vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 7 septembre 2020 (modifié) - Il y a 2 heures, Mercure a dit : Alors je me demandais s'il y avait une raison pour ne pas avoir opté pour l'identification d'acides nucléiques. Là normalement, en reprenant le schéma Terrestre ont peu savoir s'il y a eu des procaryotes OU des eucaryotes. Et augmenter les chances de trouver de la vie. Il est vrai que l’expérience de chimie humide TMAH est spécifiquement utilisée pour que la suite d'instruments GC-MS de SAM soit en mesure de détecter des acides carboxyliques comme les acides gras (lipides constituants entre autres des membranes cellulaires des bactéries procaryotes ou/et des eucaryotes) molécules qui sont difficilement détectables par la méthode classique dite "Evolved Gas Analysis" (EGA) qui consiste à chauffer l'échantillon à plus de 900 °C . Mais cette méthode avec TMAH n'est pas destinée à une recherche exclusive, elle a le pouvoir de faire apparaître aussi toute autre molécule organique complexe, comme un nucléotide, élément de base de l’acide nucléique (ce qui pour le coup serait carrément "le graal", il y aurait des évanouissements en chaînes dans l'équipe du rover ). Modifié 7 septembre 2020 par vaufrègesI3 2 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
jfleouf 3 393 Posté(e) 8 septembre 2020 Le 9/7/2020 à 15:22, Mercure a dit : Je pourrais supposer que les techno d'amplification PCR voir RT-PCR (pas évident) n'étaient pas prêtes au moment de la préparation des investigations (c'est vraiment loin?), ou non transportables? A mon humble avis, c'est surtout que faire une PCR sur un échantillon de sol martien c'est l’échec garanti. Pour qu'une PCR fonctionne il faut connaitre au moins une partie de la séquence d'ADN (ou ARN pour une RT-PCR) qu'on souhaite amplifier. On sait aussi faire maintenant des PCR sans connaitre la séquence d'avance. Pour ça, on attache des petites molécules d'ADN (dont on connait la séquence bien sur, puisqu'on les a synthétisées nous mêmes...) aux extrémités des fragment d'ADN à amplifier et on utilise donc cette séquence connue pour faire l'amplification. Le problème avec cette méthode, c'est qu'il faut une concentration d'ADN raisonnable dans l’échantillon. Bref, pour que ça marche il faudrait que le sol martien grouille de bactéries, et ça on sait déjà que ce n'est pas le cas. Autre problème avec l'ADN : c'est fragile (et encore plus pour l'ARN). Si tes bactéries sont clamsées depuis environ 2 milliards d’années, il ne va rien rester. Le 9/7/2020 à 15:22, Mercure a dit : Alors je me demandais s'il y avait une raison pour ne pas avoir opté pour l'identification d'acides nucléiques. Là normalement, en reprenant le schéma Terrestre ont peu savoir s'il y a eu des procaryotes OU des eucaryotes Attention là encore, deux gros problèmes dans ce raisonnement. 1) Détecter n'est pas la même chose que séquencer. Les manips du type TMAH peuvent détecter certaines molécules, mais pas leur séquence dans un polymère. Au mieux, on pourra dire "on a détecté des molécules de C4H5N3O , C5H5N5, C5H5N5O et C5H6N2O2 " (les bases azotées) mais pas "on a trouvé un brin d'ADN avec la séquence : ACCAGCATCGATCAGCTACGATCGACT....". 2) Même en supposant qu'on arrive a séquencer de l'ADN martien, ça ne va pas nous dire grand chose sur le type de cellule. Pour ça, il faudrait que les vies martienne et terrestres soit homologues (au sens biologie/évolution du terme, c'est à dire : que les vies martiennes et terrestres dérivent d'un même ancêtre commun). En gros, ça impliquerait la panspermie. Mais pour le coup ça serait super décevant. Une forme de vie apparue indépendamment, et qui aurait donc pu suivre une trajectoire complètement différente de ce qu'on a sur Terre, ça c'est excitant. Bien sur, tout ça suppose qu'il y a (eu) de la vie sur Mars... Note au passage qu'il n'y a aucune garantie qu'une hypothétique vie martienne utilise aussi l'ADN, et tant bien même que ça soit le cas, aucune garantie que cet ADN utilise les 4 mêmes bases azotées (A, T, C, G) que la vie sur Terre. Il existe plein d'autres bases azotées qui pourraient faire l'affaire. Pareil pour les acides aminés, toute la vie sur Terre se contente de 20 acides aminés (+ 2 pour quelques cas extrêmes) mais c'est 20 parmi des centaines d'acides aminés possibles. Bref, avant de séquencer les génomes martiens, essayons d'abord de détecter des molécules complexes. On aura tout le temps de penser aux manips plus complexes quand on se sera remis des évanouissements en cascade jf 2 11 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Géo le curieux 202 Posté(e) 9 septembre 2020 Excellentes explications. Je comprends mieux maintenant la problématique et sa complexité et pourquoi la Nasa préfère attendre d'en savoir un peu plus (avec de nouvelles analyses) avant de communiquer ses résultats et l'interprétation (ou les interprétations) que l'on peut en donner. 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 9 septembre 2020 Il y a 8 heures, jfleouf a dit : Bref, avant de séquencer les génomes martiens, essayons d'abord de détecter des molécules complexes. On aura tout le temps de penser aux manips plus complexes quand on se sera remis des évanouissements en cascade Totalement ! Merci pour ces explications. J'espère que je n'ai pas écris trop de con... bêtises dans ce qui précède . Il y a 8 heures, jfleouf a dit : Détecter n'est pas la même chose que séquencer Disons que Curiosity et son mini-labo ait pu détecter des molécules complexes sur Mars, c'est déjà fabuleux. De toute façon, difficile d'aller plus loin compte tenu de leur état de dégradation constaté jusqu'ici - initial ou/et provoqué par les conditions d'analyse. Ce rover a un labo incroyable, mais n'a pas l'outil de forage à la mesure du potentiel de ses possibilités d'analyse. Quand on voit la facilité avec laquelle les forages sont pratiqués, on se demande pourquoi n'avoir pas équipé cet engin d'un foret pouvant accéder à une profondeur deux ou trois fois plus importante (à minima) ??... C'est assez incohérent. Il y a 9 heures, jfleouf a dit : Une forme de vie apparue indépendamment, et qui aurait donc pu suivre une trajectoire complètement différente de ce qu'on a sur Terre, ça c'est excitant. D'autant qu'on saurait le déterminer sans aucun doute possible. J'ai bien peur de ne pas pouvoir vivre assez longtemps encore pour suivre cette quête et entre autres ce qui pourrait être produit par des labos terrestres après le retour d'échantillons martiens. Fondamentalement, ne rien trouver de biotique ou de prébiotique sur cette planète sœur de la Terre serait tout aussi vertigineux que l'inverse. 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Alain MOREAU 7 318 Posté(e) 9 septembre 2020 (modifié) Il y a 5 heures, vaufrègesI3 a dit : J'ai bien peur de ne pas pouvoir vivre assez longtemps encore pour suivre cette quête Ça, Daniel, c’est tout simplement exclu 🤨 : tu as charge d’âmes à présent (celles d’Astrosurf, entre autres, au moins pour ce qui nous concerne) et par ailleurs tu sembles encore parfaitement sain d’esprit. Or un esprit sain 😇 jouit d’un pouvoir quasi illimité sur la chair, si faible soit-elle par nature ! 😋 C'est dans les Écritures, d’innombrables témoignages en font état, même de parfaits incroyants comme moi doivent le reconnaître. Aussi, j’en suis désolé pour toi, mais tu ne t’appartiens plus totalement : tu appartiens aussi, un peu, beaucoup, à notre communauté - d’ailleurs en grande partie par ta faute - et nous ne te laisserons pas si facilement défaillir à ta guise, ni faillir à ta mission sacrée d’élucider ce mystère du vivant, pour nous tous ici à qui il tient à cœur ! La magnifique désolation martienne ne vaut que parce qu’elle nous renvoie au miracle de notre existence terrestre : la question posée interroge la pluralité des mondes vivants, elle transcende notre finitude en tant qu’individu et en tant qu’espèce ; ce n’est pas un hasard si notre conscience aspire si fort à une réponse de - et sur - cette nature, avant de rendre l’âme, sinon de bonne grâce, tout du moins en paix ! Il n’est pas exclu non plus que les découvertes actuelles motivent les troupes à accélérer le prélèvement et le retour d’échantillons : ce qui n’apparaissait voici quelques années que comme une improbable et coûteuse mission aux chances pour le moins incertaines d’être ne serait-ce que financée, tout d’un coup se trouve en voie de matérialisation sur un pari technologique sacrément audacieux ! Dans un moment d’optimisme irraisonné, il me plaît à penser qu’entre deux élucubrations futiles notre gourou en chef se piquerait au jeu du challenge pour justifier enfin d’une charge utile parmi tant d’autres inutiles... Qui sait ? Une illumination reste toujours possible chez un illuminé ! Te voici condamné à l’immortalité, alors arrange toi pour durer le temps nécessaire 😉😄 Il y a 5 heures, vaufrègesI3 a dit : Fondamentalement, ne rien trouver de biotique ou de prébiotique sur cette planète sœur de la Terre serait tout aussi vertigineux que l'inverse. En effet ; si par la négative nous devions répondre à cet espoir, notre solitude face à l’abîme n’en paraîtrait que plus terrifiante... Les tenants de la multitude des planètes habitées, pour le coup, en trembleraient d’effroi ! On ne peut croire que Mars, en effet, soit (ou ait été) le pire terreau pour voir naître la vie. Je peux cependant parier sans crainte que quels que soient les résultats de nos investigations, nous n’aurons de cesse d’explorer sans relâche jusqu’au dernier recoin du Système Solaire, aussi improbable et impropre à la vie qu’il soit, tant cette quête désespérée nous obsède... Modifié 9 septembre 2020 par Alain MOREAU orthographe 11 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 9 septembre 2020 (modifié) Il y a 9 heures, Alain MOREAU a dit : j’en suis désolé pour toi, mais tu ne t’appartiens plus totalement : tu appartiens aussi, un peu, beaucoup, à notre communauté Ben m... alors ! Je sais même pas quand a eu lieu la transaction, en tout cas moi j'ai rien signé !! Et puis le vent de l'Esprit (sain) souffle où il veut, tu en entends le bruit, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va ! Il y a 9 heures, Alain MOREAU a dit : nous ne te laisserons pas si facilement défaillir à ta guise, ni faillir à ta mission sacrée d’élucider ce mystère du vivant, pour nous tous ici à qui il tient à cœur ! Justement, si vous pouviez m'envoyer un p'tit chèque, en ce moment c'est un peu difficile Tentative d'explication sur la priorité que semble accorder l'équipe du rover à la recherche d'acides carboxyliques (avec l’expérience de chimie humide TMAH) : Les lipides existent sous différentes formes. Les acides gras, qui sont des acides carboxyliques à longue chaîne aliphatique, en font partie. Ces acides gras sont retrouvés dans toutes les huiles, les graisses, les cires, les lipopolysaccharides (constituant essentiel des parois bactériennes), les mono-, di- et triglycérides (réserve d'énergie animale), les glycéro-phospholipides et les sphingolipides (composants des membranes plasmiques eucaryotes). Ces acides gras, lors d'une dégradation, subiront une transformation en acides carboxyliques plus courts. Or, les acides carboxyliques sont particulièrement résistants à la dégradation, même exposés à des conditions drastiques, ce qui rend leur recherche en tant que bio-indice pertinente. Ces composés sont intéressants en tant que résidus, produits dérivés de la vie, qui peuvent subsister longtemps après que la vie ait été balayée. Certains acides carboxyliques ont en effet pu être détectés dans des sols extrêmement arides et oxydants du désert d'Atacama au Chili (Navarro-Gonzalez et al. 2003). Les monomères de nos macromolécules d'intérêt sont donc beaucoup plus stables que les polymères dont ils sont issus, même exposés à des conditions drastiques. D'autres lipides, cycliques, tels que les stérols (hopanoïdes, stéroïdes) sont source d'intérêt exobiologique par leur importance biologique (présence dans les membranes bactériennes) et la résistance de leur squelette carboné aux conditions dégradantes. Ensuite l'étude de la chiralité des acides carboxyliques et notamment la présence d'un excès énantiomérique pourrait apporter une preuve importante en faveur de leur origine biotique. Le monde vivant est chiral. Les bio-monomères ne présentent qu'une seule des deux conformations chirales. Les acides aminés, les sucres et les lipides sont principalement homochiraux dans tous les systèmes vivants et leur structure polymérique forme des arrangements secondaires asymétriques. Ce type de recherche permet de déceler à la fois les formes de vie telles que nous les appréhendons, mais aussi des formes de vie basées sur des molécules radicalement différentes. Il s'agit d'un biomarqueur universel et important approprié tant aux composés biologiques connus qu'aux composés extraterrestres potentiellement biologiques. Modifié 9 septembre 2020 par vaufrègesI3 7 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
jfleouf 3 393 Posté(e) 10 septembre 2020 Il y a 17 heures, vaufrègesI3 a dit : Merci pour ces explications. J'espère que je n'ai pas écris trop de con... bêtises dans ce qui précède Je n'ai pas tout lu mais à chaque fois je trouve tes compte-rendus très clairs, plein d'information utile et quand tu causes de trucs que je connais je constate que tu ne dis pas de conneries Donc merci à toi pour ce suivit régulier (même si je ne lis pas tout, j'en apprends beaucoup). jf 1 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Kaptain 5 880 Posté(e) 10 septembre 2020 Il y a 23 heures, vaufrègesI3 a dit : Merci pour ces explications. J'espère que je n'ai pas écris trop de con... bêtises dans ce qui précède . Je pense que beaucoup ici aimeraient être capables d'écrire des conneries de ce niveau... De plus, je te tire mon chapeau devant l'énorme boulot de collecte d'informations que ça nécessite. Keep up the work, Daniel ! Et encore merci. 5 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Huitzilopochtli 6 612 Posté(e) 10 septembre 2020 Bonjour, Une question à Dan' qui demande une réponse qui figure peut-être déjà dans l'une des 151 pages de ce topic. J'aurai souhaité savoir quelle serait la technique utilisée dans le cadre de cette mission pour déterminer précisément la chiralité d'une molécule organique ? Merci d'avance. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 10 septembre 2020 Il y a 6 heures, Huitzilopochtli a dit : J'aurai souhaité savoir quelle serait la technique utilisée dans le cadre de cette mission pour déterminer précisément la chiralité d'une molécule organique ? Chiralité ? La technique ?? .... Ben avec le GC-MS... voilà... autre question ??? Pas le temps aujourd'hui.. Réponse (un peu) plus complète ce soit (tard) ou demain.. PS > Il pleut à Marseille = Etat de catastrophe naturelle = Embouteillages monstres (pire que le COVID) Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Huitzilopochtli 6 612 Posté(e) 10 septembre 2020 il y a une heure, vaufrègesI3 a dit : Ben avec le GC-MS... voilà... autre question ??? Oui. Je ne parlais pas des instruments mais de la technique mise en oeuvre, mesures de rotation optique, dispersion rotatoire optique ( ORD ), circulaire dichroïsme ( CD ) et polarisation de luminescence( CPL ). J'essaye de comprendre les différences ou au moins d'en avoir un aperçu. Cela m'aurait intéressé d'en savoir plus à ce sujet, et c'est vrai, je ne connais pas grand chose dans ces domaines. Mais évidemment ton temps semblant désormais compté, je te laisse l'utiliser à ta guise. 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 11 septembre 2020 Il y a 23 heures, Huitzilopochtli a dit : J'aurai souhaité savoir quelle serait la technique utilisée dans le cadre de cette mission pour déterminer précisément la chiralité d'une molécule organique ? Vaste sujet qui mériterait un topic à lui seul.. N'étant ni biologiste, ni physicien, mais ce sujet étant fondamental dans le recherche de formes de vies extraterrestres, j'ai utilisé une doc' personnelle assez conséquente (en particulier celle produite par l'excellente Caroline FREISSINET) dans laquelle j'ai tenté de puiser pour répondre à cette question de façon aussi synthétique et lisible que possible. Avant d'aborder la problématique chiralité/homochiralité, il m'a semblé que quelques rappels s'imposaient. La chromatographie en phase gazeuse (GC) couplée à la spectrométrie de masse (MS) est actuellement une des rares techniques analytiques utilisée dans des environnements extraterrestres afin d’y rechercher des molécules organiques, et elle y est devenue la méthode de prédilection. Elle a déjà été prévue et utilisée pour différentes missions martiennes, comme Viking, MSL, Rosetta, ExoMars, ainsi que dans le cadre de l’exploration de Vénus et Titan. Elle est également couramment utilisée en laboratoire pour l’analyse des acides aminés dans les météorites et autres échantillons extraterrestres depuis le début des années 1970. Le chromatographe en phase gazeuse (GC) est, comme son nom l'indique utilisé afin de réaliser des chromatogrammes ayant pour but de séparer et de déterminer les différents composants d'un échantillon. La particularité d'un "GC" est le fait que l'espèce chimique à analyser est chauffée jusqu'à ce qu'elle passe en phase gazeuse, et non en phase aqueuse, comme par exemple une chromatographie sur couche mince ( CCM). Le SAM-GC possède un total de 74 fours, capable de monter à une température de près de 1100°C, couplé avec une traitement chimique permettant de vaporiser les molécule les moins volatiles. Ainsi, il est fort probable que l'élément a analyser libère des espèces gazeuse, afin d'en déterminer la composition chimique. Ensuite, les gaz obtenus sont séparé dans les six voies analytiques que possède le SAM GC. C'est voies, mènent à des colonnes à chromatographie, ainsi qu'à des dispositifs permettant de stabiliser la température ambiante. Les colonnes sont des tubes capillaires, d'environ O,25 mm de diamètre et de 30 m de longueur, dont les parois sont recouvertes de substances actives. Celles-ci peuvent être des absorbants, qui interagissent avec les espèces grâce au principe des liaisons de Van Der Waals. Plus une espèce a d'affinités avec l'absorbant, plus elle met du temps a ressortir de la colonne. Les absorbants sont plus particulièrement utilisé pour les petites molécules. Ou cela peut aussi être une résine, dont la propriété est de dissoudre certaines qui passeront donc plus de temps dans la colonne. La résine est plus utilisé dans la séparation des molécules organiques. Les gaz obtenus grâce au traitement de l'échantillon sont transportés dans les fines et longues colonnes capillaires par un gaz dit "porteur", ou gaz vecteur. Ce gaz, pour les besoins de la chromatographie, doit être inerte. Dans le cas de Curiosity, il s'agit de l'hélium. Ce gaz va ainsi, amener le gaz à étudier jusqu'à la sortie de la colonne, et le faire passer devant un nouvel outil, le détecteur. Les détecteurs ont pour but de déterminer la composition des gaz à analyser. Il s’agit ici de détecteurs à conductibilité thermique ( TCD ) qui mesurent la capacité des gaz à conduire la chaleur, ainsi que le temps entre leur injection dans la colonne, et leur passage devant le détecteur. Ce comportement dépend des propriétés physico-chimiques de la molécule. Chaque molécule possédant ainsi une vitesse de migration propre, elles sont éluées à des temps différents (le temps de rétention), ce qui permet une séparation temporelle des constituants du mélange, et leur identification lorsque les temps de rétentions sont connus. Le détecteur fonctionne sur le principe du "Pont de Wheatstone" : Cet instrument permet de mesurer une résistance électrique grâce au rapport suivant, Rx = (R3*R2)/R1, où R1 et R2 sont des résistance connues, et R3 une résistance variable de précision. Le TCD mesure ainsi grâce a ce principe, les variations de tensions électriques crées par le passage des composant devant le détecteur. En collectant ses données, il est possible de déterminer la nature précise de chaque élément présents dans les gaz. Le TCD possède l'avantage de ne pas dégrader les échantillons qui pourront par la suite être utilisé dans le spectromètre de masse de SAM, de plus, la Chromatographie en phase gazeuse sépare les différents gaz, ce qui facilite le travail d'analyse des autres instrument du rover. Une réaction de fonctionnalisation (ou dérivatisation) avec réactif peut être réalisée avant injection afin d’augmenter la volatilité des molécules cibles. Cette technique permet la séparation et l’analyse qualitative et quantitative de composés à l’état de traces (par exemple des molécules organiques présentes dans des milieux extraterrestres), ainsi que de réaliser une séparation énantiomérique. Pour l’identification des solutés, la spectrométrie de masse (quadrupôle ou trappe d’ions) va ioniser les molécules par impact électronique, les fragmenter, et les séparer en fonction du rapport masse sur charge m/z. Chaque molécule se fragmente selon un schéma prédictible pour une même énergie d’ionisation (généralement 70 eV), fournissant un spectre de fragmentation typique, dont l’analyse permet l’identification de la molécule mère. Il est possible de vérifier l’identification d’un composé (basée sur son temps de rétention et son spectre de masse) par comparaison des temps de rétention et des spectres de masse obtenus avec un standard ou une librairie. De la chiralité à l’homochiralité (brève histoire de l’activité optique) Depuis sa découverte par Jean-Baptiste Biot en 1815, l'activité optique des molécules est particulièrement étudiée dans différents domaines scientifiques, qu'ils soient appliqués ou fondamentaux. L’activité optique est la capacité qu'a une molécule de dévier le plan de polarisation d'une lumière incidente polarisée linéairement, dans un sens ou dans l’autre selon l’énantiomérie des molécules du milieu qu’elle traverse. Cette activité optique a été liée à la chiralité (du grec « χειρ », la main) des molécules par Pasteur quelques années plus tard, en 1848. Il a fallu attendre 1904 pour avoir une définition de la chiralité, par Lord Kelvin, définition encore admise aujourd'hui : "J’appelle toute figure géométrique, ou groupe de points, chiral, si son image dans un miroir plan ne peut être amenée à coïncider avec lui-même". Cette propriété implique généralement un centre asymétrique au sein de la molécule. Cependant, les molécules possédant une hélicité, un axe ou un plan de chiralité peuvent également être chirales, sans pour autant présenter de carbone asymétrique. Les deux énantiomères d’une molécule chirale, malgré leurs caractéristiques physiques et chimiques relativement proches, peuvent avoir des propriétés biochimiques radicalement différentes, voire opposées ; senteurs différentes, flaveurs différentes, effet biologique ou inertie de la molécule, et même médicament/poison pour les inverses optiques d‟une molécule tragiquement connue, la thalidomide. Regardez votre main droite. Si vous la placez devant un miroir, c'est votre main gauche qui apparaît. Il est impossible de superposer vos deux mains tournées vers vous. Vos mains sont chirales : elles ne sont pas superposables à leur image dans un miroir. Cette asymétrie est à l'origine de l'activité optique des molécules chirales. Deux molécules chirales, images l'une de l'autre, sont dites énantiomères et ont les mêmes propriétés physiques excepté leurs pouvoirs rotatoires spécifiques, qui sont opposés. Elles ont les mêmes propriétés chimiques excepté les réactions chimiques faisant intervenir le centre chiral. Les molécules naturelles sont chirales pour la plupart, certaines formes étant privilégiées, comme la forme L chez les acides aminés. C'est pourquoi on parle pour la nature d'homochiralité (dont l'origine est du reste encore débattue). De même, au niveau microscopique, les biomolécules qui constituent le vivant sont chirales. De fait, en laboratoire, ces molécules se trouvent toujours réparties à part égale entre la forme droite et la forme gauche, images l’une de l’autre dans un miroir. Toutefois, dans les organismes vivants, certaines biomolécules, les acides aminés et les sucres de l’ADN, véritables briques de la vie, ne se retrouvent que sous une seule configuration. Au sein du vivant, les acides aminés n’existent que sous la forme gauche, et les sucres de l’ADN sont tous droitiers. C'est ce qu'on appelle l'homochiralité. Lorsqu'elles sont produites en laboratoire, les molécules organiques, parmi lesquelles figurent les acides aminés ou les sucres (constitutifs de l’ADN), existent sous deux formes, appelées énantiomères (du grec enantios qui veut dire opposé). Il faut se représenter ces deux configurations comme images l’une de l’autre dans un miroir. Comme deux mains non superposables, on retrouve une forme gauche, nommée L (pour lévogyre), et une forme droite, nommée D (pour dextrogyre). Toute molécule montrant cette double géométrie est dite chirale (du grec kheir qui signifie main). En 1847 Pasteur note que des cristaux de tartrate font tourner la lumière polarisée soit à gauche, soit à droite. Il en déduit que les cristaux étudiés présentent deux structures géométriques différentes, droite ou gauche. Cette propriété a des implications importantes. Le limonène par exemple, utilisée par l’industrie cosmétique et agroalimentaire, sent le citron sous sa forme droite alors que son énantiomère gauche a l’odeur du pin. Théoriquement donc, les deux formes, L et D, coexistent pour de nombreuses molécules, très présentes dans le monde vivant. C’est ce que Pasteur a baptisé "mélange racémique", c’est-à-dire un mélange comprenant 50 % de molécules gauches et 50 % de molécules droites, qui ne dévie pas la lumière polarisée. Pourtant, la vie n’utilise qu’une seule des deux configurations. Les acides aminés du vivant sont ainsi tous de forme gauche, alors que les sucres de l’ADN sont au contraire droitiers. On parle alors d’homochiralité de la vie. Ces deux termes sont inséparables : les scientifiques s’accordent en effet à dire que l’homochiralité est une signature fondamentale de la vie, une condition nécessaire à son développement. Sans cette "homochiralité de la vie" (ou encore asymétrie biomoléculaire), la vie ne pourrait pas exister. En effet, le repliement des protéines serait impossible. Or ce phénomène est indispensable au bon fonctionnement des enzymes, qui accélèrent les réactions chimiques capitales pour les organismes vivants. Parmi les biosignatures ou bioindices possibles, l’étude de l’activité optique de certaines molécules organiques, menant au concept de chiralité et donc d’homochiralité de la vie est particulièrement intéressante. Techniques susceptibles de permettre la détection de la chiralité : La chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (GC-MS) se révèle être la meilleure technique d'exploration spatiale pour la chiralité. L’assemblage de chromatographes GC-MS comprend six colonnes de 30 mètres de long mais seulement d'un quart de millimètre de diamètre. Les tubes sont enroulés en bobines pour les emballer à l'intérieur de l'instrument, de sorte que chacune des "colonnes" ressemble en fait à un disque, vu de l'extérieur. Ainsi les six cercles composant l'instrument GC sur la photo du labo SAM ci-dessous : Chacune des colonnes est conçue pour fonctionner sur des plages de poids moléculaires différentes (mais qui se chevauchent).Une colonne cible les petites molécules de carbone (chaînes de 1 à 4 atomes de carbone) et l'ammoniac, deux regardent les hydrocarbures de poids moléculaire moyen (chaînes de 5 à 15 carbones), et ainsi de suite. Trois des six colonnes ont des "pièges" qui absorbent les espèces gazeuses intéressantes au fur et à mesure de leur arrivée au début de la colonne, afin de les concentrer; le chauffage instantané des pièges libère les molécules de gaz en même temps, augmentant la capacité du chromatographe à les séparer en différents constituants. La surface intérieure de chaque colonne est revêtue d'une substance différente. Les substances saisissent les molécules de gaz et les libèrent. Différentes molécules de gaz ont plus ou moins d'affinité pour le revêtement de chaque colonne. Ainsi, le tube long et fin sépare les différentes molécules de gaz par leurs affinités - en général, les molécules les moins collantes sortent de la colonne en premier, les plus collantes en dernier. De plus, les grosses molécules ont tendance à descendre plus lentement dans la colonne que les petites molécules. Lorsque les molécules de gaz sortent du tube, elles passent à travers un détecteur de conductivité thermique (TCD), qui peut détecter les principales espèces présentes dans le gaz jusqu'au niveau de la partie par million. De là, les gaz séparés entrent dans le spectromètre de masse. Ce n'est pas le premier spectromètre de masse à chromatographe en phase gazeuse (GC-MS) envoyé sur Mars, mais c'est le premier depuis les atterrisseurs Viking. Le design de Curiosity 's est basé sur le GCMS qui était sur Huygens, la sonde atmosphérique Titan. Plusieurs classes de colonnes chirales ont été étudiées et classées en fonction de leur énantiosélectivité. En effet la séparation des énantiomères peut se faire par chromatographie chirale. Dans cette technique, la phase stationnaire de la colonne capillaire chromatographique est chirale. Un des deux énantiomères aura donc plus d’affinités avec la phase stationnaire que l’autre, son temps de rétention en sera alors augmenté, permettant la séparation des énantiomères. L’emploi d’un réactif de fonctionnalisation (ou dérivatisation) chiral n’est alors pas forcément nécessaire. Par exemple, l’emploi de colonnes chromatographiques chirales ont permis la séparation d’énantiomères des météorites Murchison et Murray. En première approche de conception, il s’agissait de comparer la réponse chromatographique d’un certain nombre de molécules organiques chirales, dans un premier temps des molécules volatiles, afin de déterminer quelle colonne chromatographique est la plus pertinente pour détecter et séparer les molécules organiques chirales. Dans ce cadre les études se sont portées sur trois colonnes capillaires chirales différentes ; les phases stationnaires de deux d’entre elles sont composées de cyclodextrines modifiées, et celle de la troisième de dérivés d'acides aminés. Si l’utilisation de la colonne sélectionnée peut être étendue à toutes les missions spatiales censées étudier la chiralité dans l’espace (planètes, comètes etc.), la première application de cette étude est pour SAM (Sample Analysis at Mars) sur la mission MSL (Mars Science Laboratory). C’est pourquoi les propriétés cinétiques et thermodynamiques de la colonne choisie ont été étudiées le plus exhaustivement possible. Dans ce même contexte de missions martiennes (MSL et Exomars), la détection et la quantification de molécules organiques énantiomériques revêt une importance considérable. La GC-MS n’autorise cependant que l’analyse de molécules volatiles. Or, la majorité des molécules organiques d’intérêt exobiologique sont réfractaires (acides aminés, acides carboxyliques etc.). En conséquence a été développé et optimisé une méthode permettant la fonctionnalisation (ou dérivatisation) et l’analyse chirale des molécules organiques : le TMAH (Tetramethylammonium) est utilisé dans le cadre de la thermochemolyse (pyrolyse en présence d’un réactif de fonctionnalisation) et permet de réaliser une méthylation des groupements possédant des liaisons polaires, permettant l’analyse par chromatographie en phase gazeuse de composés polaires. Les cibles de cette technique sont les composants moléculaires polaires contenus dans des molécules plus complexes. Elle est utilisée par l’instrument SAM sur MSL et sera également embarquée sur l’expérience MOMA d’ExoMars. Ces résultats ont permis de sélectionner la colonne chirale la plus appropriée, capable de détecter et de séparer les molécules organiques volatiles cibles. Il apparaît que seules les phases cyclodextrines permettent de séparer efficacement la majorité des énantiomères. Deux types de dépôts de ces phases sont alors étudiés, une phase cyclodextrine diluée dans une phase polysiloxane et ensuite déposée sur les parois internes de la colonne (Chiraldex), et une phase cyclodextrine greffée (Chirasil-Dex). Les études cinétiques et thermodynamiques sur ces deux colonnes différentes ont permis d‟apprécier le pouvoir de rétention et de séparation énantiomérique de ces deux colonnes, et de choisir la Chirasil-Dex pour la suite des expériences. En effet, l’efficacité et la résolution de cette dernière pour la séparation énantiomérique sont supérieures pour une large gamme de composés, des hydrocarbures aux aromatiques en passant par des esters et des alcools. Cette colonne (la GC4 dans le tableau ci-dessous) montre des comportements chromatographiques en accord avec les exigences de séparation énantiomériques de classes variées de composés, ainsi qu’une adéquation avec les contraintes des analyses spatiales (robustesse, résistance à la température, fiabilité) : Les cyclodextrines sont de plus en plus utilisées en chimie analytique comme greffe sur la phase stationnaire. L'emploi de cyclodextrine permet de changer l’affinité des composés à analyser pour la phase stationnaire, et donc de modifier leur temps de rétention. Les cyclodextrines permettent la séparation d'énantiomères grâce à leurs propriétés de sélecteur chiral. Ce type de colonne cyclodextrine sera donc utilisé pour MSL et ExoMars afin de développer une méthode capable de détecter et d’analyser in situ la chiralité de molécules organiques réfractaires d’intérêt exobiologique dans des environnements extraterrestres. 6 6 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 13 septembre 2020 Le processus de livraison au labo SAM d’échantillons (6 portions) du 28ème forage "Mary Anning 3" (riche en argile) a été annoncé pour le 10 septembre (sol 2878) au soir, et l’analyse devait suivre. Il reste à attendre confirmation de son bon déroulement. Une opération qui, pour la première fois, doit inclure un ajout du réactif chimique TMAH pour rendre certains composés organiques réfractaires volatiles et donc détectables par les chromatographes. Sachant que la majorité des molécules organiques d'intérêt exobiologique sont réfractaires (acides aminés, acides carboxyliques etc.). Noter que la quantité d’échantillon utilisée pour chaque portion analysée dans une coupelle ne dépasse pas 150 mg (soit env. le volume d’un dé à coudre). La réaction de dérivatisation se produit lorsque l'échantillon est chauffé en réaction au contact avec le réactif chimique TMAH. Les molécules présentes dans l'échantillon deviennent plus volatiles, plus résistantes à la chaleur et plus séparables, ce qui les rend beaucoup plus faciles à analyser avec le GCMS. Une deuxième phase de chauffage ne devrait pas dépasser 600°C en raison de la stabilité thermique du TMAH et permettra d’envoyer les gaz dans l’une des six colonnes GC pour la séparation énantiomérique et l’identification de masse des molécules organiques par le GC-MS. Le TMAH peut libérer des acides gras liés dans des macromolécules ou des monomères chimiquement liés associés à des phases minérales et rendre ces substances organiques détectables. Les acides gras, un type d'acide carboxylique qui contient un groupe fonctionnel carboxyle, présentent un intérêt particulier compte tenu de leur présence dans les matériaux biotiques et abiotiques. En connaissance des résultats, ces expériences sont répétées sur Terre en recherchant les conditions qui permettent l’émergence de résultats similaires. Des investigations qui peuvent exiger des semaines ou des mois avant de pouvoir conclure. CONTEXTE - Image de Sean Doran renseignée par mes soins : 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 14 septembre 2020 Dernière mise à jour de la mission Je cite Ryan Anderson, géologue planétaire : "Notre expérience SAM TMAH a été un succès ! Pour ceux qui ne parlent pas couramment l'alphabet de l'équipe du rover, comme nous l'avons décrit l'autre jour, l'expérience SAM TMAH est une mesure très attendue par l'instrument d'analyse des échantillons sur Mars (SAM), qui utilise un produit chimique spécial appelé hydroxyde de tétraméthylammonium (TMAH) pour aider à identifier les molécules organiques (contenant du carbone) dans l'échantillon. SAM n'a que deux conteneurs de TMAH, nous voulions donc être très sûrs que c'était le bon endroit pour utiliser l'un d'eux avant de lancer l'expérience." Très bonne nouvelle donc.. Mais comme je le précisais dans mon dernier message - je recite Ryan Anderson : "L'équipe attend maintenant avec impatience les résultats qui nous prendront plusieurs mois pour les interpréter pleinement." 6 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 19 septembre 2020 (modifié) Signe de l’intérêt porté à ce site et aux investigations actuelles, Curiosity est stationné à "Mary Anning" depuis près de.. deux mois ! Et les opérations vont se poursuivre avec l’utilisation d’un autre réactif pour une nouvelle expérience de "chimie humide" sur un échantillon de "Mary Anning 3". Je cite Michelle Minitti, géologue planétaire : "En se basant sur les premiers résultats de l'expérience de chimie humide SAM de la semaine dernière, l'équipe SAM a choisi de la compléter avec une deuxième expérience de chimie humide sur l'échantillon de forage "Mary Anning 3" du plan d'aujourd'hui. La première expérience a été réalisée avec le réactif hydroxyde de tétraméthylammonium (TMAH), et la seconde sera réalisée avec le réactif N-méthyl-N-(tert-butyldiméthylsilyl)trifluoroacétamide (MTBSTFA). On les appelle des expériences de chimie humide parce que SAM ajoute un réactif liquide à l'échantillon avant de l'analyser. Chaque réactif réagit différemment avec l'échantillon, de sorte que chaque expérience apporte un éclairage légèrement différent sur les composés carbonés présents dans l'échantillon. Ensemble, nous obtenons une image plus complète de la chimie de l'échantillon de Mary Anning." FIN DE CITATION - Le réactif TMAH peut libérer des acides gras liés dans des macromolécules ou des monomères chimiquement liés associés à des phases minérales et rendre ces substances organiques détectables. Les acides gras, un type d'acide carboxylique qui contient un groupe fonctionnel carboxyle présentent un intérêt particulier compte tenu de leur présence dans les matériaux biotiques et abiotiques. - Le réactif MTBSTFA permet surtout d’éviter de dégrader les molécules organiques sensibles à la chaleur et à l’oxydation des perchlorates (*), en particulier pour l’analyse de molécules organiques volumineuses, ou/et réactives. (*) Les perchlorates martiens se forment naturellement, comme les perchlorates terrestres, grâce au rayonnement solaire ultraviolet puissant qui atteint la surface et facilite l’oxydation des éléments chlorés contenus dans le sol en l’absence d’eau. L’oxydant doit provenir de l’oxygène de l’atmosphère (sur Mars, quelques molécules d’oxygène libre et l’oxygène des molécules de gaz carbonique qui est abondant, ceci sur des temps géologiques). Chauffés, les perchlorates sont extrêmement corrosifs, et on a pu constater qu’ils ont très probablement corrompu les analyses des Viking, de l’atterrisseur Phoenix en 2008. C’est d’ailleurs Phoenix qui, le premier, a déterminé l’existence de cet oxydant. Chauffés à l’intérieur du labo SAM de Curiosity, les perchlorates modifient les structures des composés organiques, de sorte que les identités des matières organiques martiennes dans la roche restent incertaines. Lorsque les premières molécules organiques complexes ont été découvertes en mai 2013 (sol 279) par Curiosity à "Cumberland", l’action de chauffer l’échantillon, et donc les perchlorates, a détruit les molécules organiques originelles en les transformant en chlorohydrocarbones, rendant impossible leur identification originelle. MASTCAM - 13 DÉCEMBRE 2015 (SOL 1192) - Thomas Appéré : Mosaïque de 21 photos acquises par la caméra MastCam Droite (distance focale de 100 mm). Matt Damon a été ajouté pour donner l'échelle. Depuis l'orbite les données du spectromètre de MRO pointé sur ces dunes indiquaient la signature de l'olivine, ce qui confirme l'origine volcanique et basaltique de ce sable (analyse confirmée ensuite sur place par le rover). L'olivine est le premier minéral à cristalliser lorsqu'un magma refroidit. C'est pourquoi elle est souvent présente dans les roches volcaniques noires, les basaltes. AGRANDIR L'IMAGE MASTCAM - 29 NOVEMBRE 2013 (SOL 467) - Thomas Appéré : Mosaïque de 14 photos acquises par la caméra MastCam Gauche (distance focale de 34 mm). AGRANDIR L'IMAGE Modifié 19 septembre 2020 par vaufrègesI3 5 1 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Géo le curieux 202 Posté(e) 20 septembre 2020 (modifié) Très belle image d'un martien erg noir, avec un personnage pour donner l'échelle. Modifié 20 septembre 2020 par Géo le curieux 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 24 septembre 2020 TOUJOURS PLUS : UN TROISIÈME FORAGE EN PRÉPARATION !! Le dernier week-end des 19 et 20 septembre (sols 2887 et 2888) était axé sur le dépôt d'une partie de l'échantillon "Mary Anning 3" au labo de minéralogie CheMin et donc à l'analyse des minéraux présents. Le plan d’activités comprenait également la préparation de SAM pour les analyses à venir en nettoyant les colonnes 1 et 2 du chromatographe en phase gazeuse GC. L’analyse minéralogique devait s’effectuer pendant la nuit du 20 au 21 septembre (sols 2888 à Sol 2889). La journée du 21 septembre a comporté une majorité d’activités de télédétection en commençant par de multiples observations avec tirs laser LIBS ChemCam pour rechercher les variations de la chimie dans le substratum rocheux typique et les affleurements nodulaires sombres, ainsi que des mosaïques RMI ChemCam pour documenter la stratigraphie environnante. Cette semaine doit ensuite être consacrée aux observations du stock restant et non utilisé d’échantillon de forage "Mary Anning 3". Le 22 septembre (Sol 2890) les manœuvres du bras robotique permettront de vider au sol le reste d’échantillon stocké dans la tige de forage et dans la chambre réservoir située à l’arrière. Ces matériaux seront ensuite documentés avec MastCam, et plus tard dans l’après-midi en gros plan avec MAHLI. La nuit suivante l’APXS sera positionné sur le tas de résidus pour obtenir des informations géochimiques. MASTCAM - 22 SEPTEMBRE 2020 (SOL 2890) : Matériaux d'échantillons non utilisés déposés au sol Le 23 septembre (Sol 2891) MastCam et ChemCam RMI (Remote Micro-Imager) caractériserons le reliquat d’échantillon "Mary Anning 3" déposé au sol en effectuant des observations passives multispectrales et la caméra RMI prendra également une mosaïque longue distance de "Housedon Hill", une large structure tourmentée située plus haut au Sud à environ 400 m du rover : CHEMCAM RMI - 21 SEPTEMBRE 2020 (SOL 2889) - Paul Hammond : "Housedon Hill" Concernant les activités des 24 et 25 septembre (sols 2892 et 2893), je cite Susanne Schwenzer, géologue planétaire : "Nous sommes déjà à l’affût de la cible voisine "Ayton". Nous voulons aussi forer là-bas, pour faire le suivi des changements chimiques que nous avons observés dans la zone. Peut-être que Mars va nous dire quelque chose de vraiment intéressant ici ? Tous ces nodules doivent signifier quelque chose, mais exactement ce que nous ne pouvons pas dire sans minéralogie complète. Les géologues adorent les images, mais parfois la minéralogie est l’autre ami que nous voulons voir aussi ! L’une des questions est de savoir de quelle façon les nodules sont semblables ou différents des nodules que nous avons vus précédemment. Et avec les trous de forage "Mary Anning" si près, nous pouvons également comparer les deux, ce qui améliorera encore nos possibilités scientifiques. En tant que géochimiste et modélisateur, je suis certainement très enthousiaste et j'ai taillé le crayon (numérique) pour commencer ma modélisation dès que possible !" MASTCAM - 28 AOÛT 2020 (SOL 2865) : CHEMCAM RMI - 30 JUILLET 2020 (SOL 2837) : la nouvelle cible de forage "Ayton" et ses nodules sombres APXS étudiera une cible près du nouveau site de forage à "Ayton". Le nom de la cible est "underhoul" et l’APXS sera accompagné par des observations MAHLI. L’atmosphère reste surveillée de près avec des observations de la poussière et de l’opacité. 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Mercure 867 Posté(e) 24 septembre 2020 (modifié) Je repasse en courant en remerciant tout le monde pour ces informations vraiment trés intéressantes. Je ne vais pas lancer une discussion sur les éventuelles formes de vie sur Mars, c'est plus que rebattu, mais de mon point de vue cette éventualité ne devrait pas être fondamentalement différente dans son mécanisme de celle de la terre. Pas le temps de développer mais même l'utilisation d'acide nucléique a de forte chance de ressembler à celle que nous connaissons bien, s'il y a quelque chose bien sur. Modifié 24 septembre 2020 par Mercure correction Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 1 octobre 2020 Dans les derniers jours de septembre, l'équipe du rover a découvert qu’il y avait un "problème" (non précisé) avec le bras robotique, ce qui retarde l'ensemble du processus préparatif pour le nouveau forage prévu sur la roche nodulaire "Ayton". Les activités de diagnostic du bras ont été commandées pour les 29 et 30 septembre (sols 2897 et 2898). En attendant ChemCam poursuit sa grande mosaïque RMI sur la zone "Housedon Hill" et au delà, plus haut au Sud Il y a près d’un mois, l’équipe a commencé à prendre des images RMI pour étudier la stratigraphie de certains bancs sédimentaires à environ 100 à 200 mètres de l’emplacement actuel du rover. Le pointage était un peu élevé sur la première série d’images et le télescope de ChemCam, qui est programmé pour se concentrer automatiquement sur tout ce qui est au centre de l’image, a fini par se concentrer sur le "lit marqueur" en arrière-plan à plusieurs kilomètres de là. Un "lit marqueur" est un concept important dans la géologie sédimentaire. Il s’agit de strates rocheuses qui sont facilement distinguées et sont traçables sur une longue distance horizontale. Ce type de lit est très utile pour déterminer l’ordre chronologique des événements géologiques et les corrélations d’un endroit à l’autre. Les strates rocheuses qui se trouvent au-dessus du lit marqueur à un endroit sont supposées avoir été déposées plus tard que les strates rocheuses qui sont vues sous le lit marqueur, même si les deux ensembles de strates sont à plusieurs kilomètres l’un de l’autre. Ce lit particulier sur la partie inférieure du mont Sharp était déjà visible dans les images orbitales sur une fraction significative de la circonférence du Mont Sharp. Il avait été noté dans la littérature scientifique il y a plusieurs années. L’équipe a décidé de prendre plus d’images du lit marqueur. On ne s’attend pas à ce que Curiosity explore cette région avant quelques années (si nécessaire, et surtout si possible), mais ces images fourniront des données intéressantes pour l’interprétation. La composition d’images RMI affichée ci-dessous montre clairement le lit marqueur notable du Mont Sharp comme la large bande sombre s’étendant à travers le tiers supérieur de l’image : PANO CHEMCAM RMI - 4 AU 26 SEPTEMBRE 2020 (SOLS 2878 à 2894) - Neville Thompson : 5 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Superfulgur 16 104 Posté(e) 1 octobre 2020 il y a 7 minutes, vaufrègesI3 a dit : (si nécessaire, et surtout si possible) Excuse, Daniel, tu l'as déjà dit, mais rappelle nous quelle est la longévité attendue, aujourd'hui, de Curiosity ? Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 1 octobre 2020 (modifié) . il y a une heure, Superfulgur a dit : quelle est la longévité attendue, aujourd'hui, de Curiosity ? Contrairement aux précédents rovers d'exploration de Mars, Curiosity utilise un MMRTG ("Multi-Mission Radioisotope Thermoelectric Generator") pour produire son électricité, développé par le DOE et produit par Boeing. Il utilise une charge de 4,8 kg de dioxyde de plutonium PuO2 enrichi en plutonium 238 générant une puissance initiale d'environ 2 000 W thermiques convertis nominalement en 120 W électriques de puissance par des thermocouples. L'électricité est stockée dans deux batteries au lithium-ion rechargeables ayant chacune une capacité de 42 Ah pour soutenir les grandes charges transitoires. Le rover peut fonctionner pendant la nuit, mais en fait il utilise de plus grandes quantités d'énergie pendant la journée et recharge prioritairement la batterie pendant la nuit. Faire déplacer le Rover de nuit en même temps que la recharge s’avérerait trop gourmand en énergie.. Dès 2011, et même si la Nasa est restée toujours extrêmement discrète sur ce problème, le JPL avait enregistré une dégradation prématurée du rendement des thermocouples du MMRTG (qui permettent de convertir la chaleur dégagée par le plutonium en électricité). En 2012, Ed Weiler, administrateur à la Nasa, estimait probable que la dégradation du rendement énergétique du RTG ait - je cite "un petit effet opérationnel en fin de mission" et quand le rover sera le plus sollicité, estimant que le rover serait alors un peu moins itinérant au bout de sa première année martienne (env. deux années terrestres).. À ma connaissance, le JPL n'a encore jamais communiqué sur ces aspects. Tous les thermocouples utilisés pour convertir l'énergie thermique en énergie électrique se dégradent.. Rien de surprenant.. Sauf que les nouveaux modèles de thermocouples du MMRTG de Curiosity à base de nouveaux matériaux thermoélectriques en "tellurure de plomb/tellurures d'antimoine, de germanium et d'argent" (PbTe/TAGS), au lieu des anciens composants "silicium-germanium".. se dégradent plus vite que prévu. Nominalement, le générateur de Curiosity était conçu pour produire 120 W en début de mission, et encore 100 W au bout de.. 14 ans !! Du fait du retard du lancement de 2 ans et de la dégradation prématurée des thermocouples, le rover ne disposait plus que de 110 W à son arrivée sur Mars en août 2012 (soit environ 2,6 kWh/jour).. Noter que la capacité énergétique du plutonium embarqué ne diminue que de 0,787 % par an.. Curiosity a maintenant plus de 8 ans et le générateur RTG ne fournit plus qu’environ 75/80 W de puissance, soit environ 1,9 kWh/jour, ce qui diminue déjà inexorablement le champ opérationnel. Selon Emily Lakdawalla, cette puissance diminue d’environ 1 W tous les 80 sols. De plus les risques de casse mécanique, électronique ou/et informatique augmentent notablement avec le vieillissement de tous les organes. Sur le seul plan énergétique, Emily Lakdawalla situait la fin opérationnelle du rover en 2025, les quelques 4 ou 5 dizaines de Watt de puissance restant ne permettant plus au rover de se déplacer et/ou d'utiliser ses labos.. PS > Pour ma propre "fin opérationnelle" je n'ai pas encore calculé précisément, mais je vous tiens au courant .. Modifié 1 octobre 2020 par vaufrègesI3 3 10 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 8 octobre 2020 Le 25 septembre (sol 2893) l’équipe du rover a découvert qu’il y avait un problème avec le bras robotique qui empêchait de l’utiliser (sans en préciser la nature). Depuis cette date, les préparatifs du forage de la troisième cible à "Ayton" n’avaient pas pu être menés, et l’équipe s’était surtout concentrée sur des activités de diagnostic pour récupérer le bras, un organe essentiel sans lequel Curiosity n’est, entre autres, plus en mesure de forer, donc d’utiliser ses deux labos ! C’est au cours du week-end des 4 et 5 octobre que le problème semble avoir été solutionné avec la mise en oeuvre d'une imagerie de la caméra MAHLI et d'une intégration du spectro à rayons X (APXS), instruments situés sur la tourelle en bout de bras, ces opérations ayant pu être menées avec succès. Cette nouvelle a donné le feu vert à Curiosity pour avancer légèrement et se positionner sur le prochain site de forage dans la zone "Ayton". "Ayton" elle-même et la zone immédiate autour ont déjà fait l’objet de nombreuses analyses, de MAHLI à APXS et de ChemCam à MastCam depuis l’arrivé du rover sur le site de forage "Mary Anning". L’équipe a estimé que les caractéristiques nodulaires gris foncé proéminentes justifiaient une analyse plus détaillée avec un échantillon de forage. Le 8 octobre (sol 2906) Curiosity devait balayer la cible de forage avec son outil d’enlèvement de poussière (DRT) afin d’en exposer la surface nettoyée pour les observations ultérieures avant forage. Les observations de Curiosity comprendront des observations ChemCam LIBS ((Laser-Induced Breakdown Spectrometer) sur l’emplacement précis de forage sélectionné (finalement nommé "Groken" (*)) et deux zones d’un bloc adjacent de matériel rocheux. Ces deux observations chimiques supplémentaires du LIBS aideront à comprendre les variations potentielles de la géochimie, car les trois cibles étudiées dans cette zone sont situées très près les unes des autres, mais sur différentes couches sédimentaires d’une même unité. HAZCAM AVANT - 7 OCTOBRE 2020 (SOL 2905) : D’autres observations au cours de ce plan d’activités des 8 et 9 octobre comprennent une image multispectrale MastCam de la cible de forage brossée (pour caractériser sa signature de réflectance et pour voir comment elle pourrait différer de son environnement et, éventuellement, de son intérieur foré), une mosaïque MastCam haute résolution d’une parcelle de sédiments à proximité, et une mosaïque d’images à longue distance à l’aide de la Caméra ChemCam RMI (Remote Micro-Imager). MASTCAM - 6 OCTOBRE 2020 (SOL 2904) : (*) "Grok" est un mot inventé par Robert A. Heinlein pour son roman de science-fiction "Stranger in a Strange Land" (1961). Il définit un concept d’expérience transcendante de soi et d’identification émergente au-delà de celles de nombreuses hypothèses de "sujet-objet". Il est depuis devenu un mot largement utilisé pour indiquer une compréhension intense ou profonde. Je cite Mark Salvatore, géologue planétaire : "Dans l’ensemble, "grok" signifie comprendre un sujet profondément, intuitivement et empathiquement, ce qui a été l’objectif de la mission de Curiosity depuis le début ! Nous espérons que notre étude de la cible de forage Groken nous permettra de « grok » l’histoire ancienne de Mars avec un peu plus de détails !" PANO CHEMCAM RMI - 4 AU 30 SEPTEMBRE 2020 (SOLS 2878 à 2898) - Neville Thompson : Vue d'Est au Sud-Ouest - le Mont Sharp est à droite. Dantesque !! 3 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 13 octobre 2020 Les préparatifs du troisième forage nommé "Groken" se poursuivent. On voit ici le foret placé en appui précisément sur le point de forage de la roche cible pour en vérifier la stabilité (test de "précharge"). HAZCAM AVANT – 9 OCTOBRE 2020 (SOL 2906) : Les deux forages précédents ("Mary Anning 1 et 3") étaient manifestement orientés vers une possible détection de molécules organiques. Pour "Groken" il s’agit plutôt de géologie, car ici la surface de la dalle rocheuse comporte des caractéristiques nodulaires gris foncé très originales, surtout si on les compare à celles déjà rencontrées par les rovers martiens. Dans ce cadre c’est bien le labo de minéralogie CheMin qui recevra les premiers échantillons de forage. En effet les nodules précédemment examinés par Spirit, Opportunity et Curiosity étaient de formes plutôt sphériques et de couleurs claires. Appelés myrtilles, il s'agissait généralement de concrétions, c’est à dire de structures minérales formées par percolation d'eau à travers des roches poreuses, et constituées le plus souvent et majoritairement d’un oxyde de fer , l’hématite (Fe2O3). Sur Terre, l'hématite est presque toujours associée à de l'eau ayant filtrée à travers le sol lui donnant ces proportions uniques de matière cristalline. Ici les nodules sont plus sombres et semblent de formes très diverses : CHEMCAM RMI - 9 OCTOBRE 2020 (SOL 2906) : MAHLI - 9 OCTOBRE 2020 (SOL 2906) : MAHLI - 11 OCTOBRE 2020 (SOL 2908) : NAVCAM - 12 OCTOBRE 2020 (SOL 2909) Au Sud, les dunes de sable, le sulfate et les mesas, puis le Mont Sharp qui culmine à 5 kilomètres au-dessus du plancher du cratère Gale de 154 km de diamètre. 2 1 6 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 14 octobre 2020 Le 29ème forage nommé "Groken" a été réalisé hier 13 octobre ! Il a été réalisé à l'endroit prévu dans la zone constellée de nodules sombres (nommée "Ayton") en bordure extrême de la dalle rocheuse. HAZCAM AVANT - 13 OCTOBRE 2020 (SOL 2910) : Début du forage Fin du forage Il existe quand même un petit souci. Difficile de comprendre pourquoi ils ont choisi de positionner ce forage si près du bord apparent de la roche. Mais la résultante évidente de ce choix, c'est qu'une large fissure transversale est apparue (voir l'image ci-dessous). Dans l'absolu ce n'est pas très grave, tout dépend du moment où elle s'est produite. En effet, la fissure élargit le trou de forage ce qui peut avoir pour effet de réduire la quantité d'échantillon recueillie, surtout si cette fissure s'est produite au début du forage. La quantité de résidus qui apparaît autour du trou semble plutôt rassurante sur ce point. À vérifier donc.. NAVCAM - 13 OCTOBRE 2020 (SOL 2910) : PANO NAVCAM - 7 OCTOBRE 2020 (SOL 2904) - Jan van Driel : 3 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 137 Posté(e) 16 octobre 2020 (modifié) Dans sa dernière mise à jour de la mission, le 14 octobre, la NASA évoque "Groken" - je cite : "notre 29ème trou de forage réussi sur Mars". Donc pas de problème pour la quantité d'échantillon recueillie. Un échantillon sera livré prioritairement au labo CheMin pour en déterminer la composition minéralogique. Suite au forage, les images révèlent que ce n'est pas une simple fissure qui est apparue, mais plutôt une large fracture du socle rocheux : AVANT FORAGE - Le cercle rouge représente l'emplacement du forage APRÈS FORAGE - Roche fracturée, le trou s'est notablement élargi ! Une petite anecdote : Sur des socles rocheux plus épais et moins "tendres" que ces roches argileuses, lors d'un forage l'apparition de fissures ou fractures peut provoquer un blocage du foret. Ce qui bien sûr a été pris en compte par les concepteurs du système de forage. Dans l'absolu il existe donc la possibilité d'abandonner le foret bloqué et de récupérer un des deux forets "en réserve" situé dans un coffret à l'avant du rover. Sauf que, très peu de temps avant le lancement en 2012, les opérateurs du rover se sont aperçus que l'opération était très/trop délicate et pouvait échouer ! Pour éviter qu'il soit contaminé, Il était prévu initialement que le foret ne soit pas monté sur le système de forage avant d'arriver sur Mars. Les trois forets étaient donc placés dans leur coffret de protection stérilisé, à charge du rover et de son bras robotique d'en installer un après être arrivé à destination. Au tout dernier moment, alors même que le rover allait être "encapsulé" dans ses boucliers de protection, faisant fi des mesures particulières de protection planétaire concernant ces outils sensibles, les opérateurs ont ouvert le coffret et ont récupéré manuellement l'un des trois forets pour l'installer sur le mandrin en bout du bras robotique. Une opération qui avait "fait grincer des dents" à l'époque. Mais il faut reconnaître qu'il aurait été particulièrement difficile pour les responsables d'assumer un tel risque : "heu.. désolé m'sieurs-dames, notre engin de 2,5 milliards de dollars est incapable d'utiliser son système de forage et ses deux labos" (soit les trois quarts de sa charge utile). C'est aussi pourquoi, au bout de 8 années et de 29 forages, le foret actuel n'a toujours pas été remplacé et qu'il ne le sera probablement jamais. Modifié 16 octobre 2020 par vaufrègesI3 8 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites