeunes caractéristiques géomorphiques du Mont Sharp (vue à gauche sur l'image ci-dessous)" : PANO NAVCAM - 16 MARS 2022 (SOL 3415) – Jan van Driel : PANO MASTCAM - 16 MARS 2022 (SOL 3415) : LarsTheWanderer Les "ventifacts", roches sculptées par les vents Kevin Gill Sous la crête sombre et massive se distingue le plateau rocheux plus clair du Fronton, en légère pente vers la vallée. Les ondulations type "planche à laver" apparaissent distinctement 5 1 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
serge vieillard 6 642 Posté(e) 18 mars 2022 on a pris de l'altitude, sur ce plateau, le panorama change et s'ouvre au loin. Superbe ! 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 22 mars 2022 (modifié) Mars.. et ses alligators ... Le 18 mars 2022 (sol 3417) après un nouveau déplacement d'environ 15 mètres vers l'ouest sur la couverture supérieure du "fronton de Greenheugh", Curiosity est maintenant positionné sur une transition texturale intéressante dans les unités de surface du fronton. Une grande partie de la surface du fronton est dominée par un motif en forme de "planche à laver observé" depuis l'orbite. Le trajet du 21 mars 2022 (sol 3420) d’environ 20 mètres a placé le rover juste à côté d'un terrain en forme de "dos d'alligator ", et d'alignements parallèles de crêtes arrondies formées de bloc , régulièrement espacées, comme on peut le voir sur l'image ci-dessous : PANO MASTCAM – 18 MARS 2022 (SOL 3417) – LarsTheWanderer : Il s’agit de blocs de grès issus de la sédimentation de dunes ("formation Stimson"), blocs ensuite lentement lissés par l’érosion éolienne. La rugosité du terrain à petite échelle et l'orientation des roches ont donc conduit l'équipe scientifique à désigner ces textures de manière informelle sous le nom de "terrain en dos d'alligator". NAVCAM – 22 MARS 2022 (SOL 3421) : POSITION AU 21 MARS 2020 (SOL 3420) – kymani76 : CONTEXTE : HAZCAM AVANT - 21 MARS 2020 (SOL 3420) : Par Lauren Edgar, géologue planétaire : "Le plan commence par une observation ChemCam LIBS pour évaluer la chimie de l'affleurement en forme de bloc. Ensuite, nous ferons l'acquisition de deux mosaïques RMI à longue distance pour étudier la stratigraphie exposée dans la crête de Gediz Vallis. Puis Mastcam prendra deux grandes mosaïques pour examiner les structures sédimentaires exposées dans la crête "Dos d’alligator" et caractériser l'érosion de ces blocs. Le rover fera également un relevé Navcam des tourbillons de poussière, car nous sommes entrés dans la saison poussiéreuse sur Mars. Dans l'après-midi, MAHLI examinera de plus près la granulométrie de ces roches, puis intégrera une APXS pendant la nuit pour en apprendre davantage sur sa chimie Avant d'arriver sur le fronton de Greenheugh, l'équipe avait été intriguée par la "texture en planche à laver" préservée sur sa surface, telle qu'identifiée sur les images orbitales. Maintenant que nous sommes ici, il est assez surprenant de voir à quel point la surface est accidentée, et la description informelle de ce "terrain en forme de crocodile" semble très appropriée !". NAVCAM - 21 MARS 2020 (SOL 3420) : PANO NAVCAM - 21 MARS 2020 (SOL 3420) - Jan van Driel : MOSAÏQUES MASTCAM - 21 MARS 2020 (SOL 3420) : Stuart Atkinson Robert Charbonneau Modifié 22 mars 2022 par vaufrègesI3 Ajout image 8 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Kaptain 5 798 Posté(e) 22 mars 2022 C'est toujours des cailloux, mais c'est jamais pareil… Étrange planète. 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
ALAING 58 328 Posté(e) 22 mars 2022 Effectivement, des cailloux assez particuliers ceux là Bonne soirée, AG 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 23 mars 2022 Il y a 17 heures, Kaptain a dit : C'est toujours des cailloux, mais c'est jamais pareil… Étrange planète. Il y a 16 heures, ALAING a dit : Effectivement, des cailloux assez particuliers ceux là Oui et non.. Ces roches (considérées comme le résultat d’une "sédimentation sèche") sont issues de l'Unité géologique "Stimson" rencontrée plus bas en 2016 au "plateau Naukluft" puis aux "buttes Murray", constituée essentiellement de silice d'origine éolienne et vestiges érodés de grès anciens qui ont pris naissance lorsque les vents ont déposés du sable sur les pentes inférieures du mont Sharp. L'aspect particulier ici résulte d'une érosion éolienne intense particulièrement marquée et de l'alignement de ces blocs lissés en crêtes régulièrement espacées. Noter que le "fronton de Greenheugh", couvre près de 3 km2 et décline progressivement en pente de 25% à 12% (ce qui n'apparaît pas sur les images) sur une distance d’environ 1400 m. Cette surface relativement inclinée présente une pente presque plane. La surface du fronton est rugueuse, préservant les petits cratères d'impact et présentant des crêtes bien organisées, espacées de manière uniforme (~ tous les 10 m). La comparaison avec les alligators paraît assez appropriée Sinon ça a l'air sympa comme animal 2 2 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Kirth 4 187 Posté(e) 23 mars 2022 il y a 13 minutes, vaufrègesI3 a dit : Noter que le "fronton de Greenheugh" Greenheugh, c'est bien à l'Ouest des gorges de Zblanqq, entre la mer de Huyn'kk et les monts de Nyyyargh'hh? 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 23 mars 2022 il y a 29 minutes, Kirth a dit : Greenheugh, c'est bien à l'Ouest des gorges de Zblanqq, entre la mer de Huyn'kk et les monts de Nyyyargh'hh? Rigolez mais n'empêche que je suis très fier de moi ! Je suis un des seuls au monde à savoir écrire "greenheugh" de mémoire , sans me gourer sur la position des "h" .. Bon... il m'aura fallu un peu de temps (environ deux ans et demi).. 2 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Kirth 4 187 Posté(e) 23 mars 2022 il y a 39 minutes, vaufrègesI3 a dit : Rigolez mais n'empêche que je suis très fier de moi ! Ah mais tu as raison d'être fier. Tu ne peux pas imaginer le temps qu'il m'a fallu pour bien placer l'apostrophe à Nyyyargh'hh 6 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
rené astro 9 477 Posté(e) 23 mars 2022 Il y a 7 heures, vaufrègesI3 a dit : La comparaison avec les alligators paraît assez appropriée C'est CAÏMENT PAREIL !!!!!! 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 27 mars 2022 Les instruments de Curiosity.. sur le dos d'un alligator Vu le terrain semé d'embuches et de "ventifacts" (roches pointues), le 23 mars Curiosity a suivi un chemin tortueux (voir ci-dessous) d'environ 15 mètres pour s'approcher d'un "Dos d'alligator" et en étudier les roches avec les analyses spectrales de l'APXS et du laser ChemCam pour la chimie, et multispectrales avec la caméra MastCam pour la minéralogie. POSITION AU 23 MARS 2022 (SOL 3424) - kymani76 : CONTEXTE : HAZCAM AVANT - 23 MARS 2022 (SOL 3424) : Devant la "bête" - au loin à l'Ouest la "crête Gediz Vallis" Le 26 mars (sol 3425) le spectromètre APXS sur le "Dos d'alligator" : Par Susanne Schwenzer, géologue planétaire : "L'image MAHLI ci-dessous se trouve probablement quelque part dans le tas de rochers sous la tourelle dans les images du jour 23 mars. De près, vous pouvez admirer la nature de ces roches : brisées avec des arêtes vives". "Les géologues aux yeux d'aigle parmi vous pourraient penser qu'il s'agit de ventifacts, mon collègue Mark en avait déjà parlé dans son blog sur le sol 3419-3420. Les ventifacts sont des roches façonnées par le vent provenant de la même direction (ou des mêmes directions) pendant une très longue période. Le vent transporte de fines particules qui causent l'abrasion et façonnent ces roches. Mais, comme nous le savons tous, les apparences peuvent toujours être trompeuses à première vue. Donc, pour comprendre ce qui s'est réellement passé ici, et surtout pourquoi cela s'est produit sur certaines crêtes qui donnent l'impression d'un dos d'alligator, Curiosity prend de nombreuses autres images aujourd'hui et, bien sûr, ajoute un peu de chimie au mélange !" NAVCAM - 23 MARS 2022 (SOL 3424) : PANO NAVCAM - 23 MARS 2022 (SOL 3424) - Jan van Driel : Superbe ! PANO MASTCAM - 22 MARS 2022 (SOL 3423) - LarsTheWanderer : PANO MASTCAM - 21 MARS 2022 (SOL 3422) - Kevin Gill : La crête centrale du fronton (70 mètres de haut) : 5 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
ALAING 58 328 Posté(e) 27 mars 2022 Ouf, ben le temps de prendre l'apéro et de diner, les images sont là Merci Daniel, mais j'ai l'impression d'être revenu au modem 56k Bonne soirée, AG 1 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 27 mars 2022 il y a 38 minutes, ALAING a dit : j'ai l'impression d'être revenu au modem 56k Faudrait que tu arrêtes le Minitel maintenant 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 30 mars 2022 Elle s'intéresse beaucoup à l'exploration spatiale en général, et aux "états d'âme de Curiosity en particulier . Il faut écouter son interview pour bien saisir le sens de son approche philo. C'est original et pertinent, elle est très bien renseignée, et j'aime bien ses commentaires sur "l'attachement" que ressentent tous ceux qui officient sur ce rover ou/et qui le suivent toutes ces années. Je vais donc me procurer son bouquin. Source : https://www.rts.ch/info/culture/livres/12014233-curiosity-le-moi-de-mars-imagine-par-sophie-divry.html Un rover sociable Avec "Curiosity", bref roman publié conjointement avec une nouvelle fantastique ("L’Agrandirox"), la plume inventive de Sophie Divry donne la parole à un robot de la Nasa, un "rover sociable" doté de qualités résolument humaines: empathique, mélancolique, capable d’imagination et d’humour, Curiosity nous parle à la première personne. Ou plutôt s’adresse, dans une forme de confession testamentaire, aux générations futures de rovers qui, comme lui, sont destinées à explorer cette planète poussiéreuse et bien peu hospitalière. "C’est marrant de rouler sur Mars. Ça craque sous les roues. Il n’y a pas d’encombrement de la circulation." Extrait de "Curiosity" de Sophie Divry Plongé dans "des gigaoctets de stupéfaction", le robot comprend bientôt que ses jours martiens sont comptés. Car Dieu, qui parle tous les jours à son ordinateur de bord et lui livre ses instructions, semble le négliger. Mais dans l’espace, personne ne vous entend prier. Alors Curiosity rêve d’une vie moins solitaire, se figurant la lointaine terre comme un paradis pour rovers amicaux, joignant leurs bras articulés dans un cratère bleuté. "Les questions que se pose le robot recoupent la condition humaine: pourquoi je suis là, moi, ici, maintenant. Des questions qui se retrouvent dans tout mon travail." Extrait de l’entretien avec Sophie Divry Mélancolique et malicieux, parfois potache, le monologue de ce robot nous tend un miroir métaphysique: quel est ce mirage qui fait entrevoir aux humains la possibilité d’une île dans une planète aussi impropre à la vie? Et quelle est notre mission à nous, humanoïdes sociaux remettant à une hypothèse divine le sens de notre destinée terrestre? 2 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Diziet Sma 2 110 Posté(e) 30 mars 2022 il y a 55 minutes, vaufrègesI3 a dit : Je vais donc me procurer son bouquin. Pareil, j'ai beaucoup aimé son itw, Merci pour le tuyau. 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 3 avril 2022 Un "faux départ"... Curiosity est toujours stationné à l’emplacement atteint le 23 mars (sol 3424). Un déplacement devait être effectué le 27 mars mais il a échoué suite à "un problème mineur" qui semble bien "compris". Mais (comme souvent) aucune autre précision n’est donnée. Rétention d’info incompréhensible mais malheureusement assez habituelle. En tout cas, problème "compris" ou non, au 3 avril le rover est encore immobilisé et en profite pour approfondir l’étude des roches de "Hartle Loup" qui comportent "des textures et une chimie fascinantes et variées". HAZCAM AVANT – 29 MARS 2022 (SOL 3428) : Les instruments du bras robotique sur les roches de "Hartle Loup" 28 mars : par Catherine O'Connell-Cooper, géologue planétaire : "Malheureusement, notre déplacement prévu le week-end des 26-27 mars a échoué, si bien que ce matin nous nous sommes retrouvés encore dans l'espace de travail du vendredi 25. Heureusement, il s'agissait d'un problème compris... et c'était un bon endroit pour passer un peu de temps supplémentaire et remplir notre verre scientifique de données étonnantes ! Cet espace de travail ("Hartle Loup") présente des exemples de différentes textures, des bandes de matériaux "vuggy" (les petits trous ou fosses que vous pouvez voir sur les images ci-dessous) et des matériaux plus lisses. Vendredi, APXS et MAHLI ont dû faire des choix difficiles entre toutes les cibles souhaitées, et nous avons choisi de caractériser certaines cibles "vuggy" mais n'avons pas pu obtenir également les cibles "lisses". MAHLI – 2 AVRIL 2022 (SOL 3432) : Plus près.. Encore plus près... les petits trous ou fosses sont bien visibles ici /../ "Une fois que nous aurons terminé toutes ces belles activités scientifiques à Hartle Loup, nous continuerons notre route, en suivant le même chemin que celui que nous avions prévu d'emprunter pendant le week-end des 26 et 27 mars". 30 mars : par Lucy Thompson, géologue planétaire : "Les ingénieurs du rover comprennent mieux le problème mineur qui s'est produit après nos activités du week-end. Bien que nous soyons toujours au même endroit, ils peuvent résoudre le problème dans ce plan Les roches de recouvrement du fronton que nous étudions actuellement ont révélé des textures et une chimie fascinantes et variées, que l'équipe s'efforce d'interpréter. À cette fin, nous ne nous plaindrons certainement pas d'obtenir plus de données ici. Les instruments APXS et MAHLI étudieront tous deux la cible " Blue Anchor " pour la chimie et les textures rapprochées respectivement, et MAHLI examinera également la cible " Baa ". Ces deux cibles se trouvent le long d'un contact apparent entre deux couches et contiennent des grains blancs dans la matrice grise plus sombre. Nous testons des hypothèses quant à l'origine de ces grains blancs". PANOS MASTCAM – 24 MARS 2022 (SOL 3423) : Jan van Driel Elisabetta Bonora & Marco Faccin Le bloc de roches "Hartle Loup" est à gauche de l'image 3 1 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 6 avril 2022 (modifié) C'est reparti ! Le 4 avril (sol 3434), Lucy Thompson, géologue planétaire écrivait : "La semaine a été frustrante pour les équipes scientifiques et techniques de Curiosity. Bien que nous ayons une meilleure compréhension de la façon de récupérer le problème mineur du mât de télédétection (RSM) que nous avons rencontré au début de la semaine dernière, nous devrons réessayer avant de pouvoir repartir. Nous espérons et sommes tranquillement confiants que la persévérance paiera et que nous retrouverons la pleine utilisation du RSM dans ce plan. Bien que nos activités de télédétection du week-end n'aient pas été exécutées, Curiosity a recueilli davantage de données de composition et d'imagerie rapprochée de ces roches de recouvrement intéressantes et résistantes avec APXS et MAHLI. L'APXS a également analysé l'atmosphère, en recherchant des changements saisonniers dans la concentration d'Ar, ainsi qu'en regardant sa cible d'étalonnage. En raison des problèmes continus du RSM, nous nous sommes concentrés sur la récupération du plus grand nombre possible d'activités du mât au cours de ce plan de sol unique avant de partir, si tout va bien". FIN DE CITATION Je déduis de ce discours que Curiosity est immobilisé depuis près de 11 sols en raison d’un mât de télédétection non opérationnel, ce qui n’avait pas été clairement énoncé jusqu’ici. C’est d’autant plus évident que le sommet de ce mât comporte deux paires de caméras de navigation (ou NavCams) situées de part et d'autre des caméras à usage scientifique (MastCams), qui permettent d'obtenir des panoramiques en relief sur un champ de 45°. Elles sont utilisées avec les caméras HazCam pour déterminer la configuration du terrain et planifier les déplacements du rover. Les problèmes rencontrés avec le mât de télédétection (nommé "RSM" - Remote Sensing Mast) n’ont pas été précisé, mais il s’agit probablement de difficultés récurrentes concernant les manœuvres d’orientation de la tête du mât pour l’utilisation des instruments situés à son sommet (à 2m13 de hauteur). Le dernier incident concernant ce même problème remonte à près d’une année (mai 2021) Pour mémoire, liste des instruments situés au sommet du mât du rover : - Deux MASTCAM ("Mast Cam" ou "caméras de mât") Une caméra "grand angle" focale de 34 mm (MastCam 34) , une caméra dotée d'un téléobjectif de 100 mm (MastCam 100) - Deux paires de caméras NAVCAM (Navigation Cameras ou NavCam) montées de part et d'autre des caméras MASTCAM - La CHEMCAM ("CHEMistry CAMera" ou "caméra de chimie") un instrument qui permet d'analyser à distance la nature, la composition et l’état d'altération des roches avec la technique d'analyse spectroscopique induite par ablation laser. Ci-dessous l'affleurement de "Hartle Loup" au 4 avril. Les deux ovales plus sombres désignés sur l'affleurement sont les zones brossées avec l'outil de dépoussiérage (DRT) avant l'analyse avec APXS et MAHLI (zones nommées "Donkey Trail" - en haut, "Venlaw" - en bas). La surface du "fronton de Greenheugh" s'étend derrière "Hartle Loup" jusqu'à la crête de "Gediz Vallis" en arrière-plan. HAZCAM AVANT – 4 AVRIL 2022 (SOL 3434) : Le 5 avril (sol 3435), les problèmes du mât de télédétection semblent enfin avoir été résolus et Curiosity a parcouru environ 30 mètres VERS LE SUD, rebroussant chemin pour ainsi rejoindre son emplacement du 16 mars au sol 3415. POSITION AU 5 AVRIL 2022 (SOL 3435) : Le 6 avril par Ashley Stroupe, ingénieur des opérations de mission à la NASA : "J'ai pu planifier de nouvelles activités maintenant que nous avons réussi à nous éloigner de notre ancien espace de travail. Curiosity est maintenant stationné dans un espace de travail que nous avons partiellement exploré lors de la mission au sol 3417 [sur le site atteint au sol 3415], ce qui nous a donné l'occasion de faire quelques observations supplémentaires. Nous avons commencé la journée en plaçant l'APXS sur une cible rocheuse lisse, " Broo ", pour faire contraste avec la cible plus rugueuse, "Knott", que nous avons examinée auparavant. Heureusement, cette activité a été plus simple pour les planificateurs de Rover que certains de nos autres espaces de travail récents. Pendant que l'APXS s'intègre sur "Broo", Curiosity va également faire de l'imagerie et utiliser le laser. Avec le bras posé sur la cible, nous avons dû pointer nos caméras à d'autres endroits. "Blue Mull", qui est une autre cible dans l'espace de travail similaire à "Broo", sera examinée par Mastcam et ChemCam (LIBS et RMI). Nous examinerons également certaines cibles à l'extérieur de l'espace de travail". /../ Nous attendons avec impatience le moment où nous aurons fini de retourner sur ces sites antérieurs et où nous pourrons passer à de nouvelles perspectives" FIN DE CITATION Cette dernière phrase est étrange… Ashley Stroupe donne l’impression de ne pas bien comprendre les raisons qui ont pu justifier le retour du rover sur un terrain déjà exploré... mission dont il est pourtant partie prenante et éminente ! Vous avez dit bizarre .. Il est vrai que la perspective d'explorer la majestueuse crête centrale du Fronton est très prometteuse, et Curiosity, qui va bientôt fêter ses dix années d'exploration martienne, ne sera pas éternel. HAZCAM AVANT – 6 AVRIL 2022 (SOL 3436) : NAVCAM – 6 AVRIL 2022 (SOL 3436) : Un terrain toujours difficile Vers le Sud Ouest et le mont Sharp PANO NAVCAM– 5 AVRIL 2022 (SOL 3435) : Jan van Driel : Kevin Gill Modifié 8 avril 2022 par vaufrègesI3 3 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Meade45 489 Posté(e) 7 avril 2022 Bonjour ! N'étant pas géologue et n'ayant pas voix au chapitre sur la pertinence du trajet suivi par Curiosity, je ne peux m'empêcher de penser à la réponse faite par Georges Mallory à sa quête de l'Everest. " Parce qu'il est là!" Alors pourquoi après avoir tâter quelques zones sédimentées pour satisfaire les géologues, ne pas avoir lancer le robot à la conquête du Mont Sharp ? L'image sommitale aurait été d'une beauté unique mais c'st vrai n'aurait rien apporté à la science. Cependant, je parcours régulièrement entres autres les traductions de vaufrègesI3 ( soit louée ici son investissement) et j'ai l'impression que les géologues se font plaisir et que la quête de nouvelles informations se tarit au fil du temps. Impressions d'un néophyte mais qui amènent je pense des explications, mon esprit en quête perpétuelle de connaissance ne pourrait que vous en remercier. Guy Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 7 avril 2022 Il y a 4 heures, Meade45 a dit : pourquoi après avoir tâter quelques zones sédimentées pour satisfaire les géologues, ne pas avoir lancer le robot à la conquête du Mont Sharp ? Il y a 4 heures, Meade45 a dit : j'ai l'impression que les géologues se font plaisir et que la quête de nouvelles informations se tarit au fil du temps. En fait il y a encore beaucoup de "grain à moudre", bien sûr en géologie et ce qui en résulte, histoire de l'eau et du climat martien, mais aussi chimie organique, étude de l'atmosphère, radiations etc... Et surtout comme le souligne Francis Rocard, l'objectif de Curiosity n'est pas de faire de l'alpinisme. C'est de faire de la géologie, de remonter dans le temps en étudiant la stratification géologique du Mont Sharp. Or dans les stratifications, le plus vieux est en bas. Les argiles, vieilles de plus de 3,5 milliards d'années et qui se sont formées alors que l'eau liquide abondait sur Mars, se trouvent à la base du Mont Sharp juste en-dessous de sulfates vieux, eux, d'environ 3 milliards d'années. La région des sulfates sera le dernier objectif de la mission. En particulier elle peut fournir des indices sur l’évolution du climat martien car les sulfates se forment autour de l’eau lorsque celle-ci s’évapore. Le rover a maintenant quitté un sol argileux pour un sol composé en partie de sulfates. L’objectif du rover est toujours le même : trouver des indices de présence d’eau dans le passé de Mars afin de comprendre comment cette présence a évolué sur des milliards d’années pour finalement disparaître et rendre la planète impropre à la vie en surface. Or les sulfates se forment généralement en présence d’eau et, après évaporation, des couches de sulfates de calcium ou de magnésium se sont formées ici à une époque postérieure à celle des argiles, quand les volcans étaient plus actifs et la présence d’eau moins constante. Depuis son atterrissage Curiosity a visité des régions bien différentes à mesure qu'il gagnait de l'altitude (environ 450 mètres de dénivelé aujourd'hui)… Grâce à ses multiples instruments embarqués, Curiosity a réalisé 34 forages et des centaines d’analyses minéralogiques, biochimiques, des milliers d’analyses spectroscopiques. Plaines, crêtes, lits de rivière, berges, dunes de sable, dépôts de sédiments, zones argileuses et roches diverses… Curiosity a coché pas mal de cases de la liste préparée par les chercheurs. Il reste les sulfates… Le cratère Gale a connu une alternance de périodes humides et sèches, mais progressivement les périodes sèches s'installèrent plus longuement jusqu'à devenir permanentes. L'âge des roches de la "formation Murray", le plancher originel du lac, tourne autour de 3,3 à 3,8 milliards d'année. La couche "Stimson" qui recouvre le "fronton de Greenheugh" est bien sûr plus jeune, d'autant plus jeune pour les couches supérieures au-dessus du fronton. Bien que des conditions arides et salines puissent être vues comme un frein au développement d’écosystèmes, noter qu’elles ne remettent pas totalement en cause la recherche de la vie ou de la chimie prébiotique. Sur Terre, de nombreux lacs salins et hypersalins hébergent une large diversité de formes de vie microbiennes adaptées à ces conditions extrêmes. La cristallisation précoce de sels sulfatés a pu favoriser la séquestration et la préservation de biosignatures moléculaires et microfossiles, pouvant faire de ces dépôts une cible de choix. Au sommet de "Greenheugh" se trouve une crête qui a peut-être été formée par de l'eau liquide transportant des débris qui ont pris naissance plus haut sur le mont Sharp, longtemps après l'assèchement des lacs de Gale. "C'est juste une énorme signature climatique que nous voulons pouvoir explorer", a déclaré Ashwin Vasavada, directeur scientifique de la mission. Les canyons qui entaillent le flanc du mont Sharp juste au-dessus du fronton résultent de l’écoulement tardif d’une eau de surface à travers les strates inférieures. Ces canyons constituent un environnement habitable distinct et bien sûr postérieur à ceux associés à l'époque de la formation des argiles et des sulfates. L'analyse des dépôts au débouché des canyons permettra aussi de renseigner sur les conditions régnant sur Mars à cette époque. Ce réseau de fractures situé dans la partie supérieure des strates riches en sulfates est comblé par des matériaux minéraux résultant de l'action des eaux de surface. Il s'agit des vestiges d'un troisième environnement distinct des deux précédents et le rover recherchera des composants organiques dans ces dépôts. Sachant que "la production du RTG du rover - qui convertit en électricité la chaleur générée par la désintégration radioactive du plutonium-238 – « aura probablement diminué suffisamment d'ici fin 2022 pour commencer à peser lourdement sur les travaux scientifiques", a déclaré Vasavada. Par ailleurs les perspectives budgétaires de Curiosity deviennent beaucoup plus incertaines au fil du temps. Dans la demande de budget Nasa 2023 (budget qui débute le 1er octobre 2022) alloué à l’exploration spatiale et devant encore être approuvée par le Congrès, nul ne sait si Curiosity sera assuré d’un financement pour cette période, surtout depuis l’annonce du développement d’un deuxième atterrisseur pour MSR (retour d’échantillons martiens), une décision certainement plus sage mais qui va couter un bras. 2 1 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Meade45 489 Posté(e) 8 avril 2022 vaufrègesI3, un tel exposé a répondu à toutes mes interrogations ! Plus complet, cela n'existe pas! Merci à toi pour le temps passé à poser tous les objectifs de cette mission. Il y a 16 heures, vaufrègesI3 a dit : C'est juste une énorme signature climatique que nous voulons pouvoir explorer" Cette phrase résume la tâche de Curiosity, adieu donc la pose du drapeau de l'humanité au somment du Mt Sharp ! Mes remerciements. Guy Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 14 712 Posté(e) 8 avril 2022 Coup de théâtre !!! Curiosity rebrousse chemin et redescend du fronton pour trouver une voie d'accès alternative afin d'éviter les roches "ventifacts" trop agressives pour les roues !!! Cette voie alternative n'est pas encore précisée, mais le trajet prévisionnel de référence sur le fronton est abandonné. En conséquence il devient problématique d'atteindre la "crête Gediz Vallis" et plus haut les canyons , cibles pourtant prioritaires de cette fin de mission. Il reste donc à vérifier quelles nouvelles perspectives peuvent être encore offertes aux scientifiques . Source : https://www.nasa.gov/feature/jpl/nasa-s-curiosity-mars-rover-reroutes-away-from-gator-back-rocks Curiosity s'éloigne des roches "en forme de dos d’alligator" Pour éviter les zones de roches tranchantes, la mission a emprunté un autre chemin pour gravir le mont Sharp. Le rover martien Curiosity de la NASA a passé la majeure partie du mois de mars à escalader le "fronton de Greenheugh", une pente douce recouverte de grès friable. Le rover a brièvement atteint le sommet de la face nord de cet élément il y a deux ans ; maintenant sur la face sud du fronton, Curiosity est revenu sur le fronton pour l'explorer plus en profondeur. Mais le 18 mars, l'équipe de la mission a vu un changement de terrain inattendu et a réalisé qu'elle devait faire demi-tour : Le chemin devant Curiosity était tapissé de roches taillées par le vent, ou ventifacts, comme jamais auparavant en près de 10 ans de présence du rover sur la planète rouge. Au début de la mission, des ventifacts ont entaillé les roues de Curiosity. Depuis lors, les ingénieurs du rover ont trouvé des moyens de ralentir l'usure des roues, notamment un algorithme de contrôle de la traction, afin de réduire la fréquence à laquelle ils doivent évaluer les roues. Ils ont également planifié les itinéraires du rover de manière à éviter de rouler sur de telles roches, y compris les derniers ventifacts, qui sont faits de grès - le type de roche le plus dur que Curiosity ait rencontré sur Mars. L'équipe a surnommé leur apparence en forme d'écailles le terrain en forme de "dos d'alligator". Bien que la mission ait repéré la zone à l'aide d'images orbitales, il a fallu voir ces roches de près pour révéler les ventifacts. "Il était évident, d'après les photos de Curiosity, que ce ne serait pas bon pour nos roues", a déclaré Megan Lin, responsable du projet Curiosity au Jet Propulsion Laboratory de la NASA en Californie du Sud, qui dirige la mission. "Cela aurait été lent, et nous n'aurions pas pu mettre en œuvre les meilleures pratiques de conduite du rover". PANO MASTCAM - 24 MARS 2022 (SOL 3423) - NASA/JPL-Caltech/MSSS : Les rochers en dos d’alligator ne sont pas infranchissables - ils n'auraient simplement pas valu la peine d'être traversés compte tenu de la difficulté du chemin et du vieillissement des roues du rover. La mission trace donc un nouveau parcours pour le rover qui continue d'explorer le mont Sharp, une montagne de 5,5 kilomètres de haut que Curiosity gravit depuis 2014. Au fur et à mesure de son ascension, Curiosity est en mesure d'étudier différentes couches sédimentaires qui ont été façonnées par l'eau il y a des milliards d'années. Ces couches aident les scientifiques à comprendre si la vie microscopique a pu survivre dans l'ancien environnement martien. Pourquoi Greenheugh ? Le fronton de Greenheugh est une large plaine en pente près de la base du Mont Sharp qui s'étend sur environ 2 kilomètres de large. Les scientifiques de Curiosity l'ont remarqué pour la première fois sur des images orbitales avant l'atterrissage du rover en 2012. Le fronton se distingue comme un élément autonome sur cette partie du mont Sharp, et les scientifiques ont voulu comprendre comment il s'est formé. Il se trouve également à proximité de la crête de Gediz Vallis, qui pourrait avoir été créée lors de l'écoulement de débris le long de la montagne. Curiosity restera toujours dans les contreforts du mont Sharp, où l'on trouve des traces d'eau ancienne et des environnements qui auraient été habitables dans le passé. Traverser environ 1,5 kilomètre du fronton pour recueillir des images de la crête de Gediz Vallis aurait été un moyen d'étudier les matériaux des parties les plus élevées de la montagne. "De loin, nous pouvons voir des blocs de la taille d'une voiture qui ont été transportés vers le bas depuis les niveaux supérieurs du mont Sharp - peut-être par l'eau relativement tard dans l'ère humide de Mars", a déclaré Ashwin Vasavada, le scientifique du projet Curiosity au JPL. "Nous ne savons pas vraiment ce qu'ils sont, donc nous voulions les voir de près". Au cours des deux prochaines semaines, Curiosity descendra du fronton jusqu'à un endroit qu'il avait déjà exploré : une zone de transition entre une zone riche en argile et une autre contenant de grandes quantités de minéraux salins appelés sulfates. Les minéraux argileux se sont formés lorsque la montagne était plus humide, parsemée de ruisseaux et d'étangs ; les sels ont pu se former lorsque le climat de Mars s'est asséché au fil du temps. "C'était vraiment cool de voir des roches qui ont préservé une époque où les lacs s'asséchaient et étaient remplacés par des ruisseaux et des dunes de sable sec", a déclaré Abigail Fraeman, scientifique adjointe du projet Curiosity au JPL. "Je suis vraiment curieuse de voir ce que nous allons trouver en continuant à grimper sur cet itinéraire alternatif". Les roues de Curiosity seront sur un terrain plus sûr lorsqu'elles laisseront derrière elles le terrain en forme de dos d’alligator, mais les ingénieurs se concentrent sur d'autres signes d'usure du bras robotique du rover qui porte sa foreuse. Les mécanismes de freinage de deux des articulations du bras ont cessé de fonctionner l'année dernière. Cependant, chaque articulation comporte des pièces redondantes qui permettent au bras de continuer à forer des échantillons de roche. L'équipe étudie les meilleures façons d'utiliser le bras pour s'assurer que ces pièces redondantes continuent de fonctionner aussi longtemps que possible. PANO MASTCAM - 16 MARS 2022 (SOL 3415) - NASA/JPL-Caltech/MSSS : Les roches du fronton aiguisées par le vent, appelées "ventifacts" POSITION AU 6 AVRIL 2022 (SOL 3436) : Le rover est revenu sur ses traces sur environ 30 mètres au 5 avril et plus de 60 mètres le 6 avril ! Le 7 avril - Par Michelle Minitti, géologue planétaire : "Nous avons réussi à descendre plus bas du "fronton de Greenheugh" en nous dirigeant vers des voies de conduite plus douces en descente. Cependant, le fouillis chaotique du terrain que nous avons rencontré dans les derniers tours de roues a laissé deux de nos roues mal positionnées. Cela signifiait que nous ne pouvions pas sortir le bras pour la science du contact, de peur que notre grand bras se balançant dans tous les sens ne fasse bouger le rover de manière inattendue. Cela signifiait également que nos conducteurs de rover voulaient sortir le rover du terrain en question pour mettre les six roues sur la terre ferme (ou l'équivalent martien) avant de tenter un autre déplacement. Ainsi, le trajet d'aujourd'hui vise à repositionner le rover pour les observations du week-end. Avant notre repositionnement, nous avons planifié un ensemble complet d'images et d'analyses avec ChemCam et Mastcam". PANO NAVCAM - 6 AVRIL 2022 (SOL 3436) - Jan van Driel : 3 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
ALAING 58 328 Posté(e) 8 avril 2022 C'est vrai que c'est dangereux et méchants les alligators Bonne soirée, AG Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites